Les quatre systèmes de pensée que je viens de décrire me conduisent à énoncer quatre types de conclusions :
1- en premier lieu, comme le pensent Platon, Kant et Nietzsche, et à l'inverse des théories religieuses, il me semble que le "mal en soi" n'existe pas en tant que valeur préexistante, ce n'est qu'une création humaine et un choix de vie.
2- de la même manière, le "bien en soi" n'existe pas non plus, il n'est pas une aptitude naturelle de l'homme, c'est aussi un choix de vie.
3- si le bien et le mal sont des créations humaines, il convient alors de se demander pour quelle raison elles ont été créées ; selon moi, ces valeurs de « l'être en soi » ne deviennent importantes qu'au niveau de la vie en société, celle-ci ne peut en effet pas exister sans qu'apparaissent des règles qui différencient le mal et le bien qui est alors interprété comme le dualisme " ce qu'il faut faire-ce qu'il ne faut pas faire" il faut bien en effet que la coexistence des êtres humains puissent s'effectuer le plus harmonieusement possible. Il convient cependant de remarquer que ces règles ne sont pas universelles comme le proclame la Déclaration des droits de l'homme, chaque groupe humain élabore son système de valeurs selon ses fondements sociaux et culturel : " vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà" comme l'écrivit Pascal.
4- dans de telles conditions, on peut cautionner le raisonnement de Nietzsche sur les idoles qui n'ont que le fondement que l'on veut bien leur donner tout comme sa méthode du généalogiste qui vise à rechercher, au-delà des choix conscients, les "idoles" que ces choix sous-tendent. C'est une démarche qui s'inscrit dans la droite ligne du « connais-toi toi-même» et ressemble la méthodologie du tiroir qui fut la mienne lorsque j'ai évoqué la "liberté en soi". De même, il me semble que la présence de multiples valeurs dans le casier de l'être correspond assez bien à la pensée de Nietzsche qui insère toutes les valeurs tant actives et réactives au nom de sa volonté de puissance intérieure ; par contre, je ne crois pas qu’il convient de garder en soi, même maitrisées, toutes ces valeurs souvent contradictoires auxquelles on est sans cesse confronté, c’est ce qui m’a conduit à émettre l’idée du choix des valeurs dans le casier de "l’être en soi".
En conséquence de ces caractéristiques et au nom de la liberté absolue de choix des valeurs de l'être en soi, il découle deux comportements possibles :
- si l'imprégnation des valeurs sociales rejaillit sur la constitution de ses propres valeurs, l'attirance vers le bien devient la valeur dominante même s'il existe la plupart du temps une réaction du mal survenant afin de contrer le bien ( je suis volontaire dans une association humanitaire mais je n'ai pas envie d'y aller, je suis bien mieux chez moi assis dans mon canapé en buvant une bière)
- A l'inverse, celui qui qui choisit le mal en dépit des règles sociales devra soit ravaler ses valeurs, soit se donner les moyens de les imposer aux autres tyranniquement. Ce fut en particulier le cas de tous ceux qui établirent leur dictature.
prochaine article : le contre-exemple des "génocidaires"