REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

jeudi 25 septembre 2014

IMPRESSIONS DE  CURE THERMALE (1)

Quand on annonce à quelqu'un que l'on part en cure thermale pour trois semaines, on constate généralement chez ses interlocuteurs trois types  de réactions : 

   . La plus constante est l'incrédulité : à quoi cela sert-il d'aller en cure ? La plupart des gens estiment en effet que seule la médecine chimique des laboratoires pharmaceutiques est efficace ; cette idée, également colportée par beaucoup de médecins, concerne non seulement les cures thermales mais aussi toutes les sortes de médecines qui sortent du moule  : acupuncture, homéopathie, ostéopathie..

   . Cette incrédulité se mue quasiment en colère quand ils apprennent que les cures thermales sont prises partiellement en charge par la sécurité sociale et par les mutuelles : ils prétendent que cela augmente encore plus le déficit de l'assurance maladie.

   . Enfin pour beaucoup de gens, une cure thermale est le fait de nantis, qui utilisent le prétexte des cures pour passer un séjour agréable dans un environnement dominé par les loisirs.

Bref, si j'associe tous ces lieux communs, je peux formuler l'aphorisme suivant : " un curiste est quelqu'un qui, sous prétexte de soins inutiles, prend des vacances aux frais de la sécurité sociale".

j'essaierai dans les articles qui vont suivre de donner mon témoignage à propos de ces accusations en le basant sur l'expérience que j'en ai...

mercredi 24 septembre 2014

LE SYSTÈME SERE DE RIVIÈRES  : LE FORT DE DOUAUMONT

Le plan présenté du fort de Douaumont montre bien l'unicité des structures des forts Séré de Rivières modifiés puisqu'on retrouve la même organisation que celle du fort d'Uxegney avec son tracé de fossé en polygone et son casernement enterré. 

Le plan ci-dessous présente néanmoins quelques différences par rapport à celui d'Uxegney :
  . L'entrée protégée par un coffre double située de part et d'autre de celle-ci,
  . La présence d'un sous-sol qui comporte, entre autre les citernes, essentielles en cas de siège prolongé,
  . La présence d'une rue circulaire tantôt à ciel ouvert, tantôt en galerie qui fait le tour du casernement et dessert les galeries menant aux coffres de contre-escarpe, aux tourelles et aux guérites.

1- coffre double de contre-escarpe,
2- coffre simple,
3- tourelle de 75 avec son observatoire,
4- tourelles de mitrailleuse et leurs observatoires,
5- casemates de Bourges,
6- entrée et casemates défensives de l'entrée,
7- casernement.
8- tourelle Galopin de 155,
9- chemin reliant entre elles toutes les parties du fort,
10- traverses-abris pour les munitions et pour les troupes,
11- parapet d'infanterie.

Les parties du casernement colorées en mauve correspondent au sous-sol avec citernes, divers magasins ainsi que quelques chambrées pouvant être utilisées en temps de guerre

Le dessin et la photo qui suivent montrent, à gauche, une reconstitution possible du fort et à droite, le fort en 1916  au moment où les français le reconquièrent le 24 octobre 1916 après sept mois d'occupation allemande.

Il convient de rappeler que, par le décret du 5 août 1915, il fut décidé le désarmement des forts. Cette décision fut inspirée  par le général Joffre pour au moins deux raisons :
   . Dans la nouvelle forme de guerre apparue depuis la fin de 1914, les forts ne servent plus à rien, en plus, ils monopolisent des moyens en hommes, matériel et armement qui seraient beaucoup plus utiles ailleurs.
   . La prise du fort de Manonvillers, proche de Lunéville a montré que les forts sont vulnérables et qu'il faut mieux ne pas compter sur leur efficacité.

En conséquence, le fort de Douaumont  fut vidé de tout son armement à l'exception des tourelles des canons de 155 et de 75 trop difficiles à démonter ; le fort qui pouvait accueillir de 500 à 800 hommes, fut laissé à une petite garnison. Celle-ci ne pût résister à l'attaque que les allemands lancèrent le 15 février 1916, ces derniers occupèrent le fort jusqu'à la reconquête effectuée par les français le 24 octobre .

Sur la photo aérienne, chaque cône renversé représente un cratère d'obus. Pourtant, malgré ce déluge de feu, des hommes ont continué à vivre dans la forteresse.  C'est dire la qualité et la solidité des forts du système Séré de Rivières !


mardi 23 septembre 2014

LE SYSTÈME SERE DE RIVIÈRES : LA PLACE-FORTE DE VERDUN.

La création de la place forte de Verdun dans le cadre de la fortification des frontières consécutive à la défaite de 1870, fut décidée à la fin de l'année 1873. Verdun se trouve située dans la vallée de la Meuse qui s'encaisse dans le revers de la côte calcaire. De part et d'autre de la vallée se trouvent donc des zones en surplomb qui constituent des sites idéaux pour la construction de forts. Le général Seré de Rivières prévoit la construction de 13 forts formant ceinture autour de la ville qui comporte déjà une citadelle construite à l'époque de Louis XIV.

Tandis que les travaux de terrassement commencent, une alerte en 1874-75 fait imaginer une attaque imminente de l'Allemagne, cinq redoutes sont construites en urgence dans l'entourage immédiat de la cité, elles sont dites "redoutes de la panique" ; complétées ensuite et qualifiées de forts, elles serviront de ceinture défensive intérieure mais ne présenteront guère d'intérêts stratégiques.

Les travaux s'échelonnent de 1875 à 1885 avec construction des treize forts prévus, que j'ai qualifié de "première génération".

La crise de "l'obus torpille" va conduire à la modernisation de la place-forte avec, dans un premier temps :
   . Le transfert des canons des forts dans 42 batteries d'artillerie  et 28 magasins d'armement.
   . La création du chemin de fer à voie étroite pour relier les forts. les ouvrages échelonnés sur la ceinture et la citadelle.
   . Le premier réaménagement des forts : protection des casernes par du béton spécial, remplacement des caponnières par des coffres de contrescarpe,
   . La construction de nouveaux forts dans les intervalles des anciens : les forts ayant désormais pour rôle dominant la protection des flanquements afin d'interdire à l'ennemi la traversée de la ceinture fortifiée, il faut qu'ils soient assez rapprochés l'un de l'autre, ce qui explique ces constructions nouvelles.

À partir de 1900 se produit la deuxième phase d'aménagement avec :
   - l'emploi du béton armé,
   - la construction de 46 tourelles à éclipse, de 23 casemates de flanquement (casemates de Bourges armées de canons de 75) et de 47 observatoires cuirassés. ..
 
Ces modifications furent menées dans la quasi totalité des forts de la ceinture extérieure, cela explique l'inexpugnabilité de la place forte qui sera manifeste lors de la bataille de Verdun.

lundi 22 septembre 2014

LE SYSTÈME SERE DE RIVIÈRES : un fort modernisé : UXEGNEY

Le fort d'Uxegney faisait partie de la place forte d'Epinal (voir les articles précédents consacrés au système Seré de Rivières) . Il a été construit de 1882 à 1884 antérieurement à la "crise de l'obus torpille" et il fut modernisé à partir de 1892 ; en 1914, cette modernisation qui n'était pas encore terminée, fut interrompue par la guerre.

L'étude des plans de ce fort permet de mesurer l'évolution survenue entre la première construction et sa modernisation.

Le premier fort comporte les éléments habituels à toutes les constructions du système Séré de Rivières : il est quasiment dissimulé sous un remblai de terre de protection, seuls apparaissent à l'air libre, les fossés, les deux cours ainsi que les façades des casernements des officiers de part et d'autre de la porte d'entrée, les façades des caponnières, des traverses-abris et les façades des bâtiments enterrés donnant sur la cour (dont les façades des chambrées des hommes de troupes) .

Le dessin ci-dessous présente la structure enterrée :
   1- infirmerie,
   2- commandant du fort,
   3- logement des officiers et mess,
   4- citerne,
   5.6- cuisines et réserves,
   7- magasin à poudre et casemates servant à l'armement (magasins et ateliers),
   8- chambrées des hommes de troupe et des sous-officiers,
   9- escaliers permettant de gagner les traverse-abris et les postes d'artillerie,
 11- caponnières,
 12- galeries reliant les caponnières à la partie centrale du fort.

Il existe aussi un télégraphe situé dans le tunnel d'accès de la porte à la cour.

Le deuxième plan représente les modifications du fort d'Uxegney dans le cadre de la modernisation qui s'est, comme ailleurs, déroulé en deux phases :
   . La première période est celle du béton spécial, de la création du chemin de fer aux voies de 60 et du transfert de l'artillerie et des magasins dans les intervalles.
   . La deuxième est celle des grands aménagements pour le réarmement.

1- deux des trois caponnières sont remplacées par des coffres de contrescarpe, l'un double, l'autre simple. Seule une caponnière (2) est maintenue sur le fossé de gorge. Ces coffres de contrescarpe sont reliés à la partie centrale du fort par des galeries souterraines (3) passant sous les fossés.

2-il apparaît une différenciation entre les chambrées de temps de paix (5) restées en maçonnerie et les chambrées de temps de guerre (4) couvertes de béton spécial puis de béton armé. Près des chambrées du temps de guerre se trouvent les cuisines (6). On trouve aussi une entrée de guerre accessible par les fossés en dessous de l'entrée normale.

Le fort a été équipé d'un certain nombre de tourelles et guérites cuirassées :
   . 7- tourelle de 155R mais dont le système de relevage du contrepoids moteur de la tourelle ne sera pas encore installé en 1914.
   . 8- tourelle de 75. Les monte-charges permettant de monter les obus dans la tourelle ne seront pas non plus installés en 1914.
   . 9- tourelles de mitrailleuses.
   .10- guérite et observatoires blindés.

11- de même ont été construites sur la terrasse qui recouvre le casernement, deux casemates de Bourges destinées à protéger les intervalles entre les forts.

12- le fort est aussi équipé d'une usine électrique comportant trois groupes électrogènes, chacun ayant une puissance de 12 KW  produisant du 110 volts pour l’éclairage et la ventilation des casernements. Cependant, l'installation électrique ne sera pas terminée en 1914.

13- les magasins à poudres et ateliers de préparation de l'armement ont été dispersés près des lieux d'utilisation.

dimanche 21 septembre 2014

LE SYSTÈME SERE DE RIVIÈRES : EXEMPLES DE TOURELLES.

UNE TOURELLE A ECLIPSE POUR DEUX CANONS DE 75R (raccourci) (portée de tir de 4,9 km, cadence de tir 11 coups par minute, fonctionnement au moyen de 15 servants)

(1) chambre de tir établie sur une colonne servant de pivot. Lors du tir, la chambre de tir se soulève jusqu'à découvrir la bouche du canon. Après le tir, la chambre de tir redescend en sorte que le dôme abaissé se raccorde aux avant-cuirasses qui l'entourent.

(2) la colonne-pivot est mobile dans le sens vertical, elle est mue par le mouvement d'un balancier (3) pourvu d'un contrepoids (4), elle est capable aussi d'effectuer une rotation pour pour positionner le canon selon l'objectif. Cette colonne est creuse et permet d'évacuer les fumées qui émanent du canon après le tir.

le contrepoids et la totalité de la structure (colonne-pivot et chambre de tir) possèdent le même poids et donc s'équilibrent si parfaitement qu'il suffit d'une manivelle (6) pour actionner la tourelle

(7) poste de commandement qui reçoit les informations et où se règle le tir (rotation des canons par pivotement de la chambre de tir toute entière, et angle de tir), là se trouvent des armoires (8)  où sont entreposées les obus, ceux-ci sont montés dans la chambre de tir par un système de type noria fixée sur la colonne centrale.

(9) escalier reliant la tourelle au casernement qui se trouve en contrebas

Ces tourelles à canon de 75 servaient surtout au flanquement des intervalles.

UNE TOURELLE GALOPIN À DEUX CANONS
La tourelle Galopin est inventée par le Commandant Alfred Galopin en 1889. C’est une tourelle à éclipse qui abrite deux canons de 155 de Bange sous un dôme d’acier de 5,5 mètres de diamètre et de 40 centimètres d’épaisseur. Son poids est de 200 tonnes. Il faut 4,5 secondes pour effectuer la manœuvre complète (sortir la tourelle, tirer, la rentrer),  la portée de tir est de 7,5 km, et on peut tirer deux coups à la minute.

La tourelle comporte trois étages, comme celle de 75 :
   . Une chambre de tir qui peut se lever et effectuer une rotation sur elle-même,
   . Un étage intermédiaire servant de poste de commandement,
   . Un étage inférieur pourvu du mécanisme.
Le poids très important de la tourelle nécessita la construction de deux balanciers comme on le voit sur le dessin.

   . 1 avant-cuirasse,
   . 2 dôme ici abaissé mais qui peut se soulever,
   . 3 canons,
   . 4 système permettant de régler la position du canon selon l'angle de tir,
   . 5 monte-charge permettant de monter les obus,
   . 6 Colonne-pivot de la tourelle permettant de faire monter la chambre de tir pour le tir,
   . 7 double balancier de levage de la colonne-pivot,
   . 8 contrepoids équilibrant exactement le poids de la tourelle,
   . 9 fosse du contrepoids,
   . 10 fosse dans laquelle se trouve le mécanisme du balancier et du contrepoids.


samedi 20 septembre 2014

LE SYSTÈME SERE DE RIVIÈRES : L'EVOLUTION DES FORTS APRÈS 1885.

La crise de "l'obus torpille" (1) rendit largement obsolète la première génération de forts qui se caractérisaient par des casernements en pierres de taille surmontés d'un remblai de terre formant une plateforme sur laquelle étaient établis les postes d'artillerie à l'air libre.

Structure des défenses d'un fort antérieur à 1885

Il fallut donc adapter ces forts au nouvel armement d'attaque : pour cela, il fut nécessaire d'obtenir des crédits supplémentaires mais aussi d'inventer les moyens techniques qui pouvaient permettre cette modernisation. En attendant, entre 1885 et 1895, les systèmes fortifiés furent aménagés selon une instruction ministérielle de 1887 et avec les moyens dont on disposait :
   . En premier lieu, on remplaça, au niveau des points les plus sensibles, la couche de terre surmontant les voûtes en maçonnerie par du béton dit spécial.
   . On retira les canons des plateformes des forts et on les installa sur des batteries d'artillerie dispersées au niveau des intervalles entre les forts, ce qui densifia la ceinture défensive ; on construisit aussi des magasins d'artillerie enterrés ainsi que des positions d'infanterie.
   . Pour permettre le ravitaillement de tous ces ouvrages dispersés tant en vivres qu'en munitions, il fallut créer un chemin de fer à voie étroite de 60 cm de large, où circulaient des locomotives Péchot à deux chaudières.

Les forts perdirent dans ces circonstances leur rôle primitif de défense de la place-forte : ils furent désormais utilisés seulement :
   . pour la défense des intervalles entre deux forts (tirs de flanquement) avec des pièces d'artillerie que l'on installa parfois dans des tourelles " cuirassées" (couvertes d'un dôme de fonte) selon un système apparu en 1875,
   . En tant que poste d'observation et de commandement.

À l'extrême fin du siècle, apparurent un certain nombre d'innovations qui vont permettre le réarmement des forts.

Ce réarmement s'effectue d'abord au moyen des tourelles cuirassées , le système inventé vers 1875 avec dôme de fonte ne sera pas généralisé car la fonte est jugée trop fragile pour résister aux obus.  Le cuirassement ne se développa vraiment qu'avec l'utilisation du fer laminé ou de l'acier.

C'est alors qu'apparaît la tourelle à éclipse qui se soulève pour permettre le tir et redescend immédiatement pour se raccorder au niveau du blindage de la calotte.

Ce type de tourelles comporte principalement trois variantes :
   . Les deux tourelles du commandant Galopin :
          . L'une, modèle 1890 à deux canons de 155 long, efficace mais très coûteuse,
          . L'autre datant de 1907 à un seul canon de 155mm raccourci. 12 exemplaires sont installées en 1914 sur les 22 prévues.
   . Des tourelles équipées de canons de 75 raccourci, 55 seront installées en 1914,
   . Des guérites et cloches blindées d'observation.

Il apparaît aussi des batteries-casemates, dit "casemates de Bourges" du nom du camp où elles furent testées, pourvues de deux canons de 75 :  elles ont pour mission de battre les intervalles entre chaque fort

À ce réarmement s'ajoutent de nombreuses autres innovations :
   . L'utilisation du béton armé plus solide et capable de résister aux obus de 270mm tout en étant d'une épaisseur moindre que le béton spécial, fut généralisé dans les forts modernisés.
  . Les magasins à poudre ayant montré leur fragilité, on les supprima en répartissant la poudre dans tout le fort et en créant des magasins enfouis (les magasins-caverne),
  . Les caponnières trop exposées sont remplacées par des coffres de contre-escarpe reliés au fort par des galeries passant sous le fossé.
  . On différencia les casernements de temps de paix et ceux du temps de guerre.
  . L'escarpe, trop vulnérable par des attaques de face, est remplacée par des glacis pourvus d'obstacles empêchant la progression d'assaillants.

1 voir mes articles précédents sur le système SERE DE RIVIÈRES (par les mots-clés)

jeudi 7 août 2014

LE SYSTÈME SERE DE RIVIÈRES (2)


LA PLACE-FORTE D'EPINAL

Dans la conception du général SERE DE RIVIÈRES, la place-forte d'Epinal, une des quatre grandes places-fortes du Nord-Est,  avait deux rôles :
   - elle formait l'extrémité nord du rideau défensif de la Haute Moselle ( entre Epinal et Belfort).
   - elle verrouillait vers le sud la trouée de Charmes.

La place d'Epinal avait été constituée sur les hauteurs qui bordent la ville vers l'ouest et le sud-ouest et qui forment un horst gréseux assez dense et forestier comportant des crêtes du haut desquelles il est possible de surveiller les alentours et, si besoin était, de répliquer à une attaque au moyen de tirs d'artillerie.

LES FORTS ET OUVRAGES FERMÉS
     . Dans un premier temps furent construits dès 1876 quatre forts dit d'arrêt sur la rive droite de la Moselle : DOGNEVILLE, LONGCHAMP, RAZIMONT, LA MOUCHE. Ces quatre forts sont établis sur de faibles hauteurs mais ils sont essentiels  pour la défense de la place à  trois points de vue : 
   . Ils  sont orientes vers l'est et vers la frontière avec l'Allemagne, en cas d'attaque, ce seront eux qui subiront le premier choc.
   . Ils surveillent la trouée de Charmes.
   . Ils se relient au rideau défensif de la Haute-Moselle qui se déploie jusqu'à Belfort

     . En 1879, on complète le dispositif par trois forts situés sur la rive gauche : GIRENCOURT, ROULON, BAMBOIS. Ces trois forts sont construits sur les crêtes du horst et dominent les alentours.

     . De 1881 à 1885 sont édifiés les autres forts et batteries fermées qui ceinturent la place forte et complètent les forts d'arrêt construits précédemment pour créer une place fermée autour de la ville,
    . Les forts d'UXEGNEY, LA GRANDE HAYE et BOIS L'ABBE , ainsi que la batterie fermée de SANCHEY complètent la couverture de la partie sud de la trouée de Charmes,
    . Le fort des  ADELPHES ainsi que des batteries fermées (la VOIVRE, LES FRICHES, LE THIEHA, DEYVILLERS..)  s'intercalent entre les forts et batteries existants  de manière à ce que ils soient assez rapprochés pour se couvrir  mutuellement au cas où l'ennemi se risquerait dans les intervalles qui les séparent.

LES AUTRES ÉLÉMENTS DÉFENSIFS.
Le dispositif de la ceinture défensive comporte d'autres aménagements visant à la défense rapprochée des intervalles :
   . Des batteries d'artillerie situées entre les forts,
   . Des redoutes d'infanterie,
   . Des abris de combats,
   . Des magasins,

À cela s'ajoutent les implantations centrales établies dans la banlieue immédiate d'Epinal :
   . Terrain d'aviation,
   . Parc à dirigeables,
   . Magasins de manutention,
   . Poste radio et télégraphique,
   . Parc aux fourrages.

Enfin, une  ceinture de 120km de voies ferrées de 60cm fut construite postérieurement à la phase de construction des ouvrages permettant de relier les forts entre-eux et d'acheminer du matériel des depots centraux aux postes de combat à partir des implantations situées à  Epinal.

L'exemple d'Epinal est révélateur de l'effort de la France pour réorganiser sa défense. Le pays pouvait se croire bien protégé. Ce ne fut pas le cas : à peine terminés, les forts furent obsolètes et ils ne servirent donc jamais !

C'est ce qu'on montrera dans les articles qui suivront consacrés au système SERE DE RIVIÈRES.

lundi 4 août 2014

À la découverte de ..TROYES (11)

LES VITRAUX DE L'EGLISE SAINTE MADELEINE

À la fin du 15e siècle, après la longue période de troubles et de récession due à la guerre de cent ans, Troyes retrouve calme et prospérité, la bourgeoisie marchande enrichie finance les travaux de reconstruction et d'embellissement de la ville et de ses églises. C'est dans ce cadre de nombreux ateliers de vitrail de grande renommee se créent.

Deux écoles apparurent :
   - De 1490 à 1530,  les vitraux se caractérisent par : 
         . Un dessin appuyé,
         . Une grande lisibilité qui évoque nos bandes dessinées actuelles,
         . L'utilisation fréquente de phylactères,
         . Une coloration éclatante,
         . Un grand raffinement technique.
Cette première école est particulièrement bien représentée dans l'église de sainte Madeleine
   - Après 1530 apparaît une évolution des techniques avec utilisation du verre blanc et de la grisaille dont témoignent les vitraux de l'église saint Pantaléon. 

Voici, à titre d'exemple de la première école troyenne, le vitrail DE LA SAINTE CROIX du début du XVIe siècle :

1 le Songe de Constantin auquel un ange présente la croix,
2 victoire de Constantin sur Maxence grâce à la présence de la croix.

3 Hélène, mère de Constantin assiste à la découverte des trois croix,
4 la croix sur laquelle a été crucifié Jésus fait ressusciter un mort,
5 Constantin se fait baptiser.

Comme à l'accoutumée à cette époque, les personnages sont représentés en costume du 15e siècle et le combat évoque plus un combat de chevaliers qu'une bataille de l'époque romaine, cependant, la représentation des scènes est en étroite conformité avec les textes qui racontent ces événements comme en témoignent les documents ci-dessous :

LE RECIT D'EUSEBE DE CESAREE version de 337 sur la conversion de Constantin.

Comme il était persuadé qu’il avait besoin d’une puissance plus considérable et plus invincible que celle des armées, il eut recours à la protection de Dieu. Il délibéra d’abord sur le choix de celui qu’il devait reconnaître. Il considéra que la plupart de ses prédécesseurs, qui avaient adoré plusieurs Dieux et qui leur avaient offert de l’encens et des sacrifices, avaient été trompés par des prédictions pleines de flatterie ; et par des oracles, qui ne leur promettaient que d’heureux succès, et qu’ils étaient enfin péris misérablement, sans qu’aucun de leurs Dieux se fût mis en peine de les secourir.
En conséquence, Constantin se résout à n’adorer qu’un seul Dieu.

La Vision de Constantin.
Constantin implora la protection de ce Dieu, le pria de se faire connaître à lui, et de l’assister dans l’état où se trouvaient ses affaires. Pendant qu’il faisait cette prière, il eut une merveilleuse vision, Il assurait qu’il avait vu en plein midi une croix lumineuse avec cette inscription : « Vous vaincrez à la faveur de ce signe », et qu’il fut extrêmement étonné de ce spectacle, de même que ses soldats qui le suivaient.

Songe de Constantin.
Cette vision fit une si sorte impression dans l’esprit de Constantin qu’il en était encore tout occupé la nuit suivante. Durant son sommeil le Sauveur lui apparut avec le même signe qu’il lui avait montré en l’air durant le jour, et lui commanda de faire un étendard de la même forme, et de le porter dans les combats pour se garantir du danger.

La bataille du Pont Milvius
La compassion que Constantin eut de leur misère lui mit les armes entre les mains contre celui qui en était l’auteur ( Maxence, rival de Constantin). Ayant imploré la protection de Dieu, et du Sauveur son Fils unique. Il fit marcher son armée sous l’étendard de la Croix à dessein de rétablir les Romains en possession de leur ancienne liberté.
C'est la bataille du Pont Milvius de 312 qui donne la victoire et l'empire à Constantin

LE RÉCIT DE RUFIN D'AQUILEE sur la découverte de la croix.

Hélène, mère de Constantin " apprit, par révélation, que la croix avait été enfouie dans un des caveaux du sépulcre de Notre Seigneur, et les anciens de la ville, qu’elle consulta avec grand soin, lui marquèrent le lieu où ils croyaient, selon la tradition de leurs pères, qu’était ce précieux monument ; elle fit creuser en ce lieu avec tant d’ardeur et de diligence, qu’elle découvrit enfin ce trésor que la divine Providence avait caché dans les entrailles de la terre durant tout le temps des persécutions, afin qu’il ne fût point brûlé par les idolâtres, et que le monde, étant devenu chrétien, lui pût rendre ses adorations.

Dieu récompensa cette sainte impératrice beaucoup plus qu’elle n’eût osé l’espérer : car, outre la Croix, elle trouva encore les autres instruments de la Passion, à savoir  les clous dont Notre Seigneur avait été attaché, et le titre qui avait été mis au-dessus de sa tête. Cependant, une chose la mit extrêmement en peine  les croix des deux larrons, crucifiés avec Lui, étaient aussi avec la sienne, et l’Impératrice n’avait aucune marque pour distinguer l’une des autres. Mais saint Macaire, alors évêque de Jérusalem, qui l’assistait dans cette action, leva bientôt cette nouvelle difficulté. Ayant fait mettre tout le monde en prière, et demandé à Dieu qu’il lui plût de découvrir à son Église quel était le véritable instrument de sa Rédemption, il le reconnut par le miracle suivant  une femme, prête à mourir, ayant été amenée sur le lieu, on lui fit toucher inutilement les deux croix des larrons ; mais dès qu’elle approcha de celle du Sauveur du monde, elle se sentit entièrement guérie, quoique son mal eût résisté jusqu’alors à tous les remèdes humains et qu’elle fût entièrement désespérée des médecins. Le même jour, Macaire rencontra un mort qu’une grande foule accompagnait au cimetière. Il fit arrêter ceux qui le portaient et toucha inutilement le cadavre avec deux des croix ; aussitôt qu’on eut approché celle du Sauveur, le mort ressuscita.