REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
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Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

jeudi 10 juillet 2014

Les immigrés algériens et les français . La fracture

2/ de 1945 à 1954
En 1945, conformément aux déclarations de la conférence de Brazzaville et du programme du conseil national de la résistance,  l'Assemblée constituante approuve  le 25 avril 1946, un projet de loi, à l'initiative de Lamine Gueye, député du Sénégal, octroyant la pleine "citoyenneté" à tous les ressortissants de l'empire colonial :

À partir du 1er juin 1946, tous les ressortissants des territoires d'outre-mer (Algérie comprise) ont la qualité de citoyen, au même titre que les nationaux français de la métropole et des territoires d'outre-mer. Des lois particulières établiront les conditions dans lesquelles ils exerceront leurs droits de citoyens.

Cette situation fut cependant vite explicitée dans un sens défavorable aux autochtones : les algériens étaient déclarés de nationalité française mais avec détermination de deux grandes catégories :
     . Les "sujets français" qui possèdent un statut personnel de droit local, (ici musulman donc régi par la loi coranique) , ils seront qualifiés de " français musulmans d'Algérie" ce sont essentiellement les autochtones.
     . Les "citoyens français" qui ressortent du statut civil de droit commun, régi par le code civil. Ils ont quatre origines :
          . Les colons français,
          . Les étrangers nationalisés,
          . Des "sujets français" ayant demandé à devenir  citoyens français et qui ont accepté de renoncer à tout ce qui, dans le Coran, est incompatible avec le Code civil ( comme la polygamie),
          . Enfin certains " sujets français",distingués par leur personnalité (officiers par exemple), pouvaient aussi être "citoyens français" à titre personnel.

Cette caractéristique se retrouve au niveau du suffrage universel avec la répartition de la population selon le système du double collège (qui ne sera supprimé qu'en 1958) :
   . la loi du 5 octobre 1946 etablit que la Métropole envoie 544 députés à l'Assemblée nationale, l'Algérie 30, également partagés entre citoyens de statut civil français et citoyens de statut local (le reste des colonies envoie 34 députés seulement)  
   . Autre exemple, le statut de l'Algérie, déterminé par la loi du 20 septembre 1947, institue une Assemblée territoriale de 120 membres, dont 60 sont élus par les Français de statut civil français (environ 1.000.000 en 1954) et par certains citoyens de statut local distingués par leurs titres ou leurs mérites, et 60 sont élus par les autres citoyens de statut local (8.487.000 en 1954).

En ce qui concerne le problème de l'immigration, la loi de 1946 a pour conséquence d'établir la libre circulation entre la métropole et l'Algérie, à la condition toutefois, pour les francais musulmans d'Algerie, de posséder une carte d'identité (ce qui n'est pas exigé des métropolitains mais s'étendra à eux après 1955)

Pour le reste la situation de l'immigration algérienne en France n'évolue guère :
   . Une main d'œuvre essentiellement peu qualifiée, masculine et jeune venant temporairement en métropole (même si le temps de présence est plus long), sous-payée, ressortant d'une protection sociale limitée.
   . Des conditions toujours aussi déplorables de vie, en particulier du logement (à Paris, 27000 algériens occupent 17000 chambres ) même si se constituent des services sociaux permettant de lentes améliorations.

À cette époque se développe déjà de la défiance envers les algériens, en particulier au niveau de l'insécurité : on voit apparaître des mentions de celle-ci, en particulier dans les journaux :
  . " la criminalité Nord-Africaine soulève un problème national" (le Monde 1949)
  . " dans certains quartiers de Paris, l'arabe est le roi de la nuit" (l'Aurore 1948)

3/ de 1954 à 1962
Pendant cette periode se produit une évolution considérable des mentalités due " aux événements d'Algérie" que l'on ne qualifiait pas alors de guerre.

En premier lieu, il existe en métropole une conviction quasiment unanime, "l'Algérie c'est la France" ; on montrait partout que le progrès et la civilisation était le fait de la France et en particulier des citoyens d'Algérie qui avaient  durement travaillé pour mettre en valeur le pays. Seuls les partis d'extrême-gauche et quelques intellectuels étaient anticolonialistes mais ils n'étaient guère entendus à ce sujet.

Dans ces conditions, la situation des immigrés algériens en France paraît aux métropolitains totalement paradoxale : tandis que certains algériens combattent pour l'indépendance de leur pays, d'autres immigrent en grand nombre !

À cela s'ajoute un autre phénomène : les périodes de présence des algériens augmentent de plus en plus et l'immigration se produit non plus pour les hommes seuls mais pour des familles entières  ( de 1954 à 1962, le nombre de familles algériennes en France passe de 7000 à 30.000) ce qui fait penser à une installation définitive en France métropolitaine.

L'explication de cette évolution est à rechercher dans la situation de l'Algérie à l'époque des "événements". L'insécurité est devenu constante : le FLN (front de libération nationale), à partir de ses bases dans les montagnes, effectue des incursions dans la plaine, incendie les fermes et tue les colons, il se livre aussi à des attentats dans les villes et dans les bourgs. Dans les villages isolés règne la terreur : la rébellion s'en sert de point d'appui et de base de ravitaillement ; ce fait amène l'armée française à des mesures de représailles qui ne servent à rien puisque, sitôt le départ des français, les soldats de l'armée de libération reviennent et punissent de mort ceux qui auraient pu se laisser convaincre par les français. Finalement, l'armée française décide deux mesures radicales : on oblige  les villageois à quitter leurs village et on incendie les montagnes ainsi que tout ce qui peut servir de base au FLN . Les villageois sont réinstallés dans des "centres de regroupement" où sévit le déracinement et la misère. D'autres se réfugient dans les bidonvilles  entourant les villes. Parmi tous ces gens transplantés, beaucoup tentent de partir en Métropole.

Ces immigrés, en grande majorité favorables à l'indépendance, vont se trouver dans une situation de plus en plus inconfortable :
   . En premier lieu, ils sont l'objet des pressions du FLN, en particulier au niveau de leur participation financière au combat, ils subissent aussi les conflits entre le FLN et le MNA de Messali Hadj, ces conflits auraient fait presque 4000 morts selon les sources ministérielles françaises,
   . En outre, ils sont l'objet d'une surveillance constante de la police qui les suspecte systématiquement d'organiser la violence et les attentats ;  la police mène une politique de répression avec arrestations massives et internement arbitraire.
   . Enfin, ils sont l'objet d'une hostilité confinant à la haine de la part des métropolitains : on les affuble de noms grossiers, on s'écarte d'eux par peur des actes hostiles qu'ils pourraient perpétrer : l'algérien devient l'ennemi et on a peur de lui.

La guerre d'Algérie établit donc une très profonde fracture entre les immigrés algériens venus en France pour travailler et les français métropolitains : elle va se perpétuer ...

mercredi 9 juillet 2014

Les immigrés algériens et les français . La fracture

Il convient pour terminer ce chapitre HOMMAGE A TOUS LES MOULOUD de donner une conclusion établie moins sur des impressions subjectives exprimées par des poèmes que sur la réalité complexe des rapports entre les algériens et les français et de tenter de comprendre si la déchirure constatée aujourd'hui est le fruit du passé ou non.

Il existe au niveau de ces rapports une chronologie en quatre périodes :
   . Jusqu'en 1945
   . De 1945 à 1954
   . De 1954 à 1962
   . Depuis 1962

1/ JUSQUE 1954, apparaît une situation qui entre exactement dans le moule colonial :
En premier lieu, cette immigration est effectuée essentiellement  parmi les collectivités tribales démantelées par les dépossessions foncières effectuées par la colonisation (selon ce que j'ai pu en lire, sur 7 millions d'hectares de terres disponibles, la colonisation en occupe 2,9 millions). C'est cette spoliation qui amène à la fois le déplacement des populations et la paupérisation, surtout en Kabylie

Cet appauvrissement des structures traditionnelles a pour conséquence une grande partie des flux migratoires. Ceux-ci ne sont pas spontanés et individuels ; l'immigration est décidée et organisée au niveau des familles ou des assemblées de village ;  les immigrants sont des hommes jeunes partant pour un temps déterminé (de quelques mois à un ou deux ans) afin de gagner de l'argent dont ils enverront une grande partie à la communauté  qui les a envoyés pour lui permettre de survivre. Il s'établira ensuite une rotation : quand l'un rentre, un autre part ; souvent celui qui part prend la place de celui qui rentre tant pour se loger que pour travailler. À cette époque, l'immigration ne concerne que des hommes jeunes, souvent mariés,  et elle est temporaire.

Ce système n'est cependant pas du goût des colons, propriétaires de plantations ou entrepreneurs craignant une hémorragie de la main d'oeuvre disponible. Cela conduit le gouvernement général d'Alger à édicter toute une série de mesures afin de limiter les départs : ainsi, à partir de 1924, il faudra disposer d'un contrat de travail, d'un certificat d'aptitude au travail, d'un certificat médical attestant l'absence de maladies contagieuses, d'une carte d'identité avec photo pour obtenir le certificat d'embarquement. Les règles deviendront peu à peu de plus en plus restrictives  avec, par exemple, le versement d'une caution correspondant au voyage de retour.

Les immigrants vivent dans des conditions difficiles du fait que rien n'est organisé pour eux, beaucoup s'entassent dans des meublés, dans des hôtels miteux  ou dans des dortoirs collectifs. Ils ne sont cependant pas isolés, et cela pour trois raisons :
     . d'abord, comme on l'a dit plus haut, parce que celui qui arrive occupe la place de celui qui est revenu au pays et est donc en pays de connaissance dès son arrivée ,
     . Ensuite, par le fait que ces immigrés ont tendance à se retrouver selon les villages ou les régions ce qui leur permet de ne pas être isolés dans un pays qu'ils ne connaissent pas et de s'entraider,
     . Enfin, par le présence d'organisations comme l'Etoile Nord Africaine qui coordonne la pensée politique des immigrants. Elle agit d'abord dans la mouvance du parti communiste puis seule et s'oriente eapidement vers l'idée d'indépendance. Il en sera de même, après dissolution de l'Etoile Nord Africaine en 1937, par le Parti du Peuple Algérien (supprimé en 1939). À cet égard, il convient de remarquer que c'est parmi ces immigrés qu'est née l'idée de l'indépendance algérienne.
À SUIVRE

lundi 7 juillet 2014

A LA GLOIRE DE TOUS LES MOULOUD (9) poèmes de tolérance et d'antiracisme. 

MERCI

À ce triste moment de racisme croissant, 
J'ai voulu, par ces vers, dire ma vérité.
Beaucoup d'entre eux sont morts pour notre liberté
Nous l'avons oublié, c'est si loin dans le temps ! 

Nous avons autrefois pillé les colonies
Extirpé de leur sol tout ce qu'il possédait,
Sur leurs terres dégradées ne poussent désormais
Que des plants épuisés : nous leur avons tout pris ! 

Leur sang et leur patrie  ne nous suffisaient pas ! 
On exploita aussi quasi-servilement 
Leur sueur au travail, la force de leur bras.

Tout semble consommé ils vous ont rejetés
Moi, je vous dis merci et suis reconnaissant 
Envers tous ces Mouloud qui nous ont tant donné

COMPLÉMENT : UN TEXTE SUR LA MONOCULTURE DE L'ARACHIDE AU SÉNÉGAL IMPOSÉE À L'EPOQUE COLONIALE. et montrant, entre autre,  comme indiqué dans le poème,  l'épuisement des sols

La monoculture arachidière pratiquée essentiellement avec l'emploi de la traction animale, de semences améliorées et d'engrais chimiques a fortement contribué à la dégradation des terres dans le bassin arachidier. En effet, l'introduction de la traction attelée a permis une rapide occupation des sols du bassin et bouleversé les systèmes anciens de culture surtout en ce qui concerne la place des arbres dans les champs.

L'agroforesterie traditionnelle est abandonnée pour faciliter les labours, tandis que les jachères se réduisent puisqu'on fait confiance aux engrais chimiques pour la fertilisation.

D'autre part, la culture de l'arachide rend le sol particulièrement vulnérable après la récolte, le laissant à découvert et sans dévolution de matière organique (racines, restes de culture). Le paysage modifié, plus ouvert, facilite l'action de l'érosion éolienne, très active sur les sols sablonneux.

La croissante déstructuration de ces sols, trop travaillés et avec peu de matière organique, n'a fait qu'augmenter ce problème en exigeant des apports d'engrais toujours croissants pour maintenir les rendements.

De plus, la croissance démographique a fait accélérer les effets néfastes de ce système cultural. En effet, les chutes de rendements ont provoqué chez les producteurs le besoin d'élargir leurs champs, tandis que la multiplication des nouveaux producteurs occupait toutes les terres possibles, éliminant jachère et bois et occupant même des sols peu aptes à l'agriculture. Ce processus rendait l'articulation de l'agriculture avec l'élevage difficile par la diminution des fourrages en saison sèche et rompait avec un autre volet des systèmes traditionnels.

Le retrait des subventions de l'État a fait ultérieurement baisser les rendements et la croissante incertitude climatique rendait très risqué l'achat et l'utilisation des intrants. L'alternative est d'étendre toujours les champs d'arachide avec un très bas rendement et/ou vendre du bois ou du charbon aux marchés urbains, ce qui intensifie le déboisement.

SOURCE Concertation Nationale Coopération des Ruraux.  Dakar

A LA GLOIRE DE TOUS LES MOULOUD (8) poèmes de tolérance et d'antiracisme.

 L'attirance... 

"Demandons à Mouloud, il est notre Iman
Devons-nous tout quitter, chasser les mécréants ? 
Partir pour notre foi, mourir en combattant ? 
Retrouver loin d'ici piété et dignité ? 

Rester dans nos ghettos, c'est subir constamment 
Le racisme latent et la xénophobie. 
Ils veulent nous chasser ! Expulsons les aussi
De nos sols africains qu'ils pillent sciemment ! 

Partout, leurs sociétés, par d'infâmes contrats
Nous volent ce que Dieu nous avait dispensé,
Mouloud, répond-nous, est-ce un juste combat ? "

" Partir pour le Djihad n'est pas le seul moyen
D'être un bon musulman, soyez hommes de paix
Gagnez le Paradis en propageant le bien ! " 


dimanche 6 juillet 2014

A LA GLOIRE DE TOUS LES MOULOUD (7) poèmes de tolérance et d'antiracisme. 

L'attirance

Quand ils se rassemblent, les jeunes du quartier
Exhalent leur rancoeur : " il n'y a pas pour nous 
D'espoir dans ce pays, le racisme est partout
On se défie de tout, ils voudraient nous chasser

On dit que nous prenons le travail des français
Mais qui accepterait de devenir maçon ? 
Ils osent affirmer que nous parasitons
Les rues de leurs cités, qu'on vit à leur crochet ! 

Ils s'écartent de nous de peur d'être volés,  
Ils vous imputent tout, disant qu'en notre esprit
Vagit un assassin : on ne peut l'accepter ! 

Il paraît que partout, l'Islam est attaqué, 
Faut-il pour le Djihad sacrifier notre vie ? 
Chasser du sol sacré ceux qui l'ont profané ? " 

En contrepoint avec cette attirance,
une œuvre de Gregory Pototsky appelée L'ISLAM C'EST LA PAIX édifiée pour les 50 ans de l'accession à l'independance de la Malaisie. 

samedi 5 juillet 2014

A LA GLOIRE DE TOUS LES MOULOUD (6) poèmes de tolérance et d'antiracisme. 

La vie en métropole

Mouloud se maria et il eut des enfants,
Il leur disait souvent : " pour s'intégrer ici,
Vous devez étudier, n'ayez aucun souci,
Pour payer le lycée,  nous vivrons chichement."

Mouloud à la mosquée se rendait tous les soirs, 
Le tâcheron obscur, dans cet endroit de paix,
Semblait y retrouver un peu de dignité, 
C'est en priant Allah que lui venait l'espoir.

Dans une haute tour d'une chaude banlieue, 
On avait concentré des milliers d'immigrés.
D'être ainsi assemblés, ils se sentaient heureux.

L'entraide et l'amitié, la piété et la foi
Donnaient sens à leur vie ; ils avaient recréé
Un peu de leur patrie, un semblant de chez soi. 

vendredi 4 juillet 2014

A LA GLOIRE DE TOUS LES MOULOUD (5) poèmes  de tolérance et d'antiracisme

L'immigration en métropole

Quand Mouloud eut vingt ans, il lut à la mairie
Que l'on avait besoin en France d'ouvriers.
" Mon fils, va t'embaucher, à nous quitter soit prêt,
Tu seras plus heureux que de rester ici. " 

Mouloud fut accueilli par le vent et la pluie,
On le fit travailler à creuser  des tranchées,
Préparer le ciment, bitumer, balayer...
Les plus dures corvées étaient toujours pour lui.

Il vivait chichement, envoyant chaque mois
À ses pauvres parents, un peu de son argent
Il devait se priver, c'est très dur parfois.

Les ouvriers français, la main sur le balai
Le regardaient œuvrer : " il n'est pas fainéant
Comme tous ces "bronzés" vivant à nos crochets !"

La scène décrite est antérieure à 1954, date du début de la guerre d'Algérie,

En premier lieu, il n'y avait pas d'immigration à proprement parler puisque les algériens étaient officiellement français ( avec la qualification de français musulmans d'Algerie).  Entre 1946 et 1954, le nombre de ces français musulmans installés en France est multiplié par 10, leur venue semble encore susciter débat :

   - pour les uns , cette émigration s'explique par des causes inhérentes à l'Algérie elle-même : l'augmentation très forte de la population eu égard aux ressources de la colonie à mettre à disposition des autochtones  ; pour des raisons de paix sociale, l'administration coloniale encouragea l'immigration des hommes en France tandis que la famille restait en Algérie. Pour les tenants de cette théorie, la métropole n'avait pas besoin de cette main d'œuvre sans qualification (selon la sociologue Andrée Michel, 50 % de ceux qui travaillent dans les grandes entreprises sidérurgiques du pays ne savent ni lire ni écrire ; près de 40 % ne parlent pas le français) , on était à l'époque de la reconstruction du pays et on recherchaient surtout des gens qualifiés,

   - Pour les autres, on peut facilement retourner l'argument : la reconstruction du pays occupait largement la main d'oeuvre qualifiée   disponible de la métropole. C'était à ce point que l'on manquait de manœuvres pour les travaux ne nécessitant pas de qualification, ce qui conduisit à l'appel de main d'œuvre venue des colonies. En outre,  les chefs d'entreprise savaient que ces ouvriers , peu exigeants sur le plan salarial et peu impliqués dans les mouvements sociaux, pouvaient être licenciés facilement, ce qui donnait une certaine souplesse au marché du travail du moment.

Il me semble que ces deux positions ne sont pas inconciliables ; je me bornerai à ajouter que  la faiblesse des ressources de l'Algérie à mettre à disposition des Français Musulmans d'Algérie  était surtout due au système colonial qui faisait en sorte que toutes les richesses des colonies profitent à la métropole et non l'inverse.

Pour finir, je citerai une partie d'un article paru sur le site de la LIGUE DES DROITS DE L'HOMME DE TOULON : " Dans l’une des toutes premières thèses de sociologie consacrée aux travailleurs algériens en France, Andrée Michel décrit les « camps d’Algériens » installés sur les chantiers éloignés des cités ouvrières européennes ou isolés en pleine campagne, parfois entourés de fils de fer barbelés. De véritables petits villages de 500 à 1 000 Algériens sont ainsi concentrés sur des espaces de relégation, surveillés jour et nuit. Les autres émigrants algériens vivent dans des garnis et des hôtels meublés surpeuplés, souvent insalubres. Beaucoup sont parqués dans les premiers « bidonvilles » qui se forment entre 1950 et 1955. Lors du fameux hiver 1954, qui a fait la célébrité de l’abbé Pierre, on constate que sur 1 677 sans abris, 67 % sont algériens. Andrée Michel ajoute que sur dix accidents du travail dans la sidérurgie de l’Est, la moitié des victimes sont des émigrants d’Afrique du Nord, alors qu’ils ne forment que 20 % de la main-d’oeuvre. "

jeudi 3 juillet 2014

A LA GLOIRE DE TOUS LES MOULOUD (4) poèmes de tolérance et d'antiracisme.

LES PLANTATIONS

Le père de Mouloud, quand il revint chez lui, 
Reprit le dur chemin des travaux saisonniers.
Il subissait le joug du labeur journalier
Les travaux harassants, la touffeur de la nuit. 

Il n'y avait chez lui ni aigreur ni dépit,
Il ne parlait jamais des regards méprisants
Que lui lançait parfois le colon en passant ; 
C'était pourtant pour eux qu'au combat il partit ! 

Mouloud disait souvent : " toi qui fut un héros,
Comment supportes-tu ce servage latent 
Qui inflige à ton corps la souffrance de ses maux ?"

"Mon fils n'oublie jamais que nous appartenons 
À une grande Nation, nous sommes ses enfants
Un lopin de ces terres, un jour nous recevrons."