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samedi 31 mai 2014

Une histoire immorale du XIIIe siècle (4)

En dessous de la scène du  tournoi, la miniature du BRÉVIAIRE D'AMOUR DE MAÎTRE ERMENGAUD montre les dames et les chevaliers se livrant à la danse, une activité réprouvée par l'église comme le montre la présence de deux diables : l'un mène la sarabande, l'autre joue de la flûte d'une main et de l'autre frappe sur un tambourin qu'il porte par une lanière passée derrière son cou.

Cette danse évoque nos actuelles danses folkloriques, il n'y a aucun contact physique entre les dames et les jeunes gens puisqu'ils tiennent une tige de fleur (?) qui les relie. Les hommes ont relevé leur tunique pour être plus à l'aise et mieux se déhancher. Le mouvement de déhanchement est visible sur le corps des femmes.

Pour l'église, la danse détourne le chrétien de songer à son salut et est un témoignage des vanités de ce monde et des tentations diaboliques : on ne peut s'y livrer que sous l'emprise du mal !

La scène suivante évoque un autre péché : celui de la pratique courtoise. L'homme a un genou à terre tandis que la femme est debout, leurs mains tendent à se rejoindre sans toutefois se toucher. Il se peut que le chevalier soit le champion de la dame lors du combat, dans ce cas, il pourrait lui dire : " Dame accordez moi de servir sans réserve comme votre homme-lige"

C'est évidemment le diable qui incite le chevalier à déclarer ainsi sa flamme et qui conduit la femme à écouter le compliment.

Ces paroles enflammées n'iront cependant pas plus loin qu'un amour platonique : à cette époque, les mariages sont arrangés par les parents surtout dans le but de recomposer les seigneuries, de les agrandir et d'avoir des héritiers : on épouse une femme que l'on n'aime pas et on aime une femme que l'on épousera pas ! Il y a tout un monde entre la Dame de cœur et la mère de ses enfants !

Malgré cela, l'amour courtois est un péché car pour la même raison que la danse, il détourne de l'aspiration au  salut.

Que de péchés sur cette miniature :  gourmandise, orgueil, abandon aux vanités de ce monde... Ce serait l'enfer si ...

ANNEXE
UN TRÈS BEAU POÈME COURTOIS DE WOLFRAM VON ESCHENBACH (1170-1220)

Mes chants veulent trouver grâce devant toi, femme chérie ! Viens à mon secours ; car je ne puis vivre sans toi. Laisse-moi te consacrer cet hommage que je te voue à jamais, que je te voue jusqu’à la mort. Que tes faveurs me consolent, qu’elles apaisent mes longues douleurs.

Noble dame, mes hommages pourront-ils obtenir qu’un de tes arrêts favorables me rende la joie, que mes peines s’évanouissent, et qu’un amour aussi fidèle reçoive une douce récompense ! Ta bonté me force à te célébrer dans mes vers, peu de temps, si tu repousses mes vœux, longtemps, si tu me rends à la vie.

Noble dame, ta bonté qui me charme, et ton dédain de mon amour ont suspendu le cours de mon bonheur. Veux-tu consoler mon âme ? Une douce parole sortie de ta bouche a tant de charme pour moi. Détourne loin de moi les maux dont je me plains, afin que je puisse encore goûter quelque félicité en cette vie.

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