REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

jeudi 17 novembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (71) YASHODARAPURA 4, ANGKOR THOM

LES BAS-RELIEFS  DU BAYON

Ils se trouvent, comme à Angkor-Vat, sous le portique précédant la première galerie du Bayon de manière à ce que tous les Khmers venus à Angkor Thom puisse y admirer, entre autre,  la relation des exploits de leur roi :


On trouve en effet de nombreuses scènes de bataille où l’on voit les deux armées khmère et Cham s’avancer puis se combattre. Ces scènes sont semblables à celles que présente  le temple d' Angkor-Vat avec une armée composée de la même manière :
     . Des fantassins combattant avec une pique qu’ils tiennent des deux mains, certains possèdent des boucliers attachés au bras ;  les premiers, à l’avant-garde, portent une sorte de justaucorps qui doit les protéger des lances ennemies,
     . Des cavaliers qui les commandent,
     . Des éléphants de guerre conduits par un cornac et portant des archers qui protègent l’avance des fantassins au moyen de bordées de flèches
   . Les oriflammes et les parasols

La scène de la bataille navale du Tonle Sap entre la flotte cham et celle improvisée par Jayavarman VII et est aussi largement représentée. (Cf article "Angkor 46" à propos de Jayavarman VII)


C’est sous cette scène de combat naval que l’on trouve les reliefs les plus intéressants car ils figurent des scènes de la vie quotidienne et en particulier de marché. On y aperçoit de nombreux khmers faire leurs emplettes, des grands restaurants qui travaillent à la chaîne pour préparer les brochettes de viande avec leur accompagnement cuit sur une pierre chaude ; il y a aussi des services à la personne une manucure, un dentiste, un forgeron... ; des porteurs viennent approvisionner les étals ; enfin, dans un coin, des jongleurs sont entourés de nombreux spectateurs.

Ci-dessous se trouvent quelques unes de ces scènes.


mardi 15 novembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (71) YASHODARAPURA 4, ANGKOR THOM

LE BAYON (suite)
L'ÉNIGME DES TOURS A VISAGES

La plupart des spécialistes de l’art khmer et d’Angkor se posent à juste titre la question de savoir qui est représenté sur les tours à visages.


Avant de tenter de répondre à cette question, il convient de remarquer que toutes ces tours ne sont pas semblables, il existe en effet de nombreuses variantes :
     . D’abord au niveau de la base de ces tours, les unes (les pavillons axiaux et d’angle..) possèdent des structures quadriformes tandis que d’autres (les tours du palier supérieur du deuxième étage)  ne comportent que de simples salles carrées précédées d’un porche à peine saillant.
     . Ensuite au niveau des visages :  certes, ces visages comportent le même aspect d’ensemble : yeux en amandes, sourire énigmatique, diadème avec sculptures de pierres précieuses, boucles d’oreilles... Pourtant des différences apparaissent : certains portent des moustaches, d’autres possèdent un troisième œil au centre du front.
    . Enfin, le nombre de faux étages qui constituent la coiffe commune unifiant les quatre visages est différent selon les tours avec quatre, trois ou même deux étages.

Les photos ci-dessous montrent quelques exemples de tours :

Il existe de nombreuses hypothèses concernant les personnages représentés sur les tours.

Une première hypothèse pose d’abord  la question de savoir si les quatre visages des tours représentent les mêmes personnages : : si ce n’est pas le cas, on pourrait alors penser à des associations de quatre Dieux et en particulier ceux des points cardinaux avec par exemple représentations d’Indra, de Yama, de Varuna et de Kubera, ce pourrait-elle être aussi les déités bouddhistes gardiennes des quatre directions : Aksobhya, Ratvasambhava, Amithabha et Amoghasiddhi ou aussi les quatre rois célestes du bouddhisme : Virudhaka, Dhrtarastra, Virupaksa, Vaisravana.

Si les quatre visages des tours représentent les mêmes déités, il existe plusieurs possibilités ; en voici quelques-unes que j’ai pu trouver lors de mes recherches :

    . Certains pensent reconnaître des dieux tantriques du bouddhisme Vajrayana comme Heyjvara.

    . On peut penser aussi à Lokesvara, un Bodhisatva assimilé à Avalokistevara mais possédant une individualité propre, il est qualifié du terme de Samtamukha quand il est représenté avec quatre têtes, ce qui pourrait correspondre aux quatre visages des tours. Cependant,  Lokesvara porte normalement dans son chignon une statue d’Amintabha, ce qui rend son identification peu crédible.  Dans le même ordre d’idée, on pourrait penser que les quatre visages pourraient ceux de Brahma.

   . Les visages pourraient être aussi ceux du Bodhisadva Avalokistevara qui selon le LOTUS DE LA BONNE FOI est capable de prendre toutes les formes pour enseigner et ainsi pratiquer la compassion ce qui pourrait expliquer les différences entre les diverses représentations des visages représentés : « Il y a, ô fils de famille, des univers dans lesquels le Bôdhisattva Mahâsattva Avalôkitêçvara enseigne la loi aux créatures sous la figure d’un Buddha, Il y a des univers où le Bôdhisattva Mahâsattva Avalôkitêçvara enseigne la loi aux créatures sous la figure d’un Bôdhisattva. A quelques-uns, c’est sous la figure d’un Pratyêkabuddha que le Bôdhisattva Mahâsattva Avalôkitêçvara enseigne la loi ; à d’autres, c’est sous celle d’un Çrâvaka, ou sous celle de Brahmâ, ou de Çakra, (Indra) ou d’un Gandharva. Aux êtres faits pour être convertis par un Yakcha, c’est sous la figure d’un Yakcha qu’il enseigne la loi, et c’est ainsi qu’il prend les figures d’Içvara (Civa), de Mahêçvara (Vichnou) , d’un Râdja Tchakravartin ( un souverain) d’un Piçâtcha, de Vâiçravana,( un des quatre rois célestes)  de Sênâpati, d’un Brahmane, de Vadjrapâni ( un autre Bodisatva) pour enseigner la loi aux créatures faites pour être converties par ces divers personnages. Telles sont, ô fils de famille, les qualités inconcevables à cause desquelles le Bôdhisattva Mahâsattva Avalôkitêçvara est appelé de ce nom. »

Une dernière possibilité peut être évoquée celle de la représentation du roi dans son assimilation à Lokesvara-Avalokiteshvara, cette idée peut s’appuyer sur deux stances de la stèle du Preah-khan :
  . 34 : Le roi Cri JAYAVARMAN VII a consacré un Lokeca (ouvert les yeux du seigneur du monde selon une autre traduction) ) appelé Cri Jayavarmeçvara à l’image de son père
  . 35 : autour du saint Avalokistevara qui est au milieu, le roi a placé 283 dieux

Ces deux stances montrent que Jayameçvara est le Bodhisatva Avalokistevara,  représenté avec le visage du roi, Dharanindravarman. II ; si on transpose cette conception au roi Jayavarman VII , on peut penser que les tour à visages figurent le Bodhisatva représenté  avec le visage du roi.

Ainsi, de ces deux dernières caractéristiques, on peut formuler l’hypothèse suivante :
     . Les visages représentent le roi dans son assimilation au Bodhisatva,
     . Le Bodhisatva prend les diverses formes indiquées dans le Lotus de la bonne loi, ce qui explique les différences remarquées dans les visages
     . Il peut aussi prendre les quatre visages de Lokesvara Samtamukha ce qui permet au roi divinisé de porter son regard dans toutes les directions de son royaume.

Dans le cadre de cette hypothèse de la représentation du roi assimilé au Bodhisatva, les auteurs qui l’ont établi ont constaté que les pied-droits des tours à visages comportent des inscriptions dédiées aux divers dieux vénérés dans les provinces du royaume ; les tours à visages qui surmontent ces cellas sembleraient alors installer la puissance rayonnante du roi au-dessus des cultes locaux et témoignerait de la protection que le roi divinisé apporte aux provinces.

Si cette hypothèse est la bonne, (celle à laquelle j'adhère parce qu’elle est la plus vraisemblable) on pourrait considérer que le Bayon serait une sorte de Panthéon National où les dieux des  diverses provinces seraient représentées sous l’autorité unique et bienfaisante du roi.

A suivre...


dimanche 13 novembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (70) YASHODARAPURA 4, ANGKOR THOM

LE BAYON (suite de l'article précédent)

LE PREMIER NIVEAU
Plan du premier niveau coloré en orange :



Coupe effectuée au niveau des galeries du coin Nord-Ouest  montrant l’étagement des niveaux successifs du Bayon

La structure de ce premier niveau est bien visible sur la photo  de la partie extérieure  de la maquette du temple.vu du côté Est ( maquette du musée Guimet)


L’espace entre le premier étage et le second fut, selon ce que j’ai pu en lire, aménagé postérieurement à l’époque de Jayavarman VII avec d’abord création de salles-passages voûtées pour relier  les tours et les portes de la galerie inférieure à celles de la galerie qui lui est  immédiatement supérieure. Ces galeries furent ensuite démolies pour créer des bibliothèques (deux subsistent mais on peut penser qu’il y en avait quatre à chaque coin.)

À suivre...

samedi 12 novembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (69) YASHODARAPURA 4, ANGKOR THOM

LE BAYON (suite)

LE DEUXIEME ETAGE

La structure du deuxième étage est assez complexe car il  comporte trois  paliers dénivelés successifs. Pour rendre compte de la structure de ce niveau, j’ai effectué, lors de ma visite, une coupe simplifiée de direction Est-Ouest ; cette coupe est reportée par un trait orange sur le plan ci-dessus.

Les documents que j’ai pu consulter établissent la chronologie suivante :

     . Les constructions des paliers supérieurs (en bleu foncé sur le plan et la coupe) et intermédiaires (en bleu moyen) de  ce deuxième étage sont pratiquement contemporaines de l’aménagement  de la terrasse portant le sanctuaire.
     .  par contre celles du palier inférieur (en bleu clair) sont probablement postérieures et ont été érigées lorsque le plan cruciforme du temple est devenu carré.


La coupe
  .1- le haut podium mouluré du troisième étage, il est relié aux paliers du deuxième étage  par les escaliers mentionnés plus haut. (couleur beige du plan)

  . Les édifices du palier supérieur du deuxième étage
          . une galerie (2)  couverte d’une voûte à double encorbellements comportant un mur plein (3) vers l’extérieur du temple et une galerie à piliers vers l’intérieur (4)  face au haut podium portant le troisième étage. Il est probable que ce mur plein correspondait, au moment de sa construction, au mur de clôture du temple séparant le sacré du profane.
          . Un portique (5) établi en avant de la galerie à piliers donne sur une étroite allée (6) dominée par le podium du troisième étage.

   . Le palier intermédiaire,bleu moyen)
Il ne comporte qu’un portique à colonnes (7) adossé au mur plein (3) de la galerie et couvert d’une voûte à simple encorbellement. Des ouvertures percées dans le mur plein permettent de relier le palier supérieur à ce palier intermédiaire.

  . Le palier inférieur,bleu clair)
          . Il s’y trouve d’abord une cour (8) entourée d’une alternance de galeries et de tours à visages comme le montre le plan (les tours à visages sont indiquées par un rond violet)  
          . Puis se trouve une nouvelle galerie (9) comportant un mur plein (10) vers l’extérieur et un mur à fenêtres (11)  vers la cour. Ce mur plein établit la séparation entre le monde sacré et le monde profane, tout comme le mur 3 avant que cette galerie fut construite.
          . La galerie est cantonnée de deux portiques : l’un (12) est orienté vers la cour, l’autre (13) est adossé au mur plein (9). Sur ce mur, ouvert aux profanes, se trouvaient de magnifiques fresques racontant les exploits militaires du roi ainsi que de nombreuses scènes de la vie quotidienne.
          . Un escalier (13) permet ensuite de gagner le premier niveau.


Deux photos du second étage vues du premier niveau

A suivre...

jeudi 10 novembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (68) YASHODARAPURA 4, ANGKOR THOM

LE BAYON (suite de l'article précédent)

LE TROISIÈME NIVEAU

Le troisième étage est construit sur un soubassement dallé en latérite dominant de 5,48 m l’étage qui lui est immédiatement  inférieur et forme une terrasse quadriforme avec redents aux angles intérieurs de la croix. Ce niveau n’est pas entouré d’une galerie mais seulement d’une simple balustrade de Nagas. (ligne vert clair du plan)

Le plan ci-dessous représente de manière simplifiée les édifices élevés sur la troisième terrasse. Une chronologie de leur construction parait possible au vu des dernières recherches effectuées :
Dans un premier temps, selon ce que j’ai pu en lire,  se produisit la consécration de la statue, ; celle-ci fut retrouvée dans le puits laissé par les constructeurs lors de l’élaboration du soubassement. Elle représente un Bouddha assis en position de méditation (dhyani mudra) sur les enroulements d’un Naga dont les sept têtes dressées forment un dais autour de la tête du Bouddha. Cette statue pourrait représenter Avalokistevara dont le roi Jayavarman VII était un des dévots.

On peut penser qu’à cette époque, la cella centrale de la tour-sanctuaire ( en vert foncé sur le plan) était en seulement en construction puisque la largeur de  sa porte ne permettait pas le passage de la statue et que celle-ci fut donc protégée par une couverture provisoire.

La cella est circulaire et comporte 8 pilastres et  trois portes mais primitivement elle n’en comportait  qu’une orientée vers  l’Est. Elle fut dès l’origine entourée d’un couloir également circulaire. Ce couloir pouvait avoir deux buts :
     . Soit servir à la circumnambulation autour de la cella comme on peut la faire autour des stupas,
     . Soit être un artifice d’architecture : il était prévu d’élever au-dessus du sanctuaire une tour si haute qu’il était nécessaire de donner une assise plus large que celle de la cella proprement dit.

Autour de la cella dont on commença l’édification de la cheminée,  furent accomplis de spectaculaires travaux qui donnèrent la forme au sanctuaire actuel :
     . Construction de trois  chapelles  orientées vers les axes cardinaux et de quatre chapelles supplémentaires  dans les angles droits des axes cardinaux. Ces sept  chapelles ne communiquaient  pas à l’origine avec le couloir et n'étaient accessibles que par la terrasse au moyen d’un porche. Chacune est surmontée d’une cheminée servant à contrebuter la tour principale en la rendant plus haute et plus imposante. Le parement extérieur  de ces  cheminées forme une demi-tour comportant trois visages surmontés de faux étages figurant une coiffe.
   . Dans l’intervalle de ces chapelles, est construit un portique à piliers qui alterne avec les porches d’entrée des chapelles et  donne une forme arrondie à la base du sanctuaire.
   . Ces aménagements permettent d’élever la tour centrale à quatre visages surmontés de faux étages puis d’une double fleur de lotus figurant une coiffe unique pour les quatre visages.

La photo ci-dessous montre l’état actuel du sanctuaire central, on a peine à reconnaître les structures décrites plus haut.


Autour du sanctuaire, les constructions principales sont orientées vers les points cardinaux :
     .  Sur le côté Est (vert moyen du plan) se trouve un ensemble de bâtiments reliant la tour-sanctuaire aux trois escaliers d’accès Est  de la terrasse avec successivement d'ouest en est :
          . Un hall d’entrée inclus dans le sanctuaire et surmonté lui aussi d’une tour à trois visages  peut-être cantonnée de deux petites tours latérales.
          . Trois bâtiments successifs cruciformes surmontés de tours à quatre visages,
          . Un kiosque cruciforme avec tour à visages dominant les trois  escaliers  (en orange clair sur le plan)  permettant d’accéder au niveau inférieur.
   
     . Sur les trois autres côtés (vert clair du plan) sont construits trois bâtiments semblables cruciformes à tours à quatre visages reliant la cella aux escaliers permettant de passer du troisième étage aux étages inférieurs.( en orange clair sur le plan)

Il convient de mentionner aussi la présence d’autres bâtiments sur cette terrasse : trois portent des tours à visages, deux sont couverts d’une voûte à double encorbellement et ressemblent aux bibliothèques que l'on trouve ailleurs.

A suivre...

mardi 8 novembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (68) YASHODARAPURA 4, ANGKOR THOM

LE BAYON

On a utilisé de nombreux termes pour qualifier le Bayon : impressionnant, surprenant, mystérieux, onirique... Tous ces termes sont exacts : sitôt que l’on entre dans le temple, on se sent pris dans une atmosphère étrange où de curieux visages au sourire énigmatique surplombent le visiteur circulant dans des allées et des galeries qui semblent labyrinthiques. A cela s’ajoute l’ambiance générale  du monument ;  les visages, miraculeusement épargnés pour la plupart,  semblent émerger, de l’amoncellement ruiniforme des tours qui les portent. Pourtant, ce temple qui parait d’une grande complexité est d’une structure plus simple que l’on pourrait le croire comme en témoigne la photo aérienne ci-dessous :

.1- cella centrale,
.2- ensemble de bâtiments orientés vers l’est et constituant l’entrée du temple,
.3- terrasse de forme de croix latine avec redents constituant le troisième étage,
.4- ensemble de tours et de galeries épousant la forme de la terrasse supérieure, construit en deux paliers successifs sur la dénivellation séparant  les niveaux  supérieurs et inférieurs,
.5- extension des galeries ayant permis de passer du plan quadriforme au plan carré,
.6- enceinte inférieure.

Selon ce que j’ai pu en lire, les structures 1, 2 et 3 datent des premières phases de construction puis se produit une deuxième phase avec la construction des structures 5 transformant la forme de croix en forme carrée. La dernière phase voit l'élaboration de l’enceinte extérieure ( n°6 du plan)

La description que je ferai du Bayon correspondra, non à cette chronologie car elle est incertaine et diverge selon les auteurs,  mais par niveaux d’étagement en commençant par la troisième terrasse.

A suivre...

lundi 7 novembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (67) YASHODARAPURA 4, ANGKOR THOM

LA CITÉ D’ANGKOR THOM

Les quatre portes orientées vers les points cardinaux sont prolongées par quatre rues principales  qui constituent l’ossature de la cité et la divise  en quatre carrés égaux. A l’intersection des axes nord-sud et ouest-est est érigé le BAYON, temple d’Etat de  Jayavarman VII.

La présence d’une cinquième appelée  « porte de la victoire » semble constituer une anomalie par rapport par rapport à la rigueur géométrique en cours dans les constructions d’Angkor. Cela s’explique par le fait que la ville n’a pas été construite sur terrain vierge : il subsistait des édifices que le roi se devait de conserver ne serait-ce que par fidélité envers ses ancêtres. En conséquence, Angkor Thom représente l’association de deux structures imbriquées comme le montre la description du centre de la ville  dessinée ci-dessous :

La structure urbaine héritée des époques antérieures :
   .1- le Palais Royal centré autour du temple Phineamakas, dont la construction s’est principalement effectuée sous le règne de Suryavarman 1er (1002-1050),
   . 2- une grande esplanade construite en avant du podium limitant le Palais Royal,
   . 3- une voie dite de la victoire partant du Palais Royal pour se diriger vers le Yashodharatataka (Baray occidental) puis vers le Mebon oriental ; c’est sur cette voie, sans doute processionnelle,  que Jayavarman VII construisit la cinquième porte.
   . 4- le Baphuon, temple d’état de Yashodharapura 2 édifié à l’époque d’Udayadityavarman VII dont l’enceinte extérieure fut prolongée pour se raccorder sur l’esplanade.
   . 5- Il est probable que les deux Kleang nord et sud ont été aussi construits antérieurement au règne de Jayavarman VII

De l’époque d’Angkor Thom datent les autres structures  :
     . 6- le Bayon, dont l’entrée principale s’ouvre vers l’est    
      . 7- Les voies principales provenant des quatre portes :
               . L’axe Ouest-est aboutit aux tours axiales du Bayon.
               . L’axe nord-sud  possède un tracé particulier puisqu’il n’est pas orienté vers l’axe du Bayon mais légèrement décalé vers l’est. L’axe du Bayon est orienté en effet selon une voie qui longe le podium du palais et l’enceinte du Baphuon. Cette différence est due sans doute à la volonté de relier le nouveau temple aux structures antérieures.
      . En avant du podium  du Palais Royal, donnant sur l'esplanade, furent construites deux terrasses monumentales : la terrasse dite des éléphants (9) et la terrasse du roi lépreux (8).
     . 10- enfin, il est possible que les douze tours du Prasat Sour Prat datent de l’époque de  Jayavarman VII.

Prochain article : le Bayon.

samedi 5 novembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (66) YASHODARAPURA 4, ANGKOR THOM

LES PORTES DE LA VILLE D’ANGKOR THOM

Les chaussées décrites dans l'article précédent donnent accès aux portes de la ville.

Ces portes possèdent un plan d’ensemble conforme à toutes les tours et pavillons d’entrée comme le montre le plan ci-contre de la porte des morts   :
     . Le plan est cruciforme avec salle centrale et  quatre bras latéraux, .
     . Les bras axiaux constituent les porches qui permettent d’accéder à la ville. Ces porches sont surmontés d’une voûte à double encorbellement masquée, autrefois au niveau de l’entrée, par un tympan sculpté. Sur les deux photos ci-dessous, ce tympan a disparu en sorte que l’on aperçoit l’encorbellement
     . Les bras latéraux sont prolongés par une petite salle qui forme transition entre la forme en croix et le mur d’enceinte,
     . Sur la face extérieure des deux salles de liaison sont construits deux bastions de défense de la porte.

Les photos des portes Nord (vue de l'extérieur) et Sud (vue de l'intérieur) montrent que trois éléments principaux viennent différencier ces portes de celles antérieurement construites :

 D’abord, on note la présence  de tours à visages :
          . La salle centrale comporte une cheminée dont le parement est constitué de deux visages regardant pour l’un vers l'extérieur et pour l’autre vers l’intérieur.
          . Les deux salles latérales sont surmontées de tours un peu moins hautes que la tour centrale et comportent des visages tournés vers la gauche et vers la droite. Chaque visage est donc orienté  vers un des  points cardinaux.

Au-dessus du visage, on retrouve les mêmes formes  que dans les tours-sanctuaires traditionnelles avec un empilement de faux étages  de plus en plus étroits afin de figurer une structure conique terminée par une forme de fleur de lotus ;  ce qui fait la différence sur les tours à visages par rapport aux sculptures traditionnelles est que ces étages dénivelés semblent constituer la coiffe ou la tiare surmontant les  visages.

Ensuite, dans les coins situés entre les bras de la croix sont représentées trois têtes  d’éléphants terminées par leur trompe, elles figurent Aivarata, la monture d'Indra. Comme dans les temples du Preah khan et du Ta Prohm, l’enceinte de la ville d’Angkor Vat est placée sous la protection des dieux de l’hindouisme.

Enfin, en élévation, entre la statue d’Aivarata et la base des moulures portant les tours latérales se trouve un mur qui devait être orné de frises  dont une d’orants les mains jointes.