LA GERIA
La Geria se trouve aux pourtours immédiats des formes volcaniques de l’éruption de Timanfaya. Autant on peut être impressionné par le spectacle minéral qu’offre les paysages de Timanfaya, autant on peut admirer, en parcourant la Geria, la surprenante capacité de l'être humain à trouver les moyens de s’adapter aux conditions naturelles si difficiles qu’elles soient.
L’homme chassé de la zone de l’éruption par des forces plus puissantes que lui, ne s’avoua pas vaincu, Il s’installa à la périphérie du massif et y fit renaître sa civilisation. Dans cette zone de la Geria se trouvent de nombreux villages composés de petites maisons cubiques étincelantes de blancheur
Les paysages ne semblent pourtant guère propices à la présence de l’homme, le sol se compose d’une couche de cendres volcaniques disposée par le vent au-dessus du sol primitif. Bien entendu, Il n’est pas question de planter des céréales comme autrefois mais de cultiver une plante qui pouvait s’adapter à ces nouvelles conditions : ce fut la vigne.
La photo ci-contre montre les techniques employées : on creuse un entonnoir dans la cendre pour retrouver le sol primitif, on plante la vigne au fond de cet entonnoir et on le protège des nouveaux apports éoliens en créant de petits murets de pierres.
Au fil du temps, les habitants constatèrent que ce système cultural au fond d’un entonnoir de cendres avait beaucoup d’avantages ; la cendre en effet possède deux qualités précieuses :
. Elle peut servir de régulateur thermique en cas de froidure,
. Surtout, elle conserve l’humidité de l’air et de la rosée ce qui permet de suppléer à l’aridité du climat.
La production de vin est certes peu importante mais le vin était apprécié en particulier par les anglais ; les habitants de l’île aiment à rappeler que le vin de Malvoisie était, selon Shakespeare, la boisson préféré de Falstaff.
Ainsi, malgré sa petitesse et sa faiblesse face à la puissance des forces naturelles, l'homme fut capable, par son ingéniosité et son opiniâtreté, de les adapter à son avantage.
Cette forme d’agriculture était très contraignante et nécessitait beaucoup de travaux, elle déclina dès qu’il fut possible d’irriguer grâce à la construction des usines de déstalinisation ; de nombreux entonnoirs sont délaissés, en particulier ceux qui se trouvent sur les flancs des cônes volcaniques.
Pourtant, l’expérience du passé ne fut pas oubliée : en remontant vers le nord, se trouve une région infertile couverte de sable éolien, appelée le RABLE. A l’état naturel, le sol n’est couvert que d’une maigre steppe. Pour créer des parcelles de cultures, les Lanzaroti vont les recouvrir de cendres volcaniques qu’ils vont chercher sur le flanc des montagnes, ces parcelles sont entourées de murets protecteurs. Il est alors possible de cultiver en irriguant.
Dans cette zone, le contraste est frappant entre le sol ocre des steppes et les parcelles de couleur noire sur lesquelles apparaissent les taches vertes des alignements de cultures.
Une nouvelle fois, on ne peut qu’admirer l’extraordinaire capacité de l’homme à s’adapter à son cadre naturel, même dans les situations les plus difficiles.