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lundi 9 mars 2015

Mentalités et comportements au temps de la croisade (34) : LA PREMIÈRE CROISADE ; ÉPILOGUE

LES PILLAGES
C'est la troisième caractéristique générale ressortant des comportements des croisés et qui, selon moi, est largement ancré dans leurs mentalités. Cet appétit de pillage prend trois formes :
   . Les razzias de subsistance,
   . Le partage des dépouilles,
   . L'avidité territoriale,

Les razzias de subsistance.
Les croisés battent la campagne pour s'emparer de tout ce dont ils ont besoin, ils tuent le bétail, mettent leurs chevaux sur les pâturages, s'emparent dans les champs des moissons sur pied, et pillent les maisons à  la recherche de tout ce qui peut leur être utile. Leur passage conduit sans nul doute à très court terme à des famines. Ces pillages sont continuellement cités dans les chroniques : la marche des croisés vers Jérusalem est ainsi organisée au printemps afin que l'armée puisse vivre sur le pays, comme d'ailleurs cela se produisait en Europe ; de même en cas de siège, les détachements de croisés effectuent des incursions partout dans la campagne en sorte que celle-ci est dévastée sur des kilomètres à la ronde.

Quand une troupe croisée est signalée, il n'y a pour les villageois d'autres solutions que de prendre tout ce qu'ils peuvent emmener ainsi que leur bétail pour se réfugier dans la montagne et dans les grottes. Ils trouveront certes au retour leur village dévasté mais ils auront sauvegardé leur vie et celle de leurs troupeaux. Cette fuite est souvent spontanée mais elle peut aussi être commandée par les chefs turcs afin de faire le vide devant les croisés en les empêchant de trouver de l'approvisionnement : les chroniques mentionnent souvent ce fait en indiquant que les croisés reviennent de leurs incursions sans rien avoir trouvé dans la campagne désertée par les habitants. Certes, les ravages ne sont pas seulement le fait des croisés puisque les armées adverses usent des mêmes procédés, pourtant, on peut penser que les razzias des croisés sont beaucoup plus sévères que celles des princes locaux puisque les croisés agissent en territoire ennemi.

On peut certes expliquer ces ravages sur la campagne par le fait, souvent rappelé par les chroniques, que les approvisionnements aurait dû être fournis par les byzantins, cela ne s'est pas produit et a donc obligé les croisés à vivre sur le pays : ce non-respect des traités par le Basileus n'est cependant pas utilisé pour expliquer et justifier les ravages occasionnés à la campagne  mais pour ne pas lui rendre les territoires que la croisade avait conquis en son nom. On ne trouve dans les chroniques aucune compassion envers la campagne qu'on affame.

Le ravage des campagnes est si important partout où passent les croisés que, lors de la marche des croisés vers Jérusalem, les émirs locaux vont préférer fournir aux croisés des approvisionnements plutôt que de les voir ravager les villages.

Le partage des dépouilles
Cette deuxième forme de pillage est effectuée uniquement dans le but de s'enrichir : ce qui s'est passé à Jérusalem est révélateur des comportement des croisés : ils entrent dans les maisons, prennent ce dont ils ont besoin ou ce qui leur fait envie, puis ils choisissent les demeures qui leur plaise, s'y installent et en font leur résidence : cette forme de prise de possession par la violence n'est pas indue puisqu'elle a été décidée avant la prise de la ville par le conseil des princes, c'est ce qu'indique Guillaume de Tyr sans le commenter comme s'il s'agissait d'une évidence : les croisés ont tant souffert pour la gloire de Dieu qu'il leur faut bien une compensation !   Dans cette perspective, il est probable, comme je l'ai mentionné, que nombre de massacres ont dû être perpétré tout autant pour tuer des musulmans que pour s'emparer de leurs biens !

Ces pillages fournissent aux croisés un enrichissement rapide mais probablement éphémère car les produits de ces exactions sont vite dépensés, ce qui nécessite d'autres pillages afin de maintenir le train de vie que l'on revendique.

Parmi les actes les plus abominables des croisés figurent, selon moi,  les profanations de cadavres : Foucher de Chartres mentionne les éventrations de cadavres pour y rechercher les objets précieux que pourrait contenir les viscères mais il y a encore pire dans la chronique de Robert le Moine comme on peut le remarquer à la lecture du texte qui suit et qui a trait aux événements survenus lors du siège d'Antioche.

" Les ennemis rentrèrent dans la ville et fermèrent leurs portes. Le lendemain, dès les premiers rayons du jour, ils rassemblèrent ce qu'ils purent trouver des cadavres de leurs morts et leur donnèrent la sépulture; ce qu'ayant appris, les valets de l'armée chrétienne coururent en grand nombre au cimetière, et ceux que les Turcs avaient ensevelis avec de grands honneurs, ils les en jetèrent dehors avec beaucoup d'ignominie; car les Turcs les avaient enterrés au-delà du pont, à la Mahomerie placée devant la porte de la ville [ d'Antioche], les avaient enveloppés de plusieurs étoffes, et avaient mis en terre avec eux des byzantins d'or, des arcs, des flèches et beaucoup d'autres choses; car leur coutume est d'enterrer ainsi leurs morts: celle des nôtres est de leur enlever joyeusement toutes ces choses. Lorsqu'ils eurent déterré tous les cadavres, ils leur coupèrent la tête,... portèrent au camp toutes ces têtes (pour comptabiliser le nombre d'ennemis tués )  et laissèrent les cadavres aux oiseaux et aux bêtes sauvages. Les Turcs, témoins de ce spectacle du haut de leurs murs et du sommet de leurs tours, en conçurent une violente douleur, et se déchirant le visage, s'arrachant les cheveux, commencèrent à implorer l'assistance de leur docteur Mahomet mais Mahomet ne pouvait réparer ce qu'il avait plu au Christ de détruire par la main de ses guerriers"

 À suivre...

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