La LOCALISATION et L’ASPECT D’ENSEMBLE du château de FALKENSTEIN corroborent exactement les caractéristiques que j’ai mentionnées dans les trois articles précédents : il est établi sur un éperon dominant une voie secondaire de communication reliant Haguenau à Bitche. Cette route, actuellement la D1062, emprunte la vallée de la Zizel du Nord, un sous-affluent du Rhin, puis elle redescend vers le plateau lorrain ; elle existait probablement déjà aux époques celtiques et romaines.
La photo aérienne montre la même organisation de l’espace que celle décrite à Dabo :
1 falaise de grès retaillée pour en rendre l’escalade impossible.
2 partie laissée plane lors du façonnage de la falaise afin de créer une basse-cour servant de lice. Au niveau de cette basse-cour, sont creusées dans la falaise, des salles troglodytes.
3 haut château établi sur l’étroite crête du promontoire.
4 chemin d’accès au promontoire bordé de salles troglodytes.
L’HISTOIRE DU FALKENSTEIN A L’ÉPOQUE MÉDIÉVALE comporte toutes les phases précédemment décrites dans les articles d’introduction :
Phase de conflit entre les puissances territoriales voisines pour la suzeraineté du château
Le château fut construit par le comte Pierre de Lutzelbourg, un vassal de l’évêque de Metz. Lorsqu’en 1142 où 1143, son fils mourut sans héritier direct, ses possessions revinrent de droit à son suzerain qui était aussi son parent le plus proche, Étienne de Bar, évêque de Metz ; celui-ci l’inféoda à un de ses fidèles.
Cela ne faisait pas l’affaire du duc de Lorraine qui guignait ce comté afin d’agrandir ses possessions vers l’Est et décida de l’envahir. Étienne de Bar fit alors appel à l’empereur Hohenstaufen, Frédéric Barberousse et chassa les lorrains du comté. L’évêque de Metz récupéra son comté mais le château de FALKENSTEIN revint à l’empereur qui le donna en fief impérial au comte de Saarwerden
Établissement d’un ministériel et montée en puissance de celui-ci
Selon la formule habituelle, le comte de SAARWERDEN, établit à Falkenstein un ministériel. Peu à peu, celui-ci s’émancipa et prit le nom du château.
Partage du château
Afin de contrer ceux qui sont devenus les sires de Falkenstein, les comtes de Saarwerden décidèrent de nommer d’autres ministériaux, ce furent d’abord les BRONN (en garde du château de Wasenbourg, vassaux des Lichtenberg) puis les WINSTEIN (fief impérial). Chacune de ces trois familles se partagea les revenus de la seigneurie ainsi que l’étroite crête sommitale constituée par le sommet de l’éperon rocheux de Falkenstein où ils y construisirent trois châteaux séparés. Il ne semble pas que ces cessions aient été dues à des gagières.
Pour résoudre les conflits entre les trois familles, il fallut rédiger une Burgfriede (paix castrale) en 1335. Elle comportait trois dispositions principales :
. Chaque seigneur devra payer un valet d’armes pour assurer la garde du château,
. Ils nommeront un « Baumeister » qui sera chargé de l’entretien et des réparations à effectuer.
. Il sera possible aux comparsoniers de louer leur partie du château (ce qui semble indiquer qu’ils n’habitent pas le château, à l’exception probable des Falkenstein) ; la Burgfriede précise les tarifs : pour quatre jours, un seigneur devra payer quatre livres strasbourgeoise et une arbalète neuve ; par contre, un simple chevalier ne paiera qu’une livre et une arbalète.
Guerre féodale et prise de possession par un autre seigneur qui revendique son indépendance envers toute sujétion
La dernière étape de l’histoire médiévale du château de FALKENSTEIN correspond à la mainmise progressive du château par la famille des LICHTENBERG, une puissante seigneurie primitivement vassale de l’évêque de Metz et suzerain des BRONN, déjà possesseur d’un tiers du château
En 1377, les FALKENSTEIN entrèrent en conflit avec les Lichtenberg, le château est pris et incendié, les Falkenstein gardèrent leur part de la seigneurie mais ils furent obligés de faire allégeance au sire de Lichtenberg. Le château de Falkenstein fut alors, de fait, dans l’orbe féodale de ce dernier comme il est mentionné sur la carte ci-contre.
C’est au début du 16e siècle que les Sires de Lichtenberg obtiendront la totale suzeraineté sur la seigneurie par désengagement des Saarwerden.
En 1564, le château sera incendié par la foudre et laissé à l’abandon.
La destruction totale du château sera le fait des français lors de la prise de contrôle de l’Alsace par le roi de France afin d’empêcher toute velléité d’indépendance des seigneurs alsaciens.
Prochain article : UNE PROMENADE- DÉCOUVERTE DU CHÂTEAU