PROLOGUE : "LIBERTÉ EN SOI" ET LIBERTÉ SOCIALE
"
Je suis libre, je fais ce que je veux" combien de fois, ai-je entendu
cette phrase proclamée à tous propos, combien de fois aussi ai-je constaté que
cette allégation n'était utilisée pour exprimer son égocentrisme et son
narcissisme et justifier n'importe quel
comportement ! Combien de fois également ai-je remarqué que la revendication
indue de sa totale liberté va de pair avec les maux de notre société : irrespect,
incivilité et impolitesse individualisme, incivisme, indifférence qui eux-mêmes
sont le fruit d'un monde dont la déliquescence sociale est le fruit de la perte
de toute valeur. Dans cette perspective, le "je suis libre, je fais ce que
je veux" a pour corollaire un aphorisme du type " seule compte ma
personne, tout le reste m'importe peu" qui constitue la base d'un
individualisme destructeur.
Revendiquer
sa liberté ne veut cependant pas dire "être libre" : c'est d'ailleurs
là que se pose le problème de la véritable signification du terme de liberté.
Pour
moi, la liberté comporte deux faciès
différents l'un de l'autre : la liberté de "l'être en soi" (liberté
ontologique) et la liberté sociale.
On
pourrait penser que ces notions sont si semblables que les différencier est
totalement artificiel. Pourtant les différences entre ces deux formes de
liberté sont essentielles pour qui veut comprendre la manière dont s'exprime la
nature de l'homme :
. Au niveau de liberté en soi,
on se trouve face à soi-même, sans autres entraves que les limitations que l'on
s'impose á soi-même, tandis qu'au niveau
de la liberté sociale, les règles sont fixées par la communauté rassemblant les individus pour
établir les codes de vie et où chacun a théoriquement sa part décisionnelle.
. Au niveau de la liberté sociale, les
notions de bien et de mal deviennent fondamentales, ce qui n'est pas le cas
lorsque l'on se place dans la perspective de la liberté ontologique. Chacun se
fixant à soi-même ses propres critères, et ses valeurs personnelles, il ne peut
y avoir une dichotomie bien-mal face à soi-même.
Il existe néanmoins une étroite corrélation entre ces deux formes
de liberté qui apparaissent intimement mêlés :
. Le sens que l'on donne librement,
individuellement et personnellement à ses propres valeurs induit les
comportements sociaux que l'on mettra en
œuvre.
. Les expériences et les liens sociaux
pourront amener chacun à faire évoluer ses propres concepts de valeurs.
Le
dualisme liberté ontologique-liberté sociale est donc un concept mouvant qui
évolue par interaction entre les valeurs de l'être et les comportements
sociaux. Dans cette perspective, la
liberté ontologique n'a rien à voir avec le " je suis libre, je fais ce
que je veux" qui sert de base à notre société. On le verra d'ailleurs,
cette liberté factice, stupide et
irrationnelle n'a aucun rapport avec cette liberté de l'être dont il convient
maintenant d'entamer la description.
Pour
moi, la "liberté en soi" peut se définir par un aphorisme simple :
face à une situation donnée, j'accomplis tel ou tel acte et je sais pourquoi je
l'accomplis en mettant en œuvre les valeurs que j'ai librement choisies et qui
guident ma vie au moment de mon acte.
Encore
faut-il connaître les valeurs qui permettre
d'être libre, cela implique une méthodologie introspective que j'ai
appelé la méthodologie du tiroir.
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