REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
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Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

mercredi 21 septembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (39) YASHODARAPURA 3 et ANGKOR VAT

Suite de l’article précédent

La deuxieme originalité d’Angkor Wat est la PARFAITE MAÎTRISE DE LA GESTION ARCHITECTURALE DES GALERIES en particulier au niveau des raccordement entre les niveaux par des caissons dénivelés ; c’est ce que montre en particulier la photo ci-dessous prise au niveau de l’une des quatre cours entre la deuxieme et la troisième galerie :

   . A- galerie reliant la deuxieme enceinte et la troisième au toit cannelé,
   . B- portique adossé à la galerie,
   . C- podium mouluré  construit en avant de la dénivellation de 8m séparant la deuxieme terrasse de la troisième,
   . D- galerie extérieure composant la troisième enceinte,
   . E- porche d’entrée de la troisième terrasse,
   . F- escalier de liaison entre la deuxieme et la troisième terrasse,
   . G- ensemble de deux caissons de galerie dénivelés qui surmontent l’escalier, les cannelures du toit sont précédées  d’une surélévation du caisson de galerie terminé par la forme ondulée d’un corps de Naga ou de makara.

Cet ensemble témoigne  bien, selon moi, la grande maîtrise des constructeurs d’Angkor Wat qui semblent se jouer des difficultés pour former un ensemble particulièrement harmonieux.

À suivre...

lundi 19 septembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (38) YASHODARAPURA 3 et ANGKOR VAT

Passée la troisième enceinte, la perspective change de sens devenant verticale, comme le montre les photos ci-contre.

En effet, devant le visiteur se trouve un ensemble d'élévation imposante qui comporte deux strates :
   . Au niveau inférieur, alternent un haut podium mouluré et des escaliers particulièrement raides. ; ces escaliers sont au nombre de 12, chaque côté en comporte trois, un escalier se trouve au niveau axial et chaque tour d’angle en comporte deux. L’ensemble prend uns structure crantée qui évoque, vu du ciel, un timbre poste
  . Au niveau supérieur se trouvent une galerie reliant des tours d’angle ainsi qu’une porte basse au toit cruciforme, qui permet au nouveau de mieux voir la tour sanctuaire trônant  au milieu de la quatrième terrasse


La quatrième terrasse (9)enfin comporte, comme le montre le plan et la vue aérienne ci-dessus,  une structure en croix avec quatre galeries qui partent des portes axiales pour aboutir à l’une des quatre portes de la cella (10).

Ainsi, à tout moment, le visiteur côtoie le grandiose à la fois par l’amplitude des perspectives horizontales d’une grande amplitude puis des perspectives verticales qui semble élever le regard vers le ciel. Pour peu, on peut imaginer facilement les processions des prêtres qui passent par les galeries puis montent les escaliers qui les conduisent à la cella.

À suivre...

dimanche 18 septembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (37) YASHODARAPURA 3 et ANGKOR VAT

Suite de l’article précédent


C’est seulement en s’approchant de  la deuxieme enceinte ( 5 du plan) que l’on peut admirer sa façade.
     .  Au premier plan, se trouve une vaste plateforme cruciforme à laquelle on accède par un escalier aux rampes portant des lions gardiens ;
    . derrière se déploie  la façade orientale de la deuxieme enceinte ;  comme pour celle de la première,  elle comporte un rythme ternaire avec trois portes centrales cruciformes surmontées d’un toit de même forme. En avant de la porte,  se trouve un porche portant, comme à l’accoutumée, un  fronton aux rebords ondulés figurant le serpent Naga.
    . De part et d’autre de ces trois porches, se déploie une galerie comportant un double portique, c’est dans ces galeries que se trouvent les magnifiques reliefs qui sont une des trois caractéristiques d’Angkor Wat.
   . Enfin, aux extrémités se trouvent des tours de coin.
Aucune  de ces portes n’a une forme de tour, elles sont tous couvertes d’un toit cruciforme en pseudo-voûtes. L’absence de gopura s’explique sans doute par le fait que l’architecture voulut  créer un ample perspective sur la partie centrale du temple qui en est l’élément essentiel.


Les trois portes de la deuxième enceinte  (5 du plan) donnent sur trois galeries orientées Est-Ouest qui mènent aux trois portes centrales de la troisième enceinte (7 du plan)  Ces trois galeries sont recoupées par une galerie transversale, ce qui crée quatre petites cours. Dans ces cours, la volonté de perspective cède la place à la constitution d’un espace clos où on a l’impression de se trouver  dans un cadre protégé propice à la méditation et à la prière. C’est par une de ces galeries que passait le cortège royal qui se rendait au sanctuaire.


La façade Est de la troisième enceinte (7 du plan) est largement masquée par les galeries, Elle comporte, tout comme les deux enceintes précédentes,  trois portes axiales et deux tours d’angle. A nouveau, sans doute  pour une question de perspective, les trois portes sont surmontées de toits cruciformes afin que, de l’esplanade, on  puisse voir  la cella centrale vers laquelle devait se porter tous les regards.

À suivre...

samedi 17 septembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (36) YASHODARAPURA 3 et ANGKOR VAT

Suite de l'article précédent

La RECHERCHE D’UNE PERSPECTIVE GRANDIOSE s’observe dès que l’on accède à la chaussée (1 du plan) ; autrefois, elle permettait de traverser les douves servant de réservoir. Sur la photo ci-dessous, on aperçoit d’abord cette chaussée à gauche surplombant ce qui reste de ces douves.


Une première perspective s’ouvre alors au visiteur : la première enceinte (2) du plan) qui, sur les autres côtés, forme un simple mur, se déploie ici, à l’est,  en une imposante façade d’entrée comportant cinq portes :    . Les trois portes axiales de plan cruciforme sont construites en forme de gopura (ce rythme ternaire se reproduira sur les trois enceintes orientales du temple)
   . Les deux autres portes latérales en forme de pavillon au toit cruciforme servaient au passage des éléphants.
   . Entre les deux et jusqu’aux pavillons d’angle, est construite une galerie à double colonnade.
A l’arrière, comme dans le lointain, se profilent les tours du temple-montagne proprement dit.

Passé le gopura central, la perspective prend encore une plus grande amplitude, on se trouve en effet dans une très vaste esplanade (3 du plan)  que  l’on parcoure sur une chaussée surélevée entrecoupée de terrasses.


Les balustrades sont formées de corps de Nagas qui déploient leurs sept têtes en éventail à chaque intersection. De part et d’autre de la chaussée, se remarquent les ruines de deux bibliothèques ainsi qu’une mare, seule reste des bassins d’autrefois. Dans le fond, on aperçoit de loin le mur de la deuxième enceinte (4 du plan) surmontée des tours de la dernière terrasse

Au dessus de la deuxième enceinte se profilent les gopura encadrant le sanctuaire central.

À suivre...


jeudi 15 septembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (35) YASHODARAPURA 3 et ANGKOR VAT

ANGKOR-VAT : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 

Angkor Vat est, selon moi, le temple-montagne le plus imposant et le plus majestueux du site d’Angkor ; en le visitant, on y ressent à la fois une  impression de grandiose et de grandiloquence confinant même à la démesure mais aussi une sensation d’une profonde  harmonie qui témoigne d’un art à son apogée.

A première vue, on pourrait cependant penser qu’ Angkor-Vat manque d’originalité :
     . On ne discerne que peu de modifications dans son organisation spatiale d’ensemble par rapport aux temples-montagnes plus anciens,
     . La plupart des  innovations  architecturales du BAPHUON sont reprises sans modifications notoires.

La conservation de l’organisation  traditionnelle de l’espace des temples-montagnes parait évidente à l'étude du plan d’ensemble d’Angkor Vat  présenté ci-dessus :
     . 1. Vaste douves de plan carré servant aussi de réservoir pour l’irrigation,
     . 2. Première enceinte comportant un mur simple pourvu de portes axiales s’ouvrant dans les directions cardinales,
     . 3. Vaste esplanade parcourue par une chaussée surélevée comme au Baphuon.
     . 4. Première terrasse avec une vaste plateforme cruciforme,
     . 5. Deuxième enceinte de forme carrée percée sur le milieu de  chaque côté de portes s’ouvrant dans les directions  cardinales,
     . 6. Deuxième terrasse surélevé de 2m par rapport à la première,
     . 7. Troisième enceinte,
     . 8. Troisième  terrasse surélevée de 8m par rapport à la seconde,
     . 9. Quatrième enceinte,
     . 10. Quatrième terrasse surélevée de 13m par rapport à la précédente. C’est au centre de cette terrasse que s’élève le sanctuaire dédié à Vichnou et non à Civa comme le voulait la tradition.

De la même manière, les composantes architecturales  utilisées  à Angkor Vat sont semblables à celles  inventées pour le  Baphuon tels que la reconstitution du temple l’a montrée avec quatre éléments principaux :
   . De très hauts podium moulurés horizontalement masquant les dénivelés entre les terrasses,
   . Des escaliers assez raides pour accéder à ces niveaux,
   . Des  galeries à gros piliers carrés surmontés de pseudo voûtes brisées s’individualisant en caissons séparés.
   . Des structures de plan cruciforme au niveau des portes et des tours d’angle qui portent soit des pavillons au toit quadriforme, soit des gopuras imitant les tours-sanctuaires des époques antérieures.

Ainsi, au vu de ces caractéristiques, on pourrait penser que Angkor Vat  n’est qu’une copie des temples anciens et en particulier du Baphuon. Ce n’est cependant pas le cas ; selon moi, l’originalité d’Angkor Vat réside dans trois caractéristiques principales :
   . La recherche systématique d’amples perspectives pour augmenter encore l’impression de grandiose et ainsi magnifier l’aura du roi par une construction exceptionnelle.
   . La parfaite maîtrise de l’imbrication des galeries, tours et gopura semblant  se jouer des formes et des structures dans un souci de parfaite harmonie.
   . L’adaptation de l’architecture de certaines  galeries permet de  faire apparaître des murs pleins qui se couvre de reliefs racontant à la fois les combats de Suryavarman ll et les grands mythes indiens.

Ce sont ces caractéristiques qu'il convient de décrire en détail.

À suivre...

mardi 13 septembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (34) YASHODARAPURA 3 et ANGKOR VAT

La mort d'Udayaditvarman ll en 1066 fut suivie d'une longue période marquée par les usurpations, les guerres civiles et les invasions des Cham ( sud du Vietnam actuel). Il faudra attendre le règne de SURYAVARMAN II (1113-1150) pour que la situation se rétablisse. Le roi s'attaque aux Viets (actuel Tonkin) et réussi même pendant quelques années à déposer le roi du Champa ( actuel Vietnam du sud) et à le remplacer par un membre de sa famille.

En ce qui concerne Angkor, Suryavarman ll décide d'agrandir la cité et la zone inondable en créant ce qui est appelé Yashodharapura lll. Cette extension de la capitale Khmer fut effectuée selon les principes geomancique qui avaient présidés à la construction des précédentes villes avec le  temple-montagne d'Angkor-Vat entouré de douves servant à l'irrigation et un nouveau Baray creusé au sud du Baray oriental, le Yashodharatataka.

Ce nouveau Baray n'est pas desservi par une rivière, il ne se remplit seulement que  grâce à l'eau de pluie de la mousson d'été et au ruissellement. Il permet néanmoins d'agrandir une nouvelle fois la zone irriguée qui va permette de relier les zones irriguées de Hariharapula et de Yashodharapura.

Cette relative modestie du bassin contraste avec  l'imposante grandeur du temple-montagne d'Angkor-Vat

À suivre...

mercredi 10 août 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (33) YASHODARAPURA 2 et le BAPHUON

L’ICONOGRAPHIE. (Suite et fin)

Le troisième exemple cité ici décrit une autre phase de la bataille de Lanka. Ce panneau qui se lit de bas en haut, met en scène d’une part les deux héros de l’épopée du Ramayana, Rama et son frère  Laksmana et d’autre part Indrajit, fils du démon Ravana ; on peut aussi noter l’intervention de l’oiseau Garuda, monture de Vichnou et du Dieu lui-même.

Pour terminer sur cette description de l’iconographie du BAPHUON, je voudrais décrire plus précisément pour sa composition un des reliefs d’un panneau consacré à Drona, un des héros du Mahabharata, celui-ci fut le précepteur des Kauravas et des Pandavas avant qu’ils ne deviennent ennemis. Il commandera ensuite l’armée des Kauravas avant d’être tué.

La scène représente dans la partie supérieure un palais au centre duquel trône Brahma en position yogique ; le Dieu est facilement reconnaissable à ses trois têtes. De part et d’autre se trouvent deux brahmanes ;  Brahma donne à l’un d’eux une sorte de coupe (selon les interprétations que l’on peut trouver à propos  de ce panneau, il s’agirait de Drona). Le palais de Brahma s’élève au dessus de la terre, porté par des oies aux ailes déployées.

En dessous, Krishna et Arjuna ( reconnaissable à son arc) viennent d’arriver dans un palais et sont descendus de leur char. Les deux palais représentés sont  conçus de la même manière que les temples de l’époque. Ils comportent une rangée de piliers à pilastres ornés de chapiteaux portant le  toit ;  les entrées du palais sont précédées de porches surmontés des tympans triangulaires encadrés par les corps ondoyants de nagas.

Ce panneau montre bien la manière dont la composition des fresques sculptées est organisée ; deux plans apparaissent ici :
   . Un premier plan où sont représentés les protagonistes de la scène, ils sont sculptés soit de face ( Brahma) soit de côté ( les deux orantes, le cheval, le char)
   . Un plan arrière figurant le décor dans lequel se déroule la scène, il est  placé au dessus des personnages. Dans ce relief, Il s’agit de deux palais, on peut trouver aussi des décors forestiers ; cependant, le plus souvent, il n'existe pas de plans de fond car ils ne sont pas nécessaires pour la compréhension de l’action..

La composition en deux plans rend ces scènes parfaitement vraisemblables la figuration et permet amplement de suppléer à l’absence de perspective.

A  cet égard, Il parait utile de comparer les sculptures khmères à celles que l’on trouvait en Occident dans la deuxième du 11e siècle. Pour cela, j’ai choisi la représentation de la fuite en Egypte sur un chapiteau de Notre-Dame d’Autun. On y trouve également une composition en deux plans avec un décor de fond d’arbres stylisés et un premier plan avec les personnages. Cependant, le sculpteur de ce chapiteau a voulu représenter ces derniers sur tous les plans, ce qui rend la composition invraisemblable : au lieu de figurer la Vierge et l’enfant latéralement puisque montés sur leur monture, il les sculpte de face.

Dans ce chapiteau, comme dans la plupart des sculptures romanes, on privilégie la signification à la forme, ce qui n’est  pas le cas de l’art khmer qui tient compte à la fois de la signification et de la forme. Il convient aussi d’ajouter que l’art roman présente plutôt des scènes figées alors que l’art khmer se caractérise par le dynamisme et la violence de l’action.

La forme des reliefs sculptés évoluera ensuite considérablement en particulier dans le temple d’Angkor-Vat.

Prochain article : Yashodharapura 3 et Angkor-Vat
A paraitre dans une quinzaine de jours.

lundi 8 août 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (32) YASHODARAPURA 2 et le BAPHUON

L’ICONOGRAPHIE.

Le BAPHUON se caractérise par un important développement du programme iconographique : dans les édifices antérieurs, les reliefs sculptés étaient organisés selon un ordre immuable :
   . Colonnes et linteau encadrant les portes,
   . Tympan,
   . Façades des prasat avec en particulier la représentation des gardiens, Dvarapala et Devada, dans des niches.

Au BAPHUON, ces formes subsistent mais il apparait en plus des décorations sur  la superficie des pans de murs. Bien que le temple soit dédié à Çiva, ces décorations font essentiellement référence aux deux grandes épopées indiennes ayant trait aux avatars de Vichnou, le Ramayana (sous sa forme khmerisé du Ramker) et le Mahabharata. On trouve aussi des scènes de la vie quotidienne.

Ces sculptures sont effectuées sous la forme de petits panneaux encadrés successifs qui ressemblent à non bandes dessinées modernes. C’est une différence importante avec les reliefs d’Angkor-Vat où les motifs se développent sur toute la longueur des murs.

 Beaucoup de ces reliefs sculptés  sont d'interprétation difficile. Celles que j’ai choisi de présenter ci-dessous correspondent à des scènes facilement identifiables eu égard aux textes épiques qu’elles décrivent.

Le premier exemple évoque la naissance de Krishna, un avatar de Vichnou, j’ai déjà raconté cette histoire à propos du temple de BANTHEAY SREI où un tympan raconte le meurtre de Kamsa par Krishna (cf article Angkor 21), le panneau se lit de bas en haut. De part et d’autre de cette bande narrative se trouvent des panneaux verticaux ornés de belles volutes florales.
Le second exemple comporte deux panneaux sculptés séparés par des bandes ornées de volutes florales :
     . Sur celui de gauche sont sculptés divers animaux
     . A droite,est représenté un des épisodes du Ramayana, celui de la bataille de Lanka entre Rama, avatar de Vichnou et le démon Ravana. Ce panneau se lit plutôt de haut en bas.


prochain article : l'iconographie,  suite