Les réactions des musulmans de terre sainte face aux croisés furent, selon moi, de cinq types :
. Un sentiment mêlé d'horreur et d'incompréhension,
. Un jugement sévère et négatif sur ce que les musulmans appellent du terme générique de francs,
. Un fossé vertigineux entre le raffinement et l'ouverture d'esprit des uns et l'inculture intolérante des autres,
. L'importance croissante de Jérusalem dans la théologie musulmane,
. L'analyse des raisons de la défaite et, consécutivement, la reviviscence de la guerre sainte.
HORREUR ET INCOMPRÉHENSION
Le sentiment d'horreur et d'incompréhension découle de l'antinomie que les musulmans constatèrent entre les pratiques guerrières des francs et la codification dans le monde musulman des règles établies depuis l'origine de l'islam jusqu'à l'âge d'or abbasside et qui constituait leur univers mental habituel. Les exemples abondent :
. Les règles codifiées de l'Islam interdisaient de tuer les non-combattants, les croisés massacraient indistinctement tous ceux qu'ils rencontraient, femmes, enfants, vieillards, pèlerins, bébés..
. Les règles codifiées de l'Islam n'autorisaient que les prises de guerre sur les lieux de la bataille et interdisaient le pillage, les francs pratiquaient le pillage de manière constante, s'emparant de tout ce qu'ils estiment avoir besoin et de tout ce qui leur faisait envie.
. Les règles codifiées de l'Islam prévoyaient que la guerre s'arrête dès que l'adversaire avait fait sa soumission ; chez les croisés, l'appétit de conquête ne connaissait pas de fin, ils voulaiient se constituer des fiefs et ensuite les étendre pour posséder le maximum de terres et de villages
. Les règles codifiées de l'Islam impliquaient le respect des églises et des lieux de culte des gens du livre une fois qu'ils s'étaient soumis, les chrétiens purifièrent par le sang de leurs victimes musulmanes des endroits qui n'avaient même pas été des églises autrefois, (mosquée Al-Aqsa), ils transformèrent les mosquées en église sans considération pour le culte musulman, y compris le Dôme du Rocher.
Il convient cependant de ne pas verser dans l'angélisme : les musulmans ont aussi effectué des persécutions à l'égard des chrétiens : j'ai cité celle du calife Fatimide Al-Hakim (voir mon article sur Jérusalem) et celles des turcs Seldjoukides lorsqu'ils conquirent la ville, pourtant, la situation s'était à chaque fois assez vite améliorée. De même, j'ai indiqué aussi qu'en 1099, les musulmans avaient émis l'idée de tuer tous les chrétiens et de détruire le saint Sépulcre mais qu'ils ne l'avaient pas fait.
à suivre
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