LES PLANS ANCIENS DE RIGA
Pour découvrir une ville, il est souvent intéressant, en préalable à la visite, d’examiner les anciennes gravures afin de comprendre comment s’est constituée la ville.
En ce qui concerne Riga, les représentations de la cité aux 16e et 17è siècles sont suffisamment nombreuses pour permettre de rendre compte de son organisation spatiale ancienne. .
La première représentation datée de 1581, figure Riga dans «
civitates orbis terrarum » de Frank Hogenberg et G Braun vue de la rivière Daugava.
Les marchands des cités portuaires du Saint-Empire, quand ils arrivaient dans la ville par le fleuve, devaient se trouver en pays de connaissance car le panorama de la cité qu’ils découvraient était, à peu de détails près, semblable à celui des autres cités germaniques dont l’architecture découlait de leur passé commun hanséatique.
La première chose qu’ils pouvaient constater était l’importance du trafic fluvial ; de nombreux bateaux sont amarrés au milieu du fleuve
(1), un grand nombre de petites embarcations
(2) effectuent le trafic entre les bateaux de mer et le quai. Le quai
(3) est porté par une rangée de pieux fichés le sol soutenant des planches posées de champ, elles sont entrecoupées de rampes permettant le déchargement des barques.
Derrière ce quai qui devait être encombré par les marchandises, se trouve le rempart de la ville
(4) ; le mur d’enceinte comporte de grosses tours rondes d’angle crénelées, des tours intermédiaires et des portes établies en avant des voies de déchargement.
Au-delà du rempart se profile la ville. Elle est composée de maisons hautes et étroites sur la rue, se développant en profondeur et formant un lacis serré entre lequel on devine les rues et ruelles.
Les trois églises dessinées (la cathédrale
(5), l’église Saint Pierre
(6) et l’église Saint Jacques
(7) ont un aspect conforme à la plupart des églises hanséatiques. Elles comportent, à l’ouest, une unique et haute tour-porche surmontée d’un clocher effilé.
Enfin, dans la ville-même se trouve le Rathaus
(8), la maison du conseil, d’où la ville est administrée, cette maison ne possède pas de beffroi comme c’est le cas habituellement dans les Communes, on en aperçoit la façade latérale et son pignon à redents décoré de volutes également typique des villes hanséatiques.
Au Nord du rempart de la ville se trouve le château
(9) ; il possède une longue histoire qui mérite qu’on s’y arrête.
Riga avait réussi à se soustraire à l’autorité de l’évêque mais il existait une autre force qui pouvait empêcher l’épanouissement de l’autonomie communale, l’ordre des chevaliers Porte-Glaives devenu en 1237 l’ordre de Livonie.
(Cf : mes articles sur l'Estonie et la Lettonie). Au 13è siècle, le siège de l’ordre se trouvait dans un château au centre de la ville.
Entre la cité de Riga et l’ordre de Livonie, les casus belli furent si nombreux qu’ils débouchèrent sur plusieurs guerres intestines. Lors de celle de 1304, les bourgeois attaquèrent puis démolirent le château des moines-chevaliers, cependant ils furent vaincus par l’ordre et durent lui en reconstruire un autre.
L’ordre préféra s’installer hors de la ville sur son emplacement actuel ; les chevaliers y gagnèrent en moyens défensifs et purent plus efficacement surveiller la cité du haut de leurs remparts. En 1581, l’ordre de Livonie fut sécularisé et le duché de Livonie fut placé sous obédience polonaise ; le château fut occupé alors par un gouverneur polonais. Plus tard, les envahisseurs successifs, suédois et russes, firent du château la résidence de leurs gouverneurs.
Sur la gravure de Braun et Hogenberg, le château possède une forme carrée comportant des tours d’angle ; il possède également un accès à la Daugava sous la forme d’une tour sur la rivière (
10) et d’une passerelle reliant le logis à la tour.
À suivre…