REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
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Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

mardi 5 janvier 2016

Regard sur... FORT DE FRANCE (5)

LES AMÉNAGEMENTS PROJETÉS POUR LES ANNÉES FUTURES MENTIONNÉS SUR LE PLAN DE 1698. 

En premier lieu est prévue l'extension de la ville en damier vers le nord (9).

L'ancien canal de drainage devrait être  remplacé par un nouveau canal (10) reliant la rivière du Cornet au Carénage. Ce nouveau canal sera, dit le commentaire de la carte, bordé de quais et d'une rangée d'arbres. Ce sera à la fois un espace convivial et utilitaire puisque les bateaux pourront y circuler.

Une conduite d'eau (11) sera aménagée pour l'amenée de l'eau potable dans la ville, cette conduite partira de la rivière Cornet jusqu'à un réservoir (12) puis, par un aqueduc, l'eau sera conduite jusqu'au bord du canal où seront aménagés un bassin et une fontaine (13)

un autre canal (14)  sera également creusé au nord de la ville en damier. Celui-ci servira à la fois à drainer la plaine mais aussi à recueillir les eaux des rivières et torrents descendant des mornes environnants.

Le projet d'aménagement de la ville nouvelle réserve aussi des emplacements pour divers bâtiments utilitaires :
   . (15) futur hôpital
   . (16) emplacement du collège projeté par les jésuites, ceux-ci souhaitaient établir leur collège dans la ville,  sur une parcelle se trouvant face à l'église saint Louis, le concepteur du plan d'aménagement préfère allouer aux jésuites un emplacement plus lointain de la ville, au contact de la campagne et loin du bruit.
   . (17) magasins dépendant du fort.

FORT DE FRANCE DEVIENT LE SIEGE DU GOUVERNEMENT GÉNÉRAL

En 1692, le gouverneur et lieutenant général des colonies françaises d'Amérique, le comte de Blenac décide de transférer de Saint Pierre á Fort-Royal le siège du gouvernement général et la résidence du gouverneur   en dépit des risques occasionnés par le site au niveau sanitaire.

Les raisons de ce choix sont explicitées dans un texte écrit en 1700 par le marquis d'Ablimont, lieutenant général des îles d'Amérique
     " ... Le port ou le Cul de Sac du Fort-Royal et ses rades sont seules de l'île où les vaisseaux tant du roi que des marchands puissent être dans la plus grande sécurité tant contre les ouragans que les ennemis en temps de guerre.
       ... Le Fort-Royal est ..la place la plus forte et la mieux située et la plus sûre qui puisse être bâtie dans l'île.
       ... Le Fort-Royal étant la place la plus forte de l'île ...il est nécessaire que tous les magasins du roi y soient rassemblés en temps de guerre comme de paix. .. Le Fort-Royal étant le lieu où viennent mouiller tous les vaisseaux du roi dont les équipages doivent être mis à l'hôpital lorsqu'ils en ont besoin..
      ... Le Fort-Royal...est le plus fort de tous, soit en nombre d'habitants, de sucreries et de bestiaux et, par conséquent, celui où se fera toujours le plus fort commerce et chargement de sucre

Cette dernière allégation est un vœu pieux, à cette époque, Saint-Pierre reste la ville la plus importante, tant au niveau de son activité commerciale que de sa vie urbaine, ses commerçants contrôlent l'essentiel de l'économie de l'île, la ville s'embellit sous leur impulsion et une société calquée sur les modèles européens s'y met en place.

Il se crée donc au 18ème siècle un dualisme qui fait de Fort-Royal le siège du gouvernement et la place forte de l'île et Saint-Pierre qui reste la capitale d'une économie dynamique ainsi que le lieu de résidence de la bonne société.

Regard sur... FORT DE FRANCE (6)

1742 : LE PLAN DIT DU PERE LABAT.

Il montre d'abord les trois éléments caractérisant de prime abord la ville de Fort-Royal : la rade, le fort et le Carénage. Les limites de la ville en damier sont mentionnées mais il apparait que la partie lotie de la ville  ne constitue qu'une partie de l'espace urbain prévu. Au centre des quartiers construits est représentée l'église Saint-Louis. Le couvent des capucins (8) reste toujours largement à l'écart de la zone urbaine.

Ce plan révèle aussi que les aménagements prévus sur le plan de 1698 n'ont pas été réalisés, on ne trouve pas encore mention du canal central qui devait relier la rivière au Carénage et sera réalisé postérieurement comme le montrera le plan de 1784 ; par contre des canaux de drainage ont été creusés dans la plaine marécageuse afin de la rendre moins malsaine à  l'homme.

Le plan dit du Père Labat, comme le plan de 1698, montre aussi les perspectives d'avenir de la ville avec le projet de construire une fortification pourvue de bastions autour de l'espace à urbaniser (18) ; en 1742, une partie de l'enceinte parait construite le long de la rade dessinée au moyen d'un trait plein et non de pointillés.

Enfin est représenté sur le morne une redoute (19) dite des capucins qui domine le carénage et permet de protéger celui-ci de concert avec les batteries installées sur le fort.

dimanche 3 janvier 2016

Regard sur... FORT DE FRANCE (4)

1673 : LA FONDATION DE LA VILLE

C'est un an après la construction du fort qu'est décidée la construction d'une ville dans la vaste zone marécageuse qui borde la rade et en dépit du caractère malsain du site qui génère la malaria. La compagnie des Indes Occidentales fut chargée d'établir le plan de la nouvelle ville et de répartir entre les colons les parcelles constructibles.

Le plan ci-dessus a été établi en 1698, c'est un projet d'extension de la ville qui présente à la fois la situation de la zone construite à l'époque et l'expansion projetée ( cf. l'article suivant).

D'abord, on retrouve les trois ensembles mentionnés dans le plan précédent : le fort (1), le carénage (2), la rade (3). En (4), limitée par un trait rouge, se trouve l'espace urbain. Il comporte un plan en damier comme il sied à toute ville coloniale. Cependant, les zones loties n'occupent qu'une faible partie de cet espace qui reste encore à peupler ( le plan du Père Labat de 1742 permettra de le constater). C'est seulement aux abords de la rade que se trouve un alignement continu de maisons. Le commentaire qui accompagne le plan indique que la situation de ces maisons est très exposée,  il suffirait de quelques coups de canons pour les détruire. La limite de la ville à l'Est est la rivière appelée De Cornet.

La ville possède une église consacrée à saint Louis et dont les capucins, établis extra-muros (8), possèdent la cure. La présence des ordres mendiants, et en particulier des capucins, sur les îles antillaises s'explique aisément, on se trouve en effet dans des terres vierges de toute implantation chrétienne : plutôt que de créer immédiatement une hiérarchie séculière, les colonisateurs préfèrent s'accompagner de moines franciscains et dominicains dont l'ordre est structuré et dont la vocation est le prêche auquel s'ajoute l'évangélisation.

Pour drainer la zone marécageuse, un canal a été creusé (6 en bleu) mais le commentaire accompagnant le plan indique que ce canal n'est pas bien adapté puisqu'il ne s'intègre pas à l'organisation en damier de la ville.

Enfin, il convient de noter qu'entre la ville et le fort se trouve un vaste espace non occupé, á cet endroit se trouve l'actuelle parc de la Savane (7)

Tel est l'aspect de la cité appelée Fort-Royal en 1698.

samedi 2 janvier 2016

Regard sur... FORT DE FRANCE (3)

1672 LA FONDATION DU FORT ROYAL

En 1672, alors que la Martinique est encore sous le contrôle de la Compagnie des Indes occidentales, Louis XIV ordonne la fondation sur une éminence de la baie appelée alors "cul de sac royal" d'un fort (le futur Fort de France)

A cette époque, le roi est en guerre avec les Provinces-Unies. Cette guerre se déroule non seulement en Europe mais aussi aux Antilles. La Martinique ne possédait qu'une fortification importante, celle de Saint-Pierre qui était mal située le long d'un littoral sans mouillage et exposé aux attaques.
Á l'inverse, la situation du fort projeté était bien supérieure à la fois grâce à son site mais aussi à la possibilité de disposer d'un mouillage particulièrement sûr.

L'extrait du plan ci-dessus montre la situation du site en 1680 : le fort (1) occupe le promontoire qui s'avance dans les eaux du Cul de Sac Royal et délimite d'un côté la rade (2) (appelée aujourd'hui rade des Flamands) et de l'autre, le Carénage (3) qui offre un site particulièrement bien protégé des vents marins par la langue de terre qui porte le fort.

La coupe, à droite du plan, montre que le promontoire du fort est dissymétrique, son côté le plus escarpé étant situé à l'est, formant un front continu vers la pleine mer, par où les navires ennemis peuvent arriver ; du côté du carénage, les fortifications s'étagent sur le côté le moins escarpé, ce qui rend possible la création de lignes de défense étagées.

L'environnement immédiat du fort est particulièrement médiocre car il comporte une plaine marécageuse (4) bordée de basses montagnes appelées Morne. En dépit de ces conditions incommodes, quelques maisons (5)  se sont installées en bordure de la rade.

Il convient également de noter sur ce plan la présence d'un chemin qui s'insinue entre les mornes et conduit vers le nord ainsi que d'une rivière (7) qui formera plus tard la limite de la ville.

La construction du fort se poursuivra jusque vers 1680, mais dès 1674, il est capable de repousser une flotte hollandaise menée par l'amiral Ruyter.

jeudi 31 décembre 2015

Regard sur... FORT DE FRANCE (2)

Suite de l'article précédent 

C'est Jacques DU PARQUET qui va se charger de la colonisation de la Martinique :
     - dans un premier temps, les colons et les engagés s'installent sur le littoral ouest du Prêcheur à Case Pilote, ils sont environ un millier défrichant les terres concédées par la compagnie, cultivant du petun (tabac) et égrenant leurs cases le long du littoral.
   - les indiens Caraïbes qui peuplaient l'île jusqu'alors se révoltent mais un accord survient en 1639 avec le chef caraïbe appelé "le Pilote" qui laisse à la compagnie la côte ouest et s'installe à Rivière Pilote au sud-est de l'Ile. La Martinique est partagée en deux parties : L'ouest, de Macouba à la baie du Marin, est laissé à la compagnie, l'est reste le domaine des indiens Caraïbes.
  - cet accord permet à la compagnie de progresser vers le sud et d'atteindre la vaste baie actuellement appelée de Fort de France qui forme un site idéal à la fois pour la défense de la partie sud des possessions de la compagnie et en tant que mouillage pour les bateaux, ce mouillage étant bien supérieur à celui de saint Pierre. Il est possible qu'un fortin ait été déjà aménagé à cet endroit.

Parallèlement, la Compagnie des Îles d'Amérique développe ses possessions :
     - á la mort d'Esnambuc en 1637, c'est Philippe LONGVILLIERS DE POINCY, commandeur de l'ordre de Malte,  qui devient lieutenant général des îles d'Amérique ; en poste dans la partie de saint Christophe occupée par les français , il prend possession de l'île de la Tortue ( Nord de l'actuel Haïti), signe un traité avec les hollandais pour le partage de saint Martin, fait occuper saint Barthélemy.
    - Jacques DU PARQUET occupe Grenade et Sainte-Lucie.

La compagnie avait reçu le droit d'exclusif sur ses terres, elle détient le monopole du commerce, les colons sont obligés de lui vendre leurs productions et de lui acheter tout ce qui leur était nécessaire. Malgré cela, la compagnie des Îles d'Amérique fit faillite et les îles furent vendues à des particuliers.

Débute alors l'ère des SEIGNEURS PROPRIÉTAIRES qui durera jusque 1664. En ce qui concerne la Martinique, elle fut achetée par Jacques DU PARQUET ainsi que Sainte-Lucie.  Le roi nomme alors DU PARQUET gouverneur et lieutenant général des îles qui sont en sa possession.

Cette période,  très importante pour l'avenir de la Martinique est marquée par l'introduction de la culture de la canne à sucre, par son corollaire, l'introduction du système esclavagiste et, afin d'acquérir des terres, l'extermination en 1657-8 des derniers indiens Caraïbes au mépris de la parole donnée.

Après l'intermède d'une nouvelle compagnie LA COMPAGNIE DES INDES OCCIDENTALES (1664-1674), qui fit faillite à son tour, la Martinique passa directement sous le contrôle du pouvoir royal en 1774.

mercredi 30 décembre 2015

Regard sur... FORT DE FRANCE (1)

1635-1672 LES PREMICES DE LA FONDATION DE FORT DE FRANCE

Cette fondation entre dans le cadre d'un vaste plan d'ensemble mis en place par Richelieu afin de permettre l'enrichissement du royaume de France, appauvri par les guerres de religion, grâce au commerce colonial. Cela impliquait la possession par la France de quelques îles des Antilles susceptibles de produire des produits exotiques que l'on pourrait ramener en France et exporter dans toute l'Europe.

Cette entreprise n'était pas évidente à réaliser, il fallait en effet conquérir ces îles sur des terres qui théoriquement étaient sous la domination des espagnols, lutter contre leurs occupants réels, les indiens Caraïbes, attirer de la main-d'œuvre européenne pour venir créer et travailler dans les plantations, subir la chaleur et le climat ainsi que la concurrence des autres pays européens (anglais et hollandais) qui s'étaient également  lançés dans la course...

Le cardinal-ministre de Louis XIII ne fut cependant pas l'initiateur de ce projet, deux circonstances s'étaient produites auparavant :
     - en 1625, les français, sous la conduite de BELIN D'ESNAMBUC, avaient débarqué à saint Christophe, une ile déjà occupée par les anglais et qui fut partagée entre les deux nations. Ils y développent la culture du tabac.
     - en 1621, les Pays-Bas avaient créé la " compagnie des Indes occidentales" á qui ils avaient donné le monopole du commerce en Amérique et en Afrique de l'Ouest.

BELIN d'ESNAMBUC se rendit à Paris et démontra au roi tout l'intérêt qu'il y aurait á créer une compagnie semblable à celle des Indes occidentales : les colons de saint Christophe produiraient le tabac et autres plantes exotiques, ils vendraient leur production à la compagnie qui se chargerai du transport et de la revente en Europe.

La première compagnie, créée en 1626, fut appelée COMPAGNIE DE SAINT CHRISTOPHE ; elle était seulement basée sur les productions de  l'île de saint Christophe et ce fut un échec. BELIN d'ESNAMBUC en tira la conclusion qu'il fallait élargir l'aire de la colonisation pour qu'une compagnie de ce type soit rentable.

En février 1635, il obtient de  Richelieu la création d'une nouvelle compagnie, la COMPAGNIE DES ÎLES D'AMÉRIQUE.

Pour étendre la colonisation, deux expéditions sont menées la même année :
     - Charles LIENARD DE L'OLIVE et Jean DU PLESSIS, partent de Dieppe avec des engagés volontaires et des dominicains. Ils arrivent aux Antilles en juin 1635 et tentent de s'emparer de la Martinique ; ils  abandonnent cette ile et s'emparent de la Guadeloupe
     - BELIN D'ESNAMBUC, á partir de Saint Christophe, débarque au Carbet, fait construire un premier fort á saint Pierre puis, après deux mois passés sur l'île, rentre à saint Christophe, laissant son neveu Jacques DU PARQUET en charge de la Martinique.

A suivre...

mercredi 23 décembre 2015

Un regard sur.. L'ÎLE GRECQUE DE SIMY (36)

Le monastère de PANORMITIS (suite)

Lorsque l'on passe la tour-porche, on se trouve dans un vaste cloître à deux niveaux d'arcades au centre duquel se trouve l'église. Au dessus de ces niveaux, se trouve un étage supplémentaire manifestement ajouté.

Les balustrades ouvragées, les arcades finalement soulignées d'un léger trait brun, la profusion de fleurs en pots, les fanions de la Grèce et de l'église orthodoxe ( Aigle bicéphale noir sur fond jaune), les mosaïques au sol de cailloux blanc et noir... donnent à ce monde clos qu'est un cloître un air de gaité, de sérénité et de paix. Les arcades donnent sur des galeries qui s'ouvrent sur les cellules des moines ainsi que sur les salles nécessaires à la vie monastique (réfectoire)

Ce cloître, comme le reste du monastère est enchâssé dans la roche, ce qui fait que pour gagner la rue arrière, il faut monter à l'étage de la galerie

Au centre du cloître se trouve l'église. Cette particularité se retrouve habituellement dans les monastères orthodoxes, ce qui les différencie des monastères occidentaux dans lesquels l'église est construites sur le côté nord du cloître, laissant ce dernier vide de tout édifice.

Le plan est également conforme aux canons orthodoxes : elle est en forme de croix  grecque, le bras occidental est prolongé par le narthex, le bras oriental par l'abside où se trouve l'autel.

Enfin, si on se retourne vers la tour-porche, on peut admirer la profusion décorative de sa façade interne ; on y trouve une foule de sculptures de terre cuite dont des aigles, des vases, des fleurs et des coquilles...