REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
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Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

mercredi 20 février 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (19) : LUTZELSTEIN (LA PETITE PIERRE)


TROISIÈME PHASE : L’ÉPOQUE DES COMTES PALATIN.

Cette époque est particulièrement difficile à rendre compte,  tant les partages successoraux survenus dans la famille Wittelsbach compliquent la situation : de multiples branches apparaissent lors de ces partages  et disparaissent lorsque ces branches n’ont plus d’héritier mâle. Ce qui complique les choses est que chacun des les membres de la dynastie portent  le titre de « comte Palatin du Rhin » auquel est accolé le lieu de leur seigneurie principale. Pour bien saisir cette particularité, il convient de se référer au titre en allemand « Platzgraf bei Rhein au Weldenz » que l’on peut traduire par «comte Palatin du Rhin pour Veldenz » ; ce sera ce titre que portera celui qui fera de Lutzelstein sa résidence favorite GEORGES-JEAN (1543-1592).

A la mort de ROBERT, (1410) (voir article précédent), le quart de la seigneurie de Lutzelstein fut donné à son fils cadet ÉTIENNE (1410-1444) qui unissait sous son autorité de comte Palatin, le duché  de Zweibrücken (Deux-Ponts) entré dans la famille en 1394, le comté de Simmern et le comté de Veldenz (que lui apporta sa femme avec d’autres terres).

Comme le montre le croquis généalogique simplifié ci-dessous, le fils aîné de ROBERT,  LOUIS, prit le titre d’Electeur Palatin (1) ; ce détail aura de l’importance pour l’histoire ultérieure de la seigneurie de Lutzelstein.

A son tour, ÉTIENNE divisa ses possessions en deux parties pour ses deux fils :
    . L’ainé,  FREDERIC (1er), devint comte Palatin de Simmern.
    . Le cadet, LOUIS (1er),  prit le titre de comte Palatin et reçoit le  duché de Zweibrücken et le comté  de Veldenz.

Les deux frères s’accordèrent en ce qui concerne le quart de la seigneurie de  Lutzelstein : elle entra dans la part de Louis mais il est probable qu’un accord ultérieur la laissa à Frédéric.

Cette mainmise du comte Palatin sur Lutzelstein ne pouvait plaire aux fils de Burckhart qui intriguèrent avec ses  ennemis. Cela conduisit Louis puis Frédéric à intervenir, ils s’emparèrent du château et en dépossédèrent les enfants de Burckhart ;  désormais, la totalité de la seigneurie de Lutzelstein fut contrôlé  par les comtes Palatin. Selon moi, il est probable qu’elle fit désormais partie de la part des comtes de Simmern jusque 1559

À cette date,  la situation des diverses branches palatine avait évolué comme suit :
     . La dignité d’Electeur Palatin et les terres y afférentes donnée à LOUIS 1er (cf croquis généalogique) devint vacante par la mort de son  dernier descendant sans héritier mâle. Un accord,  signé en 1553 à Heidelberg, capitale de l’électorat,  avait anticipé cette disparition et décidé de confier l’Electorat  à FREDERIC 3 comte Palatin de Simmern.
    . Il va de soi que  FRÉDÉRIC 3 dût se dessaisir de ses anciennes possessions :
          . Son frère GEORGES reçut le comté de Siemmern.
          . GEORGES-JEAN, déjà comte de VELDENZ  reçut le comté de LUTZELSTEIN.

QUATRIÈME PHASE, L’EPOQUE DE GEORGES JEAN (1544-1592)

Il me reste à montrer, au moyen du croquis généalogique, qui était GEORGES-JEAN. Une nouvelle fois intervint dans l’histoire du château de LUTZELSTEIN, la présence d’un ecclésiastique ayant  abandonné ses fonctions cléricales.

Depuis 1514, la charge de duc de ZWEIBRÜCKEN et de comte de VELDENZ appartenait à la troisième branche mentionnée dans mon croquis, celle du fils cadet d’ ÉTIENNE et était représentée par LOUIS 2. Celui-ci avait un frère cadet ROBERT qui devint chanoine, entre autre, dans le chapitre cathédral de Strasbourg. En 1529, il quitta l’église catholique pour se convertir au protestantisme, puis il se maria  et eut un fils GEORGES JEAN, né en 1543.

Lorsque survint la mort de son frère, LOUIS (2), ROBERT devint le régent de son neveu WOLFGANG encore en bas âge, celui-ci, pour le remercier, lui fit don, par le pacte de Marburg de 1543, du comté  de VELDENZ. ROBERT n’eut guère le temps de profiter de son comté car il mourut l’année suivante. GEORGES JEAN en hérita à ce moment puis devint, comme je l’ai écrit plus haut, comte de LUTZELSTEIN.

Dédaignant VELDENZ, GEORGES JEAN, comme son père de religion protestante,  s’installa au château de LUTZELSTEIN qu’il va reconstruire et aménager en résidence princière. Il décida alors de fonder une nouvelle capitale appelée PFALZBURG (PHALSBOURG actuellement) sur une de ses possessions excentrées, le bailliage de Elnharthausen. Cette ville nouvelle est située sur la route menant au col de Saverne et reliant la Lorraine et l’Alsace ; cela devait permettre au comte à la fois de contrôler cette route et de profiter de ses avantages. À une époque où les guerres de religion sévissaient, il voulut faire de sa ville un havre de paix et de tolérance. En 1583, elle comportait 1200 habitants. Faute d’argent, il ne put terminer sa tâche et dût vendre la ville au duc de Lorraine en 1583.


A sa mort, ses possessions sont divisées en deux : GEORGES GUSTAV devient comte de VELDENZ, son frère JEAN AUGUSTE prit possession du comté de LUTZELSTEIN. Comme tous les châteaux d’Alsace, il fut occupé en 1677  par les armées du roi de France, Louis 14.

(1) le titre d’ELECTEUR PALATIN avait été créé par l’empereur Charles 4 de Luxembourg qui édicta la « Bulle d’or » en 1536 afin d’organiser les modalités d’élection de l’empereur ; la Bulle d’or restreignait à 7 le nombre d’électeurs,

lundi 18 février 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (19) :LUTZELSTEIN (LA PETITE PIERRE)


Le château de LUTZELSTEIN (en français, LA PETITE PIERRE) est situé, selon le site habituel des châteaux de l’Alsace Bossue, sur un large promontoire dominant les collines des Vosges gréseuses.

HISTOIRE

L’Histoire du château de LUTZELSTEIN est à la fois complexe et originale, surtout dans ses troisième et quatrième périodes, avec la possession du château  par les comtes Palatin du Rhin ; cela me conduira à raconter en détail cette histoire, d’autant plus qu'elle aura une influence certaine sur l’aspect actuel de la citadelle.

PREMIÈRE PHASE : L’ÉPOQUE DES COMTE DE NORGAU

     . A l’origine du château, se  trouve Hugues 4, un puissant personnage qui fut comte de NORGAU de 970 à 1046 (un des deux comtés qui se partageaient l’Alsace à l’époque mérovingienne). Hugues  fit  construire le château d’EGUISHEIM dont il prit le nom ; en outre, il épousa l’héritière du comté de DABO, cumulant ainsi trois titres comtaux. Il est probable qu’il fit aussi édifier,  sur le promontoire de LUTZELSTEIN, un premier château.

    . Celui-ci est attesté en 1212. À cette époque, LUTZELSTEIN a changé de possesseur, il est passé par voie successorale  aux mains d’un cadet de  la famille des Blieskastel  et était sous la domination de Hugues 1er, déjà comte de Lunéville qui obtint de l’empereur le titre de comte de LUTZELSTEIN. C’est lui qui reconstruisit une première fois le château. Son fils Hugues 2, perdit son comté de Lunéville et ne conserva que celui de Lützelstein.

    . En 1223, les comtés de Lützelstein entrèrent en conflit avec l’évêque de Strasbourg, ils durent reconnaître la suzeraineté de l’évêque de Strasbourg.

 DEUXIÈME PHASE : LA PÉRIODE DE BURCKHART DE LUTZELSTEIN

La partie sans doute la plus rocambolesque de l’histoire du comté de Lützelstein se déroula après la mort de Frédéric de Lutzelstein au tout début du 14è siècle. Le seul membre mâle  de la famille encore vivant était son  frère BURCKHART DE LUTZELSTEIN. Devenu prévôt du grand chapitre des chanoines de Strasbourg, il était un membre important de la hiérarchie épiscopale.

Un peu avant la mort du comte de Lutzelstein, s’était produite une contestation dans l’évêché de Strasbourg à propos de  l’évêque Frédéric de Blankenheim, celui-ci s’était rendu si détestable qu’il fut obligé  de permuter son évêché de Strasbourg avec celui d’Utrecht dont l’évêque était Guillaume de Diest. Le pape donna son accord à cet échange. Cependant le chapitre des chanoines refusa de reconnaître Guillaume de Diest et  élit alors Burckhart de Lutzelstein évêque de Strasbourg (1393). Il s’en suivit un conflit entre les deux évêques qui se termina par la défaite de Burckhart. (1)

 C’est alors que survint la mort du comte de Lutzelstein. Guillaume de Diest, suzerain de la seigneurie  en tant que  Prince-Évêque de Strasbourg, décida de conférer la moitié du fief de Lützelstein à la sœur de Burckhart époux du comte de Linange.

Burckhart ne pouvait pas laisser faire, il demanda au pape l’autorisation de se marier pour avoir des enfants et ainsi pouvoir aspirer seul  à la totalité du comté. Pour réussir dans ses projets, il s’allia à ROBERT 3, COMTE PALATIN DU RHIN,  roi  élu de Germanie, et lui remis, contre son soutien, 1/4 du comté de Lützelstein. C’est ainsi que la puissante famille des comtes Palatin du Rhin devint partie prenante dans l’histoire du château de Lutzelstein.

Les pierres tombales de Burckhart et de  son épouse se trouvent dans l’église de Lutzelstein.

1 cf : Louis Laguille : histoire de la province d’Alsace .. 1727

mercredi 13 février 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (18) le HAUT BARR

PROMENADE DANS LA RUINES DU HAUT BARR (suite et fin)

La rampe d’accès au château débouche sur la basse-cour (M) ; à ce niveau, se trouve la chapelle et l’hostellerie (H)  construit en 1901 et établi à l’emplacement du logis dont  Matthaus Merian avait dessiné sur la gravure du 16è siècle.




Comme je l’ai précédemment mentionné, la chapelle (D) fut construite en deux temps, la nef romane, date du 12è  siècle ; par contre, le chœur est de style gothique final, il aurait été reconstruit  sous épiscopat de Jean de Lichtenberg (1580-1592).

 Le contraste est surprenant  entre le lumineux chœur gothique et  la nef romane sombre, constituée de grandes arcades supportant la voûte d’arêtes  Au 13è siècle, la chapelle, consacrée à saint Nicolas et à la sainte Trinité, devint un lieu de pèlerinage assorti de quarante  jours d’indulgence pour chaque pèlerin venant y prier. Derrière la chapelle s’élève la paroi du rocher oriental (E).

Au niveau de la basse-cour, une grosse tour plaquée sur la paroi nord faisait  partie des défenses de la paroi nord du château (mentionnée sur le plan présenté précédemment au numéro 18). Cette tour pourvue de bouches à canon sert actuellement de terrasse à l’hostellerie.



Par l’escalier adossé à la paroi du rocher central, on peut accéder au château primitif (C), il comporte encore la partie basse du logis ainsi que l’arasement rocheux qui devait supporter le donjon. Le rempart ayant ceint le château est encore visible sur la photo.

Après avoir traversé le pont du Diable, (B) on peut se rendre sur le rocher occidental  (A) dont subsiste encore la base du mur-bouclier protégeant le rocher central d’attaques venues de ce côté.

A l’horizon, au sommet  de la colline gréseuse, la photo révèle une tour, elle constitue le donjon du château de Grand Geroldseck. Le Haut-Barr était entouré de nombreux autres châteaux dont les seigneurs aspiraient, tout comme les évêques de Strasbourg,  au contrôle de la voie stratégique  Metz-Strasbourg passant par le col de Saverne.

Du haut, du rocher central, on dispose d’une vue d’ensemble sur la partie Est du château et sur la plaine d’Alsace que le château dominait.




LES ARTICLES CONCERNANT LE CHÂTEAU DU HAUT BARR COMPORTAIENT QUELQUES ERREURS, ELLES ONT ÉTÉ CORRIGÉES

Prochain article, le château de Lutzelstein, La Petite Pierre.

lundi 11 février 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (17) le HAUT BARR

LE CHÂTEAU ACTUEL

La vue aérienne montre que le puissant château que révélait la gravure de Merian n’est plus que l’ombre de lui-même. Portant, la ruine, telle que l’on peut la voir actuellement, permet encore de repérer les diverses articulations de la forteresse :


A le rocher du Markfels : il n’en reste que le mur-bouclier arasé.
B le pont d’accès au château entre le rocher occidental et le rocher central.
C le rocher central portant le logis principal et le donjon, on reconnaît parfaitement le logis ainsi que le rempart qui ceignait le château et l’emplacement du donjon.
D la chapelle, elle est parfaitement conservée, on peut en distinguer la nef romane et le chœur gothique.
E le rocher oriental on en distingue bien encore le rempart faisant face au logis du rocher central. Il comporte une grosse tour plaquée sur le rocher probablement construite postérieurement à l’époque médiévale.
F le bastion du Schnabel terminant le rocher oriental
G le bastion construit en contrebas du rocher oriental
H emplacement du logis construit sur la basse-cour, il n’en reste que des caves, à cet endroit a été construite une hostellerie de style néo-alsacien.
J tour du puits dont il ne reste plus qu’un seul étage, près de cette tour fut érigé un bâtiment ayant servi de corps de garde.
K porte d’entrée du 16e siècle bien conservée.
L  grosse tour protégeant primitivement la deuxième porte.
M porte d’entrée primitive dont il subsiste une arcade.

PROMENADE DANS LA RUINES DU HAUT BARR



L’entrée monumentale de style renaissance (K)  comportait  les armes de l’évêque Jean de Manderscheid martelées à la révolution. La porte était pourvue d’une herse et de deux assommoirs permettant de lancer des projectiles sur les assaillants. Derrière la porte, se profile la tour du puits (J).

Avant d’entrer dans la rampe d’accès au château, on peut apercevoir  le mur qui protégeait cette rampe, elle était défendue par la grosse tour pentagonale (L). Au-delà, se trouve la chapelle (D) remarquable par son chœur gothique construit sur la falaise elle-même qu’il fallut renforcer par un mur. Au-dessus de la chapelle s’élève le rocher oriental (E) surmonté de la base de son mur-bouclier.

Après avoir passé la porte du 16e siècle, on se trouve au niveau de la rampe d’accès, à cet endroit se trouvait le fossé et la deuxième porte. En haut de la rampe, subsiste l’arcade de la première porte (M), derrière se profilent les murs de la chapelle (D) ainsi que la paroi rocheuse du rocher oriental (E).



Sur cette photo, prise en haut de la rampe d’accès au château, on dispose d’une vue impressionnante sur le rocher central (C) et sur le logis primitif qui s’accroche sur la falaise. Pour accéder au logis primitif, il est nécessaire d’emprunter un escalier en pente raide agrippé à la falaise. Cette photo montre également, au premier plan, l’emplacement du fossé primitif et la base de la tour du puits (J) jouxtant la maison du corps de garde.

Prochain article : suite de la promenade dans le château du Haut-Barr

samedi 9 février 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (16) le HAUT BARR

DESCRIPTION DU CHÂTEAU (Suite)

Les aménagements postérieurs à l’époque romane datant des 14è et 15è siècles, consistent en un premier renforcement des moyens de défense :
     . Une tour du puits (8)  est construite en avant de la falaise rocheuse. La profondeur du puits est inconnue. Il  devait utilement compléter les citernes existantes.
      . Une deuxième porte (9) est aménagée au milieu de la rampe d’accès au château, cette porte était défendue par une grosse tour ronde (10) et par un rempart qui se raccrochait à la falaise . En avant de la porte, se trouvait un  fossé pourvu d’un pont-levis (11).
      . Une abside gothique est ajoutée à la chapelle romane (12).
      . Des remparts sont érigés au niveau de la basse-cour (13)  et à celui du rocher oriental dans le prolongement du rempart roman (14)

Les 16è et 18è siècles amenèrent de nouveaux aménagements des défenses du château.
   . L’entrée du château est à nouveau modifiée au 16è siècle avec la création d’une troisième porte (15)  de style renaissance ;  elle est incluse dans un rempart en L qui se raccrochait d’une part à la falaise et d’autre part à la grosse tour ronde qui fut réaménagée pour lui donner une forme polygonale.
    . Une tour basse est ajoutée (16) afin de protéger l’intervalle entre le rocher occidental  et le rocher central
   . L’extrémité du rocher oriental est renforcée avec création d’un bastion, le bastion du Schnabel (17).
   .  Les parties nord et est de la basse-cour ont été considérablement renforcés avec :
          . Construction d’une grosse tour nord adossée au rempart (18).
          . Aménagement d’un bastion oriental (19).
          . Construction d’une ligne continue de rempart au niveau de la falaise nord (20) reliant la grosse tour Nord et le bastion oriental
    . Enfin, il est probable que la partie centrale  de la basse-cour devait être occupée par le logis seigneurial (21). A cet endroit, se trouve actuellement une hostellerie  néo-gothique.

L’ASPECT DU CHÂTEAU DU HAUT-BARR sur une gravure de MATTHAUS MERIAN (16è)

Cette gravure permet à la fois de se figurer l’aspect du château et de retrouver les différents éléments mentionnés plus haut :

A le rocher du Markfels.
B le pont d’accès au château entre le rocher occidental et le rocher central.
C le rocher central portant le logis principal et le donjon.
D la chapelle.
E le rocher oriental
F le bastion du Schnabel terminant le rocher oriental
G le bastion construit en contrebas du rocher oriental.
H logis construit sur la basse-cour.
J tour du puits.
K porte d’entrée du 16e siècle.
L  grosse tour protégeant primitivement la deuxième porte.

prochain article : PROMENADE DANS LA RUINE ACTUELLE

jeudi 7 février 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (15) le HAUT BARR

LA DESCRIPTION DU CHÂTEAU

Le château du HAUT BARR est construit sur une longue crête rocheuse dominant les collines des Vosges gréseuses et la plaine d’Alsace. Cette situation lui a valu le qualificatif d’ « œil de l’Alsace »

Ces  photos montrent deux vues prises du château,  à gauche sur les Vosges gréseuses, et à droite sur la plaine d’Alsace





Comme le montre le plan ci-dessous, la crête rocheuse est surmonté de trois hauts rochers (en brun) que je qualifierai de rocher occidental  (rocher dit du Markfeld), central  et oriental. Les rochers occidental et central sont séparés par un profond fossé et sont reliés par une passerelle appelée « pont du Diable »



Deux vues de la crête rocheuse prise du parking d’accès au château ; sur la photo de droite, on aperçoit le rocher ooocdentall dit du Markfeld et le pont du Diable.





C’est  sur le ROCHER CENTRAL que se trouve la partie la plus ancienne du château. Il en reste les soubassements et le niveau inférieur  d’un logis heptagonal (1) datant du 12è siècle qui devait servir de résidence à l’évêque, . Il jouxtait un donjon (2) actuellement disparu. L’entrée du logis doit correspondre à une porte percée dans le logis et actuellement accessible par un escalier de fer.

LE ROCHER OCCIDENTAL, le Markfels fut acheté à l’abbaye de Marmoutier en 1168, il y fut établi un mur-bouclier (3)  de près de 2 m d'épaisseur dont il ne reste que quelques soubassements, cette fortification protégeait le château central d’une attaque venue de l’est.

Sur le ROCHER ORIENTAL, est construit un puissant mur-bouclier faisant face au logis central (4)  on peut penser que ce mur se poursuivait pour ceinturer complètement ce rocher et ainsi protéger le château central d’une attaque venue de l’ouest.

Sur le sol de la plateforme de la barre rocheuse servant de basse-cour,  sont conservés trois éléments datables de l’époque romane :
   .5 une entrée d’accès à la basse-cour.
   .6 une chapelle.
   .7 des caves creusées dans la roche gréseuse.


A suivre...

mardi 5 février 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (14) le HAUT BARR


Le château du HAUT BARR fut, pendant la plus grande partie de son histoire, une possession de l’évêque de Strasbourg. Cette situation, qui peut apparaître étonnante à notre époque, correspondait à une caractéristique générale de la géopolitique du Saint Empire Germanique : le cumul par les ecclésiastiques de haut rang (archevêque, évêques et abbés) de fonctions spirituelles et temporelles.

Cette conjonction s’est effectuée en trois étapes principales dans l’évêché de Strasbourg :

   . L’évêché  de ce qui sera Strasbourg, fut établi au 6è siècle dans l’ancien  castrum romain d’Argentorate par Clovis après sa victoire sur les Alamans. Dès cette époque, l’évêché disposait de biens concédés par les rois et les seigneurs en tant qu’œuvres pieuses.

   . Otton 1er (roi en 936, couronné empereur romain en 962 et fondateur de fait du Saint Empire romain Germanique), afin de lutter contre les tendances autonomistes des quatre duchés qui composaient l’Empire, décida de donner aux évêques des pouvoirs temporels effectifs. Il fut le premier à investir les évêques par « la crosse (pouvoir spirituel) et l’anneau (pouvoir temporel) » ; ainsi Uton, évêque de « Strasbourg » de 950 à 965 reçut le titre de comte ainsi que la délégation des droits régaliens impériaux  comme le droit de frapper monnaie et celui de rendre la haute justice sur ses domaines.
L’évêque était donc devenu un vassal de fait de l’empereur,. Ce système avait beaucoup d’avantages pour le souverain puisqu’il lui permettait de nommer les évêques parmi ses fidèles et donc de compter sur leur obéissance.

   . Cette situation  ne fut évidemment par du goût du Pape, il s’en suivit une longue querelle, dite des investitures, entre les papes et les empereurs. Pendant toute cette période, les évêques de Strasbourg prirent le parti de l’empereur. Finalement fut signé en 1122 le concordat de Worms : l’empereur Henri 5 renonçait à l’investiture par la crosse et par l’anneau et devait accepter que l’élection des évêques se fasse par le chapitre de la cathédrale (ensemble des chanoines aidant l’évêque dans sa tâche quotidienne). Une fois élu, le nouvel évêque devait se rendre auprès de l’empereur qui lui donnait, par le sceptre, l’investiture des fiefs de son comté ainsi que les fonctions régaliennes qui en découlaient.

Cette double vocation des évêques,  spirituelle et temporelle, se complique par le fait que les deux domaines ne coïncidaient pas comme le montre la carte ci-dessous :
   . Dans les zones circonscrites par un pointillé violet représentant les limites du diocèse médiéval  de Strasbourg, l’évêque ne dispose que du pouvoir spirituel
   . Dans les zones colorées en mauve, l’évêque dispose à la fois du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel. C’est évidemment dans cette zone que se trouvait le château du HAUT BARR.

Sur cette carte apparaît une troisième zone,  colorée en jaune, celle  de la ville de Strasbourg. Elle est à la fois le siège épiscopal et une ville impériale libre, deux qualificatifs qui sont, à priori, incompatibles : une ville libre se gouverne elle-même alors que le siège épiscopal est dominé par les officiers de l’évêque.

Cette caractérise s’explique par les longues querelles qui opposèrent  la ville et l’évêque.

Je me contenterai d’en donner ici quatre dates principales :
     . 1094 : l’évêque Otton de Hohenstaufen octroie à la ville le droit d’élire des conseils chargés d’administrer la ville. En pleine querelle des investitures, il espère ainsi de concilier les bourgeois,
     . 1260 : le nouvel évêque élu par le chapitre, Walther de Hohen Geroldseck veut rétablir son autorité sur la ville, il met Strasbourg au ban de l’église et mobilise son armée. En 1262, les milices municipales réussissent à vaincre l’armée épiscopale à la bataille d'Oberhausbergen. La ville obtient l’indépendance complète de son conseil.
   . En 1358, l’empereur Charles 4 de Luxembourg confère à Strasbourg le titre de ville libre impériale, elle envoie des délégués aux diètes impériales, est exemptée de tout impôt (sauf si elle décide d’effectuer un don gratuit) ; en échange de ces privilèges, elle devra fournir à l’empereur des contingents militaires quand celui-ci le demandera.
   . Enfin, en 1394, l’évêque s’installe à Saverne dont il fait le siège de ses états

C’est à la proximité immédiate de Saverne que se trouve le château du HAUT BARR.

À suivre

dimanche 3 février 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (13) FLECKENSTEIN

Le niveau sommital est bien  représenté sur le dessin de 1532. On y retrouve d’abord les diverses parties de la forteresse  déjà décrites :
   . 1 le niveau intermédiaire avec la chapelle.
   . 2 La tour du puits.
   . 3 la tour escalier actuelle qui servait aussi à abriter un monte-charge permettant d’approvisionner les logis seigneuriaux.

Au niveau du promontoire, ce dessin révèle que l’ensemble de celui-ci est loti de diverses constructions dont une, plus haute (4), pouvait servir de donjon ou être plutôt une tour de prestige témoignant de la puissance du sire de Fleckenstein.

La photo aérienne montre un ensemble quasiment totalement arasé, cinq ensembles peuvent néanmoins être distingués :
   . 5 une cour Ouest  en contrebas du sol du promontoire, elle correspond au débouché de l’escalier troglodyte, cette cour est bordée de salles également troglodytes  pouvant servir de cave aux logis qui les surmontaient.
   . 6 un ensemble de murs arasés qui ne permettent pas de reconnaître les bâtiments existants.
   . 7 une cour Est, plus profonde que la cour Ouest  pouvant correspondre à une déclivité naturelle réaménagée par l’homme ; le sol de cette cour se trouvait  au niveau supérieur de la tour du puits et donnait accès à celle-ci.
   . 8 le logis Est, le mieux conservé, dont on peut assez facilement reconstituer la structure.
   . 9 une partie en contrebas du logis Est devant comporter, entre autre, des latrines.

Aspect du niveau sommital : au premier plan se trouve la cour Est dont on aperçoit une salle troglodyte ; le toit moderne correspond à la tour escalier actuelle ; la passerelle donne accès au logis Est.

Du logis Est, il subsiste  encore un haut pan de mur ( photo de droite)  ainsi qu’une salle troglodyte qui permettent de comprendre la manière dont ce logis était aménagé. En voici, à gauche,  une coupe schématique  Nord-Sud ; au centre est figurée une reconstitution du logis  présentée sur un panneau du site.


(A) le mur conservé est construit sur le rebord de la falaise. Des corbeaux de pierre permettent de penser que l’édifice avait au moins deux niveaux : une salle au rez-de-chaussée  (B)  et la grande salle où vit le seigneur (C)
     - La salle du rez-de-chaussée  servait de communs, elle comportait une citerne à filtration dont on conserve la plateforme et les bases d’un fourneau ; un escalier en colimaçon permettait l’accès à la grande salle.
      - Il ne reste rien de cette grande salle à l’exception des corbeaux qui tenaient la charpente

(D) entre le mur (A) et la plateforme sur laquelle sont aménagés les communs, se trouve un espace au-dessus duquel ont été construits des arcades permettant de supporter le sol des communs.

(E) ces arcades créent une galerie qui permettait l'accès à la fois à une salle troglodyte (F) aménagée sous les communs, et à l’extrémité de la plateforme Est où étaient, entre autre, situées des latrines

(G) enfin, il devait exister un grenier au-dessus de la grande salle comme l’évoque le dessin de reconstitution.

Prochain article : le CHÂTEAU DU HAUT BARR