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mardi 15 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (7)


PRINCIPES ET JUSTIFICATIONS THÉORIQUES DE LA LIBERTÉ EN SOI Suite de l’article précédent

LES RÉFÉRENCES PHILOSOPHIQUES

LES THEORICIENS DE L’OMBRE

SHOPENHAUER

Le titre de l'œuvre majeure de Shopenhauer, "le monde comme volonté et comme représentation" résume en un seul aphorisme la pensée fondamentale de ce philosophe. Le monde est divisé en deux strates, le monde de la représentation et le monde du vouloir et du "vouloir vivre". Le premier est la face émergée de l'iceberg, le second représente sa partie immergée, elle est beaucoup imposante que la première voire même abyssale.

Le monde de la représentation est celui dans lequel nous vivons et où s'exerce notre quotidienneté consciente :
     . Les choses y sont perçues de manière claire et distincte,
     . Tout y est sensé, et orienté vers une signification ultime,
     . Nous vivons comme si notre conscience était animée par la liberté de choix.

Ce monde n'est cependant qu'un écran rassurant et une illusion :

     . Nous ne connaissons notre monde que par les représentations que l'on peut en avoir, on ne peut pas être sûr que les choses existent "en soi" ou si c'est seulement la représentation que nos sens et notre intellect perçoit (idée déjà exprimée par Descartes et Kant)

     . Notre monde paraît sensé mais en réalité, il est basé sur des notions sans fondement : ainsi, le principe de causalité n'est qu'une création humaine puisqu'on ne peut jamais parvenir jusqu'à une cause première ; de même, la chaine des "pourquoi ? " débouche sur un questionnement sans fin du type de l'œuf et la poule qui ne mène à rien

Le monde de la représentation n'est qu'une surface sous laquelle se trouve un autre monde, celui de la volonté du "vouloir vivre".  Le monde des idées claires et distinctes de l'intellect est conditionné par ce qui s'agite dans les souterrains. Cette puissance cachée, insaisissable, domine et submerge la conscience.

Le monde du vouloir, de la volonté, du vouloir vivre est un champ aveugle de forces, de pulsions et d'instincts qui n'a ni objectif, ni origine, il est indépendant du temps, de l'espace, de la raison, de la causalité..., il représente l'élan  vital qui fait pousser les plantes et fait vivre les animaux comme les hommes. C'est un élan universel vers la vie vers lequel se ruent toutes choses et êtres.

Le "vouloir vivre" sous-tend toute l'existence humaine et nous rend esclaves et malheureux :

     . La volonté pousse  les hommes à agir qu'ils aient des motifs rationnels ou non, la liberté humaine n'est qu'illusion, c'est le vouloir qui œuvre à notre insu. Nous ne sommes pas maîtres de notre volonté, c'est elle qui agit en nous.

     . La volonté agit sur les hommes en suscitant et en motivant les désirs et les envies, elle nous entraîne dans une chaine sans fin de désirs, nous n'aimons pas ce que nous avons et nous recherchons tout ce que nous n'avons pas. L'homme court sur un océan de chimères, ce qui fait naitre la frustration et la  souffrance et rend l'être malheureux.  Si on décide de maîtriser ses envies en tentant de se soustraire à la torture incessante de la volonté, nait un autre maux, l'ennui. Souffrance et envie caractérisent l'impact du vouloir-vivre sur l'être humain.

Ce conflit entre l'illusion de la liberté  et la tyrannie de la volonté s'observe essentiellement  chez l'être humain, en effet, les plantes sont dépourvues de conscience, elles sont entièrement dominées par le vouloir-vivre et par l'élan vital, les animaux n'ont qu'une conscience limitée, seuls les hommes ont une conscience assez développée pour que ce conflit apparaisse vraiment.

Cette philosophie est aux antipodes des philosophes précédemment cités et des concepts que j’ai préalablement décrits : pour Shopenhauer, la connaissance de soi est illusoire, le libre choix et la liberté n'existent  pas, il est donc impossible de cheminer vers l'être en soi qui n'est aussi qu'une illusion, dans cette perspective, « le monde du paraître » est le seul qui soit abordable,  

Pourtant Shopenhauer indique qu'il existe une échappatoire possible à cette situation : rendre le vouloir vivre inopérant par l'expression artistique et surtout par une sagesse de détachement du monde du type de celle prônée par le bouddhisme.

A  suivre… prochain article, Les théoriciens de l'ombre : FREUD

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