5/ le MORT QUI POUSSE LE PAPE ET ENTRAÎNE L'EMPEREUR.
Il tire l'empereur en le tenant par son bras.
6/ l'EMPEREUR.
Il tient à la main les deux symboles de sa charge : l'épée et le globe surmonté d'une croix. Ils témoignent de son pouvoir temporel : l'épée permet à la fois de combattre les ennemis du Christ et de protéger la chrétienté. La boule surmontée d'une croix représente le monde chrétien ; bien entendu, il ne s'agit pas du globe terrestre mais d'une représentation symbolique prenant la forme d'une motte de terre.
L'empereur porte une couronne entourant un bonnet de couleur rouge comme c'était de coutume pour les souverains de cette époque.
Ainsi sont entraînés en premier le Pape et l'Empereur, c'est à dire le double pouvoir théorique régnant symboliquement sur le Chrétienté. À cet égard, il convient de rappeler que cette situation correspond à l'ambiance effective de l'epoque : l'empereur n'a plus de pouvoir réel, il n'est plus qu'un prince sans autorité parmi ceux du saint Empire, quant à la Papauté, elle se remet difficilement de la déconsidération de l'époque du grand schisme. Il n'y a donc plus que des pouvoirs en déclin au sommet de la Chrétienté, la danse macabre représente donc presque un état de fait.
8/ l'EPOUSE DE L'EMPEREUR
Elle n'est toujours représentée dans les danse macabres ; elle porte une couronne semblable à celle de son mari. Le fait qu'elle ne porte aucun attribut permet de mieux comprendre l'aspect statique des vivants que l'on a indiqué précédemment : tirée par le coude gauche et poussée au niveau de l'épaule droite, elle tente de résister afin de ne pas avancer, ce qui se manifeste par le mouvement de ses bras qui semblent implorer la mort pour qu'elle ne l'entraîne pas : les vivants semblent faire corps avec le sol pour résister mais la Mort est la plus forte !
9/ LA MORT QUI POUSSE L'EPOUSE DE L'EMPEREUR ET TIRE PAR LE POIGNET LE CARDINAL
10/ le CARDINAL
Conduire le Pape à la mort ne suffit pas pour priver la Chrétienté de son guide spirituel : en effet, la mort du pape est suivie du conclave qui élit son successeur, il faut donc entraîner dans la mort les cardinaux pour qu'il n'y ait plus ni conclave ni pape. Le cardinal est reconnaissable à son grand manteau et à son chapeau tous deux de couleur rouge.
Le poème du cimetière des innocents de Paris révéle le dialogue entre la mort et le cardinal :
La Mort
Vous faites l'étonné, semble-t-il,
Cardinal; mais en avant,
Suivons les autres ! ..
Vous avez vécu magnifiquement
Et dans l'honneur, à votre grand plaisir.
À vivre en grand honneur, on en oublie la fin.
Le cardinal
... La Mort m'assaille.
Je ne me vêtirai jamais plus ni de vert, ni de gris;
Chapeau rouge, chape de prix,
Je dois les laisser, à mon grand désespoir.
Je n'avais pas appris cela:
Toute joie finit en tristesse.
11/ LE MORT DANSANT ENTRE LE CARDINAL ET LE ROI
12/ LE ROI
Pour la Mort, il n'est pas suffisant d'entraîner dans la danse l'empereur, il faut aussi faire mourir les rois qui ont relayé l'autorité impériale au niveau de leur royaume. Le roi représenté l'est de manière symbolique, il porte un sceptre, bâton de commandement et la couronne.
Entre la mort et le roi se produit, dans le poème du cimetière des Innocents, le dialogue suivant dont voici des extraits :
La Mort
Venez, noble roi, tête couronnée,
... vous devez à présent abandonner vos airs de grandeur:
Votre richesse ne vous servira guère;
Le plus riche n'a qu'un linceul.
Le roi
... On peut constater et méditer
Ce que vaut l'orgueil, la force, le lignage;
La Mort a coutume de tout détruire
Moins on s'estime, plus on est sage;
À la fin, il nous faut redevenir cendres.
13/ MORT qui tient la main du roi et d'un autre personnage qui devait continuer la danse macabre de BERNT NOTKE.
Toutes les danses macabres commencent par entraîner dans la mort les quatre personnages qui dominent la chrétienté à l'époque : le Pape. L'Empereur, le Cardinal, le Roi. Ensuite, la mort pourra sans entraves s'attaquer aux puissants de moindre importance comme le montrera la danse macabre de HRASTOVLJE en Slovénie.