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lundi 2 mars 2015

Mentalités et comportements au temps de la croisade (28) LES MASSACRES ET LE PILLAGE DE JERUSALEM

Une fois Jérusalem investi par les croisés, se déroulèrent selon les chroniques relatant l'histoire de la croisade,  trois événements successifs dont l'ordre est conforme aux mentalités de l'époque telles que je les ai décrites  :
     - un massacre généralisé des musulmans mais aussi des juifs et même de chrétiens d'orient,
     - Le pillage de Jérusalem,
     - l'action de grâce au saint Sépulcre.

LES MASSACRES

Ce fut la première action qui s'effectua des l'entrée dans la ville, les croisés parcourent les rues afin de détruire les éventuelles poches de résistance et tuent tous les musulmans qu'ils rencontrent sans aucune distinction entre combattants et non-combattants.

Il est difficile pour moi de raconter ces événements  car je pourrais prendre partie et évidemment de manquer d'impartialité, je préfère laisser la parole aux textes qui sont d'ailleurs très explicites.

Apres l'entrée des francs dans la ville, " les Païens confus perdent complètement leur audace, et se mettent tous à fuir en hâte par les ruelles qui aboutissent aux carrefours de la ville. Mais s'ils fuient rapidement, ils sont poursuivis plus rapidement encore " . (2)

" Le duc [Godefroy de Bouillon] et tous ceux qui étaient entrés avec lui s'étant réunis, couverts de leurs casques et de leurs boucliers, parcouraient les rues et les places, le glaive nu, frappant indistinctement tous les ennemis qui s'offraient à leurs coups, et n'épargnant ni l'âge ni le rang. On voyait tomber de tous côtés de nouvelles victimes, les têtes détachées des corps s'amoncelaient çà et là, et déjà l'on ne pouvait passer dans les rues qu'à travers des monceaux de cadavres...(1)

« Certains de nos hommes (et c'était miséricorde) coupaient la tête de leurs ennemis; d'autres leur décochaient des flèches, les faisant tomber des tours; d'autres encore prolongeaient leurs tortures en les livrant à la flamme. On pouvait voir dans les rues de la ville des monceaux de têtes, de mains et de pieds. Il fallait se faire un chemin à travers les cadavres d'hommes et de chevaux. Mais c'était là peu de choses comparé à ce qui arriva près du temple de Salomon ... Si je dis la vérité,  elle dépassera ce qu'il vous est possible de croire. Qu'il me suffise donc de dire ... que les hommes chevauchaient dans le sang, qui leur montait aux genoux et à la bride. » (3)

Les musulmans se réfugient en effet  sur l'esplanade du temple de Yahvé entourée de rempart,  pensant sans doute que, dans ce lieu saint, ils seraient épargnés, ce ne fut pas le cas :

" Beaucoup..  sont réduits à s'enfermer dans le temple du Seigneur et dans celui de Salomon. Les nôtres les attaquent dans les cours intérieures de ces temples, avec la plus violente ardeur; nulle part ces infidèles ne trouvent d'issue pour échapper au glaive des Chrétiens. De ceux qui, en fuyant, étaient montés jusque sur le faîte du temple de Salomon, la plupart périssent percés à coups de flèches, et tombent misérablement précipités du haut du toit en bas Environ dix mille Sarrasins sont ainsi massacrés dans ce temple. Qui se fut trouvé là aurait eu les pieds teints jusqu'à la cheville du sang des hommes égorgés. Que dirai-je encore? aucun des infidèles n'eut la vie sauve; on n'épargna ni les femmes ni les petits enfants.

Une chose étonnante à voir, c'était comment nos écuyers et nos plus pauvres hommes de pied, ayant découvert l'artifice des Sarrasins pour conserver leurs richesses, fendaient le ventre de ceux d'entre eux qui déjà étaient tués, pour arracher de leurs entrailles les byzantins d'or qu'ils avaient avalés lorsqu'ils étaient encore vivants. (2)

" Les autres princes, après avoir mis à mort dans les divers quartiers de la ville tous ceux qu'ils rencontraient sous leurs pas, ayant appris qu'une grande partie du peuple s'était réfugiée derrière les remparts du Temple [de Yahvé] , y coururent tous ensemble, conduisant à leur suite une immense multitude de cavaliers et de fantassins, frappant de leurs glaives tous ceux qui se présentaient, ne faisant grâce à personne, et inondant la place du sang des infidèles. .... On ne pouvait voir cependant sans horreur cette multitude de morts, ces membres épars jonchant la terre de tous côtés, et ces flots de sang inondant la surface du sol..  On dit qu'il périt dans l'enceinte même du Temple environ dix mille ennemis sans compter tous ceux qui avaient été tués de tous côtés." (1)

" Entrés dans la ville, nos pèlerins poursuivaient et massacraient les Sarrasins jusqu'au temple de Salomon, où ils s'étaient rassemblés et où ils livrèrent aux nôtres le plus furieux combat pendant toute la journée, au point que le temple tout entier ruisselait de leur sang. Enfin, après avoir enfoncé les païens, les nôtres saisirent dans le temple un grand nombre d'hommes et de femmes, et ils tuèrent ou laissèrent vivant qui bon leur semblait " (3)

Ces récits d'horreurs sont corroborés par d'autres chroniques : c'est le cas par exemple de celle d'Albert d' Aix qui écrit au début du 12ème siècle à partir de récits de témoins :

" Les pèlerins s'élancèrent vers le palais de Salomon et massacrèrent sans pitié tous les Sarrasins qui s'y trouvaient. Le sang coula en si grande quantité qu'il forma des ruisseaux dans la cour royale et que les hommes y trempaient leurs pieds jusqu'aux talons. Les petits enfants augmentaient l'horreur de ces scènes par leurs cris horribles et leurs larmes amères. Mais c'était inutilement qu'on implorait la pitié des chrétiens"

Après être sorti du palais, " Les Chrétiens vainqueurs... rencontrèrent dans les rues plusieurs bandes de Gentils qui erraient ça et là, frappes de crainte, et fuyant la mort, et ils furent tous passés au fil de l'épée. Les femmes qui s'étaient réfugiées dans les tours des palais, où sur les points les plus élevés étaient frappées du glaive; on enlevait sur le sein de leurs mères on dans leurs berceaux, des enfants à la mamelle, et, saisis par les pieds, ils étaient lancés et allaient se briser la tête contre les murailles, ou sur les portes. les Sarrasins périssaient par les armes, là d'autres étaient écrasés sous les pierres. Nulle part, ni l'âge ni le rang ne pouvaient soustraire aucun d'entre eux à !a mort...

De même, les massacres sont mentionnés par les écrivains arabes  : "Les Francs massacrèrent plus de soixante-dix mille musulmans dans la mosquée al-Aqsa. Parmi eux, on remarquait un grand nombre d’imams, d’ulémas , et de personnes menant une vie pieuse et austère qui avaient quitté leur patrie pour venir prier dans ce noble lieu " (Ibn al-Athîr (1160-1233), Kâmil al Tawârikh (Somme des Histoires),

Enfin, il convient d'ajouter que les massacres ne concernèrent pas seulement que les musulmans mais aussi les juifs comme l'écrit par exemple Ibn-Al-Qalanisi " les juifs s'assemblèrent dans la synagogue et les francs les incendièrent"

Ces massacres épargnèrent cependant les soldats musulmans qui s’étaient enfermés dans la tour de David, cette puissante forteresse résista pendant trois jours au comte de Toulouse qui l'encerclait, la garnison obtint du comte la vie sauve contre sa reddition et le paiement d'une rançon et put regagner Ascalon où se trouvait l'armée égyptienne.


Rappel des sources
   . 2- Foulcher de Chartres (vers 1055- vers 1127) : " Historia hierosalmitana "
   . 1- Guillaume de Tyr ( né en 1130 en terre sainte,  archevêque de Tyr de 1175 à 1184):   "Historia rerum in partibus transmarinis gestarum "
   . 3- auteur Anonyme : " Gesta Francorum et Aliorum Hierosolymitanorum", récit d'un contemporain de la croisade écrit probablement entre 1099 et 1101

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