REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

samedi 9 janvier 2016

Regard sur... FORT DE FRANCE (9)

QUELQUES MONUMENTS SIGNIFICATIFS DE FORT DE FRANCE

L'HÔTEL DU DÉPARTEMENT,  bien qu'inspiré du Petit Trianon de Versailles date de 1923. Il est construit en béton armé et présente un aspect classique : colonnade avec ordres superposés, dorique au rez-de-chaussée, ionique à l'étage et entablement.

L'EGLISE SAINT LOUIS devenue cathédrale a subi de nombreuses vicssitudes : incendie en 1890 qui nécessite le remplacement du toit, cyclone de 1891 qui fit décider d'une reconstruction complète. Cette reconstruction prit la forme d'une structure métallique qui permit de créer une ossature capable de résister aux ouragans et aux tremblements de terre. Dans cette perspective, les murs ne constituent qu'un parement plaqué sur cette structure métallique.

Malgré cela, le clocher fut endommagé par un tremblement de terre en 1953, une réfection d'ensemble s'en suivit et l'église ne rouvrit ses portes qu'en 1979. Dans de telles conditions, il paraît évident qu'il ne reste rien de l'église primitive.
 
La façade de style néogothique montre parfaitement la structure métallique. Elle comporte quatre hautes poutrelles reliées par des barres transversales au niveau de la nef et deux plus petites au niveau des bas-côtés. Cette structure permet de créer de larges ouvertures. Seul le clocher peut paraître plus fragile car moins coordonné à la structure.

L'intérieur de la cathédrale est beaucoup plus imposante que la façade.

Au centre, se trouve une nef d'une grande largeur, ce qui est permis par l'utilisation de grands arcs en berceau portés par des colonnes métalliques ; des barres transversales relient entre elles ces colonnes, l'une est établie à mi-hauteur et porte une tribune au dessus des bas-côtés. Une coupole basse se trouve à la croisée du transept.

L'ensemble est, selon moi, très intéressant par les formes courbes que l'on trouve à tous niveaux pour contrebalancer l'effet un peu austère de l'armature d'ensemble.
A suivre...

vendredi 8 janvier 2016

Regard sur... FORT DE FRANCE (8)

COMPARAISON ENTRE LA VILLE DE 1689 ET LA VILLE ACTUELLE

Il existe, comme on le voit en comparant les plans de la ville du 18ème siècle et ceux du 21ème siècle, une grande concordance :

On retrouve d'abord l'emplacement du canal de ceinture de la ville, il a été comblé et aménagé en une large artère, le boulevard Général de Gaulle. Ce boulevard sert encore de limite entre la ville ancienne et les quartiers nouveaux qui se développent dans la plaine et sur les mornes qui la bordent.

De même, les deux grands axes qui limitaient la ville ancienne (C du plan de 1684) apparaissent encore sur le plan actuel (rues de la Liberté et rue Moreau de Jonnes) ; de même, le dualisme entre les quartiers sud et nord apparait encore clairement :

Au sud de la rue Moreau de Jonnes se trouve la zone lotie, conservant le plan en damier d'origine, il comporte en particulier l'église devenue cathédrale précédée de son parvis.

Au nord de cette rue se trouve la "ville officielle" :
     - le quartier du couvent des capucins (D) et du collège Jésuite (E)  a été remplacé par :
            .  Un vaste ensemble commercial et administratif appelé « espace Perrinon (1) » qui fait disparaître la moitié de la seule rue dérogeant au plan en damier ( actuelle rue Ledru-Rollin),
             . L’ancien Hôtel de Ville (2) devenu théâtre jouxtant l'actuel Hôtel de Ville et le nouveau palais de justice (3),
     - la place Vallières (H et 4) a été lotie,
     - l'ancien couvent des religieuses de la Providence (G et 5), après avoir été caserne, devint l’ancien palais de justice.
     - l'ancien palais du gouverneur (K) est devenu préfecture de région (6)

Á l'emplacement de la place d'armes (L) se trouve la place de la Savane (7), devenue un vaste parc. La seule transformation dans la topographie de cette place est la démolition du bastion protégeant le fort afin de créer une voie littorale reliant le parc au carénage.

Enfin, il convient de remarquer en (8) une zone récupérée sur la mer afin de créer un espace moderne avec, en particulier le centre des affaires de la pointe Simon.

Cette concordance de la topographie pourrait penser que l'on peut découvrir dans la ville une architecture du 18eme siècle colonial.  Ce n'est pas le cas, il suffit de faire le tour de ville pour s'en apercevoir. Les tremblements de terre, les ouragans et les incendies ont détruit la quasi-totalité des bâtiments publics. En conséquence, les édifices principaux, y compris ceux qui ont un aspect ancien, datent tous de la première moitié du 20eme siècle et furent construits afin de résister aux aléas du temps .

J’en donnerai quelques exemples dans les articles qui vont suivre,,,

jeudi 7 janvier 2016

Regard sur... FORT DE FRANCE (7)

Suite de l'article précédent 

FORT ROYAL EN 1784

A la veille de la Révolution, on peut considérer que la structure urbaine est achevée. En conséquence, il est possible de trouver dans le plan présenté ci-dessous les caractéristiques de la ville actuelle.

En premier lieu, le périmètre de la ville a été porté vers le nord au delà du canal projeté en 1698 ; un nouveau canal relie la rivière,  appelée de son nom actuel, Levassor (A), au Carénage ; il sert à la fois de moyen de circulation pour les barques mais aussi de canal de drainage et surtout de collecte des eaux descendues des mornes environnants qui avaient été á l'origine des marécages d'antan. Ce canal comportant trois ponts (B)

Cet agrandissement de la ville fait apparaitre deux quartiers nettement différenciés au sud et au nord de la limite ancienne de la ville marquée, dans le plan, par une ligne en pointillé jaune (actuelles rue Perrinon et de la liberté)

Au sud, le périmètre urbain défini par les concepteurs de la ville en damier (C), est totalement loti. On retrouve en son centre ancien l'église saint Louis précédée d'une place formant parvis.

Au nord de cette ligne, les nouveaux quartiers sont beaucoup  moins densément peuplés, Ils comprennent ce que l'on pourrait appeler aujourd'hui la partie officielle de la ville avec des bâtiments à vocation militaire, religieuse et administrative.

Désormais, le couvent des capucins (D) ne se trouve plus isolé hors de la cité,  il est désormais inclus dans ces nouveaux quartiers. En se dirigeant de ce couvent vers le Carénage, on trouve successivement :
   - (E) le collège des jésuites dont l'emplacement avait été prévu dans le plan de 1698, il est précédé d'une petite place appelée place du collège (F),
   - (G) sur le côté ouest de cette place se trouve un couvent de religieuses,
   - en (H), se trouve une place appelée place Vallières,
   - (I) le palais de justice,
   - (J) l'hôtel des officiers du Génie,
   - (K) le logement du gouverneur,

En (L), La place d'armes (actuelle Savane), autrefois marécageuse, a été drainée pour constituer une vaste esplanade bordée de lignes d'arbres ; elle sert aux parades militaires et devient aussi le centre de la ville reliant le bourg au fort. Les défenses du fort ont été renforcées avec création d'un bastion séparé de la citadelle  par un chenal et comportant en son centre une barbacane (M). Les casernes et magasins du fort (N) sont disséminés dans la ville. On trouve aussi une prison militaire appelée "bagne" (O)

Deux installations restent à l'écart de la zone urbaine, le cimetière (P) et l'hôpital militaire (Q) pour lequel un emplacement avait été réservé à cet endroit sur le plan de 1698.

mardi 5 janvier 2016

Regard sur... FORT DE FRANCE (5)

LES AMÉNAGEMENTS PROJETÉS POUR LES ANNÉES FUTURES MENTIONNÉS SUR LE PLAN DE 1698. 

En premier lieu est prévue l'extension de la ville en damier vers le nord (9).

L'ancien canal de drainage devrait être  remplacé par un nouveau canal (10) reliant la rivière du Cornet au Carénage. Ce nouveau canal sera, dit le commentaire de la carte, bordé de quais et d'une rangée d'arbres. Ce sera à la fois un espace convivial et utilitaire puisque les bateaux pourront y circuler.

Une conduite d'eau (11) sera aménagée pour l'amenée de l'eau potable dans la ville, cette conduite partira de la rivière Cornet jusqu'à un réservoir (12) puis, par un aqueduc, l'eau sera conduite jusqu'au bord du canal où seront aménagés un bassin et une fontaine (13)

un autre canal (14)  sera également creusé au nord de la ville en damier. Celui-ci servira à la fois à drainer la plaine mais aussi à recueillir les eaux des rivières et torrents descendant des mornes environnants.

Le projet d'aménagement de la ville nouvelle réserve aussi des emplacements pour divers bâtiments utilitaires :
   . (15) futur hôpital
   . (16) emplacement du collège projeté par les jésuites, ceux-ci souhaitaient établir leur collège dans la ville,  sur une parcelle se trouvant face à l'église saint Louis, le concepteur du plan d'aménagement préfère allouer aux jésuites un emplacement plus lointain de la ville, au contact de la campagne et loin du bruit.
   . (17) magasins dépendant du fort.

FORT DE FRANCE DEVIENT LE SIEGE DU GOUVERNEMENT GÉNÉRAL

En 1692, le gouverneur et lieutenant général des colonies françaises d'Amérique, le comte de Blenac décide de transférer de Saint Pierre á Fort-Royal le siège du gouvernement général et la résidence du gouverneur   en dépit des risques occasionnés par le site au niveau sanitaire.

Les raisons de ce choix sont explicitées dans un texte écrit en 1700 par le marquis d'Ablimont, lieutenant général des îles d'Amérique
     " ... Le port ou le Cul de Sac du Fort-Royal et ses rades sont seules de l'île où les vaisseaux tant du roi que des marchands puissent être dans la plus grande sécurité tant contre les ouragans que les ennemis en temps de guerre.
       ... Le Fort-Royal est ..la place la plus forte et la mieux située et la plus sûre qui puisse être bâtie dans l'île.
       ... Le Fort-Royal étant la place la plus forte de l'île ...il est nécessaire que tous les magasins du roi y soient rassemblés en temps de guerre comme de paix. .. Le Fort-Royal étant le lieu où viennent mouiller tous les vaisseaux du roi dont les équipages doivent être mis à l'hôpital lorsqu'ils en ont besoin..
      ... Le Fort-Royal...est le plus fort de tous, soit en nombre d'habitants, de sucreries et de bestiaux et, par conséquent, celui où se fera toujours le plus fort commerce et chargement de sucre

Cette dernière allégation est un vœu pieux, à cette époque, Saint-Pierre reste la ville la plus importante, tant au niveau de son activité commerciale que de sa vie urbaine, ses commerçants contrôlent l'essentiel de l'économie de l'île, la ville s'embellit sous leur impulsion et une société calquée sur les modèles européens s'y met en place.

Il se crée donc au 18ème siècle un dualisme qui fait de Fort-Royal le siège du gouvernement et la place forte de l'île et Saint-Pierre qui reste la capitale d'une économie dynamique ainsi que le lieu de résidence de la bonne société.

Regard sur... FORT DE FRANCE (6)

1742 : LE PLAN DIT DU PERE LABAT.

Il montre d'abord les trois éléments caractérisant de prime abord la ville de Fort-Royal : la rade, le fort et le Carénage. Les limites de la ville en damier sont mentionnées mais il apparait que la partie lotie de la ville  ne constitue qu'une partie de l'espace urbain prévu. Au centre des quartiers construits est représentée l'église Saint-Louis. Le couvent des capucins (8) reste toujours largement à l'écart de la zone urbaine.

Ce plan révèle aussi que les aménagements prévus sur le plan de 1698 n'ont pas été réalisés, on ne trouve pas encore mention du canal central qui devait relier la rivière au Carénage et sera réalisé postérieurement comme le montrera le plan de 1784 ; par contre des canaux de drainage ont été creusés dans la plaine marécageuse afin de la rendre moins malsaine à  l'homme.

Le plan dit du Père Labat, comme le plan de 1698, montre aussi les perspectives d'avenir de la ville avec le projet de construire une fortification pourvue de bastions autour de l'espace à urbaniser (18) ; en 1742, une partie de l'enceinte parait construite le long de la rade dessinée au moyen d'un trait plein et non de pointillés.

Enfin est représenté sur le morne une redoute (19) dite des capucins qui domine le carénage et permet de protéger celui-ci de concert avec les batteries installées sur le fort.

dimanche 3 janvier 2016

Regard sur... FORT DE FRANCE (4)

1673 : LA FONDATION DE LA VILLE

C'est un an après la construction du fort qu'est décidée la construction d'une ville dans la vaste zone marécageuse qui borde la rade et en dépit du caractère malsain du site qui génère la malaria. La compagnie des Indes Occidentales fut chargée d'établir le plan de la nouvelle ville et de répartir entre les colons les parcelles constructibles.

Le plan ci-dessus a été établi en 1698, c'est un projet d'extension de la ville qui présente à la fois la situation de la zone construite à l'époque et l'expansion projetée ( cf. l'article suivant).

D'abord, on retrouve les trois ensembles mentionnés dans le plan précédent : le fort (1), le carénage (2), la rade (3). En (4), limitée par un trait rouge, se trouve l'espace urbain. Il comporte un plan en damier comme il sied à toute ville coloniale. Cependant, les zones loties n'occupent qu'une faible partie de cet espace qui reste encore à peupler ( le plan du Père Labat de 1742 permettra de le constater). C'est seulement aux abords de la rade que se trouve un alignement continu de maisons. Le commentaire qui accompagne le plan indique que la situation de ces maisons est très exposée,  il suffirait de quelques coups de canons pour les détruire. La limite de la ville à l'Est est la rivière appelée De Cornet.

La ville possède une église consacrée à saint Louis et dont les capucins, établis extra-muros (8), possèdent la cure. La présence des ordres mendiants, et en particulier des capucins, sur les îles antillaises s'explique aisément, on se trouve en effet dans des terres vierges de toute implantation chrétienne : plutôt que de créer immédiatement une hiérarchie séculière, les colonisateurs préfèrent s'accompagner de moines franciscains et dominicains dont l'ordre est structuré et dont la vocation est le prêche auquel s'ajoute l'évangélisation.

Pour drainer la zone marécageuse, un canal a été creusé (6 en bleu) mais le commentaire accompagnant le plan indique que ce canal n'est pas bien adapté puisqu'il ne s'intègre pas à l'organisation en damier de la ville.

Enfin, il convient de noter qu'entre la ville et le fort se trouve un vaste espace non occupé, á cet endroit se trouve l'actuelle parc de la Savane (7)

Tel est l'aspect de la cité appelée Fort-Royal en 1698.

samedi 2 janvier 2016

Regard sur... FORT DE FRANCE (3)

1672 LA FONDATION DU FORT ROYAL

En 1672, alors que la Martinique est encore sous le contrôle de la Compagnie des Indes occidentales, Louis XIV ordonne la fondation sur une éminence de la baie appelée alors "cul de sac royal" d'un fort (le futur Fort de France)

A cette époque, le roi est en guerre avec les Provinces-Unies. Cette guerre se déroule non seulement en Europe mais aussi aux Antilles. La Martinique ne possédait qu'une fortification importante, celle de Saint-Pierre qui était mal située le long d'un littoral sans mouillage et exposé aux attaques.
Á l'inverse, la situation du fort projeté était bien supérieure à la fois grâce à son site mais aussi à la possibilité de disposer d'un mouillage particulièrement sûr.

L'extrait du plan ci-dessus montre la situation du site en 1680 : le fort (1) occupe le promontoire qui s'avance dans les eaux du Cul de Sac Royal et délimite d'un côté la rade (2) (appelée aujourd'hui rade des Flamands) et de l'autre, le Carénage (3) qui offre un site particulièrement bien protégé des vents marins par la langue de terre qui porte le fort.

La coupe, à droite du plan, montre que le promontoire du fort est dissymétrique, son côté le plus escarpé étant situé à l'est, formant un front continu vers la pleine mer, par où les navires ennemis peuvent arriver ; du côté du carénage, les fortifications s'étagent sur le côté le moins escarpé, ce qui rend possible la création de lignes de défense étagées.

L'environnement immédiat du fort est particulièrement médiocre car il comporte une plaine marécageuse (4) bordée de basses montagnes appelées Morne. En dépit de ces conditions incommodes, quelques maisons (5)  se sont installées en bordure de la rade.

Il convient également de noter sur ce plan la présence d'un chemin qui s'insinue entre les mornes et conduit vers le nord ainsi que d'une rivière (7) qui formera plus tard la limite de la ville.

La construction du fort se poursuivra jusque vers 1680, mais dès 1674, il est capable de repousser une flotte hollandaise menée par l'amiral Ruyter.