Bien que la description du château de Lichtenberg au 17 è siècle dépasse le cadre chronologique médiéval que je me suis fixé dans ce chapitre, je me propose néanmoins de continuer à évoquer les aléas de la forteresse à cette époque, à la fois parce qu’il s’y produit des événements suffisamment spectaculaires pour que je les raconte et aussi parce que ces événements vont expliquer la physionomie actuelle du château.
Le 17è siècle fut, pour le château et la seigneurie de Lichtenberg, une époque sombre comportant deux périodes distinctes :
Pendant la guerre de Trente Ans (1618-1648), bien que le comte ait décidé d’observer une stricte neutralité, Lichtenberg subit les attaques de l’armée protestante de Mansfeld en 1621. Le comte était pourtant protestant mais ses possessions n’échappèrent pas aux outrages de Mansfeld : la ville ainsi que le château furent assiégés et pillés. Bien que l’histoire n’en dise mot, il est probable que la seigneurie dût aussi subir les ravages des armées suédoises.
Pendant la guerre de Hollande (1672-1678), Lichtenberg se trouva à nouveau confronté à des affrontements militaires. La guerre de Hollande opposa le royaume de France à une coalition comportant les Provinces-Unies, le Saint Empire, l’Espagne et le Brandebourg. Cela obligeait les armées royales à combattre sur trois fronts, à la frontière espagnole, en Flandre et vers l’Empire. Pour mener à bien l’offensive vers l'Empire il fallait passer le Rhin et pour cela, les troupes françaises devaient traverser la Lorraine puis l’Alsace. Une première tentative se produisit en 1674 mais elle échoua face aux impériaux qui occupèrent alors Lichtenberg. En 1678, alors que les pourparlers de paix s’engageaient, les armées françaises, voulant obtenir une victoire décisive, envahirent à nouveau l’Alsace pour y chasser les armées impériales et tentèrent une offensive à partir du Rhin vers le cœur du Saint Empire. À ce moment, Lichtenberg était occupé par de garnison impériale de 400 hommes, disent les récits de cette histoire, sous le commandement d’un officier appelé Dolne.
L’armée royale, commandée par le maréchal de Créqui, investit la place le 8 octobre 1678. Celle-ci capitulera le 15 octobre après un siège de 8 jours.
Le site Gallica conserve, sur Internet, deux plans montrant la manière fut mené le siège de Lichtenberg. Le premier de ces plans, présenté ci-dessous, possède un double avantage : il permet à la fois de montrer l’organisation de la place en cette fin du 17è siècle et de visualiser la manière dont furent menées les opérations de siège.
Sur ce premier dessin, j’ai surligné en noir les différentes parties du château afin qu’elles soient plus visibles :
A le haut château avec ses deux tours à terrasse d’artillerie.
B la chapelle.
C les logis seigneuriaux et les communs.
D l’arsenal.
E le rempart ceignant la basse-cour.
F le fossé.
G le chemin couvert.
H le système de la porte d’entrée avec la demi-lune.
J le rempart de la ville fortifiée de Lichtenberg situé au pied du château.
K fausse braie établie à l’endroit de raccordement du chemin couvert et du rempart de la ville. De l’autre côté, le rempart se raccroche à un des bastions de la demi-lune.
Ce plan permet d’une part de compléter la description du château que j’ai effectuée grâce à l’aquarelle de Daniel Specklin et d’autre part de constater que depuis la fin du 16 è siècle, rien ne semble avoir été modifié.
Prochain article : le déroulement des opérations de siège.