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samedi 7 janvier 2017

… SOUVENIRS DES ANNEES 1950-60 : l’encadrement religieux de la société (3)


suite des articles précédents

La messe de 11h était qualifiée de « grand-messe » ou de  messe solennelle, elle était chantée avec la présence de la chorale accompagnée de l’orgue. Il n’y avait pas de bancs pour les enfants, ceux-ci accompagnaient leurs  parents, les plus jeunes garçons et les filles restaient avec leur mère dans les bancs des femmes, les plus grands garçons s’asseyaient du côté des hommes.

Nous n’allions que très rarement à ces messes solennelles qui étaient plutôt réservées aux adultes. À chaque fois que je m’y rendais, j’étais frappé par la magnificence de la cérémonie. J’étais tout d’abord saisi dès la première mesure de l’introït que jouait l’orgue de manière quasi tonitruante. C’est à ce moment qu’arrivait en procession la cohorte des enfants de chœur derrière la croix que portait l’un d’entre eux ;  la procession  commençait par les plus petits qui portaient  une aube rouge et un surplis blanc. Selon moi, ils ne servaient pas à grand-chose sinon à faire de la figuration, puis s’avançaient les plus grand en aube blanche, puis les deux servants, déjà des adolescents, qui assistaient le prêtre et enfin suivait le curé. Les deux assistants du curé participaient au déroulement de la messe, ce sont eux qui agitaient les clochettes lors de l’eucharistie, tenaient la patène lorsque le prêtre distribuait la communion, encensaient les fidèles...

Le prêtre portait les mêmes ornements que pour les autres messes mais ils paraissaient encore plus somptueux dans ce décor où tout s’entremêlait, la musique et les chants, les lumières vacillantes des cierges, la solennité de la procession... Tout contribuait à créer une ambiance quasiment irréelle et magique. Cette messe était entièrement chantée : aux phrases rituelles psalmodiées par le curé, répondaient les chants de la chorale. On semblait se trouver à mi-chemin entre le monde des hommes et le monde céleste.

Cette impression était encore renforcée lors du sermon ; alors que pour la messe des enfants, le curé prêchait devant la table d’autel en regardant les enfants, pour la messe solennelle il le faisait en chaire d’où il dominait l’assistance. C’était très impressionnant : le prêtre se muait pour quelques instants en interprète de la parole de Dieu, presque son parangon.

Je me suis longtemps  demandé pour quelles raisons ces messes solennelles étaient empreintes d’une telle majesté qui impressionnait les fidèles ; je ne l’ai compris que bien plus tard en particulier en étudiant la vie de saint François d’Assise qui témoignait d’un questionnement sur la finalité du rôle de l’église : l’église doit-elle être riche et puissante à l’image de la puissance de Dieu ou doit-elle être pauvre à l’image de la pauvreté du Christ ? Il n’y avait aucun doute que c’était la première alternative qui était alors privilégiée. Les cérémonies avaient pour but de frapper les esprits, de les émerveiller de toucher leur sensibilité et par ce biais, de  les amener à croire.

A cette époque, la notion de foi n’était qu’un concept assez vague que le curé ne définissait pas, l’essentiel pour l’église était, selon ce que j'observais,  de vivre en bons chrétiens et de  respecter  les règles morales et les rituels imposés par l’église ;  il fallait essayer de ne pas faire trop de péchés pour mériter le salut et si nécessaire de se les faire absoudre par la confession et la pénitence. La foi était un sentiment beaucoup plus profond émanant de l'être humain lui-même sans nécessaire corrélation avec les cérémonies voulues par l'église.

On raconte souvent qu’il existait un comportement différent des hommes et des femmes à propos de la messe. Un adage très communément employé était «  les femmes à la messe, les hommes au bistrot ». Je ne sais pas si cet adage correspondait à la vérité mais on nous le faisait croire : près des églises se trouvait généralement un bar fort animé le dimanche matin, on nous disait que ce bar était un lieu de péché  et qu’il ne fallait jamais y aller sous peine de perdre son âme.

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