Le troisième exemple cité ici décrit une autre phase de la bataille de Lanka. Ce panneau qui se lit de bas en haut, met en scène d’une part les deux héros de l’épopée du Ramayana, Rama et son frère Laksmana et d’autre part Indrajit, fils du démon Ravana ; on peut aussi noter l’intervention de l’oiseau Garuda, monture de Vichnou et du Dieu lui-même.
Pour terminer sur cette description de l’iconographie du BAPHUON, je voudrais décrire plus précisément pour sa composition un des reliefs d’un panneau consacré à Drona, un des héros du Mahabharata, celui-ci fut le précepteur des Kauravas et des Pandavas avant qu’ils ne deviennent ennemis. Il commandera ensuite l’armée des Kauravas avant d’être tué.
La scène représente dans la partie supérieure un palais au centre duquel trône Brahma en position yogique ; le Dieu est facilement reconnaissable à ses trois têtes. De part et d’autre se trouvent deux brahmanes ; Brahma donne à l’un d’eux une sorte de coupe (selon les interprétations que l’on peut trouver à propos de ce panneau, il s’agirait de Drona). Le palais de Brahma s’élève au dessus de la terre, porté par des oies aux ailes déployées.
En dessous, Krishna et Arjuna ( reconnaissable à son arc) viennent d’arriver dans un palais et sont descendus de leur char. Les deux palais représentés sont conçus de la même manière que les temples de l’époque. Ils comportent une rangée de piliers à pilastres ornés de chapiteaux portant le toit ; les entrées du palais sont précédées de porches surmontés des tympans triangulaires encadrés par les corps ondoyants de nagas.
Ce panneau montre bien la manière dont la composition des fresques sculptées est organisée ; deux plans apparaissent ici :
. Un premier plan où sont représentés les protagonistes de la scène, ils sont sculptés soit de face ( Brahma) soit de côté ( les deux orantes, le cheval, le char)
. Un plan arrière figurant le décor dans lequel se déroule la scène, il est placé au dessus des personnages. Dans ce relief, Il s’agit de deux palais, on peut trouver aussi des décors forestiers ; cependant, le plus souvent, il n'existe pas de plans de fond car ils ne sont pas nécessaires pour la compréhension de l’action..
La composition en deux plans rend ces scènes parfaitement vraisemblables la figuration et permet amplement de suppléer à l’absence de perspective.
A cet égard, Il parait utile de comparer les sculptures khmères à celles que l’on trouvait en Occident dans la deuxième du 11e siècle. Pour cela, j’ai choisi la représentation de la fuite en Egypte sur un chapiteau de Notre-Dame d’Autun. On y trouve également une composition en deux plans avec un décor de fond d’arbres stylisés et un premier plan avec les personnages. Cependant, le sculpteur de ce chapiteau a voulu représenter ces derniers sur tous les plans, ce qui rend la composition invraisemblable : au lieu de figurer la Vierge et l’enfant latéralement puisque montés sur leur monture, il les sculpte de face.
Dans ce chapiteau, comme dans la plupart des sculptures romanes, on privilégie la signification à la forme, ce qui n’est pas le cas de l’art khmer qui tient compte à la fois de la signification et de la forme. Il convient aussi d’ajouter que l’art roman présente plutôt des scènes figées alors que l’art khmer se caractérise par le dynamisme et la violence de l’action.
La forme des reliefs sculptés évoluera ensuite considérablement en particulier dans le temple d’Angkor-Vat.
Prochain article : Yashodharapura 3 et Angkor-Vat
A paraitre dans une quinzaine de jours.
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