REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
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Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

dimanche 13 juin 2021

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (22)

 LE TRIPTYQUE DU VAGABOND, DE LA MORT DE L’AVARE ET DE LA NEF DES FOUS (2)

LA MORT DE L’AVARE



Le volet droit du triptyque, appelé « la mort de l’avare » montre la même hésitation entre l’attirance vers le mal et le choix du bien : 
     . (1) La partie supérieure est consacrée à l’agonie de l’avare.
     . (2) Au centre, une scène montre le comportement de l’homme pendant sa vie.
     . (3) La partie basse représente un démon ailé, accoudé à un des murs de la maison et un trophée. d’armes.

L’ordre de lecture n’est cependant pas évident, je suppose qu’il doit être effectué de bas en haut :
La signification de la partie basse me semble énigmatique, j’ai lu que les armes entreposées (A) pourraient signifier le péché d’orgueil et l’envie de violence ;  en ce sens, on pourrait penser que le démon (B), attendant devant le mur et semblant s’ennuyer, regarde vers la gauche l’éventuelle arrivée d’un chevalier avide de se battre pour l’attirer dans ses rets.
Au-dessus est représenté un homme qui pose une pièce d’or dans une soucoupe que lui présente un démon. Sous le coffre, un autre démon exhibe un document portant un sceau devant être une reconnaissance de dette. A la ceinture de l’homme, pend une clé et un chapelet portant une croix qu’il serre de la main droite. Cet homme amassant des trésors, est évidemment l’avare.

Il est figuré de manière à témoigner du dualisme bien / mal qui est le propre de tout être humain du fait du péché originel :
     .La pièce mise dans le coffre de la main gauche  et l’amas des richesses symbolisent le péché d’avarice bien révélée par la présence de démons  dans le coffre,
  . Le chapelet pourvu de la croix figure le bien conduisant à la rédemption. 

Entre les deux, l’homme ne semble pas avoir choisi.


La partie supérieure représente le même homme à l’approche de la mort.

     . La Mort (F) vient d’ouvrir la porte, elle tient une flèche à la main qu’elle s’apprête à lancer sur l’homme. A cette époque, à l’exemple du martyre de saint Sébastien, les plaies occasionnées par la peste  ressemblent à celles d’une blessure par flèche et sont le signe le plus caractéristique d’une mort inéluctable. Conformément aux usages du temps, l’avare est assis dans son lit .

     .  Derrière le lit, se tient son ange gardien (G), il lui montre la fenêtre de sa chambre et le vitrail sur lequel est posée une croix, (H), un rayon de soleil filtre à travers ce vitrail et se dirige vers l’homme. L’ange gardien  semble lui dire « repens toi de tes péchés avant qu’il ne soit trop tard ».

     . Au niveau de son lit, aux trois-quarts caché par la tenture du baldaquin, se tient un démon (I) tendant à l’avare un sac que l’on suppose plein d’or.

 Que fait l’homme face à ses deux sollicitations ? : il est complètement indifférent à l’ange qui lui montre la croix, son regard est tourné vers la Mort tandis que son bras gauche est tendu vers la flèche qui le frappera, comme s’il mendiait un sursis.

Par contre, sa main droite se rapproche du sac d’or  esquissant un geste afin de le saisir. Jérôme Bosch peint l’avare en laissant en suspens sa décision au moment ultime : lèvera-t-il les yeux in-extremis vers la croix pour esquisser un tardif repentir ? S’emparera-t-il du sac en commettant  une dernière fois le péché d’avarice qui le damnera ? Pour moi, la réponse semble claire eu égard au contexte de l’époque, il choisira la seconde solution.

Au-dessus du baldaquin, un démon (K) tenant une lanterne, regarde patiemment la scène semblant sûr que le mourant va saisir le sac d’or et qu’ainsi, il sera damné. 

A suivre..

mardi 8 juin 2021

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (20)

LE TRIPTYQUE DU « JARDIN DES DELICES » (7)

Les supplices des damnés ( suite)

 A gauche de l’auberge du diable

    . (M)  les démons pendent les uns après les autres des damnés sur un gibet construit au dessus des flammes.

   . (N) un couteau hache des damnés, il s'élève et s'abaisse par le mouvement de deux oreilles reliées l'une avec l'autre par une flèche, un démon maintient, sous le couteau, un damné qui tente de s'échapper.

   . (O) un damné est accroché à une clé pendue au bout d'une perche provenant du globe oculaire d'un crâne d'animal, un oiseau picore l'anus du supplicié.

   . (P) un démon fait sonner une cloche dont le gong est un démon




l'orchestre du diable

Les instruments de musique de l’orchestre sont utilisés ici comme instruments de torture, un tel usage a été aussi adopté par Jérôme Bosch sur la représentation du jugement dernier de Bruges.

  Parmi ces instruments de musique sont représentés : un luth, une lyre comportant un damné pendu aux cordes de l'instrument, une vielle, un triangle actionné par un damné enfermé dans la vielle, une  flûte sur laquelle est attaché un damné à qui on a enfoncé un flûtiau dans l'anus, un cromorne, un tambour dans lequel est enfermé un damné.

Le détail le plus curieux de cette partie est situé au pied de la vielle : Un gros diable (Q) chante en suivant une partition imprimée sur les fesses d'un damné.

Deux autres scènes peintes sur le bas du panneau


La scène la plus surprenante se trouve en (R) : un diable à tête d’oiseau, portant une marmite en guide couvre-chef et des pots comme chaussures, assis sur un trône percé et surélevé, avale des damnés, ceux-ci ressortent par son anus et ils tombent dans un puits comportant des vomissures, et des excréments : on aperçoit, en effet, à droite du puits, un démon forcant un damné à vomir, un autre défèque au-dessus du puits. Dans celui-ci se trouvent quelques damnés.




En dessous des instruments de musique, sont représentés des tortures utilisant des jeux de dés et de cartes : un démon brandit une table de tric-trac avec laquelle il s’apprête à frapper les damnés (S), un autre damné a la tête à moitié coupée....

 A coté, un démon ayant une tête de lapin (T), porte un demi-corps attaché à une lance. Au-dessus, une femme est enserrée par un démon (U) dont les bras sont des branches d'arbre. 

 Plus loin, un homme portant un document muni de deux sceaux est courtisé par une truie portant une coiffe de religieuse (V)… 

A suivre.. 


dimanche 6 juin 2021

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (19)

 LE TRIPTYQUE DU « JARDIN DES DELICES » (7)

Les supplices des damnés ( suite)

L'auberge du diable



Les tourments des damnés ne commencent cependant pas tout de suite : pour certains, en effet, le diable aime à les rassurer pour mieux les supplicier ensuite ! Cela explique la présence d'une auberge, au sein de cet Enfer .

 Cette auberge est évidemment surprenante : le corps central est constitué d'une forme ovoïde évoquant un œuf cassé. Cet œuf est posé sur deux arbres morts dont les branches ont troué la coquille de l’œuf et apparaissent à l'intérieur.

 Les deux arbres sont posés sur deux barques flottant sur un lac glacé. L'auberge possède une tête qui porte du chapeau. Ce chapeau est composé d'un disque formant plateau sur lequel se trouve une cornemuse.

 Un damné (F) se trouve au pied de l'échelle, il est encadré par trois démons, l'un possède une tête d'oiseau et des ailes de papillon ;  le deuxième, de l'autre côté, lève son épée pour obliger ce damné à monter ; le troisième porte une lanterne et guide le chemin. Dans l'auberge sont assis d’autres damnés (G) que l'on fait boire.

 Ensuite, il est probable que les démons les invitent à danser, on les aperçoit sur le disque autour de la cornemuse (H). Chaque damné est conduit par un démon ; comme on peut le voir ici, les damnés sont nus alors que les démons sont représentés de manière composite associant les corps de divers animaux et des habits disparates. Une fois rassurés, les damnés seront livrés aux tourments de l'enfer.

 A droite de l’auberge du diable

   . (I) un démon ailé, habillé en chevalier et portant un bouclier, pourfend de son épée un damné dont la tête est couverte d'un casque ; derrière, un autre démon se prépare à pendre un autre damné.

   . (J) des damnés sont mis dans une lanterne pour flamber. Ils ne meurent pas puisque les souffrances de l’enfer sont éternelles, ils en sortiront pour subir d'autres tourments ailleurs.

   . (K) un chevalier en armure, étendu sur un disque,  est dévoré par des animaux, ce disque est posé sur un couteau qui sectionne un autre damné.

   . (L) un démon fait rentrer un à un des damnés dans un pot, le pot est ensuite relevé. un autre démon est assis près d'un damné et semble lui expliquer ce qui va lui arriver.


A suivre

 

 

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (21)

LE TRIPTYQUE DU VAGABOND, DE LA MORT DE L’AVARE ET DE LA NEF DES FOUS (1)

 De ce  triptyque, divisé en plusieurs tableaux dispersés dans le monde, il ne reste que les deux panneaux latéraux recto-verso :  la  partie centrale, sans doute la plus importante, manque, cela fait qu’on ne peut formuler que des hypothèse pour esquisser une signification de l’ensemble.

Le triptyque fermé est appelé LE VAGABOND, il est aussi qualifié aussi de COLPORTEUR

 Au centre de la composition, est représenté un homme (A) portant un panier en osier tenu par une courroie ; dans une anse de ce panier est suspendue une louche ainsi que la peau d’un animal tué ; L’homme porte son chapeau à la main et de l’autre, il tient un bâton ; un poignard est attaché à sa ceinture ainsi qu’une bourse, il est vêtu de braies ; une jambe de cet habit est déchirée au genou, l’autre a été relevée car le vagabond a dû mettre une bande pour protéger une plaie ; ses chaussures sont dépareillées. De son aspect émane une sensation de misère.

A gauche, est dessinée une maison (B) dont les murs sont construits en colombage. Cette maison est délabrée, une large échancrure laisse à nu la charpente, une partie des carreaux de la fenêtre est cassée ; un volet, à demi arraché, pend. Une enseigne et la présence d’un tonneau suggère qu’il s’agit d’une taverne.

A droite est représenté un champ clos pourvu d’une barrière derrière laquelle se trouve un bovin (C)

 Devant la maison, une truie et ses petits mangent dans une auge à cochon (D), enfin un chien semble regarder l’homme qui marche il se peut que ce soit lui qui ait menacé l’homme pour le faire partir (E ).

Quatre personnages sont représentés :
     . (F) : Dans l’entrebâillement de la porte se tient un homme vêtu d’une armure, il essaie d’embrasser une femme portant une cruche à la main. 
     . (G) : Par la fenêtre ouverte, une femme regarde le vagabond qui s’en va.
     . (H) : Un homme urine sur le mur de la maison.


Sur la droite, le peintre a représenté une prairie close par une haie et par une porte de bois, un bovin semble regarder le vagabond. (C)

Selon moi, la signification de ces deux panneaux est révélée par la posture de l’homme, son corps montre qu’il s’éloigne de la maison mais son visage semble porter un dernier regard vers elle, comme s’il regrettait d’en être parti. Il va de soi que cette représentation possède une portée symbolique :

     . La maison à gauche est une représentation allégorique des péchés : on y voit représenté la luxure et l’envie  (homme en armes), la gourmandise (homme qui urine). La truie, dans la symbolique médiévale, est également une incarnation du mal par sa saleté, sa gloutonnerie, sa colère.

     . Il est plus difficile de trouver la signification du bovin qui se trouve sur le côté droit, si celui-ci est un taureau, il pourrait être assimilé au bien, comme il est indiqué dans le chapitre 4 de l’Apocalypse. Il convient aussi de remarquer que le taureau est le symbole de saint Luc, un des quatre évangélistes.

Au vu de cette interprétation, on peut penser que le Vagabond a choisi de marcher vers le bien et le salut mais en réprimant son envie de se joindre aux convives de cette auberge qui personnifie  l’enfer et le règne du mal.

A suivre..

 


jeudi 15 avril 2021

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (18)





  LE TRIPTYQUE DU « JARDIN DES DELICES » (6)

LE PANNEAU DE DROITE 

Le panneau représente les tortures de l’enfer selon le modèle conventionnel habituel à Jérôme Bosch  avec une organisation en trois parties :

   . (1) : la destruction des œuvres humaines

   . (2) : les damnés sont amenés en cortège sur le lieu des tourments

   . (3) : les supplices








 La partie supérieure du panneau montre la destruction des œuvres humaines.

Tous les bâtiments construits par les hommes sont en feu, l’incendie projette des lueurs ressemblant à celles de volcans en éruption. Le ciel est complètement obscurci par les fumées.

 Au centre de la scène est représenté un lac sur lequel vogue un bateau. Au premier plan, on distingue nettement deux moulins, l’un possède des ailes, l’autre est mû par une roue à aube


 Le cortège des démons et des damnés est représenté en dessous de la ville en flammes. Il forme un défilé suivant un chemin qui serpente vers le lieu des supplices :



   . A : le cortège débute par la sortie de silhouettes d’une porte de la ville détruite, c’est comme si les démons avaient assemblés les damnés à cet endroit avant d’incendier la cité.

   . B : puis il traverse le lac par un pont. Sur le pont se trouve une cohorte de démons qu’on devine à cheval et armés de pieds en cap, l’un d’entre eux porte un étendard noir.

   . C : au-delà du virage formé par le chemin, un grand nombre de damnés reconnaissables à leur nudité sont forcés d’avancer malgré leurs tentatives de résistance.

   . D : ils s’engagent ensuite dans une vallée échappant  ainsi à notre vue.

   . E : enfin, ils arrivent sur le lieu du supplice, poussés par les démons ; en avant du cortège, un damné a été obligé de monter sur une grenouille.

A suivre..

 

samedi 10 avril 2021

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (17)

 LE TRIPTYQUE DU « JARDIN DES DELICES » (5)

Le PANNEAU CENTRAL (5) 

La partie centrale montre un carrousel d’hommes (L) tournant autour d’un bassin circulaire empli d’eau. Les montures de ces hommes sont variées : chevaux, chat tigré, ânes, dromadaire portant une balancelle, sangliers, vaches, cerfs ainsi que des animaux fantastiques (licorne) ou hybrides (cheval à tête d’oiseau).  Les cavaliers utilisent toute sorte d’artifices pour se faire remarquer : certains portent des bannières ornées d’oiseaux, d’autre tiennent de gros poissons, deux autres font de l’équilibrisme sur leurs montures…   

 Au centre, dans le bassin circulaire (M), certaines femmes se baignent, cependant, la plupart observent le carrousel et semblent en discuter avec leurs voisines, on peut penser que le but est, pour elles, de se choisir un homme avec lequel elles pourront avoir des relations amoureuses. Plusieurs femmes portent des fruits sur la tête, il peut s’agir de pommes (symbole de la tentation et du mal) ou de cerises (symbole de luxure).

La partie basse montre, en gros plan, les ébats amoureux quasiment érotiques  entre les couples,   sans cependant que l’on puisse parler de pornographie, ce que d’ailleurs l’époque n’aurait pas permis. Elle est si foisonnante de détails que je me bornerai à décrire des scènes particulièrement significatives :


     . (N) : deux personnages, la tête enfoncée dans une corolle de fleur dansent, ils portent des cerises à la main et sont entrelacés par des branches d’arbres portant des fruits. Au-dessus d’eux est posée une chouette (symbole au Moyen-âge du malheur et des mauvais esprits).

   . (O) : un groupe de femmes et d’hommes cueillent des fruits (des pommes ou des cerises ?) tandis qu’un homme présente une fraise à une femme, comme pour l’attirer dans ses rets.

   . (P) : un couple dans une forme sphérique flottant sur un petit lac  attire à lui une mûre  que d’autres, dans l’eau, s’apprêtent à déguster.

    . (Q) : sur le même lac, s’approche un groupe de gros oiseaux, certains portent des êtres humains et en particulier un couple composé d’un homme blanc enserrant une femme à la peau noire, sur la partie basse du panneau sont représentés d’autres personnes à la peau noire.

    . (R) : un couple est installé bien intimement dans un moule aux trois-quarts ouverte, portée par un homme.

     . (S) : un couple s’est enfermé dans un tronc d’arbre pour se livrer à des ébats amoureux. Derrière, un oiseau monté sur l’arbre distribue des fruits (cerises) à un grand nombre d’êtres assemblés autour de lui.

      . (T) : une femme émergeant d’un trou regarde tristement le comportement des humains, derrière elle se tient un homme habillé. Certains pensent qu’il pourrait s’agir d’Ève regardant tristement ce qu’est devenue l’humanité qu’elle a enfantée.

 Ce panneau central pose aux historiens de l’art, une énigme : quel était le dessein de Jérôme Bosch lorsqu’il peignit ces scènes ? De nombreuses interprétations ont été émises, je n’en citerai que quatre : 

 Certains y ont vu une signification pornographique suggérée (les grandes compositions florales comporteraient, selon eux, des phallus et des sexes féminins). Pour moi, cette interprétation n’est pas admissible, l’époque ne l’aurait pas permis.

D’autres donnent une explication ésotérique, ce qui, vu l’époque, est tout aussi peu probable,

 D’autres encore, pensent qu’il représente l’humanité avant le déluge, ce qui pourrait être vraisemblable ; pourtant cette hypothèse se heurte à de nombreuses interrogations : ainsi, il est rappelé dans la Bible, qu’après le péché originel, Adam et Ève se sont aperçus de leur nudité et l’ont couverte de feuilles, or les êtres humains du panneau central sont nus sans que cela ne les gênent.

La quatrième hypothèse découle d’une triple observation :    
     . D’abord la nudité assumée des êtres humains.
     . Ensuite l’impression que dans cette société, il n’y a ni hiérarchie sociale ni pouvoir constitué, ni d’exploitation de l’homme par l’homme : tous les êtres humains vivent librement et en paix,
     . En outre s’ajoute une autre remarque, le décor est semblable à celui de la création comme si une continuité existait entre les panneaux de gauche et du centre : grands motifs mi-architecturaux mi-floraux, campagne apaisée associant vertes prairies, lacs et forêts, lacs et bassins circulaires…

 Ces caractéristiques conduisent à imaginer que Jérôme Bosch aurait voulu représenter ce qui serait advenu si Adam et Ève n’avaient pas commis le péché originel (non d’ailleurs figuré sur le panneau de gauche), le panneau central représenterait alors le jardin d’Eden peuplés des descendants des premiers êtres humains.

Dans cette perspective, on peut facilement relier les scènes représentées dans le panneau central à celles du panneau de droite. Les êtres vivants dans le jardin d’Eden, au lieu de vivre sagement dans la dévotion de Dieu, se seraient dévoyés en pratiquant l’intempérance et la lubricité. Dieu ne pouvant l’admettre aurait donc livré ces êtres au Diable et au tréfonds de l’enfer. Dans cette hypothèse, le panneau central ne serait qu’une métaphore de la société du 15e siècle dominée par le péché.

Selon cette hypothèse, les trois panneaux du JARDIN DES DÉLICES, comme ceux du JUGEMENT DERNIER racontent une histoire :

     . La création d’Adam et Ève dans le jardin d’Eden
     . Les êtres humains vivants dans le jardin d’Eden n’ont pas respecté les « commandements de Dieu »
     . Dieu les punit en les livrant au Diable et en les vouant à l’enfer.

 Il est cependant à remarquer que cette hypothèse ne cadre pas avec le panneau de droite qui représente dans sa partie supérieure la destruction œuvres humaines et en particulier de bâtiments qui n’existent pas sur le panneau central.

 

mercredi 7 avril 2021

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (16)


 LE TRIPTYQUE DU « JARDIN DES DELICES » (3)

Le PANNEAU CENTRAL (4) 

Le panneau central comporte trois parties et, selon moi, se lit de haut en bas : 

     . (1) Un lac d’où émergent quatre rivières

     . (2) Un carrousel

     . (3) Les délicieux effets du péché.



Comme sur les autres œuvres de Jérôme Bosch et, conformément aux règles picturales des époques antérieures, le peintre n’utilise pas la perspective, il se borne à superposer les plans en dessinant des motifs de plus en plus petits au fur et à mesure que le regard passe du bas vers le haut, cette technique donne l’illusion d’espace et de profondeur.

 Cette méthode de peinture, effectuée de haut en bas, permet aussi de passer  de scènes vues dans leur ensemble donnant l’atmosphère générale, à des représentations très détaillées qui dévoilent la véritable signification de l’œuvre.

La partie supérieure comporte, à l’arrière-plan, une ligne de montagnes bleutées (F) : en avant de celles-ci, est figuré un lac (G) alimenté par quatre rivières, deux de ces rivières proviennent de compositions (H) mi-architecturales, mi-florales associant des formes complexes pour lesquelles le peintre a fait œuvre d’une imagination débridée et quasiment onirique. Trois autres compositions de ce type (I) sont représentées, l’une est située au milieu du lac, les deux autres au bord des rivières. La base de quatre sur cinq de ces compositions est formée d’un espace creux dans lequel se trouvent des êtres humains Certains sortent de ces espaces pour aller dans l’eau, d’autres s’y sont déjà installés.

Une disposition semblable comportant aussi un lac pourvu d’un motif décoratif et quatre rivières allant en digitant était déjà représentée mais sur le panneau consacré au paradis. Il est important de le noter.

Dans le lac se baignent de nombreux personnages. D’autres se trouvent sur les berges. Parmi eux, deux groupes attirent l’attention :

     . (J) des êtres humains sortent de l’eau pour se réfugier dans un œuf

     . (K) d’autres, sont assis en rond autour d’une énorme fraise (dans la symbolique médiévale, la fraise est symbole de plaisir, de l’amour et de la tentation).

A suivre...