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mercredi 9 juillet 2014

Les immigrés algériens et les français . La fracture

Il convient pour terminer ce chapitre HOMMAGE A TOUS LES MOULOUD de donner une conclusion établie moins sur des impressions subjectives exprimées par des poèmes que sur la réalité complexe des rapports entre les algériens et les français et de tenter de comprendre si la déchirure constatée aujourd'hui est le fruit du passé ou non.

Il existe au niveau de ces rapports une chronologie en quatre périodes :
   . Jusqu'en 1945
   . De 1945 à 1954
   . De 1954 à 1962
   . Depuis 1962

1/ JUSQUE 1954, apparaît une situation qui entre exactement dans le moule colonial :
En premier lieu, cette immigration est effectuée essentiellement  parmi les collectivités tribales démantelées par les dépossessions foncières effectuées par la colonisation (selon ce que j'ai pu en lire, sur 7 millions d'hectares de terres disponibles, la colonisation en occupe 2,9 millions). C'est cette spoliation qui amène à la fois le déplacement des populations et la paupérisation, surtout en Kabylie

Cet appauvrissement des structures traditionnelles a pour conséquence une grande partie des flux migratoires. Ceux-ci ne sont pas spontanés et individuels ; l'immigration est décidée et organisée au niveau des familles ou des assemblées de village ;  les immigrants sont des hommes jeunes partant pour un temps déterminé (de quelques mois à un ou deux ans) afin de gagner de l'argent dont ils enverront une grande partie à la communauté  qui les a envoyés pour lui permettre de survivre. Il s'établira ensuite une rotation : quand l'un rentre, un autre part ; souvent celui qui part prend la place de celui qui rentre tant pour se loger que pour travailler. À cette époque, l'immigration ne concerne que des hommes jeunes, souvent mariés,  et elle est temporaire.

Ce système n'est cependant pas du goût des colons, propriétaires de plantations ou entrepreneurs craignant une hémorragie de la main d'oeuvre disponible. Cela conduit le gouvernement général d'Alger à édicter toute une série de mesures afin de limiter les départs : ainsi, à partir de 1924, il faudra disposer d'un contrat de travail, d'un certificat d'aptitude au travail, d'un certificat médical attestant l'absence de maladies contagieuses, d'une carte d'identité avec photo pour obtenir le certificat d'embarquement. Les règles deviendront peu à peu de plus en plus restrictives  avec, par exemple, le versement d'une caution correspondant au voyage de retour.

Les immigrants vivent dans des conditions difficiles du fait que rien n'est organisé pour eux, beaucoup s'entassent dans des meublés, dans des hôtels miteux  ou dans des dortoirs collectifs. Ils ne sont cependant pas isolés, et cela pour trois raisons :
     . d'abord, comme on l'a dit plus haut, parce que celui qui arrive occupe la place de celui qui est revenu au pays et est donc en pays de connaissance dès son arrivée ,
     . Ensuite, par le fait que ces immigrés ont tendance à se retrouver selon les villages ou les régions ce qui leur permet de ne pas être isolés dans un pays qu'ils ne connaissent pas et de s'entraider,
     . Enfin, par le présence d'organisations comme l'Etoile Nord Africaine qui coordonne la pensée politique des immigrants. Elle agit d'abord dans la mouvance du parti communiste puis seule et s'oriente eapidement vers l'idée d'indépendance. Il en sera de même, après dissolution de l'Etoile Nord Africaine en 1937, par le Parti du Peuple Algérien (supprimé en 1939). À cet égard, il convient de remarquer que c'est parmi ces immigrés qu'est née l'idée de l'indépendance algérienne.
À SUIVRE

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