PRINCIPES ET JUSTIFICATIONS THÉORIQUES DE LA LIBERTÉ EN SOI Suite de l’article précédent
LES
RÉFÉRENCES PHILOSOPHIQUES
LES
THEORICIENS DE L’OMBRE
SHOPENHAUER
Le monde de la représentation est celui dans lequel nous vivons et où s'exerce notre quotidienneté consciente :
. Les choses y sont perçues de manière
claire et distincte,
. Tout y est sensé, et orienté vers une
signification ultime,
. Nous vivons comme si notre conscience
était animée par la liberté de choix.
Ce
monde n'est cependant qu'un écran rassurant et une illusion :
. Nous ne connaissons notre monde que par
les représentations que l'on peut en avoir, on ne peut pas être sûr que les
choses existent "en soi" ou si c'est seulement la représentation que
nos sens et notre intellect perçoit (idée déjà exprimée par Descartes et Kant)
. Notre monde paraît sensé mais en
réalité, il est basé sur des notions sans fondement : ainsi, le principe de
causalité n'est qu'une création humaine puisqu'on ne peut jamais parvenir
jusqu'à une cause première ; de même, la chaine des "pourquoi ? "
débouche sur un questionnement sans fin du type de l'œuf et la poule qui ne
mène à rien
Le
monde de la représentation n'est qu'une surface sous laquelle se trouve un
autre monde, celui de la volonté du "vouloir
vivre". Le monde des idées
claires et distinctes de l'intellect est conditionné par ce qui s'agite dans
les souterrains. Cette puissance cachée, insaisissable, domine et submerge la
conscience.
Le
monde du vouloir, de la volonté, du vouloir vivre est un champ aveugle de
forces, de pulsions et d'instincts qui n'a ni objectif, ni origine, il est
indépendant du temps, de l'espace, de la raison, de la causalité..., il
représente l'élan vital qui fait pousser
les plantes et fait vivre les animaux comme les hommes. C'est un élan
universel vers la vie vers lequel se ruent toutes choses et êtres.
Le
"vouloir vivre" sous-tend
toute l'existence humaine et nous rend esclaves et malheureux :
. La volonté pousse les hommes à agir qu'ils aient des motifs
rationnels ou non, la liberté humaine n'est qu'illusion, c'est le vouloir qui œuvre
à notre insu. Nous ne sommes pas maîtres de notre volonté, c'est elle qui agit
en nous.
. La volonté agit sur les hommes en
suscitant et en motivant les désirs et les envies, elle nous entraîne dans une
chaine sans fin de désirs, nous n'aimons pas ce que nous avons et nous
recherchons tout ce que nous n'avons pas. L'homme court sur un océan de chimères, ce qui fait naitre la frustration et la souffrance et rend l'être malheureux. Si on décide de maîtriser ses envies en
tentant de se soustraire à la torture incessante de la volonté, nait un autre
maux, l'ennui. Souffrance et envie caractérisent l'impact du vouloir-vivre sur
l'être humain.
Ce
conflit entre l'illusion de la liberté
et la tyrannie de la volonté s'observe essentiellement chez l'être humain, en effet, les plantes
sont dépourvues de conscience, elles sont entièrement dominées par le
vouloir-vivre et par l'élan vital, les animaux n'ont qu'une conscience limitée,
seuls les hommes ont une conscience assez développée pour que ce conflit
apparaisse vraiment.
Cette
philosophie est aux antipodes des philosophes précédemment cités et des
concepts que j’ai préalablement décrits : pour Shopenhauer, la connaissance
de soi est illusoire, le libre choix et la liberté n'existent pas, il est donc impossible de cheminer vers
l'être en soi qui n'est aussi qu'une illusion, dans cette perspective, « le monde du paraître » est le seul
qui soit abordable,
Pourtant Shopenhauer
indique qu'il existe une échappatoire possible à cette situation : rendre le vouloir vivre
inopérant par l'expression artistique et surtout par une sagesse de détachement
du monde du type de celle prônée par le bouddhisme.
A suivre… prochain article, Les théoriciens de
l'ombre : FREUD
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