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lundi 11 mars 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (28) : LICHTENBERG

L’histoire du château de Lichtenberg

Pour tenter de reconstituer l’histoire du château et de ses seigneurs, j’ai consulté divers documents qui ne donnaient, à ce propos,  que des renseignements partiels et même contradictoires. Le texte ci-dessous est de mon fait, il résulte d’une interprétation de ces sources. Même s’il est sujet à caution dans ses détails, il relate néanmoins les grandes phases de l’histoire de Lichtenberg.

Pour tenter de comprendre cette histoire, il faut d’abord se référer aux événements qui survinrent après la mort de l’empereur Henri 6 Hohenstaufen, fils de Frédéric Barberousse, en 1196. Il existait deux prétendants à la succession du défunt, Philippe de Souabe, frère d'Henri 6 et Otton de Brunswick. Pour punir ceux qui soutenaient Otton en Alsace, les armées des Hohenstaufen envahirent le pays, ils s’emparèrent, entre autre, du château de Hunebourg tenu par une puissante famille comtale richement possessionnée en Alsace du Nord, sous la vassalité de l’évêque de Metz. Ils possédaient en particulier la région où sera construit plus tard le château de Lichtenberg. Au cours de l’assaut, le comte de Hunebourg fut tué ainsi de ses deux frères ; l’héritage des Hunebourg revint donc au quatrième frère de la fratrie, Conrad ; celui-ci était  devenu évêque de Strasbourg, de ce fait, il n’aurait pas d’héritier direct.

Pour cogérer le comté de Hunebourg, Conrad  s’entendit alors avec un autre seigneur du voisinage, Albert (2) de Dabo-Moha qui était aussi comte de Metz, également sous la vassalité de l’évêque de Metz. Ce sont ces deux personnages qui s’entendirent pour créer un nouveau château afin de défendre leurs possessions orientales, le choix fut fait, aux alentours de 1202,  d’un promontoire jusqu’alors dépourvu de défense ; il fut appelé Lichtenberg.

Pour assurer la garde du château, les coseigneurs s’entendirent pour désigner une famille qui devait être apparentée à la fois à l’évêque et au comte. Comme à l’accoutumée, cette famille prit le nom du château et eut très vite l’ambition de s’abstraire des tutelles de leurs suzerains et de proclamer leur seigneurie, franche de toute dépendance.

C’est en 1209 qu’apparaît pour la première fois  dans une charte le nom de Lichtenberg.

Les sires de Lichtenberg profitèrent de la mort de leurs deux coseigneurs pour réussir  dans leurs ambitions :
   . Conrad de Hunebourg mourut en 1202, il est probable qu’il possédait un logis au château, celui-ci fut alors habité par un certain Rodolphe, membre du chapitre de Strasbourg et archidiacre qui mourut à son tour en 1209.
   . Albert de Dabo-Moha décéda en 1212, il n’eut qu’une héritière, Gertrude, qui, mariée à trois reprises, n’eut cependant pas d’héritier. Quand elle mourut en 1225, les terres alsaciennes de Dabo revinrent à l’évêque de Strasbourg.

Il est probable que c’est après la mort de Gertrude, que les terres de Hunebourg, entrées en déshérence, furent inféodées par l’évêque de Metz aux Lichtenberg. En 1241, le sire de Lichtenberg reçut en outre l’avouerie des terres de l’évêché de Strasbourg avec le droit de faire de leurs fils cadets un chanoine prébendier du chapitre épiscopal. Les Lichtenberg héritèrent aussi de la charge de prévôt de l’abbaye de Neuvillers les Saverne fondé par l’évêque de Metz, jusqu'alors tenu par les Hunebourg.  Ainsi, les sires de Lichtenberg dépendaient de deux évêques, ceux de Metz et de Strasbourg.

C’est à cette période qu'ils crûrent pouvoir se débarrasser de la tutelle de l’évêque de Metz en profitant des dissensions survenues, à la mort de l’évêque Jacques de Lorraine (1261). Deux candidats aspiraient  à la succession, Philippe de Florange et Guillaume du Traînel ; le sire de Lichtenberg du moment décida d’intervenir et s’érigea en protecteur de l’évêché. Ce fut pour lui malencontreux car le duc de Lorraine, Ferry 3, prit les armes et le contraignit à se reconnaître à nouveau vassal-lige de l’évêque de Metz.

A la fin du 13 è siècle, La notoriété de la famille vint plutôt du côté de l’évêché de Strasbourg. En effet,  comme convenu par l’accord de 1241, Louis 1er de Lichtenberg fit de  son fils cadet, Conrad, un chanoine de la cathédrale de Strasbourg. En 1273, il fut élu évêque de Strasbourg et le restera jusqu’à sa mort en 1293. Il fit ériger la façade occidentale de la cathédrale de Strasbourg ainsi qu’un logis  seigneurial dans le château de Lichtenberg, resté en indivision dans la famille. On dit que Conrad puisa largement dans les ressources de l’évêché pour se construire une résidence digne de ce nom. A sa mort, son frère  Frédéric fut également élu évêque de Strasbourg (de 1299 à 1305). Un troisième membre de la famille, Jean fut aussi évêque de 1353 à 1365, il reçut le titre de Landvogt de Basse Alsace, titre que conservèrent ensuite les évêques de Strasbourg.

Pendant toute la période les querelles furent très nombreuses entre les différentes branches de la famille qui possédaient en indivis le château et la seigneurie de Lichtenberg. A l’époque de l’évêque Jean, il existait trois branches entre lesquelles la mésentente déboucha même sur des conflits armés.

Pour éviter ces dissensions, un accord fut signé, il stipulait que chaque branche s’engageait, en cas d’absence prévisible  de survivants dans sa famille, à remettre sa part aux survivants, c’est ainsi qu’en 1405, sous Louis 4, la seigneurie fut réunifiée. Cependant à sa mort en 1434, la seigneurie fut à nouveau divisée entre ses deux fils Louis et Jacques qui ne s’entendaient pas. Il fallut attendre 1470 pour que se produise une nouvelle réunification sous Jacques à la mort de son frère.

Jacques de Lichtenberg fut élevé à la dignité comtale par l’empereur Frédéric 3, il sera le seul à porter ce titre car il n’eut pas d’héritier pour lui succéder à cette dignité ; à sa mort, survenue en 1480, ce sont ses deux nièces, les filles de Louis, qui reçurent ses possessions :
     . Anne épousa le comte Philippe de Hanau.
     . Elisabeth épousa le comte de Zweibrücken-Bitche.

C’est donc en 1480 que survint l’extinction de la dynastie apparue au tout début du 13è siècle.

LA SEIGNEURIE DE LICHTENSTEIN DANS SON ENVIRONNEMENT POLITIQUE 
AU 14è SIECLE
   .
Prochain article : le château de Lichtenberg à l'époque des Hanau-Lichtenberg 

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