Le tympan de Conques possède la grande originalité de présenter d'une part le cortège des élus et le paradis et d'autre part, et d'autre part, les damnés en enfer.
1-LES DAMNÉS EN ENFER ET LA PUNITION DES PÉCHÉS
En ce qui concerne les péchés, le tympan de Conques témoigne d'une profusion bien supérieure à l'enseignement évangélique qui présente l'enfer par ces simples mots " une fournaise ardente ou il y aura des pleurs et des grincements de dents".
La scène représente des démons torturant les damnés selon les péchés qu'ils ont accomplis. Cette profusion doit être expliquée avant de la décrire : certains pensent qu'il s'agit de la présentation des péchés dits capitaux de l'église pourtant, il me semble beaucoup plus vraisemblable que ces scènes infernales sont avant tout le témoignage de l'époque marquée par la violence des guerres privées entre seigneurs et par le cortège de calamités qui les accompagnent, famines, épidémies ...
Dans ce contexte général, les abbayes ne sont pas exemptes de cette violence et vivent quasiment au quotidien l'ambiance d'insécurité, cela explique cette importance accordée aux tortures de l'enfer : les moines de l'abbaye semblent vouloir, en quelque sorte, se venger de tout le mal qu'on leur a fait et qu'ils constatent en assénant deux messages :
. Aux uns ils semblent dire : " voilà ce que vous avez fait, à notre abbaye, voilà ce qui vous arrivera en enfer"
. Aux autres, ils ajoutent : " vous avez préféré les vanités de ce monde à votre salut sans écouter notre message, voilà ce qu'il adviendra de vous à la fin des temps"
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Le premier type de message s'adresse à tous les puissants :
. En tout premier lieu, à un chevalier (1) : un diable le désarçonne de son cheval en l'enfourchant , tandis qu'un autre le tire par les bras. Cette scène évoque les multiples méfaits des chevaliers et en particulier le fait qu'ils convoitent les biens de l'église. Il se produit à cet égard une sorte de cycle infernal : les chevaliers, au moment de leur mort, se rendent compte qu'ils ont commis beaucoup de péchés, ils donnent des terres aux moines en échange de messes dites pour le salut de leur âme. Ainsi l'église s'enrichit, tandis que les héritiers des chevaliers disposent de moins de biens : cela amène ces derniers à tenter de récupérer les terres ou droits concédés à l'eglise et donc à commettre des péchés !
. Au dessus du chevalier , se trouve un roi ou un prince (2) , il est entouré de démons portant des armes : hache, masse d'armes, épée ; ce mauvais roi a dû se livrer à de multiples guerres et ses ravages ont été ressentis par les moines, un démon lui arrache sa couronne avec les dents pour le punir.
. Un abbé (3) portant la crosse est forcé de s'agenouiller devant un démon qui semble lui arracher son habit monacal avec ses dents : à cette époque, les seigneurs et les princes avaient pris l'habitude de forcer les moines à élire un membre de leur famille comme abbé afin de ne pas partager leurs fiefs entre leurs héritiers. Ces enfants de seigneur étaient évidemment de mauvais abbés qui ne songeaient qu'à bien vivre et dilapidaient les richesses de l'abbaye. Des procédés semblables se produisaient aussi pour les nominations d'évêques.
. Au dessus, des moines (4) sont pris dans un filet que tire un diable : ils ont voulu profiter des biens de l'abbaye pour mener grande vie au détriment de la pauvreté monacale, ils seront damnés pour cela.
Le deuxième type de message des moines est la dénonciation des vanités de ce monde :
. Un démon arrache la langue du menteur, (5)
. L'avare, celui qui n'a pas donné l'aumône, est pendu, son sac d'or attaché à son cou (6)
. Le glouton, pendu par les pieds, vomit tout ce qu'il a ingurgité, (7)
. Le musicien-troubadour qui pervertissait les hommes en les faisant goûter des vanités de ce monde, se voit confisquer sa flûte de pan tandis que le diable lui arrache la langue avec un crochet, (8)
. Un homme qui a dû chasser sur les terres de l'abbaye est mis à rôtir par un diable à tête de lièvre, (9)
. Un diable extirpe les mauvaises pensées à un damné en lui arrachant la calotte crânienne, (10)
. Le faux-monnayeur doit avaler un récipient empli de métal brûlant (11)...
À SUIVRE...
REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
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Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com
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