REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

mercredi 30 septembre 2015

Chronique d'une décadence française (20)

... Suite de l'article précédent

Il ressort, selon moi, des analyses qui précèdent que ni la société ni les élus (qui ne sont après tout que les reflets de nous-mêmes) ne voudront ou ne pourront régénérer la société pour lui permettre d'inverser le mouvement qui conduit au déclin.

Le pays ressemble à un des plus surprenants tableaux de Jérôme Bosch, la NEF DES FOUS datant de 1500

Sur ce tableau est représentée une barque sans gouvernail errant sans but au hasard des courants sur une mer vide et glauque sans que personne ne songe à lui fixer un cap. Elle est peuplée d'individus qui ne pensent qu'à braver tous les interdits de la société de leur époque au nom de la liberté qu'ils veulent sans entrave afin d'assumer leur individualisme : la compagnie mène joyeuse vie, mangeant et buvant, se faisant vomir pour boire encore plus sans songer que leur errance n'est pas le fruit du hasard, elle est guidée en effet par les forces démoniaques qui la conduira irrémédiablement vers la damnation éternelle.

C'est, toute proportion gardée, ce qui se produit dans notre société qui n'est plus qu'un assemblage d'individus unis seulement par leur commun désir de jouir pleinement de leur individualisme au nom de leur liberté.

Ce qui me semble le plus préoccupant, c'est que l'évolution ne s'arrêtera pas : l'abandon de la morale et de tous sens collectif n'en est qu'une étape  Il reste encore beaucoup de choses à détruire, en particulier au niveau des régulations du travail  conquises de haute lutte contre le capitalisme sauvage qui sévissait au début du 19ème siècle et dont Karl Marx á fait une description saisissante. Quelques tentatives ont déjà été accomplies en ce sens ; le repos du dimanche instauré en 1906 est de plus en plus remis en question, il en est de même pour la limitation du temps de travail et le salaire minimum.

On peut craindre qu'une dérégulation totale se produise, d'abord insidieuse puis au grand jour afin d'aboutir à un nouveau monde qui ne sera plus assujetti que par la loi du plus fort. Il se créera alors un dualisme social de plus en plus tranché avec d'un côté une camarilla d'autant plus puissante qu'elle sera occulte à la manière de Big Brother et de l'autre une masse de gens qu'on laissera jouir de leur individualisme et qui recevra des puissants l'argent juste nécessaire permettant de faire vivre la société de consommation.

Pour parfaire encore la comparaison entre notre société et la " nef des fous" de Jérôme Bosch, nous errons dans une barque qui semble apparemment nous conduire nulle part,  mais qui est, en réalité, contrôlée et dirigée par ces forces anonymes du monde de la finance vers une destination qu'elles maîtrisent parfaitement bien.

Cette analyse, foncièrement pessimiste, exprime ce que je peux constater tous les jours á la fois en marchant dans les rues du bourg où j'habite et en lisant les informations quotidiennes. Se voiler la face ne sert à rien ;  même si nous refusons de l'admettre, nous sommes tous responsables de ce déclin de notre civilisation. Dans ces conditions, peut-on inverser la tendance ? Pour moi, il existe quelques potentialités qui pourraient le faire. ...

Á suivre...

mardi 29 septembre 2015

Chronique d'une décadence française (19)

Suite de l'article précédent

Le même immobilisme se remarque à tous les niveaux et en particulier dans les communes qui, pourtant, pourraient être des modèles de démocratie : je voudrais illustrer mon propos par deux exemples significatifs en évoquant d'abord celui des stationnements illicites sur les trottoirs et sur les passages pour piétons : jusqu'alors les individus se rendant dans les magasins du centre du bourg se garaient indûment sur le passage pour piétons, prétextant qu'ils n'en avaient que pour une minute et qu'il n'y a pas de place disponible de stationnement à cet endroit ( il y a un grand parking à 100m, mais tous ces gens s'estiment  pressés !), la municipalité décida alors de créer des places de "stationnement minute" à quelques pas des commerces. Évidemment, cette disposition ne fut pas respectée et les individus continuèrent à se garer sur les passages pour piétons. Quand la municipalité se décida enfin à faire respecter la loi et à infliger des amendes, les délinquants contestèrent celles-ci et vinrent en mairie exprimer leur mécontentement ! Actuellement, j'ai l'impression que le maire a abandonné toute action et laisse faire !

Autre exemple, j'ai raconté précédemment l'histoire de la limitation de l'éclairage public dans la commune où je réside : le mécontentement fut tel que le maire dût accepter de repousser l'heure d'extinction des lampadaires á minuit au lieu de 23h . J'ai fait le tour du bourg vers 23h30 et n'ai rencontré évidemment personne dans les rues !

Ainsi á quelque niveau que ce soit , les réformes avortent ou sont tellement travesties qu'il n'en reste rien : cela me permettent d'exprimer une nouvelle règle d'or : " on se plaint que les élus ne font rien mais dès qu'ils tentent d'agir on se mobilise contre eux dès qu'il vont á l'encontre de ses intérêts particuliers" 

La marge d'action des élus de tous niveaux, déjà étroite à cause de toutes les contingences extérieures ou intérieures, se rétrécit encore du fait du profond conservatisme et immobilisme de la société qui refuse toute réforme allant á l'encontre des intérêts particuliers.

Afin de pallier aux abus les plus criants de la société, Il ne reste donc plus á nos élus que d'édicter á tout propos des interdictions de tout acabit. Cela n'empêche cependant pas la déliquescence de la société pour trois raisons :
     . D'abord, parce que beaucoup d'interdictions sont effectuées dans l'urgence sans avoir été véritablement réfléchies ; le mécanisme est toujours le même : il se produit un événement dramatique qui émeut les gens, les élus estiment devoir intervenir et édictent une interdiction ou une obligation sans commune mesure avec l'événement puisqu'elle touche tout le monde. L'exemple déjà cité de l'éthylotest est révélateur de cet état d'esprit : des mauvais chiffres de la sécurité routière amènent le gouvernement à imposer à tous de posséder cet instrument de contrôle dans leur automobile y compris á ceux qui ne boivent jamais d'alcool : la démesure entre la cause et l'effet qu'elle induit fit imaginer à beaucoup qu'il existait de juteux conflits d'intérêts, ce qui n'était probablement pas le cas.
     . Ensuite, ces interdictions sont si nombreuses et si complexes que l'on n'arrive plus à suivre surtout que l'on en est généralement pas informé sinon par des voies détournées ; or il est bien connu que " trop de lois, tue la loi" 
     . Enfin, les interdictions sont certes assorties d'amendes qui pourraient être dissuasives mais personne n'a les moyens de les faire appliquer : "pas vu, pas pris" est, comme je l'ai déjà écrit, un adage que tous pratiquent sans vergogne ; peu à peu, l'interdiction tombe dans les limbes de l'oubli parce qu'elle n'est pas appliquée.

Aux réformes  avortées s'ajoutent donc les interdictions non respectées ou trop complexes á appliquer,  ce qui limite encore la marge de manœuvre des élus. Au final, il ne leur reste qu'une seule possibilité d'action, aller dans le sens des souhaits de la société vers encore plus de liberté, ce qui permet à chacun de développer encore plus son individualisme et son égocentrisme : une á une, les rares valeurs qui subsistaient disparaissent légalement, ce qui renforce encore plus les "6 i" qui furent la base de ma réflexion.
Á suivre....

lundi 28 septembre 2015

Chronique d'une décadence française (18)

Suite de l'article précédent

Les hommes politiques peuvent-ils endiguer la décadence qui se profile? Je ne le pense pas au vu de l'analyse  qui suit :

A l'inverse de beaucoup de gens, je pense que nos élus, à quelques niveaux que ce soit, du maire de la commune aux instances gouvernementales, sont soucieux de l'intérêt public et de la nécessité de sauvegarder les valeurs fondamentales de la République. Je pense aussi que la plupart sont sincères quand ils présentent leur programme en tant que candidats à une élection, ceux qui travestissent leurs pensées profondes pour faire de la démagogie et de l'électoralisme ne sont généralement pas élus. Il y a certes quelques "brebis galeuses" mais elles sont facilement décelables et les médias se chargent d'exposer leurs turpitudes au grand jour.

Dans ces conditions pourquoi ces élus ne réalisent-ils pas les promesses exprimées lors de leur candidature tant sur les moyens d'inverser l'évolution vers la décadence de la société que sur les grands sujets de préoccupations du pays ?  En fait, ils se trouvent très vite confrontés à une  difficulté majeure : le dur contact avec la réalité.

Les élus sont obligés à leur dépens de constater qu'il y a un monde entre leurs promesses et l'exercice de leur charge : elle est en effet entravée par de multiples contraintes et par de puissants contre-pouvoirs : groupes de pression constitués par les intérêts privés, la mondialisation, l'harmonisation des règles par l'union européenne, les événements et fluctuations économiques venues de l'extérieur... Dans ces conditions, comment, par exemple,  tenter de lutter contre le chômage dans une économie qui revendique avec force son auto-régulation et sur laquelle les élus n'ont pratiquement aucun pouvoir ?

Au niveau des municipalités, de telles entraves existent aussi : le poids tatillon des règles administratives, le contrôle préfectoral, les restrictions budgétaires, les contestations des décisions devant le tribunal administratif...  En fait, les élus n'ont le pouvoir qu'ils tentent de se donner et qui est généralement et seulement le fruit de leur aura personnel.

Si dans le cadre étroit de ce qui leur reste comme prérogatives, les élus tentent d'effectuer des réformes afin de corriger les abus les plus criants de la société, de restaurer les valeurs républicaines ou d'améliorer les conditions de vie du plus grand nombre, ils s'attirent les foudres d'une minorité de gens qui profitent du système et n'entendent pas être privés de leurs privilèges même s'ils se produisent au détriment des autres. En effet, il existe une règle d'or à propos des réformes que l'on entend partout exprimer : " il faut faire des réformes, j'y suis favorable mais à la condition qu'elles ne me touchent pas personnellement". C'est ainsi que s'expliquent toutes les manifestations actuelles des privilégiés qui fleurissent selon les projets de réformes, elle n'ont qu'une seule motivation : " on ne touche pas à nos droits acquis,  peu importe qu'ils aillent à l'encontre de l'intérêt général." 

Au vu de l'ampleur de la grogne qui s'amplifie, le gouvernement est obligé soit de céder en abandonnant son projet, soit de trouver un compromis qui se produit à 99% dans l'intérêt de ceux qui ont contesté au nom de leur corporatisme. Par indifférence  ou par incompréhension des décisions prises, la majorité des gens se désintéresse de tout cela. Pourtant tous les privilèges, de quelque nature que ce soit, sont abolis depuis le 4 août 1789 !

Le cas le plus frappant de cet exemple de réforme avortée est celui des dépassements d'honoraires des médecins spécialistes de secteur 2 : c'est un cas typique de privilège acquis au détriment du plus grand nombre et il aurait semblé  normal que cette pratique soit interdite : la corporation médicale se souleva contre cette menace en faisant grève, le gouvernement fut obligé de reculer et dût accepter de légaliser les dépassements d'honoraires. Cette légalisation alla même au détriment des malades puisque nombre de médecins qui étaient jusqu'alors fidèle au serment d'Hippocrate et limitaient leurs honoraires au prix légal, se mirent eux aussi à appliquer ces dépassements !

Peu de gens,  à ma connaissance et à ma grande surprise, n'ont contesté la décision prise. Les gens bien portants s'en désintéressèrent totalement puisqu'ils n'étaient pas concernés ; c'est quand la maladie survient qu'ils expriment  leur mécontentement avec des réflexions du type : "c'est honteux que l'on fasse payer aux malades ce qui ne sert qu'à l'enrichissement de ces médecins  ! " 

Cette anecdote me permet d'exprimer une autre règle d'or de l'INDIVIDUALISME et de l'INDIFFERENCE : " tant qu'on n'est pas personnellement concerné par une décision inique, on laisse faire" 

Á suivre...

dimanche 27 septembre 2015

Chronique d'une décadence française (17)

Suite de l'article précédent

Il reste maintenant à tenter de savoir s'il est possible de réagir. Pendant longtemps, j'ai pensé que cette réaction pourrait provenir de la société elle-même, un peu selon les concepts de l'évolution historique conçue par Hegel et développée par Marx :  toute thèse suscite l'émergence d'une antithèse, ce qui permet ensuite de créer une synthèse de ces deux éléments antagonistes.

Ce système est aussi celui du balancier de la pendule : quand l'évolution des comportements se développe trop dans un sens, il est habituel que des aspirations exactement inverses se produisent par le retour du balancier, l'exacerbation du laxisme faisant, par exemple, aspirer à plus de rigorisme. Puis, par comparaison avec l'image du balancier revenant à sa position d'équilibre, il peut émerger de ces antagonismes, une organisation sociale faisant la synthèse des deux aspirations pour constituer une société plus acceptable par tous.

Dans cette perspective, j'avais pensé que devant la montée des dégradations sociales suscitées par les " 6 i", les gens ressentiraient en eux-mêmes le besoin de plus d'ordre et de morale. Force m'est de constater que le retour du balancier ne s'est jamais produit jusqu'à ce jour.

Pourtant, en me promenant dans le bourg où je réside, j'entends souvent les gens exprimer leur mécontentement sur la tournure que prend leur vie quotidienne : ils parlent de la saleté de la ville, des automobilistes qui roulent dans l'agglomération à des vitesses démentielles , de l'insécurité, du poids excessif de leurs impôts, de l'absence de sanctions... Ils ont donc une parfaite connaissance de ce qui ne va pas, pourtant, ils ne semblent pas disposés à faire eux-mêmes les efforts ou les sacrifices qui pourraient améliorer la situation.

Je voudrais, pour illustrer mon propos, citer ici deux anecdotes significatives :

Quand on s'enquiert auprès des employés municipaux de la raison pour laquelle les caniveaux sont rarement nettoyés, il répondent ainsi : nous passons chaque semaine deux jours à ramasser les déchets que les gens jettent partout ; s'il étaient moins sales, nous aurions plus de temps pour nettoyer les caniveaux. Si on fait part de cette remarque aux personnes qui se plaignent de l'impéritie des agents communaux, on s'attire deux types de réponses " ce n'est pas moi qui pollue, ce sont les autres" ou "que voulez-vous que l'on y fasse ! " 

Autre exemple, le maire de la commune décida par respect de l'environnement et par souci d'économie d'éteindre les lampadaires qui éclairent les rues de 23h à 6h du matin, ce fut un tollé général avec émergence de revendications égotistes du type : "quand je promène mon chien, je ne vois plus rien", " quand je rentre tard chez moi, je ne vois même plus la serrure me permettant d'ouvrir ma porte", " il fait tellement noir que je n'ose plus sortir"... Encore une fois l'intérêt général passe au second plan, les individus veulent faire payer à toute la collectivité le prix de leur confort personnel ! Lamentable exemple d'individualisme exacerbé a l'extrême !

Ce retour impossible du balancier tient  pour moi à deux causes essentielles :
     . L'ambivalence de la nature humaine capable d'un dévouement et d'une compassion sans limite mais aussi d'un égoïsme narcissique et d'une volonté de puissance également sans limite ( voir à ce propos mes articles sur la nature de l'homme) 
     . Le concept de "volonté générale" qui est à la base de la république n'est pas un concept naturel, il est le fruit d'un réflexe de peur mais aussi et surtout d'une construction imaginée par des philosophes et mis en place par une volonté politique.

Il en résulte que, devant l'incapacité de la société de se mouvoir en force de réaction, seule l'autorité politique pourrait être capable d'endiguer le mouvement.

Á suivre...

samedi 26 septembre 2015

Chronique d'une décadence française (16)

Suite de l'article précédent

Le déclin de la structure familiale est aussi évidente à deux points de vue : on ne croit plus guère aux valeurs du mariage et le nombre croissant de familles recomposées est, à cet égard frappant ;  mais surtout, on ne veut plus aucune contrainte ni pour soi ni pour ses enfants : on s'en aperçoit en particulier au niveau de l'éducation donnée aux enfants et de l'application du principe :  " il est interdit d'interdire" : désormais, la seule priorité est le libre épanouissement de l'enfant, on ne lui inculque  ni le sens du respect, ni celui de l'effort ; c'est à l'enfant lui-même à se forger ses propres valeurs, mais à partir de quel exemple ? Celui de ses parents qui refusent toute contrainte ? Dans ces conditions, on comprend que les jeunes, déboussolés par une société amorale tentent de trouver des valeurs dans les réseaux sociaux où ils pourront partager leurs expériences et trouver grâce à leurs pairs quelques certitudes. Certes, il existe de nombreuses résistances à ce déclin de l'éducation parentale, beaucoup de parents tentent de donner à leurs enfants des valeurs mais c'est pour eux une lutte de tous les instants dont ils se lassent souvent.

L'école enfin subit de plein fouet le déclin de son influence surtout au niveau des collèges : elle tente encore de résister en essayant d'enseigner les bases de notre civilisation, les savoirs et les valeurs républicaines auprès d'élèves  désintéressés ; cependant ce n'est plus ce qu'on attend d'elle : on veut qu'elle supplée aux manques parentaux en éduquant plus qu'en enseignant et surtout on veut qu'elle permettent de trouver du travail, ce qui évidemment pas son rôle. Il n'y a donc plus adéquation entre la mission de l'école et ce que la société actuelle voudrait qu'elle soit.

Cela conduit à des déviances multiples :
     - le désintérêt de beaucoup d'élèves pour un enseignement dont ils ne ressentent ni la valeur ni l'utilité.
     - la perte du sens de l'effort et de la discipline, lui-même conséquence du laxisme à la mode, fait qu'il n'y a de moins en moins de respect pour le maître, l'indiscipline devient une plaie, les devoirs sont bâclés et les leçons non apprises.
     - les parents prennent en général le parti de leurs enfants contre le maître en décriant les enseignants. Il ne leur vient même pas à l'idée qu'ils sont eux-mêmes responsables de cette situation par la permissivité de leur comportement.

En conséquence, l'école ne peut plus assumer ce pourquoi elle a été créé : corriger l'inégalité de fait par l'égalité des chances et viser l'épanouissement personnel au sein de la Nation ; désormais l'indiscipline, l'inattention, la perte du sens de l'effort font que l'enseignant est souvent démuni face aux élèves ; pour tenter de se faire respecter, l'école n'a d'autres recours que  les sanctions : mauvaises notes, punitions, mise en place  de classes de niveau pourtant interdites, menaces constantes d'une orientation par la négative...Ainsi, du fait de l'évolution des mentalités sociales, on est passé de l'épanouissement personnel à la sélection par l'échec !

 Dans ce contexte de déliquescence des valeurs traditionnelles, les deux aphorismes hérités de 1968 (" je suis libre, je fais ce que je veux" et "il est interdit d'interdire") servent de nouvelle base à la reconstruction sociale avec son corollaire, des "6 i"  ( Irresponsabilité, Irrespect et Incivilité, Individualisme, Immobilisme, indifférence. ) qui sont à leur tour facteur de décadence.

Dans de telles conditions, comment réagir ?

A suivre...

jeudi 24 septembre 2015

Chronique d'une décadence française (15)

Suite de l'article précédent

L'INCAPACITÉ DES VALEURS TRADITIONNELLES Á ALLER À CONTRE-COURANT DES APHORISMES HÉRITÉS DE 1968.

Les valeurs traditionnelles étaient autrefois organisées selon quatre ensembles :  l'église, la république, l'école et la famille. Ils furent incapables de réagir face à la montée de l'individualisme personnifiée par les deux aphorismes : "Je suis libre, je fais ce que je veux" et " il est interdit d'interdire"

La Valeur Républicaine fut la première touchée : les pratiques patriotiques ont pratiquement disparu, les fêtes nationales ou de commémoration des morts pour la patrie  ne sont plus célébrées que par les corps constitués que n'accompagnent que quelques personnes. Ces jours sont devenus l'occasion de " week-end prolongés" pendant lesquelles on peut faire ce que l'on veut. De même, l'hymne national a perdu une grande partie de sa signification, personne ne se lève comme autrefois quand il retentit et il arrive même qu'il soit sifflé. Enfin, tout ce qui reste encore de la démocratie est en grand danger, les élections, sont boudées par beaucoup de gens et l'abstentionnisme est devenue une entrave au fonctionnement de notre système participatif.

L'influence des Eglises chrétiennes a pratiquement disparu. La pratique religieuse effective se limite à quelques personnes et le message évangélique n'est plus guère dispensé. Bien peu se proclament ouvertement chrétiens ou simplement croyants. Il devient même de bon ton de s'afficher déistes ou athée. Même en ce cas, on n'hésite pas à critiquer les églises en leur demandant de s'adapter au laxisme moral, d'évoluer pour s'adapter à celui-ci au prix même de l'abandon des préceptes évangéliques.

Seuls rencontrent encore quelques échos les grands événements médiatiques comme la venue du pape, les pèlerinages pendant lesquels les personnes complètement perdues dans ce monde de laxisme tentent de retrouver d'autres valeurs,  et surtout les cérémonies d'enterrement où il est de coutume de se rassembler pour un dernier adieu au défunt (et aussi, hélas, pour s'afficher devant la famille de celui-ci)

Pourtant, malgré ce mouvement rapide de déchristianisation, l'église, bien que décriée, réussit à sauvegarder l'essentiel ; partout se forment des petits groupes laïcs de prières qui ressemblent aux assemblées de la chrétienté primitive ;  de même, les associations caritatives subsistent tant au niveau de l'encadrement de la jeunesse qu'à celui de la solidarité envers les pauvres, les gens qui souffrent et les malades.

Ce déclin n'affecte pas évidemment pas l'Islam qui, en France comme ailleurs, se révèle de plus en plus comme un ciment de cohésion pour tous les immigrés et opprimés venus des pays musulmans .

Á suivre....

mercredi 23 septembre 2015

Chronique d'une décadence française (14)

Suite de l'article précédant

Le mouvement de contestation fut vite enrayé par la vigoureuse réaction de l'Etat et par l'abandon du mouvement par les syndicats du fait des accords de Grenelle qui conduisirent à l'arrêt des grèves ouvrières, Le mouvement étudiant cessa peu à peu et il ne resta de leurs revendications que quelques idées phares qui gangrenèrent peu à peu la société. Je me suis toujours demandé ce que les étudiants auraient reconstruit après avoir tout démoli de l'ancienne société, sans doute rien.

Ce qui resta de ces mouvements de 1968, ce sont quelques  aphorismes qui servirent à établir de nouveaux modes de vie :
     . "Je suis libre, je fais ce que je veux" qui rendit caduque l'article 4 de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 : " La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société, la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi." 
     . "Il est interdit d'interdire" avec son corollaire " je ne respecte la loi que quand elle m'arrange et quand elle n'entrave pas ma liberté"  ce qui est aux antipodes de l'article 6 de la déclaration des droits de l'homme :  " La Loi est l’expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse."

Ces deux idées essentielles conduisent à la déliquescence d'une grande partie de ce qui était autrefois naturel et que l'on ressentit désormais comme une entrave ; les valeurs républicaines, religieuses et familiales qui permettaient la cohésion sociale antérieure, le respect d'autrui et du bien public qui en était la conséquence ont été remplacé lentement mais sûrement  par d'autres concepts comme l'individualisme, l'indifférence aux autres, la permissivité  et l'égocentrisme qui constituent la base des "6 i" et conduisent à la décadence.

Pour illustrer cette mutation de la société, rien n'est plus frappant que de comparer l'utilisation de trois mots clés : fraternité, charité et solidarité : fraternité et charité sont des pratiques individuelles et volontaires qui ont pour but d'aider les autres soit parce qu'on les considère comme des frères, soit pour suivre les préceptes évangéliques. Ce sont des notions du passé. Par contre, la solidarité est un acte collectif que l'on n'accomplit pas soi-même mais pour laquelle on compte plutot sur l'état, les associations ou les autres pour le faire à sa place.

Il convient enfin de préciser que les exaltés de 1968 ne sont pas uniquement responsables des mutations survenues et cela pour deux raisons : d'abord parce qu'il existait des ferments antérieurs de mécontentent dans la nouvelle génération des gens nés après la guerre et surtout parce que leur message correspondant aux aspirations diffuses de tous. Les idées de 1968 ne furent prises en considération  que parce que les gens n'attendaient que cela.

Á suivre...

mardi 22 septembre 2015

Chronique d'une décadence française (13)

Suite de l'article précédent

Les mouvements de 1968 furent suscités, pour la plupart,  par des enfants de nantis qui se réclamaient de trois principaux courants de pensée à la mode à cette époque : l'anarchisme, le trotskisme et le surtout le maoïsme. Ils lisaient assidûment le petit livre rouge de Mao Zedong et admiraient en particulier  la révolution culturelle initiée en 1966. Voici trois exemples évocateurs de ce qu'ils pensaient :

Mao Zedong á propos des jeunes : "Le monde est autant le vôtre que le nôtre mais au fond, c'est à vous qu'il appartient ; vous les jeunes, vous êtes dynamiques, en plein épanouissement, c'est en vous que réside l'espoir, le monde vous appartient" 

" Il faut promouvoir continuellement les éléments actifs qui se sont distingués au cours de la lutte et les substituer aux membres du groupe dirigeant qui sont comparativement moins qualifiés ou qui ont dégénéré" ( Petit livre rouge) 

“La Grande Révolution culturelle prolétarienne vise à liquider l'idéologie bourgeoise, à implanter l'idéologie prolétarienne, à transformer l'homme dans ce qu'il a de plus profond, à réaliser sa révolutionnarisation idéologique, à extirper les racines du révisionnisme, à consolider et à développer le système socialiste. 

Nous devons abattre les responsables du Parti engagés dans la voie capitaliste. Nous devons abattre les sommités académiques réactionnaires de la bourgeoisie et tous les “monarchistes” bourgeois...Nous devons liquider tous les génies malfaisants. Nous devons extirper énergiquement la pensée, la culture, les mœurs et coutumes anciennes de toutes les classes exploiteuses.... Nous devons purger la terre de toute la vermine et balayer tous les obstacles!”  
Texte du comité central du parti communiste chinois ( 8 Août 1966).

En ce qui concerne les étudiants pseudo-révolutionnaires dits Maoïstes  de 1968, ils prirent à la lettre les appels de Mao Zedong et voulurent l'appliquer de manière artificielle et hors du contexte chinois à la France. Ils ne virent dans la révolution culturelle qu'un appel à détruire l'ordre ancien et en premier lieu l'université qu'ils considéraient comme sclérosée ainsi que l'Etat et plus généralement toute autorité.

Il ne leur vint pas à l'esprit que la révolution culturelle chinoise était bien autre chose que ce qu'ils avaient compris. Il ne leur vint pas à l'idée que cette révolution n'était pas une simple contestation globale toute toute autorité, il s'agissait seulement de remplacer une autorité ressentie par Mao Zedong comme réactionnaire, soucieuse seulement de préserver ses intérêts acquis, par une autre autorité apte à poursuivre l'évolution vers la société communiste au moyen de nouvelles mesures révolutionnaires. Il s'agissait aussi ( et peut-être même surtout) pour Mao Zedong qui avait été mis sur la touche depuis quelques années de reprendre le pouvoir : les "gardes rouges" brandissant le livre rouge furent les instruments de cette reprise du pouvoir par Mao.

Les étudiants trotskistes formaient un courant important de la pensée des pseudo-révolutionnaires de 1968, ils voulurent eux aussi appliquer, sans les comprendre vraiment pour la plupart,  les idées de Trotsky. Il s'agissait pour eux de "faire la révolution" sans aucune référence à la pensée réelle de l'ancien dirigeant russe. Pour lui, comme pour Marx, la révolution doit être mondiale et conduire à la prise de pouvoir générale du prolétariat qui établira sa dictature. Cette dictature n'aura, en aucun cas,  pour but d'établir la liberté ; elle visera seulement à l'éradication de toute pensée bourgeoise d'exploitation de l'homme par l'homme, si nécessaire par la violence. Ce n'est qu'au terme de ce long processus que l'humanité pourrait passer à la société communiste dans laquelle tous seraient libres et heureux.

Enfin, il y avait quelques anarchistes qui montraient que l'homme n'était perverti que par les entraves que l'autorité lui imposait et que si on supprimait l'Etat et plus généralement toute sujétion en rendant la liberté à tous, on créerait ipso-facto une société libre et heureuse.

Les exaltés de 1968 ne comprirent dans ces trois courants qu'un seul objectif, détruire toute autorité et toute contrainte. Ils rêvaient d'un monde libre et sans entrave sans imaginer un instant que ce rêve ne pouvait être qu'utopie. Leur mouvement de contestation gagna la France entière avec un mouvement de grèves d'une grande ampleur. Pourtant, l'union n'était que de circonstance car la double contestation n'avait pas les mêmes objectifs : les étudiants voulaient une révolution globale, les syndicats voulaient seulement l'amélioration des conditions de vie des salariés sans changer la société.

 Á suivre...