REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

lundi 31 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (62) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU PREAH KHAN

L’ENCEINTE DE LA VILLE

Elle est formée d’un mur en latérite précédé d’une douve. L’ensemble est interrompu par quatre pavillons d’entrée à gopura ; la plus représentative de ces entrées est celle qui est orientée à l’ouest, elle est figurée  sur les photos ci-dessous.


L’ensemble (photo de gauche) comporte trois pavillons quadriformes reliés par de courtes galeries de hauteur légèrement moindre que  celle des bras des pavillons. La salle centrale est surmontée de tours dont le parement masque la cheminée centrale.

La structure extérieure de ces tours (photo du centre) est la même que celle des tours traditionnelles de l’art khmer :
     . Deux piliers supportant un linteau et un tympan limité par une forme ondulée de nagas,
     . Deux colonnes moulurées encadrant la porte,
     . Des faux étages dénivelés reprenant la forme de base du premier niveau avec fausses portes encadrées de piliers et de linteaux comportant un tympan,
     . Une forme terminale en fleur de lotus.

La décoration des tympans montre cependant une différence par rapports aux tours traditionnelles : au lieu de représentations des dieux et croyances hindouistes, on trouve ici des alignements de bouddhas ou d’orants en méditation, ceux-ci subsistent au niveau des étages, par contre ceux du premier niveau ont été martelés lors de la réaction shivaïte qui suivit le règne de Jayavarman VII. Aucun de ces gopura de cet ensemble ne porte de visage.

En avant de l’entrée principale, se trouve une chaussée permettant de passer les douves. Elle est bordée d’une balustrade (photo de droite) qui illustre le mythe vichnouïste du barattement de la mer de lait. D’un côté, les asuras (démons) tirent sur le serpent Vakusi, de l’autre, les deva (dieux) font de même. Cette entrée témoigne, encore une fois, de la coexistence de l’hindouisme et du bouddhisme dans la ville. De même, l’enceinte de la  ville comporte, comme au Ta Phrom, des représentations de Garuda en homme à tête d’oiseau les bras levés comme s’il supportait et protégeait le temple en empêchant les démons d’entrer.  Ainsi, le temple bouddhiste semble placé sous la sauvegarde des dieux hindouistes et plus spécialement sous celle de Vichnou en tant que préservateur de l’ordre cosmique.

Au-delà, de la chaussée bordée de la représentation du barattement de la mer de lait, se trouve, vers l’Est une avenue qui mène au baray du Jayatataka qui sera évoqué postérieurement.

Cette avenue est bordée d’une enfilade de stèles permettant de donner une signification théologique indubitable à cette harmonieuse synthèse entre l’hindouisme et le bouddhisme que l'on trouve partout dans Jayacri.

 Cette stèle comporte deux niveaux :  en dessous est représenté un Garuda aux bras levés qui semble supporter, au-dessus, le Bouddha en méditation au moment de l’illumination. Pour moi, cette scène révèle bien les mentalités religieuses de Jayavarman 7 pour qui l’Hindouisme et le Bouddhisme sont étroitement imbriqués :
     . L’essentiel du message bouddhiste est l’illumination par laquelle Siddhartha Gautama est devenu le Bouddha,
     . Les concepts théologiques de l’Hindouisme font de Siddhârta Gautama- Bouddha le 10e et le plus récent avatar principaux de Vichnou et le 24e des 25 avatars totaux de ce dieu ; à ce titre, il est normal qu’il soit représenté avec Garuda, la monture habituelle de Vichnou.

Ainsi, en figurant le Bouddha et sa monture, le roi semble dire à son peuple qu’il sait attaché à la Trimurti , le bouddhisme n’est pas une religion nouvelle, elle est simplement le dernier développement du culte de Vichnou dont d’ailleurs Suryavarman 2 avait fait sa divinité principale à Angkor-Vat.

A suivre...

dimanche 30 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (61) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU PREAH KHAN

LE REMPART CEIGNANT LA VILLE DE JAYACRI

Le temple est terminé par une enceinte de latérite ouverte par  des pavillons cruciformes :

   . Les faces Ouest, Nord et Sud comportent un seul pavillon cruciforme qui donne directement sur les temenos  consacré à  Vichnou, Civa et Jayavarman 2.
          . Les photos du centre et de droite montrent les pavillons d’entrée Nord et Ouest précédés d’une terrasse cruciforme aux balustrades comportant des représentations de Nagas comme dans les temples d’époque antérieure ; de même, les escaliers sont cantonnés de podium portant des lions gardiens.
          . La photo de gauche du pavillon Ouest est révélatrice de l’architecture employée : le pavillon central cruciforme est bordé de deux salles aux voûtes dénivelées formant transition entre ce pavillon et le mur en latérite que l’on aperçoit à l’extrême gauche.

  . La face Est  comportent  trois pavillons correspondant aux trois pavillons d'entrée du temenos central.
          . Les deux pavillons latéraux de l’enceinte donnent sur des allées qui mènent aux tours d’angle au-delà de l’enceinte ajoutée.
          . Le pavillon central donne sur le « hall des danseuses », la cella de Tribhuvanameçvara  puis sur le pavillon  axial du temenos, le mandapa et enfin sur la cella de Jayavarmeçvara-Avalokitesvara : la photo de  gauche montre ce pavillon central précédé d’une vaste esplanade

La stance 40 de la stèle indique que « aux portes des quatre points cardinaux, il y a 24 divinités, cela fait en tout 430 (dans le temple) ».

LA VILLE ET L’ENCEINTE QUI L’ENTOURE.

De la cité, il ne  reste qu’un seul bâtiment identifiable qui doit être le gîte d’étape (appelé communément maison du feu.). Ce bâtiment se compose  d’une tour cruciforme qui doit servir de sanctuaire comportant les quatre dieux mentionnés à la stance 39 et d’une salle oblongue avec travée centrale de piliers surmontée d’une voûte à double encorbellement cantonnée de deux galeries à  simple encorbellement.

Il est évident que la ville comportait une population importante : la stèle en mentionne une partie :
       . 117 : les Kuti (cellules seront les traductions consultées) totalisent 439
       . 108 : il y a un professeur et 15 professeurs adjoints
       . 109 : des Yogi, supports de la loi, ayant l’ascèse pour conduite, prêchant la loi
       . 110 : tous-ceux là sont 338, quant aux  çaiva, (adeptes du tantrisme)  il y en a 39
       . 111 : tous ces gens qui reçoivent assistance sont au nombre de 1000.

Ces cinq stances donnent d’abord deux chiffres globaux : 1000 personnes sont entretenues par le temple, ils sont repartis dans 439 kuti ; sur ces mille personnes, 338 fréquentent l’université bouddhique, celle-ci comporte 16 enseignants dont sans doute un supérieur, 39 çaiva  et donc 274 étudiants.

Le reste de la population entretenue par le temple comporte 661 personnes qui sont sans doute les religieux et les servants en charge des cultes et de l’entretien du temple.

L’université comporte des annexes puisque globalement du temple dépendent 1512 kuti et 2938 étudiants ou résidents.

 A ces kuti établis dans le temple s’ajoutent selon la stance 103, 485 sections de maisons en pierre où logent les autres habitants.

samedi 29 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (60) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU PREAH KHAN

LE TEMPLE À L’EPOQUE DE JAYAVARMAN VII (suite)

L’AIRE COMPRISE  ENTRE LES TEMENOS ET  L’ENCEINTE DU TEMPLE

Entre les quatre temenos auxquels il faudrait peut-être ajouter le temenos d’ Udayaditvarman qui aurait pu être démoli,  et l’enceinte du temple, se déploie un vaste espace sur lequel se trouvent des bassins, des allées et terrasses reliant les différentes parties du temple et des bâtiments indiqués en vert sur le plan.

Deux de ces bâtiments ont été colorés en violet car ils méritent un intérêt particulier :

   . Le premier (1) du plan est un vaste hall à piliers pourvu de quatre patios longs et étroits. (ci contre se trouve le plan et la coupe Nord-Sud de cet édifice). Il comporte huit rangées de piliers carrés reliés par un entablement horizontal.  La photo du centre montre l'allée centrale de ce vaste hall. On y trouve une architecture commune aux bâtiments khmers avec de gros piliers carrés portant un entablement, lui-même supportant une double voûte à encorbellement : cette partie centrale est contrebutée de part et d’autre par une voûte à simple encorbellement qui donne sur le patio. Les entablements sont sculptés de lignes d’apsaras ( danseuses célestes) surmontées de niches martelées qui portaient des statues du Bouddha. La présence de ces apsaras a fait penser, comme au Ta Prohm, à un édifice servant aux danses sacrées.

  . Le deuxième (2) est un bâtiment comportant encore un étage , ce qui est rare sur le site actuel d’Angkor. Comme le montre la photo de droite, au niveau inférieur  se trouve une salle oblongue comportant deux lignes de colonnes circulaires à chapiteaux  supportant un entablement horizontal sur lequel se trouvait  la séparation entre les deux étages. De part et d’autre de la salle centrale sur le petit côté se trouvent deux porches à quatre colonnes.



La photo de gauche montre ces deux bâtiments dans leur environnement. Au centre se trouvent les chaussées reliant ces constructions au temenos central ; à  gauche, on retrouve l’édifice à un étage ;  à droite se trouve le mur du grand hall aux danseuses.

Pour tenter de connaître l’attribution de ces deux bâtiments, il est nécessaire de revenir aux informations données par la stèle concernant la localisation des  diverses dédicaces effectuées aux dieux : la stance 39 donne les renseignements suivants : «  un Dieu dans le magasin à riz, dix dans les déambulatoires, quatre dans le gîte d’étape, trois à l’hôpital »

Sur ces quatre localisations, on peut penser que deux sont situées hors de la zone cultuelle du temple et sans doute dans la ville : l’hôpital et le gîte d’étape,  (un bâtiment retrouvé dans la cité peut lui correspondre), il reste alors deux implantations possibles dans l’enceinte du temple : les déambulatoires et le magasin à riz ; certains auteurs ont émis l’hypothèse que les premiers pourraient correspondre à ce que l’on qualifie de hall aux danseuses et le magasin à riz au bâtiment à étage.

vendredi 28 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (59) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU PREAH KHAN

LE TEMPLE À L’EPOQUE DE JAYAVARMAN VII (suite)

LE TEMENOS CENTRAL
Suite de l’article précédent.

La structure du type de celle qui existait au niveau de la dernière terrasse d’Angkor-Vat associant la galerie d’enceinte, la cella et les galeries axiales de liaison n’existe plus à l’état primitif  que dans la partie nord ; de nombreuses transformations eurent lieu dès  l’époque de Jayavarman VII comme le montre le plan ci-dessous qui associe à la structure théorique présenté précédemment et les chapelles destinées aux 283 dieux que, selon la stèle, le roi avait placé dans le temenos central de Jayavarmeçvara, le père du roi assimilé à Avalikitesvara


Ces chapelles  sont localisées dans deux zones matérialisées sur le plan par des couleurs différentes :
     . les unes (en vert) sont situées dans le temenos,
     . Les autres (en bleu) se trouvent à l’extérieur de celui-ci sur sa face Est,

Ces chapelles qui s’ouvrent toutes vers l’Est sont de deux formes :
          . Les unes sont de plan rectangulaire et sont précédées de petits porches. Elles comportent un toit à double encorbellement terminé par un tympan ouvragé surmontant  le porche. (photo de gauche)
          . Les autres sont cruciformes surmontées d’un toit à faux étages.






La construction de ces chapelles a, selon moi, modifié la structure du temple :
   . Certaines chapelles ont leur chevet adossé au portique à piliers du temenos (cf la photo ) , ce qui masque complètement celui-ci ;
   . D’autres possèdent  un porche qui déborde sur le hall de liaison entre la cella et le gopura.
   . Les transformations les plus importantes se situent sur la face Est où on a construit à l’extérieur  de la galerie d’enceinte toute une série de chapelles cruciformes. C’est peut-être la localisation de ces chapelles qui a conduit à la construction d’une nouvelle galerie concentrique à celle du temenos central  postérieurement à l’époque de Jayavarman VII.

mercredi 26 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (58) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU PREAH KHAN

LE TEMPLE À L’EPOQUE DE JAYAVARMAN VII (suite)

LE TEMENOS CENTRAL

Le temenos central est beaucoup plus vaste que les trois autres, cependant, il possède les mêmes éléments structurels comme le montre son plan de reconstitution telle que je l’ai dessiné au vu de l'architecture actuelle de la galerie nord sans y incorporer les chapelles adventices afin de retrouver ce qui pourrait être le plan original :


     -1 une cella quadriforme comportant une chambre centrale surmontée de la cheminée servant de parement à la tour à faux-étages et quatre porches latéraux orientés vers les points cardinaux,
   - 2 un Mandapa ouvrant sur la porte Est de la cella
   - 3 une galerie entourant le temenos ouvrant sur celui-ci.
   - 4 des tours d’angle,
   - 5 des gopuras d’accès aux points cardinaux.
   - 6 quatre cours comme sur la dernière terrasse  à Angkor Vat.

Néanmoins, il apparaît dans ce temenos central plusieurs singularités :

     .  Le nombre de gopura d’entrée est porté à six : un gopura central sur les faces Nord, Ouest et Sud ouvrant sur les autres temenos, trois sur la face Est. Une telle configuration existait  déjà à Angkor-Vat.

      . la liaison entre les gopuras axiaux et la cella est faite non par de simples allées mais par des halls composés de  lignes de piliers supportant une succession de voûtes à double encorbellement. Ces halls se trouvent sur les faces Nord, Ouest et Sud ( photo ci-contre), à  l’Est en effet se trouve le mandapa.

     . les galeries ceignant le temenos sont composées de deux éléments :
          . Un déambulatoire  au toit en forme de double encorbellement fermé par un mur continu vers l’extérieur et par une colonnade à piliers et à fenêtres vers l’intérieur.
          . En avant se trouve un portique à piliers carrés surmonté d’une voûte à simple encorbellement contrebutant le mur du couloir.

Cette structure a été largement modifiée par l'implantation des chapelles qui se produisit dès le règne de Jayavarman 7.

A suivre....

mardi 25 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (57) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU PREAH KHAN

LE TEMPLE À L’EPOQUE DE JAYAVARMAN VII (suite)

Le plan du temenos de Civa permet de préciser les éléments d’architecture du temple :


1 :  pavillon d’entrée situé au nord ;  il est relié directement au gopura qui s’ouvre sur l’enceinte du temple en sorte que l’on peut accéder directement de l’extérieur au temenos de Civa. Comme les trois autres,  ce pavillon est  de plan cruciforme et était très probablement surmonté  d’une tour-cheminée à faux étages dont il ne reste que le  soubassement.

2 :  gopura Sud relié par une chaussée au temenos central.

3 :  gopura Est ouvert sur une chaussée donnant sur un bassin situé à l’intérieur de l’enceinte du temple.

4 : tour d’angle cruciforme probablement en forme de tour à faux étages. Des tours de ce type étaient construites aux trois autres coins.

5 : galerie entourant le temenos devant servir à la circulation des fidèles autour de la cella ; la photo de gauche montre l’aspect de ces galeries : elles sont éclairées de fenêtres des deux côtés,  sont surmontées d’une seule voûte à double encorbellement et ne comportent pas de portiques ; c’est dans ces galeries, ainsi que dans les tours d’angle et les gopura que devaient se trouver les 30 dieux mentionnés sur la stèle.

6 :  MANDAPA précédant la cella et s’ouvrant sur elle. Le mandapa sert de liaison entre la cella et le gopura oriental. Sur la photo centrale ci-dessous, on aperçoit le mandapa à gauche et au premier plan, Latéralement, il comporte une porte cantonnée de deux fenêtres. Une telle association cella-mandapa n’est pas nouvelle au Cambodge, on la trouve en particulier dans le temple de Bantheay Srei. Sur la photo de droite, les murs du  mandapa se trouvent au premier plan avec dans le fond la porte d’accès à la cella surmontée de sa tour à faux étages.

7 : La CELLA est de plan quadriforme avec une salle centrale surmontée d’une cheminée dont le parement extérieur crée la tour à faux étages. C’est cette tour qui se trouve sur la photo centrale ci-dessous. Les bras de la croix s’ouvrent en direction des quatre points cardinaux vers les quatre gopuras axiaux du temenos. Une petite allée les relie au nord, à l’est et au sud ; à l’ouest, un hall à colonnes (8) relie le gopura à la cella. Ces allées et ce hall subdivisent l’aire du temenos en quatre cours selon le modele d’Angkor-Vat.

9 : bâtiment de plan rectangulaire avec porche qui évoque une bibliothèque.


A suivre...

dimanche 23 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (57) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU PREAH KHAN

LE TEMPLE À L’EPOQUE DE JAYAVARMAN VII

J’utiliserai ici la même terminologie que celle employée pour le Ta-Prohm à propos des enceintes successives tout en spécifiant les correspondances avec la classification habituelle :
   . Galeries des temenos entourant les cella ou première enceinte,
   . Enceinte entourant le temple ou troisième enceinte,
   . Enceinte entourant la ville ou quatrième enceinte,
   . A cela s’ajoute une enceinte supplémentaire postérieure à l’époque DE JAYAVARMAN VII, appelé couramment deuxième enceinte.

La description des cella est indiquée avec précision sur la stèle.

Citons d’abord une stance liminaire : :
   . 33 : «  Prayaga (actuelle Allahabad) mérite d’être abordée avec respect à cause de la proximité de deux TIRTHA ( le confluent du Gange et du Yamuna ou encore de la rivière mythique Sarasvati) où l’on fait de bonnes actions pour la purification des créatures ; que dire alors de Jayacri illustrée par les trois TIRTHA ( lieux sacré) de Bouddha, de Civa et de Vichnou. »

Cette stance nous apprend que la  ville de Jayacri comporte trois temenos, dédiés à Bouddha, Civa et Vichnou, ce qui en fait un lieu de pèlerinage de tout premier ordre.

En fait, il existe non pas trois mais cinq temenos comme l’indiquent les stances suivantes :
   . 34 : Le roi Cri JAYAVARMAN VII a ouvert les yeux du seigneur du monde appelé Cri JAYAVARMEÇVARA à l’image de son père,
  . 35 : autour du saint AVALOKISTEVARA qui est au milieu, le roi a placé 283 dieux
  . 36 : le roi a placé à l’est 3 dieux dont le premier est Cri TRIBUVARMANEÇVARA
  . 37 : au sud, il a placé 32 dieux à commencer par Cri  YACOVARMEÇVARA
  . 38 : il a placé à l’ouest 30 dieux à commencer par Cri  CAMPEÇVARA et au nord 40 dieux à commencer par CIVAPADA.

Ainsi se définissent cinq cella que l’on peut définir par leur dieu principal :
   . Au centre, se trouve la cella dédiée au père du roi  (Dharanindravarman ) assimilé au Bodisatva Avalokistevara mais à qui est donné le nom du roi lui-même,
   . A l’ouest et au nord sont vénérés les dieux principaux de l’hindouisme Vichnou (Campeçvara) et Civa (Civapada), on retrouve la triade citée dans la stance 33.
  . Au sud et à l’est, se trouvent les cella des deux prédécesseurs de JAYAVARMAN VII, YASHODVARMAN II (1160-1166) et TRIBHUVANADITYA (1166-1177) ; d’une manière assez surprenante, Jayavarman VII associe, en leur consacrant des statues,  le roi assassiné et  l’usurpateur du trône qui mourut à son tour assassiné par les Chams.

Sur le plan simplifié du temple,  on peut encore distinguer l’emplacement de ces cellas, elles sont précédées d’un double  Mandapa et entourées d’un portique formant temenos pour trois d’entre elles. Seules celle de l’est dédiée à TRIBHUVANAMEÇVARA se réduit actuellement à une simple cella sans temenos, il se peut que la galerie d’enceinte ait été détruite postérieurement à la consécration de 1191.

samedi 22 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (56) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU PREAH KHAN

Le PREAH KHAN présente, à beaucoup de points de vue, une grande ressemblance avec le Ta Prohm.
 
  . D’abord, est conservée sa stèle de fondation, ce qui permet d’intéressantes comparaisons entre les informations données sur cette stèle et la topographie actuelle des ruines afin de préciser les phases et les caractéristiques de la construction.

     . Le  Preah-Khan  est en réalité une ville appelée Jayacri à laquelle sont assorties de nombreuses dépendances. Cette ville fut fondée après la victoire du roi sur les Chams comme le montre la stance 32 de la stèle : «  le lieu où dans le combat, réceptacle du sang de l’ennemi, il avait emporté la victoire, il fonda une ville appelée Jayacri dont les pierres et les lotus d’or changent la couleur du sol et brillent encore aujourd’hui comme si ils étaient enduits de sang » La  consécration des temenos  est donc survenue peu après 1191 ; ainsi, le Preah-Khan date du début du règne du roi et est pratiquement contemporain de la construction du Ta Prohm.

     . Le PREAH KHAN présente les deux mêmes caractères généraux que le Ta Prohm :
          . Il est construit sur terrain plat puisque le bouddhisme ne nécessite pas de temple-montagne,
          . Il est dédié à une multiplicité de déités bouddhistes, Bouddha et Bodisatva  et de dieux de l’hindouisme auxquels sont assimilés les défunts que l’on veut honorer.

Comme pour le Ta Prohm,  je me propose de comparer les indications de la stèle à la topographie du temple actuel en deux étapes :
    . Description du temple proprement dit.
    . Vue d’ensemble de l’environnement régional du PREAH KHAN.

À suivre...