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mardi 5 février 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (14) le HAUT BARR


Le château du HAUT BARR fut, pendant la plus grande partie de son histoire, une possession de l’évêque de Strasbourg. Cette situation, qui peut apparaître étonnante à notre époque, correspondait à une caractéristique générale de la géopolitique du Saint Empire Germanique : le cumul par les ecclésiastiques de haut rang (archevêque, évêques et abbés) de fonctions spirituelles et temporelles.

Cette conjonction s’est effectuée en trois étapes principales dans l’évêché de Strasbourg :

   . L’évêché  de ce qui sera Strasbourg, fut établi au 6è siècle dans l’ancien  castrum romain d’Argentorate par Clovis après sa victoire sur les Alamans. Dès cette époque, l’évêché disposait de biens concédés par les rois et les seigneurs en tant qu’œuvres pieuses.

   . Otton 1er (roi en 936, couronné empereur romain en 962 et fondateur de fait du Saint Empire romain Germanique), afin de lutter contre les tendances autonomistes des quatre duchés qui composaient l’Empire, décida de donner aux évêques des pouvoirs temporels effectifs. Il fut le premier à investir les évêques par « la crosse (pouvoir spirituel) et l’anneau (pouvoir temporel) » ; ainsi Uton, évêque de « Strasbourg » de 950 à 965 reçut le titre de comte ainsi que la délégation des droits régaliens impériaux  comme le droit de frapper monnaie et celui de rendre la haute justice sur ses domaines.
L’évêque était donc devenu un vassal de fait de l’empereur,. Ce système avait beaucoup d’avantages pour le souverain puisqu’il lui permettait de nommer les évêques parmi ses fidèles et donc de compter sur leur obéissance.

   . Cette situation  ne fut évidemment par du goût du Pape, il s’en suivit une longue querelle, dite des investitures, entre les papes et les empereurs. Pendant toute cette période, les évêques de Strasbourg prirent le parti de l’empereur. Finalement fut signé en 1122 le concordat de Worms : l’empereur Henri 5 renonçait à l’investiture par la crosse et par l’anneau et devait accepter que l’élection des évêques se fasse par le chapitre de la cathédrale (ensemble des chanoines aidant l’évêque dans sa tâche quotidienne). Une fois élu, le nouvel évêque devait se rendre auprès de l’empereur qui lui donnait, par le sceptre, l’investiture des fiefs de son comté ainsi que les fonctions régaliennes qui en découlaient.

Cette double vocation des évêques,  spirituelle et temporelle, se complique par le fait que les deux domaines ne coïncidaient pas comme le montre la carte ci-dessous :
   . Dans les zones circonscrites par un pointillé violet représentant les limites du diocèse médiéval  de Strasbourg, l’évêque ne dispose que du pouvoir spirituel
   . Dans les zones colorées en mauve, l’évêque dispose à la fois du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel. C’est évidemment dans cette zone que se trouvait le château du HAUT BARR.

Sur cette carte apparaît une troisième zone,  colorée en jaune, celle  de la ville de Strasbourg. Elle est à la fois le siège épiscopal et une ville impériale libre, deux qualificatifs qui sont, à priori, incompatibles : une ville libre se gouverne elle-même alors que le siège épiscopal est dominé par les officiers de l’évêque.

Cette caractérise s’explique par les longues querelles qui opposèrent  la ville et l’évêque.

Je me contenterai d’en donner ici quatre dates principales :
     . 1094 : l’évêque Otton de Hohenstaufen octroie à la ville le droit d’élire des conseils chargés d’administrer la ville. En pleine querelle des investitures, il espère ainsi de concilier les bourgeois,
     . 1260 : le nouvel évêque élu par le chapitre, Walther de Hohen Geroldseck veut rétablir son autorité sur la ville, il met Strasbourg au ban de l’église et mobilise son armée. En 1262, les milices municipales réussissent à vaincre l’armée épiscopale à la bataille d'Oberhausbergen. La ville obtient l’indépendance complète de son conseil.
   . En 1358, l’empereur Charles 4 de Luxembourg confère à Strasbourg le titre de ville libre impériale, elle envoie des délégués aux diètes impériales, est exemptée de tout impôt (sauf si elle décide d’effectuer un don gratuit) ; en échange de ces privilèges, elle devra fournir à l’empereur des contingents militaires quand celui-ci le demandera.
   . Enfin, en 1394, l’évêque s’installe à Saverne dont il fait le siège de ses états

C’est à la proximité immédiate de Saverne que se trouve le château du HAUT BARR.

À suivre

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