LE TRIPTYQUE DU JUGEMENT DERNIER DE VIENNE (suite)
LA PARTIE BASSE DU PANNEAU CENTRAL
Tous les démons sont représentés de la même manière par Jérôme Bosch, ce sont des créatures difformes et composites, certains ont l’aspect d’humains déformés, d’autres ont pris la forme d’animaux ou de fruits, d’autres associent des corps d’humains et d’animaux, tous sont à la fois hideux et grotesques. On a l’impression que ces démons ont choisi leur costume à la fois pour effrayer les damnés mais aussi pour s’amuser de leur laideur. En ce qui concerne les damnés, ils sont tous nus : selon la conception médiévale, ils sont représentés ainsi après leur résurrection
Les démons arrivent en cortège par un chemin (S) provenant d’une gorge étroite, et passant au-dessus d’un pont, ils sont précédé d’un char pourvu d’un attelage à quatre roues qu’un démon retient pour ne pas qu’il dévale, un damné et un démon se tiennent sur ce char.
Juste à côté est représenté un interstice (T) dans la falaise fermé par une trappe rouge, quand elle s’ouvre, un damné est projeté dans le vide puis noyé dans le lac qui se déploie de part et d’autre du pont.
Parmi les scènes de torture, les plus intéressantes sont situées au niveau inférieur de la partie basse, De gauche à droite on peut voir :
. (U) Un homme que l’on force à boire un liquide contenu dans un tonneau.
. (V) une démone qui fait cuire un damnés à la broche, au-dessus d’autres damnés pendus attendent de subir le même sort
. (W) une démone fait cuire à la poêle un damné qui a été découpé en morceaux
. (X) un damné, posé sur les branches d’un arbuste, est découpé, sans doute pour le faire cuire dans la poêle. Le démon se sert d’un damné en guise de monture.
. (Y) un autre damné va être découpé au moyen d’un grand hachoir par un démon portant un luth
. (Z) un autre, percé d’une flèche, est attaché bras et jambes sur une lance. Il servira sans doute de mets dans la cuisine.
A droite, sont dessinés un démon portant une armure et un bouclier chevauchant un poisson (1), des damnés accrochés ou empalés aux branches d’un arbre en attendant d’être brûlés (2) ainsi qu’un grand couteau (3)
Enfin, parmi les tortures significatives, on peut aussi citer : la grosse cruche verte surmontée d’un moulin (4) qui sert moudre des damnés, une autre cruche devant laquelle est figurée une roue à aubes mues par un damné (5) …
Il existe encore bien d’autres scènes loufoques ou dramatiques, en sorte que l’on peut être admiratif de l’imagination débordante de Jérôme Bosch mise au service d’une tâche pédagogique : susciter chez ceux qui regardent le triptyque l’horreur du péché et la crainte des tourments infernaux.