LES
RÉFÉRENCES PHILOSOPHIQUES Suite de l’article précédent
LES THEORICIENS DE LA LUMIERE
KANT (1)
Philosophe
des lumières du 18ème siècle, Kant occupe une place particulière du fait de son
interprétation des thèses philosophiques que je viens de décrire chez Platon et
Descartes : il a explicité la manière dont s'effectue la quête de la connaissance
en tant que telle et déterminé une théorie méthodologique que l'on peut parfaitement
adapter à l'objet de ma recherche, la connaissance de soi
Pour
cela, Kant va utiliser l'outil par excellence du siècle des lumières, la
raison. En ce sens, il convient de rappeler que le cheminement par la voie de
la raison est contenu implicitement dans les œuvres de Platon et explicitement
dans celles de Descartes ; par contre, cette idée est en totale opposition avec
Shopenhauer et Freud qui pensent, comme je le spécifierai ensuite, que la
raison n'est qu'une illusion rassurante du monde de la représentation et de la
conscience.
Le
but de Kant n'est cependant pas de définir la connaissance de soi, elle est beaucoup
plus de poser la question de savoir si la métaphysique est ou non une science.
C'est dans cette perspective qu'il va établir la manière dont l'être humain
accède à la connaissance scientifique et donc quel cheminement il va employer
pour affirmer que, par exemple, du fruit qui tombe de l'arbre, on peut en
déduire la théorie de la gravité universelle.
Ce
cheminement comporte trois phases :
1- au départ de la démarche, se trouvent les
constats émanant du monde sensible, ils se composent d'une multitude
d'informations sans aucune logique, c'est un fouillis que le sujet perçoit par
ses sens et ses observations.
2- l'esprit (l'entendement) va donner à ces
informations brutes une première mise en forme grâce à des cadres comme
l'espace-temps, la quantité, la qualité... Ces cadres sont appelés par Kant les
"intuitions en soi" ; elles ne naissent pas spontanément au contact du
monde sensible, elles sont seulement activées par ces contacts ; elles sont
donc en nous bien avant toute observation. Comme elles sont universelles à
l'espèce humaine, elles ne peuvent provenir de notre propre esprit, elles sont
en nous comme en tout être humain et sont qualifiées d'"à-priori".
Ainsi, selon Kant, les " intuitions en soi" commencent une première
classification des informations du monde sensible.
3- une fois cette structuration des données
brutes établie, l'esprit a recours à d'autres cadres comme la causalité que Kant
appelle " concepts en soi" ; à la différence des "intuitions en
soi" qui sont en liaison avec le monde sensible, les "concepts en
soi" sont essentiellement intellectuels, ils ne dépendent pas de l'expérience et ne
sont que les outils de l'intellect et constituent l'outil raison proprement
dit. Comme les "intuitions en soi", ils sont universels et présents
en nous antérieurement à toute recherche de connaissance.
4-
une fois la théorie déterminée par l'outil-raison, il faut effectuer diverses
expériences afin de la vérifier et d'établir sa véracité.
Ainsi se définit une démarche qui passe des données brutes du monde sensible aux classements effectués par les " intuitions en soi" et les "concepts en soi" de la raison (2)
Il convient cependant de noter que Kant établit deux limites à la connaissance :
- d'abord, nous ne pouvons constater que
ce que nos sens perçoivent, on ne connaît que ce que Kant appelle
"phénomène" ; les "choses en soi" nous sont à jamais
cachées. Pourtant, même à partir des phénomènes, il est possible d'en avoir une
"intuition en soi" universelle grâce aux à-priori qui sont en nous.
- d'autre part, ces éléments à-priori ne
sont pas des outils qui sont toujours à notre disposition, ils sont latents en
nous et ne se mettent en œuvre que par les sollicitations de notre esprit. Une
expérience sans concepts purs ne mène à rien de même que l'utilisation des concepts
purs sans lien avec le monde sensible ne produit que du vide.
Cette
méthodologie de la connaissance de soi corrobore parfaitement ma démarche du
cheminement par la voie de la raison vers les valeurs de "l'être en
soi" prélude à la connaissance de soi,
. L’expérience de la vie crée en nous des « phénomènes »
. Ces « phénomènes » sont traités
par le double système des « intuitions en soi » puis des « concepts
en soi », ce qui suscite l'émergence
puis le tri des valeurs de son être
. Enfin, ces valeurs doivent mise en concordance avec soi-même dans la
gestion de ses actes quotidiens.
Il
est enfin à remarquer qu'en ce qui concerne le domaine de la connaissance, Kant
établit une sorte de synthèse entre les pensées de Platon et de Descartes :
. Les intuitions et concepts en soi par
leur côté à-priori évoquent les idées pures platoniciennes,
. L'utilisation de la raison pour acquérir
toute connaissance est commune aux pensées de Kant, Descartes et Platon.
1- Cf la critique de la raison pure.
2-
pour élaborer cette théorie, Kant va appliquer son schéma aux différentes
sciences :
- la logique n'utilise que les
"concepts en soi" puisque c'est l'utilisation de la raison sans
objet.
- les mathématiques utilisent les
"intuitions en soi" (exemple 2+2=4) pour les théoriser au moyen de la
raison
- la physique nécessité l'utilisation de
la démarche complète.
Ces
théories établies, Kant se pose la question qui sous-tend son ouvrage, la
métaphysique est-elle une science ? Elle ne fonctionne que selon les
"concepts purs" de la raison qui va au-delà de toute expérience, la
raison s'y applique à elle-même, elle croit avoir affaire à des objets réels,
ce qui n'est pas le cas ; en conséquence, il est impossible de résoudre des
questions telles que l'existence de Dieu, l'éternité de l'âme...
A
suivre… prochain article, Les
théoriciens de l'ombre : SHOPENHAUER
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