REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

mardi 15 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (7)


PRINCIPES ET JUSTIFICATIONS THÉORIQUES DE LA LIBERTÉ EN SOI Suite de l’article précédent

LES RÉFÉRENCES PHILOSOPHIQUES

LES THEORICIENS DE L’OMBRE

SHOPENHAUER

Le titre de l'œuvre majeure de Shopenhauer, "le monde comme volonté et comme représentation" résume en un seul aphorisme la pensée fondamentale de ce philosophe. Le monde est divisé en deux strates, le monde de la représentation et le monde du vouloir et du "vouloir vivre". Le premier est la face émergée de l'iceberg, le second représente sa partie immergée, elle est beaucoup imposante que la première voire même abyssale.

Le monde de la représentation est celui dans lequel nous vivons et où s'exerce notre quotidienneté consciente :
     . Les choses y sont perçues de manière claire et distincte,
     . Tout y est sensé, et orienté vers une signification ultime,
     . Nous vivons comme si notre conscience était animée par la liberté de choix.

Ce monde n'est cependant qu'un écran rassurant et une illusion :

     . Nous ne connaissons notre monde que par les représentations que l'on peut en avoir, on ne peut pas être sûr que les choses existent "en soi" ou si c'est seulement la représentation que nos sens et notre intellect perçoit (idée déjà exprimée par Descartes et Kant)

     . Notre monde paraît sensé mais en réalité, il est basé sur des notions sans fondement : ainsi, le principe de causalité n'est qu'une création humaine puisqu'on ne peut jamais parvenir jusqu'à une cause première ; de même, la chaine des "pourquoi ? " débouche sur un questionnement sans fin du type de l'œuf et la poule qui ne mène à rien

Le monde de la représentation n'est qu'une surface sous laquelle se trouve un autre monde, celui de la volonté du "vouloir vivre".  Le monde des idées claires et distinctes de l'intellect est conditionné par ce qui s'agite dans les souterrains. Cette puissance cachée, insaisissable, domine et submerge la conscience.

Le monde du vouloir, de la volonté, du vouloir vivre est un champ aveugle de forces, de pulsions et d'instincts qui n'a ni objectif, ni origine, il est indépendant du temps, de l'espace, de la raison, de la causalité..., il représente l'élan  vital qui fait pousser les plantes et fait vivre les animaux comme les hommes. C'est un élan universel vers la vie vers lequel se ruent toutes choses et êtres.

Le "vouloir vivre" sous-tend toute l'existence humaine et nous rend esclaves et malheureux :

     . La volonté pousse  les hommes à agir qu'ils aient des motifs rationnels ou non, la liberté humaine n'est qu'illusion, c'est le vouloir qui œuvre à notre insu. Nous ne sommes pas maîtres de notre volonté, c'est elle qui agit en nous.

     . La volonté agit sur les hommes en suscitant et en motivant les désirs et les envies, elle nous entraîne dans une chaine sans fin de désirs, nous n'aimons pas ce que nous avons et nous recherchons tout ce que nous n'avons pas. L'homme court sur un océan de chimères, ce qui fait naitre la frustration et la  souffrance et rend l'être malheureux.  Si on décide de maîtriser ses envies en tentant de se soustraire à la torture incessante de la volonté, nait un autre maux, l'ennui. Souffrance et envie caractérisent l'impact du vouloir-vivre sur l'être humain.

Ce conflit entre l'illusion de la liberté  et la tyrannie de la volonté s'observe essentiellement  chez l'être humain, en effet, les plantes sont dépourvues de conscience, elles sont entièrement dominées par le vouloir-vivre et par l'élan vital, les animaux n'ont qu'une conscience limitée, seuls les hommes ont une conscience assez développée pour que ce conflit apparaisse vraiment.

Cette philosophie est aux antipodes des philosophes précédemment cités et des concepts que j’ai préalablement décrits : pour Shopenhauer, la connaissance de soi est illusoire, le libre choix et la liberté n'existent  pas, il est donc impossible de cheminer vers l'être en soi qui n'est aussi qu'une illusion, dans cette perspective, « le monde du paraître » est le seul qui soit abordable,  

Pourtant Shopenhauer indique qu'il existe une échappatoire possible à cette situation : rendre le vouloir vivre inopérant par l'expression artistique et surtout par une sagesse de détachement du monde du type de celle prônée par le bouddhisme.

A  suivre… prochain article, Les théoriciens de l'ombre : FREUD

lundi 14 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (7)

PRINCIPES ET JUSTIFICATIONS THÉORIQUES DE LA LIBERTÉ EN SOI

LES RÉFÉRENCES PHILOSOPHIQUES Suite de l’article précédent

LES THEORICIENS DE LA LUMIERE

KANT (1)

Philosophe des lumières du 18ème siècle, Kant occupe une place particulière du fait de son interprétation des thèses philosophiques que je viens de décrire chez Platon et Descartes : il a explicité la manière dont s'effectue la quête de la connaissance en tant que telle et déterminé une théorie méthodologique que l'on peut parfaitement adapter à l'objet de ma recherche, la connaissance de soi

Pour cela, Kant va utiliser l'outil par excellence du siècle des lumières, la raison. En ce sens, il convient de rappeler que le cheminement par la voie de la raison est contenu implicitement dans les œuvres de Platon et explicitement dans celles de Descartes ; par contre, cette idée est en totale opposition avec Shopenhauer et Freud qui pensent, comme je le spécifierai ensuite, que la raison n'est qu'une illusion rassurante du monde de la représentation et de la conscience.

Le but de Kant n'est cependant pas de définir la connaissance de soi, elle est beaucoup plus de poser la question de savoir si la métaphysique est ou non une science. C'est dans cette perspective qu'il va établir la manière dont l'être humain accède à la connaissance scientifique et donc quel cheminement il va employer pour affirmer que, par exemple, du fruit qui tombe de l'arbre, on peut en déduire la théorie de la gravité universelle. 

Ce cheminement comporte trois phases :

   1- au départ de la démarche, se trouvent les constats émanant du monde sensible, ils se composent d'une multitude d'informations sans aucune logique, c'est un fouillis que le sujet perçoit par ses sens et ses observations.

   2- l'esprit (l'entendement) va donner à ces informations brutes une première mise en forme grâce à des cadres comme l'espace-temps, la quantité, la qualité... Ces cadres sont appelés par Kant les "intuitions en soi" ; elles ne naissent pas spontanément au contact du monde sensible, elles sont seulement activées par ces contacts ; elles sont donc en nous bien avant toute observation. Comme elles sont universelles à l'espèce humaine, elles ne peuvent provenir de notre propre esprit, elles sont en nous comme en tout être humain et sont qualifiées d'"à-priori". Ainsi, selon Kant, les " intuitions en soi" commencent une première classification des informations du monde sensible.

  3- une fois cette structuration des données brutes établie, l'esprit a recours à d'autres cadres comme la causalité que Kant appelle " concepts en soi" ; à la différence des "intuitions en soi" qui sont en liaison avec le monde sensible, les "concepts en soi" sont essentiellement intellectuels,  ils ne dépendent pas de l'expérience et ne sont que les outils de l'intellect et constituent l'outil raison proprement dit. Comme les "intuitions en soi", ils sont universels et présents en nous antérieurement à toute recherche de connaissance.

  4- une fois la théorie déterminée par l'outil-raison, il faut effectuer diverses expériences afin de la vérifier et d'établir sa véracité.

Ainsi se définit une démarche qui passe des données brutes du monde sensible aux classements effectués par les " intuitions en soi" et les "concepts en soi" de la raison (2)

Il convient cependant de noter que Kant établit deux limites à la connaissance :

     - d'abord, nous ne pouvons constater que ce que nos sens perçoivent, on ne connaît que ce que Kant appelle "phénomène" ; les "choses en soi" nous sont à jamais cachées. Pourtant, même à partir des phénomènes, il est possible d'en avoir une "intuition en soi" universelle grâce aux à-priori qui sont en nous.

   - d'autre part, ces éléments à-priori ne sont pas des outils qui sont toujours à notre disposition, ils sont latents en nous et ne se mettent en œuvre que par les sollicitations de notre esprit. Une expérience sans concepts purs ne mène à rien de même que l'utilisation des concepts purs sans lien avec le monde sensible ne produit que du vide.

Cette méthodologie de la connaissance de soi corrobore parfaitement ma démarche du cheminement par la voie de la raison vers les valeurs de "l'être en soi" prélude à la connaissance de soi,
     . L’expérience de la vie crée en nous des « phénomènes »
     . Ces « phénomènes » sont traités par le double système des « intuitions en soi » puis des « concepts en soi », ce qui suscite  l'émergence puis le tri des valeurs de son être
     . Enfin, ces valeurs doivent  mise en concordance avec soi-même dans la gestion de ses actes quotidiens.  

Il est enfin à remarquer qu'en ce qui concerne le domaine de la connaissance, Kant établit une sorte de synthèse entre les pensées de Platon et de Descartes :
     . Les intuitions et concepts en soi par leur côté à-priori évoquent les idées pures platoniciennes,
     . L'utilisation de la raison pour acquérir toute connaissance est commune aux pensées de Kant, Descartes et Platon.

1- Cf la critique de la raison pure.
2- pour élaborer cette théorie, Kant va appliquer son schéma aux différentes sciences :
     - la logique n'utilise que les "concepts en soi" puisque c'est l'utilisation de la raison sans objet.
     - les mathématiques utilisent les "intuitions en soi" (exemple 2+2=4) pour les théoriser au moyen de la raison
     - la physique nécessité l'utilisation de la démarche complète.

Ces théories établies, Kant se pose la question qui sous-tend son ouvrage, la métaphysique est-elle une science ? Elle ne fonctionne que selon les "concepts purs" de la raison qui va au-delà de toute expérience, la raison s'y applique à elle-même, elle croit avoir affaire à des objets réels, ce qui n'est pas le cas ; en conséquence, il est impossible de résoudre des questions telles que l'existence de Dieu, l'éternité de l'âme...

A  suivre… prochain article, Les théoriciens de l'ombre : SHOPENHAUER

dimanche 13 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (6)

PRINCIPES ET JUSTIFICATIONS THÉORIQUES DE LA LIBERTÉ EN SOI Suite de l’article précédent

LES RÉFÉRENCES PHILOSOPHIQUES

LES THEORICIENS DE LA LUMIERE

DESCARTES

La méthode socratique a été également utilisée par Descartes qui ambitionnait de mettre au point une méthode permettant d'entrevoir les vérités absolues inhérentes à l'essence même de l'homme par la méthode du doute.

La démarche de Descartes passe d'abord par le doute de tout ce qui nous entoure, nos sens ne sont pas fiables, ils peuvent nous tromper, de même, toute affirmation est incertaine car elle pourrait être l'émanation d'un " méchant génie".

La méthode employée conduit le philosophe à constater que si on peut douter de tout, il n'existe aucune valeur dont l'existence est indéniable.

 En conséquence,  si rien n'existe avec certitude, Descartes en conclut :
   - soit qu'il pourrait aussi ne pas exister non plus,
   - soit que s'il est apte à douter de tout c'est qu'il existe effectivement : je sais que j'existe du fait même que je doute.   Cette deuxième alternative amène  Descartes à formuler l'idée maîtresse de sa pensée, celle du "cogito"  la conscience du sujet pensant, c'est à partir de ce "cogito" que l'on peut reconstruire un monde de valeurs également indéniables.

La reconstruction se produit en tirant les conséquences de l'existence indéniable du cogito, le sujet qui pense ; en voici quelques concepts concernant la connaissance de soi :
     - Descartes établit d'abord une méthodologie des valeurs indéniables : il ne faut accepter que les idées claires, (immédiatement présentes à l'esprit et se manifestant par une intuition directe) et les idées distinctes (dont le contenu est si clair qu'elles peuvent être indépendantes de toutes les autres).
     - ces intuitions ne peuvent provenir de nous-mêmes car notre entendement limité, elles ne peuvent donc émaner que d'un entendement universel qui ne peut être que celui d'un Dieu transcendant.
     - l'erreur ne provient que de nous-mêmes : nos jugements résultent de l'entendement qui perçoit les idées et de la volonté qui donne et refuse son assentiment. Or, contrairement à l'entendement divin, notre entendement est fini, par contre notre volonté est au contraire infinie parce qu'elle est libre. La volonté peut déclencher le jugement avant même que celui-ci soit parfaitement éclairé ce qui conduit à l'erreur : pour éviter l'erreur, il faut limiter le jugement aux seules idées claires.

Pour moi, la méthode cartésienne est clairement une introspection avec rejet de toutes les fausses valeurs du paraître et recherche systématique des idées claires et distinctes au moyen de deux outils, le doute et la raison.

A suivre,,, les théories de Kant

jeudi 10 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (5)

PRINCIPES ET JUSTIFICATIONS THÉORIQUES DE LA LIBERTÉ EN SOI Suite de l’article précédent

LES RÉFÉRENCES PHILOSOPHIQUES
Pour moi, les pensées des philosophes qui ont évoqué la connaissance de soi  se classent en deux grands courants que j'ai appelé théories de la lumière et de l'ombre.

Dans ce qui suit, je n'ai mentionné que ce qui concerne mon sujet sur la connaissance de "être en soi" sans évidemment rendre compte de toute leur pensée.

LES THEORICIENS DE LA LUMIERE

PLATON
La connaissance de soi est un thème central dans les discours où Platon met en scène Socrate.

Le " connais-toi toi-même" ne fut cependant une création ex-nihilo de ce philosophe puisque cet aphorisme figurait déjà sur le fronton du temple d'Apollon de Delphes.

La thèse socratique du " connais-toi toi-même" est une conséquence directe du dualisme monde des idées pures/ monde imparfait du monde sensible. L'âme procède du monde des idées mais se pervertit au contact du monde sensible pour ne devenir qu'un pâle reflet de ce qu'elle était. Pourtant,  elle conserve en elle tous les concepts qui faisait d'elle une idée pure sans toutefois que l'homme en ait conscience. En conséquence, chaque être humain peut, par une démarche appropriée, retrouver ces concepts qui vont lui donner la connaissance de soi et donc la sagesse.

Pour Platon, cette démarche est celle de la maïeutique, elle consiste en une méthode de questionnement qui amène les autres à douter de tous les faux-semblants pour retrouver les concepts émanant de l'idée pure qu'ils ont déjà en eux, enfouie au niveau de leur âme .

C'est de cette démarche socratique que j'ai puisé ces idées d'un cheminement qui amène à dépasser le tiroir du paraître pour permettre de retrouver la voie vers le chemin de l'être. Dans les dialogues de Platon, cette démarche est effectuée par Socrate et s'adresse à ses interlocuteurs, mais on peut aussi penser qu'elle pouvait se faire par la voie de l'introspection personnelle.

A suivre...
prochain article : le doute cartésien


mercredi 9 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (4)

PRINCIPES ET JUSTIFICATIONS THÉORIQUES DE LA LIBERTÉ EN SOI Suite de l’article précédent

Cette quête des valeurs, explicitée dans le précédent article, selon la méthodologie des tiroirs et du  "connais-toi toi-même", si elle conduisait pour tous les êtres humains à la compassion, créerait à un véritable paradis sur terre ; ce n'est malheureusement pas le cas, en fait, la situation est beaucoup plus complexe que l'exemple donné précédemment. Il existe en effet deux limitations à ce cheminement :

       - la voie vers le casier de ses valeurs intrinsèques est difficile car, à chaque instant, on rencontre des voies transversales qui mènent à des tiroirs dans lesquels se trouvent les valeurs comportementales des alibis et faux semblant que j'appellerai TIROIR DU PARAITRE,

       - le tiroir de ses valeurs intrinsèques que j'appellerai TIROIR DE L'ETRE, est encombré de toute sorte de dossiers qui vont de la haine et du mépris de l'autre à la compassion la plus extrême ; le choix dans ces dossiers des valeurs qui donneront un sens à la vie de chacun, nécessite un tri. Or par définition, les concepts du bien et du mal n'étant que des valeurs sociales,  chacun peut mettre en avant les valeurs qu'il juge correspondant à son être du moment.

Les conclusions que je viens d'énoncer correspondent à mes convictions personnelles ; avant de poursuivre mon raisonnement sur la liberté en tant que connaissance de soi, il me convint de  vérifier si il était justifié eu égard aux pensées des grands théoriciens d'antan. Puisque je n'ai aucune prétention à avoir effectué une théorie eux-nihilo, j'ai donc étudié  dans quelques-unes de leurs œuvres qui me semblèrent significatives,  leurs conceptions du «connais-toi toi-même» afin de vérifier si mon a-priori qui consiste à penser que la connaissance de soi était une capacité de "l'être en soi" était justifié

Pour cela, j'ai puisé dans les œuvres de Platon, Descartes et Kant d'une part, Shopenhauer et Freud d'autre part, les informations que je jugeai utiles ; elles m'ont permis d'abord  de mesurer les écarts entre les pensées théoriques des uns et des autres concernant la possibilité ou non d'accéder à la connaissance et en particulier à la connaissance de soi, ensuite de constater qu'au-delà de ces divergences, il pouvait exister des points communs entre leurs théories qui me confortèrent dans mes conceptions.

A suivre...

mardi 8 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (3)

PRINCIPES ET JUSTIFICATIONS THÉORIQUES DE LA LIBERTÉ EN SOI Suite de l’article précédent

La démarche  que je propose est inverse de celle du jaillissement des souvenirs pour lequel le cerveau agit en tant que simple conservateur de mémoire. Le but  est d'effectuer une démarche volontaire et un cheminement ardu afin de retrouver en soi-même les clés de compréhension de nos comportements. Cette démarche est à la mesure de tout homme puisque chacun de nous dispose de l'outil nécessaire qui est celui de la raison. Pour moi, le " CONNAIS-TOI  TOI-MÊME " est une capacité de l'être en soi, il n'existe pas de domaines cachés, qui nous soient inaccessibles ou interdits.

Par exemple, devant une agression physique ou verbale comment va-t-on agir ? Tenter de riposter selon principe "œil pour œil, dent pour dent", fuir, essayer de calmer le jeu ou tendre l'autre joue ? Quelle que quoi soit sa riposte, L'individu concerné doit se poser la question : pourquoi ai-je eu cette réaction ? Quel facteur intérieur m'a poussé à celle-ci ?

La réponse à cette question nécessite une démarche qui est cet acte parfaitement conscient d'introspection vers un des tiroirs du cerveau qui donnera l'explication nécessaire.

Pour expliciter cette perspective, je voudrais donner un exemple personnel :

Je me trouvais aux Indes dans une gare grouillante de monde, il y avait là des milliers de gens et en particulier des lépreux .Ceux-ci vivaient de mendicité, ils avaient l'habitude pour apitoyer les gens de les toucher en quémandant de quoi manger. L'un d'entre eux s'approcha de moi, il avait perdu une grande partie de ses doigts et il me toucha à l'épaule. Je ne pus réprimer un recul instinctif. J'en eus honte ensuite ; je retrouvai en moi deux éléments qui justifièrent la stupidité de ce comportement instinctif : je savais que la lèpre n'était pas contagieuse et donc qu'il n'y avait aucune raison objective de mon recul ; surtout, j'avais, face à cette terrible maladie, eu un mouvement égoïste sans aucune compassion  pour l'être humain qui se trouvait devant moi. La fois suivante, lorsque d'autres lépreux ne touchèrent pour mendier, je pris sur moi de me laisser faire et de les accepter tels qu'ils étaient.

Pour employer la métaphore des tiroirs, j'ai effectué un double cheminement : dans le premier tiroir, j'ai trouvé les connaissances qui m'ont permis de trouver des faits objectifs concernant la lèpre ; j'ai ensuite recherché dans le tiroir des valeurs intrinsèques de mon être celle qui correspondait à la situation dans laquelle je me trouvais, ce fut la compassion

Cet exemple déjà ancien fut pour moi l'occasion de réfléchir à ce que j'étais et de me conduire à cette méthodologie du tiroir que je m'efforce d'appliquer et pour qui, j'ai trouvé trois phases successives d'élaboration :
      . Phase instinctive du ressenti qui pousse à une réaction immédiate soit comportementale, soit intellectuelle,
      . Mise en place d'un cheminement en soi-même qui va permettre de trouver la voie vers un tiroir où sont rangées les informations conceptuelles permettant d'analyser la réaction instinctive selon ses propres valeurs,
      . Détermination en fonction de ces critères  de la décision à prendre si un cas semblable se produisait á nouveau.

 C'est à ce moment que l'on jouit de la "liberté en soi" car on a effectué une recherche de la connaissance de soi qui aboutit à un choix raisonné transcendant l'instinct et permettant de se trouver face à soi-même et a ses propres valeurs.

Ainsi, à partir du moment où on sait pourquoi on agit et pourquoi on a effectué tel ou tel choix, on dispose de sa totale liberté .

A suivre...


lundi 7 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (2)

PRINCIPES ET JUSTIFICATIONS THÉORIQUES DE LA LIBERTÉ EN SOI

 LA METHODOLOGIE INTROSPECTIVE DU TIROIR

J'ai emprunté cette métaphore à Napoléon 1er qui expliquait que son cerveau était organisé comme un meuble pourvu d'un grand nombre de tiroirs dans lesquels étaient classés tous les dossiers dont il devait s'occuper ; au moment où les problèmes se posaient, il lui suffisait d'ouvrir le tiroir et de retrouver tout ce qui pouvait résoudre le problème.

 Cette méthode témoigne chez l'Empereur, mais aussi pour tout être humain, de l'extraordinaire capacité du cerveau à emmagasiner une foule d'informations, de sensations et d'images : il suffit par exemple de feuilleter un  album photographique pour s'en rendre compte : les anciennes photos permettent de retrouver des anciennes sensations visuelles, auditives, olfactives que l'on croyait oubliées et qui ne l'étaient pas en réalité. Il en est de même pour les acquis anciens : pendant les études secondaires, j'ai appris deux langues étrangères à mon corps défendant car je détestais cela ; à la fin de ma scolarité, je croyais qu'il ne me restait rien de cet apprentissage ; pourtant, beaucoup plus tard, j'ai constaté à ma grande surprise que toutes les notions essentielles réapparaissaient en moi lorsque j'en eus besoin.

 Le cerveau ressemble à une mémoire d’ordinateur qui conserve une multitude d'informations susceptibles de ressortir quand on en ressent le besoin Ces informations émergent le plus souvent spontanément (c’est le cas lorsque l'on retrouve tel ou tel mot d'une langue étrangère)  ou par association avec des faits ou événements du présent (la photo faisant ressortir le souvenir).

 L'émergence spontanée de souvenirs et de connaissances anciennes existe chez tous les individus. Pourtant, elle se produit aussi par une recherche consciente et organisée parmi tout ce que l'on a emmagasiné au fil du temps dans son cerveau ; quand on tente de se remémorer par exemple le nom d'une personne que l'on vient de rencontrer et dont on ne se souvient pas, on effectue une recherche, un peu á la manière de celle que l'on effectue sur internet, en exerçant sa mémoire ; on tente de retrouver des souvenirs ou des images associées à cette personne et, en général, son nom surgit au bout de quelques instants, il arrive même que ce cheminement ne soit pas conscient, la réponse à une question peut être différée et s'effectuer alors que l'on ne s'y attend pas. Ce cheminement de l'esprit s'est effectué selon ce que l'appelle la "méthode du tiroir", le cerveau a accédé à  l'information en ouvrant un tiroir où étaient amassés un certain nombre de renseignements concernant la période pendant laquelle on a rencontré la personne dont on recherche le nom et a livré l'information nécessaire.

 C'est cette méthodologie que je me propose d'utiliser pour définir les chemins menant la "liberté en soi" 

A suivre …


dimanche 6 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (1)


PROLOGUE : "LIBERTÉ EN  SOI" ET LIBERTÉ SOCIALE


" Je suis libre, je fais ce que je veux" combien de fois, ai-je entendu cette phrase proclamée à tous propos, combien de fois aussi ai-je constaté que cette allégation n'était utilisée pour exprimer son égocentrisme et son narcissisme  et justifier n'importe quel comportement ! Combien de fois également ai-je remarqué que la revendication indue de sa totale liberté va de pair avec les maux de notre société : irrespect, incivilité et impolitesse individualisme, incivisme, indifférence qui eux-mêmes sont le fruit d'un monde dont la déliquescence sociale est le fruit de la perte de toute valeur. Dans cette perspective, le "je suis libre, je fais ce que je veux" a pour corollaire un aphorisme du type " seule compte ma personne, tout le reste m'importe peu" qui constitue la base d'un individualisme destructeur.

Revendiquer sa liberté ne veut cependant pas dire "être libre" : c'est d'ailleurs là que se pose le problème de la véritable signification du terme de liberté.

Pour moi, la liberté comporte deux faciès  différents l'un de l'autre : la liberté de "l'être en soi" (liberté ontologique) et la liberté sociale.

On pourrait penser que ces notions sont si semblables que les différencier est totalement artificiel. Pourtant les différences entre ces deux formes de liberté sont essentielles pour qui veut comprendre la manière dont s'exprime la nature de l'homme :
     . Au niveau de liberté en soi, on se trouve face à soi-même, sans autres entraves que les limitations que l'on s'impose á soi-même,  tandis qu'au niveau de la liberté sociale, les règles sont fixées par  la communauté rassemblant les individus pour établir les codes de vie et où chacun a théoriquement sa part décisionnelle.
   . Au niveau de la liberté sociale, les notions de bien et de mal deviennent fondamentales, ce qui n'est pas le cas lorsque l'on se place dans la perspective de la liberté ontologique. Chacun se fixant à soi-même ses propres critères, et ses valeurs personnelles, il ne peut y avoir une dichotomie bien-mal face à soi-même.

Il  existe néanmoins  une étroite corrélation entre ces deux formes de liberté qui apparaissent intimement mêlés :
     . Le sens que l'on donne librement, individuellement et personnellement à ses propres valeurs induit les comportements  sociaux que l'on mettra en œuvre.
     . Les expériences et les liens sociaux pourront amener chacun à faire évoluer ses propres concepts de valeurs.

Le dualisme liberté ontologique-liberté sociale est donc un concept mouvant qui évolue par interaction entre les valeurs de l'être et les comportements sociaux. Dans cette perspective,  la liberté ontologique n'a rien à voir avec le " je suis libre, je fais ce que je veux" qui sert de base à notre société. On le verra d'ailleurs, cette liberté factice,  stupide et irrationnelle n'a aucun rapport avec cette liberté de l'être dont il convient maintenant d'entamer la description.

Pour moi, la "liberté en soi" peut se définir par un aphorisme simple : face à une situation donnée, j'accomplis tel ou tel acte et je sais pourquoi je l'accomplis en mettant en œuvre les valeurs que j'ai librement choisies et qui guident ma vie au moment de mon acte.

Encore faut-il connaître les valeurs qui permettre  d'être libre, cela implique une méthodologie introspective que j'ai appelé la méthodologie du tiroir.