C'est la troisième catégorie dans la répartition de la culture dans la société française telle que je l'ai définie dans les articles précédents. Cette catégorie comprend des gens qui s'intéressent au phénomène culturel et aux événements qu'il induit ; ils possèdent de solides connaissances dans leurs domaines de prédilection et manifestent une grande ouverture d'esprit sur tout ce qu'ils maitrisent superficiellement; ce sont eux que l'on rencontre lors des expositions d'art, dans les musées et dans les bibliothèques, ils assistent aux concerts, aux opéras, aux représentations théâtrales ; on les retrouve aussi lors des Journées du Patrimoine et Découverte de la Nature. La plupart sont éclectiques, curieux de tout et avides de tout ce qu'ils peuvent apprendre. Ils fréquentent souvent les associations proposant des activités culturelles, club de peinture, de lecture, de théâtre, de musique, chorale… et constituent des microcosmes dans et autour des villes où l'offre culturelle est présente et active.
A force de se retrouver aux mêmes endroits, ils finissent par se connaître et à dialoguer, échangeant leurs impressions dans des conversations souvent constructives, ainsi, il se forme une micro-société spontanée centrée autour du fait culturel.
Cette
société, unie autour de ce qui est instructif et beau à lire, à voir, à
écouter, à méditer et réfléchir ne correspond ni à une classe d'âge, ni au
niveau d'études effectuées, ni à fortiori de la classe sociale d'appartenance,
il n'existe aucun cloisonnement pré-établi, il suffit d'aller au théâtre pour
s'en rendre compte, au moins au niveau des classes d'âge.
Il convient
cependant de ne pas idéaliser ; certains participent au fait culturel seulement
par snobisme ou par souci du paraître mais il s'agit d'une minorité.
Quels sont
les effectifs de cette frange éprise de culture ? Elle est, selon moi,
beaucoup plus importante qu'on peut le penser ; ainsi, si l'on veut
obtenir une place à l'opéra ou aux divers festivals musicaux que l'on trouve
partout, il faut réserver très tôt á l'avance car ces manifestations
s'effectuent souvent à guichet fermé. De même, si on veut visiter une
exposition, il y a souvent plus de temps d'attente que de visite !
Il existe cependant une difficulté
concernant cette frange de population éprise de culture : les gens qui en font partie sont beaucoup
plus des consommateurs que des producteurs ; s'ils tentent de le devenir en
peignant ou en sculptant, ils ont toutes les chances de ne jamais voir leurs
réalisations présentées hors du cercle étroit de leur microcosme. S'ils écrivent
des romans et des essais, ils n'ont pratiquement aucune chance de se faire
éditer sauf à compte d'auteur, non pas parce qu'ils sont mauvais mais beaucoup
plus parce qu'ils ne rapporteront pas assez d'argent. Dans cette perspective,
les éditeurs préfèrent publier les œuvres de la camarilla intellectualiste dont
ils font partie en les complétant selon les nécessités financières par des
autobiographies et confessions sans intérêt, fades, douteuses et insipides de
personnalités éphémèrement connues. Ce phénomène est actuellement
heureusement inversé grâce á Internet qui permet à chacune de publier en ligne
ce qu'il produit.
A suivre...
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