REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

samedi 22 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (56) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU PREAH KHAN

Le PREAH KHAN présente, à beaucoup de points de vue, une grande ressemblance avec le Ta Prohm.
 
  . D’abord, est conservée sa stèle de fondation, ce qui permet d’intéressantes comparaisons entre les informations données sur cette stèle et la topographie actuelle des ruines afin de préciser les phases et les caractéristiques de la construction.

     . Le  Preah-Khan  est en réalité une ville appelée Jayacri à laquelle sont assorties de nombreuses dépendances. Cette ville fut fondée après la victoire du roi sur les Chams comme le montre la stance 32 de la stèle : «  le lieu où dans le combat, réceptacle du sang de l’ennemi, il avait emporté la victoire, il fonda une ville appelée Jayacri dont les pierres et les lotus d’or changent la couleur du sol et brillent encore aujourd’hui comme si ils étaient enduits de sang » La  consécration des temenos  est donc survenue peu après 1191 ; ainsi, le Preah-Khan date du début du règne du roi et est pratiquement contemporain de la construction du Ta Prohm.

     . Le PREAH KHAN présente les deux mêmes caractères généraux que le Ta Prohm :
          . Il est construit sur terrain plat puisque le bouddhisme ne nécessite pas de temple-montagne,
          . Il est dédié à une multiplicité de déités bouddhistes, Bouddha et Bodisatva  et de dieux de l’hindouisme auxquels sont assimilés les défunts que l’on veut honorer.

Comme pour le Ta Prohm,  je me propose de comparer les indications de la stèle à la topographie du temple actuel en deux étapes :
    . Description du temple proprement dit.
    . Vue d’ensemble de l’environnement régional du PREAH KHAN.

À suivre...

vendredi 21 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (55) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU TA PROHM

LE PLAN ET LES CARACTÉRISTIQUES ARCHITECTURALES DU TA PROHM (suite)

Pour décrire le reste de la ville de RAJAVIHARA, il convient de se reporter au plan d’ensemble du site.


Passées les douves entourant l’espace cultuel, on se trouve dans la cité elle-même, il n’en reste rien à l’exception d’une construction bordant l’allée menant au temple qui devait servir de gîte d’étape et était du même type de ceux que Jayavarman 7 fit construire dans tout le royaume le long des routes réparées après les invasions. Il existe aussi une ruine de terrasse érigée, selon les spécialistes, à une époque postérieure à celle du reste du temple.

Enfin, se trouve le mur d’enceinte de la ville, il est construit en latérite ( la limonite de la stèle) et comporte cinq ouvertures : quatre portes principales situées dans l’axe des points cardinaux et une porte secondaire. C’est au niveau de ces portes principales rappariait un intéressant changement  architectural comme le montrent les deux photos ci-dessous de la porte nord.


La photo de gauche montre la porte nord vue de l’intérieur, elle est surmontée d’une tour comportant les quatre visages représentatifs du bouddhisme que l’on trouvera sans cesse répétés au temple du Bayon. Cette porte était cruciforme et comportait deux porches ouverts sur l’intérieur et sur l’extérieur de la ville.

La photo de droite montre la même porte vue de l’extérieur, l’élément le plus surprenant de cet endroit se trouve dans le coin de celle-ci : il y est sculpté un atlante,  les deux bras levés comme s’il portait la tour à visages ( ou le serpent Naga formant le faîte du mur comme au PREAH KHAN) ; ce personnage mi-homme mi-oiseau possède une tête d’oiseau que l’on reconnaît sans peine comme celle de Garuda, la monture de Vichnou. La présence de ces deux entités, tour à visages et atlante, au même endroit montre à quel point elles sont associées et même complémentaires : Garuda semble protéger l’espace immédiat tandis que les visages bouddhiques regardent plutôt vers le lointain.

CONCLUSION SUR LA COMPARAISON ENTRE LES RUINES ACTUELLES DU TA PROHM ET SUR L’INSCRIPTION DE LA STÈLE

Ainsi, apparaît, selon moi, une certaine similitude entre l’inscription de la stèle et les ruines actuelles du Ta Prohm qui permet d’élaborer une probable  chronologie de l’histoire du temple :
     . Antérieurement à 1186 : construction des cella et du temenos afin d'abriter les statues de la mère du roi et de son guru et permettre d’effectuer leur dédicace aux "dieux".
     . Entre 1186 et l’érection de la stèle survenue dans les premières années suivant la victoire contre les Chams : construction de la quasi-totalité du temple dont l'enceinte extérieure.
     . Postérieurement à la pose de  la stèle : travaux complémentaires dont la construction de la deuxième enceinte (selon le nom traditionnel donné à celle-ci) entourant le temenos central.

Cette chronologie ne permet pas de résoudre une particularité du Ta Prohm : la datation des tours à visages de l’entrée de la ville : deux alternatives sont possibles : La construction des tours à visages est-elle contemporaine de l’érection de la stèle ou résulte-t-elle d’un réaménagement postérieur des portes de l’enceinte de la ville ? Si la  première hypothèse était vérifiée, on pourrait considérer que le Ta Prohm serait un précurseur d’une  stylistique qui conduira à l’architecture du Bayon. Il est cependant probable que seule la deuxième alternative est envisageable.

Prochain article : le PREAH KHAN

jeudi 20 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (54) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU TA PROHM

LE PLAN ET LES CARACTÉRISTIQUES ARCHITECTURALES DU TA PROHM (suite)

Entre l’enceinte ceignant le temenos (en brun sur la photo, troisième enceinte selon la terminologie traditionnelle)  et l’enceinte extérieure du temple (quatrième enceinte) se trouve un espace divisé entre trois parties  séparées par un mur dont le plan comporte un redent central.


L’espace Nord et l’espace Sud se caractérisent par les mêmes structures :
            . Un bassin en forme de U suivi d’un bassin carré longe le mur à redents.
            . Entre le mur  de l’enceinte et les bassins se trouvent  93 petites constructions rectangulaires  précédées d’un petit porche ; elles doivent correspondre aux cellules des moines ; ceux-ci devaient jouir d'un plaisant paysage propre à la méditation avec les bassins et, au delà du mur, les tours à faux étages du temple proprement dit.

L’espace central orienté Ouest- Est  comporte divers bâtiments et structures :

          . A l’est, est construit un vaste bâtiment à colonnes ( vert clair du plan ) comportant quatre patios. Un décor représentant des apsaras  fait naturellement penser que ce bâtiment servait au danseuses dont mention est faite sur la stèle. Certains auteurs pensent que cet espace pouvait aussi être le « Palais Royal » où moines et étudiants recevaient leur subsistance ; néanmoins, l’affectation du pavillon à des activités seulement cultuelles est, selon moi, la plus probable.

          . A l’ouest une chaussée surélevée cruciforme (en jaune sur le plan)  relie le gopura d’entrée de l’enceinte extérieure du temple (bleu sur le plan) à celui qui entoure le temenos (brun sur le plan) .

 Les deux photos ci-dessous montre cet espace et la chaussée cruciforme  qui relie les deux gopuras :


Sur ces deux photos, apparaît, au premier plan, la chaussée surélevée cruciforme  reliant les deux portes, elle est bordée d’une balustrade formée, selon le modèle des temples Khmers hindouistes, du corps du Naga. A chaque angle de la terrasse figurent des têtes dressées du naga en forme d'éventail,

Sur la photo de gauche, se trouve, au second plan, le mur en limonite qui sépare le temple  de la ville ouvert par un  porche de liaison entre les deux espaces : derrière ce porche, on devine les ruines du gopura adossé à ce mur.

Sur la photo de droite, on aperçoit la triple entrée qui donne accès à l’aire comportant les temenos et les chapelles, le porche principal cruciforme surmonté d’une tour à faux étages, les deux entrées latérales ayant la forme de pavillons cruciformes et les galeries à double portique reliant les entrées et faisant le tour de l’enceinte.

L’enceinte ceignant le temple (bleu sur le plan) se compose, comme il est dit plus haut d’un mur de limonite percé de deux portes ; en avant de ce mur a été creusé un bassin servant de douves qui s’interrompt au niveau de l’ Est par une large esplanade précédant l’entrée principale du temple. A l’ouest, l’accès au temple s’effectue par une chaussée cruciforme construite dans le bassin. ( ces deux accès sont colorés en vert foncé )

À suivre...

mardi 18 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (53) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU TA PROHM

LE PLAN ET LES CARACTÉRISTIQUES ARCHITECTURALES DU TA PROHM (suite)

Dans l’intervalle entre les trois temenos et l’enceinte qui les entoure  ( dessinée en brun sur le plan ci-dessus, troisième enceinte selon la terminologie habituelle) , se trouve un ensemble de constructions occupant une grande partie de la surface disponible (dessinées en vert sur le plan). Elles sont de toutes les  formes :  halls à piliers, galeries, salles oblongues ressemblant aux bibliothèques des temples des époques précédentes , pavillons en croix surmontés d’une tour à faux étages... La plupart de ces bâtiments correspondent aux chapelles  abritant les statues des nombreux «dieux». auxquels  étaient assimilés les défunts que l’on voulait déifier.

Une de ces cella est représentée ci-contre :

On retrouve les formes déjà existantes à  l’époque d’Hariharalaya :
     . Une base carrée avec quatre porches en avant qui créent un plan cruciforme,
     . Une tour formée de faux étages reproduisant le premier niveau de la cella,
     . Des porches comportant deux colonnes cannelées encadrant la porte et deux piliers sculptés surmontés d’un tympan limité par la forme ondulée d’un corps de Naga.

Il existe cependant une originalité qui diffère ce tympan des tympans des époques précédentes : il représente des sculptures ayant trait au Bouddha. On aperçoit ici deux lignes de zélateurs bouddhistes, au-dessus se trouvait sans doute une représentation de Bouddha mais elle a été martelée.

Dans cet intervalle entre les temenos et l’enceinte ceignant le temple fut construite postérieurement à l’époque de l’érection de la stèle une nouvelle enceinte  (deuxième enceinte selon la terminologie habituelle) que les archéologues pensent postérieure à l’époque de la stèle ; elle est figurée sur le plan au moyen d’un pointillé vert.

L’enceinte ceignant les trois temenos et les chapelles (troisième enceinte selon la terminologie habituelle représentée en brun) comporte,  comme à Angkor-Vat et au Baphuon, les trois éléments habituels :
   . Une galerie fermée vers l’aire des temenos et s’ouvrant vers l’extérieur par un double portique,
   . Des pavillons d’angle,
   . Des portes axiales, au nombre de trois à l’Est et à l’Ouest. Au Nord et au Sud, les portes s’ouvrent sur les temenos latéraux

Les photos ci- dessous montrent que l’on retrouve au niveau de cette enceinte, les caractéristiques architecturales des temples de l’époque antérieure et en particulier du Baphuon :


   .  La photo de gauche représente l’enceinte vue de l’intérieur de l’aire des temenos et des chapelles.  Le mur est à nu sans fausses fenêtres. Un simple porche s’ouvre sur l’extérieur, il comporte, comme sur la cella représentée plus haut, deux pilastres surmontant un tympan à la forme ondulée de Naga et des représentations de zélateurs du Bouddha.

     . A droite, est représentée l’aspect  d’une galerie, on retrouve à gauche le mur sans ouverture jouxtant  l’aire des temenos  puis le double portique composé de piliers carrés. Le mur de fond est à nu ; on retrouve parfois des traces de sculptures mais l’essentiel a été martelé.

     . La photo du centre montre l’enceinte extérieure de l’aire des temenos  : on y aperçoit les deux portiques ainsi que le double système du couvrement : la voûte à double encorbellement au dessus de la galerie est cantonnée par une demi voûte surmontant le portique. Ces galeries donnaient un aspect particulièrement monumental à l’enceinte qui entourait les temenos.

A suivre ...

lundi 17 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (52) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU TA PROHM

LE PLAN ET LES CARACTÉRISTIQUES ARCHITECTURALES DU TA PROHM

Le but n’est pas ici de décrire séparément et de manière détaillée chaque partie de ce temple mais beaucoup plus d’évoquer ses grands ensembles du centre vers la périphérie afin de faire ressortir son organisation générale à l’époque de JAYAVARMAN 7 et de permettre de comparer les indications de la stèle à celle du plan actuel en tenant compte des études effectuées tant au niveau stylistique qu’à celui de la susceptibilité magnétique moyenne  du grès, cette dernière présente en effet de fortes variations qui correspondent aux différentes carrières dans lesquelles sont extraits les grès de construction.


Les trois sanctuaires correspondent à ce qui est mentionné dans la stèle : au centre se trouve la cella de la mère du roi , de part et d’autre, au nord et au sud sont érigées les deux cella où l’on vénère le guru du roi ( en rouge). Ces cella sont entourées de galeries carrées formant leur temenos ( que l’on qualifie habituellement de première enceinte) et  ouvrant sur l’extérieur par des tours-portes orientées vers  les directions cardinales.(en orange)

Les deux photos ci-dessous montrent l’architecture du temenos sud et de sa cella :
 

  . La photo de gauche montre l’aspect extérieur de ce temenos : au centre du cliché, on trouve un pavillon d'entrée de plan quadriforme surmonté d’une tour à faux étages servant de parement à la cheminée qui surmonte la salle centrale ; ce type est ancien puisqu’on le trouve déjà dans le première ville d’Hariharalaya. Les galeries présentent vers l’extérieur un mur à nu sans décoration, le portique s’ouvrant uniquement vers la cella

   . La photo de droite montre le temple central du temenos sud : il comporte une salle rectangulaire ouverte sur trois côtés et couverte d’une voûte à double encorbellement puis une tour à faux étages cruciforme. Les auteurs qui ont étudié le Ta Prohm ne sont pas d’accord sur l’attribution de ces deux salles : mandapa et tour en croix ou tour en croix et  cella. La première forme avait déjà été employée dans la cella de BANTHEAY SREI.

Ainsi les trois temenos et les trois cella ne possèdent aucune originalité architecturale, l’architecte se bornant à répéter les formes héritées du passé.

A suivre...

dimanche 16 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (51) YASHODARAPURA 4,LE TEMPLE DU TA PROHM

LES CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES DES TEMPLES DE L'ÉPOQUE DE JAYAVARMAN VII

Trois  remarques liminaires s’imposent qui s’appliqueront à l’ensemble des temples bouddhistes construits par Jayavarman 7 :

     . Tout d’abord, le temple du Ta Prohm n’est pas un temple-montagne, mais un temple construit sur un terrain plat : à la différence de l’hindouisme qui nécessitait la figuration du mont Mérou, le bouddhisme n'impose pas une élévation en pyramide. Seul le Bayon possède une structure à trois niveaux.

     . Le changement de religion n’aboutit pas à l’introduction de l’architecture bouddhiste qui se caractérisait en particulier par l’érection de stupas autour desquels il était possible d’effectuer la circumnambulation ; les plans des temples khmers de l’époque de Jayavarman 7 conservent les formes traditionnelles des temples des époques immédiatement antérieures avec des cella entourées d’enceintes à galeries emboîtées qui empêchent la  circumnambulation ; celle-ci se heurte en particulier aux galeries axiales qui se rejoignent sur les quatre côtés de la cella.

     . Enfin, il apparaît une prolifération de « divinités » nouvelles ; c’est une caractéristique du bouddhisme Mahayana pour qui tout être humain est un Bodisatva en devenir. . Autrefois, il n’était d’usage d’honorer que les rois défunts en les assimilant aux Dieux hindouistes, Désormais, le culte des défunts s’étend non seulement aux ancêtres directs du roi et de sa famille,  mais aussi aux hauts dignitaires, lettrés et militaires. Le système est conforme au processus utilisé pour la mère du roi : la statue érigée dans la cella représente la déité auquel le défunt a voulu s’assimiler mais la dédicace est effectuée au nom que le défunt ainsi divinisé reçoit à sa mort  Cette dernière caractéristique fait que  chaque chapelle possède sa spécificité ; on peut y trouver une seule statue mais aussi des triades, la plus courante associe le Bouddha, le Bodisatva Avalokistevara et le Prajnaparamata.  La conséquence de ces modifications est la présence d'un grand nombre de chapelles dans l'enceinte du temenos. Rappelons dans cette perspective que JAYAVARMAN 7 a consacré, comme il est dit plus haut, 260 divinités au Ta Prohm !

A suivre ...

samedi 15 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (50) YASHODARAPURA 4,LE TEMPLE DU TA PROHM

La stèle (suite et fin) 

La troisième partie de la stèle décrit l’aspect du complexe cultuel du TA PROHM et sa composition sociale au moyen d’un ensemble de chiffres qui permettent de se faire une idée assez complète de son organisation.

Avant d’aborder cette description, il convient d’abord de préciser la chronologie de l’élaboration du temple : deux informations  sont données  sur la stèle :
   .  D’abord est indiquée l’année 1186 pour la consécration dédicatoire de la statue de la mère du roi,
   . Ensuite est mentionnée à la stance 27 l’expédition du roi au Champa : « Etant allé au Campa, il avait dans le combat pris, puis relâché le roi de ce pays » or cette expédition ne se produisit qu’après l’invasion du royaume khmer par les Chams en 1190 : la stèle ne fut donc gravée qu’après cette date.

Cette dernière indication chronologique  permet de penser que les informations données sur la stèle à propos du temple datent de la période légèrement postérieure à la victoire sur les Chams. L’élaboration du complexe religieux fut donc effectuée entre 1186 et le retour de l’expédition au Champa.

La stèle indique d’abord que le Ta Prohm n’est pas seulement un temple mais aussi une ville portant le nom de RAJAVIHARA. 79635 personnes en dépendent, cette population se subdivise en trois  grandes catégories :
 
     . Les premiers sont affectés au service du temple : 18 officiants principaux, 2700 officiants. 2232 assistants dont 615 danseuses. A cela s’ajoutent 400 hommes aux fonctions non spécifiées Cela représente 5350 personnes. Il paraît évident que tous ne sont pas affectés au Ta Prohm proprement dit. En fait, il est probable  qu’une grande partie d’entre eux sont en service dans les temples satellites, les gîtes d’étape et les hôpitaux, la stèle mentionne 102 hôpitaux dépendant de Rajavihara. Ce premier ensemble de population représente 6,7% sur les 79356 personnes dépendant du temple.

     . Une deuxième catégorie comporte  1409 personnes qui se décomposent en deux parties :
          . « 439 saints religieux nourris chaque jour dans le Palais Royal, (stance 81)
          . 970 personnes habitent chez le lecteur » (stance 82)
Mention est faite dans ces deux stances d’un Palais Royal et d’un lecteur : le premier est sans doute un magasin dépendant du palais, le second doit correspondre au supérieur d'une université bouddhique. Certains moines (les saints religieux) doivent habiter à deux dans les 93 cellules existantes  dans le temple ce qui représente 186 moines, le reste devant loger ailleurs ; de même, il n’y a pas mention dans la stèle d’un bâtiment dévolu à l’enseignement. Ce second ensemble de population représente 1,7% des 79365 habitants

     . Le reste de la population, soit  91,6%, du total, représente ceux qui sont affectés à la subsistance de la « mère des Muni » il va de soit que ces habitants ne se trouvent pas à Rajaviraya, ils sont dispersés dans les villages que le roi ou les puissants ont donnés au temple-monastère en guise d’aumônes,  ils doivent fournir des prestations en nature que la stèle précise tant au niveau de la variété des produits que de leur quantité.

En ce qui concerne l’organisation spatiale telle que la stèle nous l’a décrite, quelques rares renseignements  nous en  sont données :
   . D’abord la ville est entourée d’un mur d’enceinte en limonite de 2702 brasses,
   . 39 tours à pinacle, 566 habitations en pierres et 288 en briques sont indiquées.
   . Un Palais Royal.
   . Mention sont faite aussi de danseuses et d’un lecteur indiquant la présence d’une université.

Pour en savoir plus, il est nécessaire de se reporter au plan du complexe tel qu’on peut le visiter actuellement.

vendredi 14 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (49) YASHODARAPURA 4,LE TEMPLE DU TA PROHM

La stèle du Ta Prohm (suite)

Cette nouvelle orientation spirituelle mentionnée par la stèle n’exclut pas cependant un grand nombre de références aux dieux brahmaniques.  Le bouddhisme était la religion personnelle du roi,  de la famille royale et probablement celle de ses parents. Le pays khmer n’était pas habitué à cette nouvelle pratique religieuse après des siècles de dévotion à Civa puis Vichnou auxquels les temples d’état étaient traditionnellement dédiés ; il paraît évident que JAYAVARMAN 7 ne pouvait imposer le bouddhisme, ce qui aurait été d’ailleurs contraire aux préceptes de celui-ci. En conséquence, il se produisit une coexistence entre les deux religions, les temples bouddhistes comportaient aussi des cella dédiées aux dieux hindouistes. L’exemple le plus intéressant de ce phénomène est le temple du Preah Khan..

Cette coexistence est bien marquée dans la deuxième partie de la stèle ayant trait à la généalogie du roi par laquelle, il se rattache à ses ancêtres et à leurs exploits qui les assimile à ceux des dieux. La stèle évoque aussi le roi lui-même, cela est rendu possible par le fait que cette stèle est signée non de Jayavarman 7 mais de son fils, Cri Suryakumera ; dans ces conditions, le prince héritier pouvait citer sans problèmes les exploits de son propre pere.

Dans les stances qui décrivent Jayavarman 7 et ses exploits, on retrouve, entre autre,  les qualificatifs suivants qui évoquent tous le brahmanisme :
    . La naissance du roi est assimilée à celle d’Indra, le roi des Dieux, (stance 8)
    . A l’image du dieu Kumera, dieu de la guerre dont «  le corps si complexe » est né de Civa, d’Agni et de Ganga selon le Mahabaratha, le créateur a constitué le roi en mêlant les corps de Civa, de Kama et sans doute aussi de Vichnou pour constituer un être qui mélange les qualités de ces dieux : la puissance, la beauté et l’héroïsme.  (stance 19)
    . Laksmi le qualifie de rejeton de la race solaire, le joyau de la tête des rois qui peut remplacer les Dieux dans leur combat (stance 22)
    . La présence supraterrestre du roi permet l’unité du ciel et de la terre (stance 26)
    . Les rois ennemis ont la tête brûlée par le feu de sa gloire (stance 28)
    . Le roi est comparé à Vichnou lorsqu’il a effectué le barattement de la mer de lait (stance 2)

Ainsi, décrit par son fils, le roi est un être supraterrestre, possédant les qualités des Dieux du Panthéon hindouiste et ayant la capacité de les remplacer dans leur lutte contre le mal. (Voir note A avec la traduction de la stèle effectuée par M Coedes en 1906)

Note A
     . 8 : De même que du Brahmarsi la déesse Aditi eut [pour fils] le roi des Dieux (Indra), de ce roi (Dharanïndravarman) la fille de Çrihars varman eut un fils au pouvoir étincelant, le roi Çrijayavarman, qui, se fondant sur la loi, tua dans un combat le chef ennemi avec cent millions de flèches pour protéger la terre
     . 19 :  Ayant considéré que le corps si complexe du Dieu aux six mères (Kumara Dieu de la guerre)  a pourtant été fait un [par ses parents]le créateur, désireux d'accomplir œuvre utile dans la joie d'un profond mystère, au moyen [des corps] de Hara (Civa), Çàrngi ( ?), Anaňga, (Kama) fit de ce roi l'unique réceptacle de la puissance, de l'héroïsme et de la beauté.
     . 21 :[Puisque] par l'extrême puissance de ses deux bras, il avait dans cet Océan qu'est la bataille fait tourner [c'est-à-dire] vaincu ce roi des montagnes qu'est le roi des éléphants ennemis, et obtenu Laksmï, l'éléphant blanc, le cheval royal, le joyau, [on peut dire qu'] il fit comme Hari le barattement de l'océan (2).
     . 22 « Je crois que ce roi en qui sont réunies toutes les qualités, ce rejeton de la race solaire, qui est le joyau de la tête des rois, me remplace dans la bataille », c'est dans cette pensée qu'avec une joie extrême la Laksmï des combats l'embrassa étroitement.
     . 26 : . Ayant reçu de ce roi un sacrifice complet, Âkhandala, extrêmement joyeux, qui avait lancé le feu de sa malédiction à la suite de Jana- mejaya, effectua, le cœur plein d'allégresse, l'unité du ciel et de la terre par la puissance supraterrestre [de ce roi].
      . 27 : Etant allé au Campa, il avait dans le combat pris, puis relâché le roi de ce pays ; les rois ennemis ayant entendu parler de l'ambroisie de sa conduite prirent en quelque sorte [cette ambroisie] dans leurs mains jointes et la répandirent sur leur tète pour apaiser la brûlure produite par le feu de sa gloire.