REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
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dimanche 17 janvier 2021

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (14)


LE TRIPTYQUE DU « JARDIN DES DELICES »

Ce nom de JARDIN DES DÉLICES  a été donné par référence au panneau central, il est probable que le nom primitif, actuellement inconnu, n'était pas celui là. Le terme de "jardin des délices" est, on le verra,  totalement impropre.

 Le TRIPTYQUE FERMÉ représente la création du monde, avec cet extrait d'un psaume d'Elie "Lui parle, ceci est. Lui commande, ceci existe ". Dans le coin gauche, se trouve un vieillard, manifestement Dieu dans son œuvre de création.

 Les deux panneaux représentent, selon la Genèse, le monde au troisième jour : la terre a été créée sous forme d'un cercle plat inclus dans une sphère. Au-dessus de la terre se trouve le ciel, en dessous le monde souterrain. Dans le ciel se sont amassés des nuages et Dieu a créé la végétation.

 

mercredi 6 janvier 2021

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (13)

   LE TRIPTYQUE DU JUGEMENT DERNIER DE BRUGES 

LA PARTIE BASSE DU PANNEAU DE DROITE

 Je n’en décrirai que trois ensembles significatifs : 

     . Au centre du panneau est représentée une tour (1) pourvue d’une porte donnant sur un espace de couleur noire qui doit représenter l’entrée du monde infernal. Cette tour est cantonnée d’un mur (2) derrière lequel sont entassés des damnés qui semble refuser d’avancer, sans doute doivent-il pressentir que la tour mène directement aux enfers, ces tentatives de révolte amènent les démons armés et coiffés d’un casque de lansquenet à monter sur des échelles pour rétablir l’ordre.(3) Au pied du mur,  deux échelles ayant porté des démons sont à terre, ce qui montre bien que la tentative d’assaut des démons a subi des revers (4).

   . En contrebas, d’autres damnés sont conduits en cortège vers la porte de l’enfer, ils sont précédés par un chariot à quatre roues  (5) sur lequel se trouve un chaudron contenant un moine et une religieuse. Le char est tiré par une vache chevauchée par un damné portant un casque, il est transpercé par une épée et  tient un calice à la main.

   . Près du char, un démon ailé  porte la tenue habituelle portée par les soldats turcs ottomans : turban, longue djellaba, cimeterre. (6)

 Enfin en dessous, est représenté une mare (7) dans laquelle se trouvent des damnés ; à droite, un petit démon tente de les pêcher, un de ces damnés a d’ailleurs été amorcé ; à gauche, un poisson avale un damné. Une tête et une jambe coupées complètent la scène. 

 

Il existe une grande parenté entre le triptyque de Vienne et celui de Bruges, ils présentent tous les deux une vision  catastrophique de la destinée humaine ; lors du jugement dernier, il n’y aura guère de rémission pour la quasi-totalité des êtres humains qui seront voués à l’enfer et à ses tourments. Le triptyque de Bruges est pourtant moins pessimiste que celui de Vienne en ce sens qu’il présente aussi la vie heureuse des élus au paradis : il montre qu’avec une vie vertueuse et orientée vers la foi en Dieu, il est possible d’échapper au règne de la mort et de l’enfer. Avec le triptyque du « jardin des délices » on retrouvera une impression de désespérance encore plus aiguë que celui des deux triptyques précédemment décrits. 

prochain article : le jardin des délices.

 


vendredi 18 décembre 2020

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (12)

   LE TRIPTYQUE DU JUGEMENT DERNIER DE BRUGES 

LA PARTIE BASSE DU PANNEAU CENTRAL

Les démons ont envahi la terre, on voit une nombreuse troupe (R) sortant, comme sur le triptyque de Vienne, d’une fracture du rocher, beaucoup portent une armure, ils sont précédés de deux machines de guerre et d’une être hybride roulant un tonneau contenant un damné.

 Le reste du panneau central montre les premiers tourments que les démons vont infliger aux damnés avant de les envoyer dans les abîmes de l’enfer. La scène se passe en effet sur terre, comme en témoigne la présence de deux maisonnettes. On retrouve des formes de tortures déjà représentées sur le triptyque de Vienne et que l’on retrouvera sur le triptyque du « jardin des délices » : voici quelques éléments significatifs : 


   . (S) : à travers la porte ouverte d’une lanterne, on voit un évêque nu mais portant sa mitre agressé par une démone coiffée d’un hennin.

   . (T) : damnés que l’on force à boire le liquide d’un tonneau dans lequel sont jetés des cadavres, deux d’entre eux vomissent, d’autres urinent.

   . (U) : instruments de musique servant à torturer : vielle, lyre sur laquelle est crucifié un damné, cornemuse posée sur une planche circulaire garnie de clous  autour de laquelle doivent danser les damnés, ces motifs sont également utilisés dans le « jardin des délices ». 

   . (V) : une cruche renversée sert d’auberge du diable tenue par une démone. 

  . (W) : deux damnés doivent faire tourner une lourde meule qui écrase des damnés, pour qu’ils aillent plus vite, un démon les fouette. 

  . (X) : damné à califourchon sur la lame d’un grand couteau, il sera découpé en morceaux par un démon, une jambe et un bras sont dessinés en contrebas ; en dessous, des damnés sont précipités dans un puits profond. 

   . (Y) : un monstre mi-poisson mi-homme mange des damnés qu’une roue à aubes sur un lac fait monter.

   . (Z) une maison ayant servi de forge, est utilisée pour torturer les damnés, l’un d’eux est posé sur l’enclume tandis qu’un démon le frappe avec un marteau.

Il existe bien d’autres détails qui méritent l’attention, comme ce rat portant un palanquin dont une des deux nacelles est occupé par un moine et une religieuse, une chaussure servant de bateau...

 

mardi 15 décembre 2020

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (11)

  LE TRIPTYQUE DU JUGEMENT DERNIER DE BRUGES 

LA PARTIE CENTRALE DU PANNEAU DU MILIEU ET LA PARTIE HAUTE DU PANNEAU DE DROITE


 Comme sur le triptyque de Vienne et avec la même disposition, on trouve, à cet endroit, la description de la destruction de toutes les œuvres humaines : les bâtiments en feu, peints en noir sont surmontés de flammes et de fumées qui donnent une couleur rougeoyante au ciel ne laissant plus apparaître que des pans de ciel bleu au-dessus de la mer,

Sur le panneau central est représenté un bassin portuaire (M) limité par une jetée. Le reflet des fumées sur l’eau donne à ce bassin une couleur glauque et lugubre. Un bateau (N) sur lequel se trouve un poisson aux dents acérés montre que les démons ont pris possession du bassin.



 Sur la partie supérieure du panneau de droite, Jérôme Bosch a figuré une colline (O) sur laquelle se trouve des personnages éparpillés, ce sont sans doute des damnés que les démons rassemblent pour les mener vers l’enfer, on en voit d’ailleurs une longue file (P) qui se dirige vers la droite.

 

dimanche 6 décembre 2020

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (10)

 LE TRIPTYQUE DU JUGEMENT DERNIER DE BRUGES 

LA PARTIE SUPÉRIEURE DU PANNEAU CENTRAL 


Il représente, comme sur le triptyque de Vienne, l’épisode final du jugement dernier. Ne sont, en effet, évoqués ni la résurrection des morts, ni la pesée ni même la séparation des élus et des damnés, toutes ces actions ont été déjà effectuées.

 Le panneau montre le Christ  (J), torse nu, portant l’habit de la crucifixion masqué partiellement par un grand manteau pourpre. De part et d’autre de sa tête sont peints une fleur de lys (symbole de pureté et du paradis) et une épée (symbole de justice et de l’enfer)  Il est assis sur un arc en ciel, la lune lui servant d’appui pieds et est entouré d’un orbe qui pourrait représenter la Jérusalem céleste descendue au-dessus de la terre. 

De part et d’autre du Christ sont représentés les quatre anges sonnant de la trompette (K)  ayant annoncé la fin des temps et les apôtres (L) à genoux les mains jointes. Cette scène ressemble beaucoup à celle du triptyque de Vienne. 

A suivre... 

 


vendredi 4 décembre 2020

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (9)

LE TRIPTYQUE DU JUGEMENT DERNIER DE BRUGES 

LA PARTIE INFERIEURE DU PANNEAU DE GAUCHE : LE PARADIS. 

La partie centrale et basse comporte successivement de haut en bas :

     . B un paysage apaisé en toile de fond associant des collines, un vaste lac et des forêts  peints en couleur pastel à dominante bleue.

     . C : un édifice composite en forme de tour. Au centre une fontaine comprenant un bassin d’où s’échappent quatre ruisseaux (D), au-dessus, une terrasse à balustrade (E ) comportant quatre gargouilles qui projettent l’eau dans le bassin, enfin, au-dessus de la tour, une terrasse où se trouvent des élus et une sorte de kiosque en fer forgé. Une telle tour était déjà représenté sur le retable de Vienne, on en trouvera aussi une dans le triptyque du « jardin des délices ». 

     . Tout autour de la fontaine et en dessous sont figurées les activités des élus dans le jardin d’Eden : en voici quelques exemples : 

          . (F) : une barque en forme d’aile d’oiseau flotte sur un lac aux eaux bleues, à la proue de cette barque sont représentés quatre anges sonnant de la trompette, au centre de la barque est installée une tente rouge sous laquelle s’abritent de nombreux élus. Devant cette tente, un ange brandit une croix pourvue d’une longue hampe. 

          . (G) : Une fleur renversée sur laquelle est monté un élu cueillant un rameau.

          . (H) : trois élus à genoux écoutant un ange ailé jouer de la lyre, cet ange porte sur la tête un diadème décoré d’une croix.

           . (I) : un gros fruit rouge abrite un grand nombre d’élus assis.

Un peu partout s’éparpillent les élus, les oiseaux et les animaux dont une licorne. 

 

lundi 30 novembre 2020

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (8)

 LE TRIPTYQUE DU JUGEMENT DERNIER DE BRUGES

Il est apparemment plus conforme aux formes habituelles et conventionnelles des triptyques médiévaux, il présente en effet les trois éléments de bases qui les caractérisent : le paradis, le jugement dernier, l’enfer.

 Ce n’est cependant qu’une apparence, en fait, ce triptyque est une parfaite illustration de la pensée dominante au 15e siècle organisée autour du règne de la mort et de l’enfer.

 

L’œuvre se décompose en quatre parties 
   . 1 le paradis
   . 2 le jugement dernier
   . 3 la destruction des œuvres humaines témoignage de la perversité humaine
   . 4 les premiers tourments des damnés sur la terre même 
   . 5 la descente des damnés vers l’enfer représentée par une tour grise. 

LA PARTIE SUPERIEURE DU PANNEAU DE GAUCHE : LE PARADIS. 


  La partie supérieure du panneau de gauche représente une silhouette (A) en grisaille à demi effacée, comme en filigrane, elle figure un personnage assis qui porte une sphère posée sur son genou. Selon moi, il s’agit de Dieu le Père qui se caractérise souvent en tenant un globe figurant la terre qu’il a créée.

La silhouette est dessinée au centre d’un cercle clair se détachant nettement de la corolle de nuages gris qui l’entoure. Devant ce cercle clair volèrent trois anges reconnaissables à leurs ailes déployées. Trois autres anges, figurées en gris sur le fond bleu du ciel volent également vers le cercle clair. 

 La silhouette est dessinée au centre d’un cercle clair se détachant nettement de la corolle de nuages gris qui l’entoure. Devant ce cercle clair volètent trois anges reconnaissables à leurs ailes déployées. Trois autres anges, figurées en gris sur le fond bleu du ciel volent également vers le cercle clair. 

 Cette partie du triptyque pose problème, certains pensent que le peintre aurait voulu effacer la silhouette après l’avoir peinte ; selon moi, ce n’est pas concevable. L’explication de cette étrangeté est peut-être à chercher dans la distinction commune à l’époque de Jérôme Bosch  entre paradis céleste et paradis terrestre. Ainsi, on retrouve le cercle lumineux vers lequel se dirigent des anges dans un polyptyque de Jérôme Bosch appelé « vision de l’au-delà » on y voir des anges mener des élus vers le paradis céleste par un tunnel de nuages.

 

dimanche 22 novembre 2020

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (7)

  LE TRIPTYQUE DU JUGEMENT DERNIER DE VIENNE (suite)

LA PARTIE BASSE DU  PANNEAU DE DROITE.

 Jérôme Bosch y représente, en continuité avec le panneau central, des scènes d’enfer sur terre de ceux que la pesée vient de damner, on retrouve sur les deux panneaux, les mêmes représentations des tortures des damnés.

 Parmi les particularités de ces tourments, on peut citer les deux taches vertes correspondant à un démon crachant le feu (6) à droite et, à gauche, à un gros animal qui porte un pagne (7) et semble avaler des damnés.

La partie la plus importante est située en bas du panneau :

     . (8) Dans la tente de couleur rouge sont rassemblés tous les damnés que les démons ont conduits jusque à cet endroit, Jérôme Bosch y représente des gens en pleurs, un damné essaie de se sauver mais il est implacablement entraîné sous la tente par un démon de couleur noire. Tous manifestent leur angoisse en attendant le sort qui leur sera réservé.

   . (9) Devant la construction pourvue d’une porte sombre qui doit correspondre à l’entrée du monde infernal, se tient un personnage en armure portant un sceptre, on peut penser qu’il s’agit de Satan lui-même. De part et d’autre, se trouvent de nombreux démons qui semblent offrir  deux damnées à ce personnage  ..







 CONCLUSION 

Si on regarde ce triptyque dans son ensemble, on est frappé par le pessimisme et par la face obscure qu’il révèle : chute des anges rebelles, chute d’Adam et Ève qui n’ont pas résisté à la tentation diabolique, damnation de la quasi-totalité de l’humanité vouée aux tortures de l’enfer : on est véritablement dans le règne de la mort et de l’enfer tel qu'on le concevait au 15è siècle: les hommes sont irrésistiblement attirés par le mal, ils viennent d'en subir  les conséquences lors du jugement dernier. 

Ce triptyque possède un rôle pédagogique évident, celle de prévenir les êtres humains du devenir qui les attend s’ils ne se repentent pas de leurs péchés. En ce sens, il me semble incongru de qualifier cette œuvre de burlesque, c’est plutôt l’inverse dont il s’agit.

PROCHAIN ARTICLE :: LE TRIPTYQUE DU JUGEMENT DERNIER DE BRUGES