La communion solennelle, effectuée à l’âge de 12ans représentait à la fois une apothéose et l'avant dernière étape de l’enseignement dispensé aux enfants par l’église. Les canons ecclésiaux prévoyaient en effet une cérémonie supplémentaire, celle de la confirmation, effectuée à 13 ans qui permettait aux adolescents de renouveler les vœux du baptême, manifestant ainsi que, désormais, ils adhéraient de leur pleine volonté et en toute connaissance de cause à l’engagement pris en leurs noms par leurs parents et parrains/marraines. Cette étape avait cependant beaucoup moins d’importance que la communion solennelle.
La préparation de la communion solennelle était l’occasion pour l’église d’effectuer une remise à niveau et de tenter une synthèse de tout ce qui avait été appris pendant les années de catéchisme ; c’était le but de la retraite de communion qui durait trois jours dont un jeudi ; cela conduisait les parents à demander à l’instituteur de faire vaquer l'école à leurs enfants pendant deux jours, ce qu'il n'acceptait qu'en maugréant. Cette retraite s’effectuait soit dans les locaux de la paroisse, soit dans des lieux particuliers marqués par une grande spiritualité comme les séminaires, soit même hors de son village et en internat, les colonies paroissiales étant privilégiées pour cet objectif. Les garçons et les filles étaient, bien entendu, séparés.
La retraite de communion, outre son aspect religieux, participait à la constitution des classes d’âge ; les jeunes qui y participaient avaient grandi ensemble, ils étaient ensemble à l’école, au catéchisme et au patronage, ils allaient aussi ensemble à la « colo du curé » ... la retraite de communion, donnait aux jeunes l’occasion de se retrouver et de renforcer encore la sensation d’appartenance à un groupe soudé et cohérent. Ce groupe se disjoignait ensuite lorsque la plupart gagnait le monde du travail mais il se formait à nouveau lors du conseil de révision, pendant les « trois jours » et lors de toutes les festivités où garçons et filles se retrouvaient en constituant ce qui s’appelait désormais «la classe »
Pendant les trois jours que durait la retraite de communion, les prières, les messes et les séances de catéchisme alternaient avec les jeux permettant quelque détente.
La retraite de communion était suivie d’un examen des connaissances religieuses avec des questions du type « quels sont les sept sacrements, les dix commandements, les sept péchés capitaux.. » cet examen était noté, le classement qui s’en suivait était d’une grande importance car la note obtenue déterminait la place qui serait attribuée à chacun le jour de la communion ; les communiants étaient placés sur chacun des côtés de l’allée centrale, les filles d’un côté, les garçons de l’autre. Ceux qui avaient réussi l’examen se trouvait en avant, les autres étaient répartis selon leur classement jusqu’au fond de l’église en sorte que tous les paroissiens pouvaient constater le niveau de chacun.
A suivre