A l’extrême fin du 19e siècle et au début du 20e, apparaît en Lettonie une architecture qui n’a pas non plus de racines culturelles lettone :
le JUGENDSTIL (Art Nouveau) dit
ECLECTIQUE. Les maisons de ce style sont nombreuses à Riga, en particulier dans les nouveaux quartiers lotis après la destruction des remparts. Les immeubles les plus élaborés sont ceux des rues Alberta et Elisabete.
L'édifice du 8 de la rue Alberta fut construit en 1903 par le plus célèbre des architectes de l’art nouveau éclectique à Riga, le russe Mihail Eizenstein.
La partie surmontant le premier niveau est significative du Jugendstil :
. Au centre est construit un oriel qui permet d’introduire les lignes courbes dans cette façade, Cet oriel est surmonté d’une fenêtre demi-elliptique puis d’un attique où dominent également les formes courbes.
. De part et d’autre du corps central, des colonnes engagées structurent l’espace ; entre les colonnes, se trouvent les fenêtres étagées bordées d’un encadrement de briques bleues qui font ressortir la structure d’ensemble.
Outre l’utilisation de la ligne courbe au niveau du corps central, ce qui caractérise cette maison est l'étrangeté des décorations sculptées qui comportent de nombreuses connotations symboliques et peu explicites. J’en ai représenté quelques exemples sur la photo ci-dessus :
. Les chapiteaux des colonnes sont composés de masques de femmes sculptés (1) évoquant les masques du théâtre antique mais aussi ceux de Chine et du Japon ; leurs cheveux font penser à un décor végétal ; la colonne est décorée de traits verticaux qui figurent un arbre stylisé
. Le soubassement de l’oriel montre une autre caractéristique : les piliers centraux de la porte principale se terminent en troncs d’arbres dont les branches contournées portent des feuillages (2).
. Les motifs, qui séparent en élévation les fenêtres, comportent des masques grimaçants, surmontés d’arbres stylisés aux branches torses et de fleurs dont les pétales forment des carrés (3)
. Enfin, la partie supérieure de l’oriel central comporte une profusion de sculptures avec, de bas en haut, un visage ressemblant à celui d’un faune (4) encadré de deux têtes portant la coiffe nemès. Au-dessus de la tête du faune, émerge un tronc stylisé (5) qui se subdivise en branches portant des feuillages. Enfin, comme en surimpression, est sculptée une volute (6) comportant en son centre un visage de lion.
Cette maison construite par M Eizenstein comporte, selon moi, deux caractéristiques qui permettent de définir le Jugendstil de Riga :
. La surcharge architecturale faisant une large part aux formes courbes se surimposant à une structure de base marquée par un néo-classicisme simple et géométrique (colonnes engagées rythmant la façade et balustrade de faîte).
. L’utilisation d’ornementations symboliques qui associe des éléments stylisés représentant la nature et des visages humains traités de manière classique ou grotesque.
Ces deux caractéristiques s’appliquent à la quasi-totalité des maisons construites au tout début du 20e siècle ; cependant, en parcourant les rues de la ville, on peut constater que chacune possède un style qui lui est propre et témoigne de l’étonnante diversité du Jugendstil comme si chaque architecte tentait de le renouveler en y apportant ses propres conceptions et d'exprimer sa puissance créatrice.. Lors d’être un art figé, le Jugendstil de Riga témoigne d’une grande diversité comme en témoigne la description des deux maisons qui vont suivre dans l’article suivant.
A suivre...