REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

lundi 17 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (52) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU TA PROHM

LE PLAN ET LES CARACTÉRISTIQUES ARCHITECTURALES DU TA PROHM

Le but n’est pas ici de décrire séparément et de manière détaillée chaque partie de ce temple mais beaucoup plus d’évoquer ses grands ensembles du centre vers la périphérie afin de faire ressortir son organisation générale à l’époque de JAYAVARMAN 7 et de permettre de comparer les indications de la stèle à celle du plan actuel en tenant compte des études effectuées tant au niveau stylistique qu’à celui de la susceptibilité magnétique moyenne  du grès, cette dernière présente en effet de fortes variations qui correspondent aux différentes carrières dans lesquelles sont extraits les grès de construction.


Les trois sanctuaires correspondent à ce qui est mentionné dans la stèle : au centre se trouve la cella de la mère du roi , de part et d’autre, au nord et au sud sont érigées les deux cella où l’on vénère le guru du roi ( en rouge). Ces cella sont entourées de galeries carrées formant leur temenos ( que l’on qualifie habituellement de première enceinte) et  ouvrant sur l’extérieur par des tours-portes orientées vers  les directions cardinales.(en orange)

Les deux photos ci-dessous montrent l’architecture du temenos sud et de sa cella :
 

  . La photo de gauche montre l’aspect extérieur de ce temenos : au centre du cliché, on trouve un pavillon d'entrée de plan quadriforme surmonté d’une tour à faux étages servant de parement à la cheminée qui surmonte la salle centrale ; ce type est ancien puisqu’on le trouve déjà dans le première ville d’Hariharalaya. Les galeries présentent vers l’extérieur un mur à nu sans décoration, le portique s’ouvrant uniquement vers la cella

   . La photo de droite montre le temple central du temenos sud : il comporte une salle rectangulaire ouverte sur trois côtés et couverte d’une voûte à double encorbellement puis une tour à faux étages cruciforme. Les auteurs qui ont étudié le Ta Prohm ne sont pas d’accord sur l’attribution de ces deux salles : mandapa et tour en croix ou tour en croix et  cella. La première forme avait déjà été employée dans la cella de BANTHEAY SREI.

Ainsi les trois temenos et les trois cella ne possèdent aucune originalité architecturale, l’architecte se bornant à répéter les formes héritées du passé.

A suivre...

dimanche 16 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (51) YASHODARAPURA 4,LE TEMPLE DU TA PROHM

LES CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES DES TEMPLES DE L'ÉPOQUE DE JAYAVARMAN VII

Trois  remarques liminaires s’imposent qui s’appliqueront à l’ensemble des temples bouddhistes construits par Jayavarman 7 :

     . Tout d’abord, le temple du Ta Prohm n’est pas un temple-montagne, mais un temple construit sur un terrain plat : à la différence de l’hindouisme qui nécessitait la figuration du mont Mérou, le bouddhisme n'impose pas une élévation en pyramide. Seul le Bayon possède une structure à trois niveaux.

     . Le changement de religion n’aboutit pas à l’introduction de l’architecture bouddhiste qui se caractérisait en particulier par l’érection de stupas autour desquels il était possible d’effectuer la circumnambulation ; les plans des temples khmers de l’époque de Jayavarman 7 conservent les formes traditionnelles des temples des époques immédiatement antérieures avec des cella entourées d’enceintes à galeries emboîtées qui empêchent la  circumnambulation ; celle-ci se heurte en particulier aux galeries axiales qui se rejoignent sur les quatre côtés de la cella.

     . Enfin, il apparaît une prolifération de « divinités » nouvelles ; c’est une caractéristique du bouddhisme Mahayana pour qui tout être humain est un Bodisatva en devenir. . Autrefois, il n’était d’usage d’honorer que les rois défunts en les assimilant aux Dieux hindouistes, Désormais, le culte des défunts s’étend non seulement aux ancêtres directs du roi et de sa famille,  mais aussi aux hauts dignitaires, lettrés et militaires. Le système est conforme au processus utilisé pour la mère du roi : la statue érigée dans la cella représente la déité auquel le défunt a voulu s’assimiler mais la dédicace est effectuée au nom que le défunt ainsi divinisé reçoit à sa mort  Cette dernière caractéristique fait que  chaque chapelle possède sa spécificité ; on peut y trouver une seule statue mais aussi des triades, la plus courante associe le Bouddha, le Bodisatva Avalokistevara et le Prajnaparamata.  La conséquence de ces modifications est la présence d'un grand nombre de chapelles dans l'enceinte du temenos. Rappelons dans cette perspective que JAYAVARMAN 7 a consacré, comme il est dit plus haut, 260 divinités au Ta Prohm !

A suivre ...

samedi 15 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (50) YASHODARAPURA 4,LE TEMPLE DU TA PROHM

La stèle (suite et fin) 

La troisième partie de la stèle décrit l’aspect du complexe cultuel du TA PROHM et sa composition sociale au moyen d’un ensemble de chiffres qui permettent de se faire une idée assez complète de son organisation.

Avant d’aborder cette description, il convient d’abord de préciser la chronologie de l’élaboration du temple : deux informations  sont données  sur la stèle :
   .  D’abord est indiquée l’année 1186 pour la consécration dédicatoire de la statue de la mère du roi,
   . Ensuite est mentionnée à la stance 27 l’expédition du roi au Champa : « Etant allé au Campa, il avait dans le combat pris, puis relâché le roi de ce pays » or cette expédition ne se produisit qu’après l’invasion du royaume khmer par les Chams en 1190 : la stèle ne fut donc gravée qu’après cette date.

Cette dernière indication chronologique  permet de penser que les informations données sur la stèle à propos du temple datent de la période légèrement postérieure à la victoire sur les Chams. L’élaboration du complexe religieux fut donc effectuée entre 1186 et le retour de l’expédition au Champa.

La stèle indique d’abord que le Ta Prohm n’est pas seulement un temple mais aussi une ville portant le nom de RAJAVIHARA. 79635 personnes en dépendent, cette population se subdivise en trois  grandes catégories :
 
     . Les premiers sont affectés au service du temple : 18 officiants principaux, 2700 officiants. 2232 assistants dont 615 danseuses. A cela s’ajoutent 400 hommes aux fonctions non spécifiées Cela représente 5350 personnes. Il paraît évident que tous ne sont pas affectés au Ta Prohm proprement dit. En fait, il est probable  qu’une grande partie d’entre eux sont en service dans les temples satellites, les gîtes d’étape et les hôpitaux, la stèle mentionne 102 hôpitaux dépendant de Rajavihara. Ce premier ensemble de population représente 6,7% sur les 79356 personnes dépendant du temple.

     . Une deuxième catégorie comporte  1409 personnes qui se décomposent en deux parties :
          . « 439 saints religieux nourris chaque jour dans le Palais Royal, (stance 81)
          . 970 personnes habitent chez le lecteur » (stance 82)
Mention est faite dans ces deux stances d’un Palais Royal et d’un lecteur : le premier est sans doute un magasin dépendant du palais, le second doit correspondre au supérieur d'une université bouddhique. Certains moines (les saints religieux) doivent habiter à deux dans les 93 cellules existantes  dans le temple ce qui représente 186 moines, le reste devant loger ailleurs ; de même, il n’y a pas mention dans la stèle d’un bâtiment dévolu à l’enseignement. Ce second ensemble de population représente 1,7% des 79365 habitants

     . Le reste de la population, soit  91,6%, du total, représente ceux qui sont affectés à la subsistance de la « mère des Muni » il va de soit que ces habitants ne se trouvent pas à Rajaviraya, ils sont dispersés dans les villages que le roi ou les puissants ont donnés au temple-monastère en guise d’aumônes,  ils doivent fournir des prestations en nature que la stèle précise tant au niveau de la variété des produits que de leur quantité.

En ce qui concerne l’organisation spatiale telle que la stèle nous l’a décrite, quelques rares renseignements  nous en  sont données :
   . D’abord la ville est entourée d’un mur d’enceinte en limonite de 2702 brasses,
   . 39 tours à pinacle, 566 habitations en pierres et 288 en briques sont indiquées.
   . Un Palais Royal.
   . Mention sont faite aussi de danseuses et d’un lecteur indiquant la présence d’une université.

Pour en savoir plus, il est nécessaire de se reporter au plan du complexe tel qu’on peut le visiter actuellement.

vendredi 14 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (49) YASHODARAPURA 4,LE TEMPLE DU TA PROHM

La stèle du Ta Prohm (suite)

Cette nouvelle orientation spirituelle mentionnée par la stèle n’exclut pas cependant un grand nombre de références aux dieux brahmaniques.  Le bouddhisme était la religion personnelle du roi,  de la famille royale et probablement celle de ses parents. Le pays khmer n’était pas habitué à cette nouvelle pratique religieuse après des siècles de dévotion à Civa puis Vichnou auxquels les temples d’état étaient traditionnellement dédiés ; il paraît évident que JAYAVARMAN 7 ne pouvait imposer le bouddhisme, ce qui aurait été d’ailleurs contraire aux préceptes de celui-ci. En conséquence, il se produisit une coexistence entre les deux religions, les temples bouddhistes comportaient aussi des cella dédiées aux dieux hindouistes. L’exemple le plus intéressant de ce phénomène est le temple du Preah Khan..

Cette coexistence est bien marquée dans la deuxième partie de la stèle ayant trait à la généalogie du roi par laquelle, il se rattache à ses ancêtres et à leurs exploits qui les assimile à ceux des dieux. La stèle évoque aussi le roi lui-même, cela est rendu possible par le fait que cette stèle est signée non de Jayavarman 7 mais de son fils, Cri Suryakumera ; dans ces conditions, le prince héritier pouvait citer sans problèmes les exploits de son propre pere.

Dans les stances qui décrivent Jayavarman 7 et ses exploits, on retrouve, entre autre,  les qualificatifs suivants qui évoquent tous le brahmanisme :
    . La naissance du roi est assimilée à celle d’Indra, le roi des Dieux, (stance 8)
    . A l’image du dieu Kumera, dieu de la guerre dont «  le corps si complexe » est né de Civa, d’Agni et de Ganga selon le Mahabaratha, le créateur a constitué le roi en mêlant les corps de Civa, de Kama et sans doute aussi de Vichnou pour constituer un être qui mélange les qualités de ces dieux : la puissance, la beauté et l’héroïsme.  (stance 19)
    . Laksmi le qualifie de rejeton de la race solaire, le joyau de la tête des rois qui peut remplacer les Dieux dans leur combat (stance 22)
    . La présence supraterrestre du roi permet l’unité du ciel et de la terre (stance 26)
    . Les rois ennemis ont la tête brûlée par le feu de sa gloire (stance 28)
    . Le roi est comparé à Vichnou lorsqu’il a effectué le barattement de la mer de lait (stance 2)

Ainsi, décrit par son fils, le roi est un être supraterrestre, possédant les qualités des Dieux du Panthéon hindouiste et ayant la capacité de les remplacer dans leur lutte contre le mal. (Voir note A avec la traduction de la stèle effectuée par M Coedes en 1906)

Note A
     . 8 : De même que du Brahmarsi la déesse Aditi eut [pour fils] le roi des Dieux (Indra), de ce roi (Dharanïndravarman) la fille de Çrihars varman eut un fils au pouvoir étincelant, le roi Çrijayavarman, qui, se fondant sur la loi, tua dans un combat le chef ennemi avec cent millions de flèches pour protéger la terre
     . 19 :  Ayant considéré que le corps si complexe du Dieu aux six mères (Kumara Dieu de la guerre)  a pourtant été fait un [par ses parents]le créateur, désireux d'accomplir œuvre utile dans la joie d'un profond mystère, au moyen [des corps] de Hara (Civa), Çàrngi ( ?), Anaňga, (Kama) fit de ce roi l'unique réceptacle de la puissance, de l'héroïsme et de la beauté.
     . 21 :[Puisque] par l'extrême puissance de ses deux bras, il avait dans cet Océan qu'est la bataille fait tourner [c'est-à-dire] vaincu ce roi des montagnes qu'est le roi des éléphants ennemis, et obtenu Laksmï, l'éléphant blanc, le cheval royal, le joyau, [on peut dire qu'] il fit comme Hari le barattement de l'océan (2).
     . 22 « Je crois que ce roi en qui sont réunies toutes les qualités, ce rejeton de la race solaire, qui est le joyau de la tête des rois, me remplace dans la bataille », c'est dans cette pensée qu'avec une joie extrême la Laksmï des combats l'embrassa étroitement.
     . 26 : . Ayant reçu de ce roi un sacrifice complet, Âkhandala, extrêmement joyeux, qui avait lancé le feu de sa malédiction à la suite de Jana- mejaya, effectua, le cœur plein d'allégresse, l'unité du ciel et de la terre par la puissance supraterrestre [de ce roi].
      . 27 : Etant allé au Campa, il avait dans le combat pris, puis relâché le roi de ce pays ; les rois ennemis ayant entendu parler de l'ambroisie de sa conduite prirent en quelque sorte [cette ambroisie] dans leurs mains jointes et la répandirent sur leur tète pour apaiser la brûlure produite par le feu de sa gloire.

jeudi 13 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (48) YASHODARAPURA 4,LE TEMPLE DU TA PROHM

LA STÈLE DE FONDATION

La stèle du Ta Prohm comporte quatre parties distinctes :
     . Une invocation aux « forces spirituelles » sous la protection desquelles la stèle est placée,
     . Le rappel généalogique des souverains qui ont précédé Jayavarman 7 et de leurs exploits dans la perspective de placer les exploits du roi dans la continuité de ceux de ses ancêtres.
    . La description du complexe religieux et la liste des revenus qui lui sont dévolus.
    . Enfin la dédicace du temple et la mention de la date de celle-ci.

L’invocation comporte les cinq premières stances dont voici quelques extraits :
      1 Au Bienheureux dont les provisions ..manifestent le corps de la Loi (Dharma) le corps de béatitude et au corps sensible et qui est divisé..A ceux qui participent au corps des Jina et des fils de Jina, au Bouddha en qui les êtres trouvent leur refuge, hommage lui soit rendu.
      2 J'honore le suprême chemin qui mène à l'illumination supérieure, l'unique doctrine qui soit sans obstacle pour atteindre la compréhension de la réalité, la Loi que dans les trois mondes les Immortels doivent honorer, l'épée qui détruit le bosquet des six ennemis intérieurs (désir, colère, cupidité, égarement, orgueil et envie).
      3 Elle qui, bien qu'étant détachée de tout désir parce que c'est un obstacle à la délivrance totale, a cependant constamment attaché son désir à la recherche du bien d'autrui qui  enseigne aux autres les préceptes du Jina récités en chœur et cherche à produire le bien, que la Communauté vous protège !
      5...celle que les sages ne peuvent concevoir en une méditation tournée vers leur personnalité  et qui détruit le filet de tous les doutes, cette mère des Jina, honorez-la respectueusement.
      4. . Celui d'où les fruits désirés des trois mondes tirent leur unique origine, dont le cordon brahmanique d'or, ainsi qu'une liane, entoure le corps, Lokeçvara est victorieux.

Cette invocation aux déités  auxquelles  le temple est dédiée,témoigne d’une évolution importante des croyances religieuses du roi avec introduction des concepts du Bouddhisme du Mahayana (le Grand Véhicule) . La dédicace de la stèle comporte à cet égard deux types d’informations  importantes qui montrent que le roi avait des connaissances précises à ce propos :

    . D’abord en ce qui concerne les choix auquel le dédicataire rend hommage :
          . Les trois joyaux du bouddhisme : le Dharma ( le corps de la loi), le Bouddha ( le corps de la béatitude), le Sangha ( le corps sensible de la communauté)
         . La mère des Jina ( ceux qui ont atteints le stade de bouddheité) qui enseigne les préceptes du bouddhisme en permettant aux hommes de se délivrer de tout désir : ces deux caractéristiques permettent de reconnaître LA PRAJNAPARAMATA (divinisée dans le bouddhisme tantrique)
         . Lokesvara nom khmer qui est assimilé au bodhisattva Avalokistevara.
Cette dédicace établit la triade qui sera honorée dans beaucoup de temples : le Bouddha, le  Prajnajnaparamata et Avalokistevara.

   . Ensuite par la mention de l’essentiel de la pensée bouddhiste :
         . L’illumination et les voies pour y parvenir,
         . La compréhension globale du réel permise par l’illumination,
         . La victoire contre les désirs et de toutes les perversions qui en découlent.

C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre la  dédicace du temple que le roi voulut consacrer principalement à trois entités :
     . CRI JARAJAJACUDAMAN dont l’image figure la mère du roi sous la forme de la mère des Bouddha, la Prajnaparamata et qui occupe la cella centrale.
     . La stèle comporte deux autres cella dédiées au guru du roi représenté sous le nom de CRI JAYAMANGALARTHEVADA et de CRI JAYADIKIDEVA.

A ces trois déités principales le roi leur accola 260 autres « divinités »(stances 36 et 37).

lundi 3 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (47) YASHODARAPURA 4, LE TEMPLE DU TA PROHM

Le complexe monastico-religieux du Ta Prohm présente un grand intérêt à un double point de vue :

     . On a retrouvé sa stèle de dédicace : elle donne un grand nombre d’informations à la fois sur les façons de penser de l’époque de JAYAVARMAN 7 et sur la vie d’un grand temple ; cela permet de compléter utilement les informations données par la description des ruines,

    . Le temple présente une étonnante vision poétique ; en effet, les archéologues, une fois les broussailles et végétations basses déblayées, ont choisi de laisser coexister les ruines et les gommiers dont les racines enserrent les murs du temple comme dans une gangue. Il s’en suit une étrange impression de lutte entre les œuvres humaines et la nature ; cette dernière semble l'emporter en montrant la pérennité éphémère des œuvres humaines.

En ce sens, la visite du Ta Prohm vaut tout autant  pour les paysages résultant de cette association que pour la ruine proprement dite.


À suivre...

dimanche 2 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (46) YASHODARAPURA 4, le règne de JAYAVARMAN VII

Suite de l'article précédent 

PHASE 2

C’est dans ce contexte d’occupation du royaume par les Chams que JAYAVARMAN sortit de sa retraite, il se servit de la haine des Khmers envers les occupants pour se constituer une petite armée qui pratiqua d’abord la tactique des guérillas, organisant des embuscades et des raids rapides pour désorganiser l’adversaire. Parallèlement, il fit construite une flotte pour transporter son armée sur le Tonle Sap et combattre la flotte Cham qui s’y trouvait. La bataille eut lieu sur le lac, les Chams furent vaincus et Angkor fut libéré.

La bataille navale est représentée sur un des bas-reliefs du Bayon, le temple central d’Angkor Thom, la nouvelle ville crée par Jayavarman ( Yashodharapura 4).


A droite se trouve le bateau Cham facilement reconnaissable aux casques que portent les combattants, le bateau de gauche  est khmer.  Dans chacun des deux bateaux se trouvent deux rangées de combattants : des rameurs au niveau de la coque, des guerriers au dessus.

La scène figure l’abordage du bateau Cham par les Khmers. Les soldats Khmers  sont debout représentés en plein combat. Des Chams ont déjà été tués, ils tombent dans l’eau du lac et sont dévorés par des crocodiles.

PHASE 3

En 1181, à la suite de cette victoire, JAYAVARMAN se fait reconnaître en tant que roi et même comme monarque universel. Certains bas-reliefs permettent de penser que la cérémonie se déroula  sur le Phnom Kulen comme l’avait été celle qui intronisa JAYAVARMAN 2, le fondateur d’Angkor. Grâce à ce sacre, le nouveau roi peut  affirmer son autorité tant sur les autres prétendants au trône  que sur le pays entier afin de constituer une puissante armée et de réduire à l’obéissance les gouvernants  des provinces.

À partir de sa consécration, JAYAVARMAN 7 va se consacrer à  deux tâches prioritaires :
   . Écarter la menace de nouvelles invasions des Chams.
   . Reconstruire un pays dévasté par leurs pillages.

En 1190, se produit en effet une nouvelle invasion du royaume par les Chams, JAYAVARMAN 7 leur livre bataille aux portes d’Angkor et emporte une nouvelle victoire. Sur le lieu de cette victoire, il construira le  temple du Preak-Khan. Comprenant que le seul moyen de faire cesser le péril Cham, le roi décide d’effectuer la conquête du Champa qu’il annexera  au royaume en 1203 (2)

C’est après 1203 que le royaume khmer  atteint sa plus grande extension comme le montre la carte ci-contre.

Parallèlement à cette pacification du pays, JAYAVARMAN 7 entreprit la reconstruction d’Angkor et de sa capitale ; pour l’illustrer. J’ai choisi d’évoquer trois ensembles qui se suivent chronologiquement et qui permettre de définir à la fois les mentalités religieuses et politique du roi ainsi que leurs conséquences sur l’évolution de l’architecture.
   . Le Ta Phrom datant de 1186
   . Le Peah Khan construit sur le lieu de la victoire sur les Chams de 1190
   . La nouvelle ville d’Angkor Thom et le temple du Bayon

-2 entre 1190 et 1203, l’histoire du Champa comporte deux phases :
     . Après la victoire de 1190, le pays Cham est partagé en deux, une partie est annexée directement par le roi, l’autre partie est confiée à un prince Cham inféodé au roi.
     . Le prince Cham, ayant tenté de se révolter, est déposé ;  le Champa est annexé mis au rang d’une province du royaume

samedi 1 octobre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (46) YASHODARAPURA 4, le règne de JAYAVARMAN VII

Entre la mort de SURYAVARMAN 2, le fondateur d’Angkor Vat survenue en 1150 et la proclamation de JAYAVARMAN 7 en tant que monarque universel, en 1181, le royaume khmer traverse une période de troubles et d’instabilité pendant laquelle on ne dispose que de peu d’indications. Celles-ci permettent cependant de retracer l’ascension du  futur fondateur d’Angkor Thom. Elle se déroule en trois phases principales.

PHASE 1

A SURYAVARMAN 2 succède un de ses parents DHARANINDRA VARMAN 2, le père du futur JAYAVARMAN 7, une inscription du temple du TA PROHM semble indiquer qu’il se serait converti au bouddhisme. En 1160, DHARANINDRA VARMAN 2 meurt, il est remplacé non par son fils mais par un autre membre de sa parenté, YASHOVARMAN 2. A cette époque, JAYAVARMAN se trouvait au Champa (sud du Vietnam actuel) pour combattre les Chams qui organisaient de fréquentes incursions en pays khmer. Assez curieusement, le prince ne revendiquait  pas le trône auquel il aurait eu droit, au contraire, il servit loyalement le nouveau roi (1)

En 1165, un haut dignitaire de la cour s’empare du pouvoir, fait assassiner  Yashovarman 2 et se proclame roi sous le nom de TRIBHUVANADITYA VARMAN. A la nouvelle de l’usurpation, JAYAVARMAN quitte précipitamment le Champa pour revenir à Angkor mais il arrive trop tard, le pouvoir du nouveau roi est solidement établi. Débute alors pour le prince un exil au Preah-Khan de Kampong-Svay qui durera douze ans sans qu’il n’entreprenne une quelconque action, il est probable que cette passivité était due au manque de troupes prêtes à le suivre et donc au rapport de forces qui lui était défavorable.

Pendant cette période, le roi du Champa profite de l’état de désorganisation du royaume Khmer pour lancer des raids contre lui ; il conduit deux expéditions terrestres  en 1167 et 1170 qui échouent. Tirant les leçons de ces échecs, le roi Cham décide de changer de tactique, il se dote d’une flotte pour transporter son armée par les voies maritimes puis fluviales et arriver au Tonle Sap et au pied d’Angkor. Il peut s’emparer en 1177 de la capitale khmer sans rencontrer de résistance.  A cette époque en effet, à l’exception d’Angkor Vat, la ville n’était pas protégée militairement, les rois ayant voulu que leur cité soit uniquement placé sous les auspices du monde divin, ce qui ne nécessitait pas à priori de protection particulière contre  les hommes : La sauvegarde de Yasodharapura était religieuse et non militaire, cela explique que pour écarter la cité de toute protection divine, les Chams transportèrent les statues des dieux  d'Angkor au Champa ou les mutilèrent. Lors de l’assaut de la ville, l’usurpateur TRIBHUVANADITYA VARMAN est tué. Les Chams règnent sans partage sur le pays.

À suivre...

1 certains auteurs font de YASHODVARMAN 2 le frere de JAYAVARMAN, ce qui semble contredit par les informations de la stèle de fondation du Ta Prohm.