La frange de
la population éprise de culture se trouve, en tant que consommatrice, face à
deux difficultés majeures :
. Il est rare que les spectacles présentés en France correspondent
aux attentes des spectateurs,
. Il est difficile de se documenter et de se cultiver si on ne
consulte sur Internet que des sites français, Internet étant, selon moi, la
plus importance source de culture actuelle.
La première
difficulté est parfaitement illustrée, entre autre, dans la conception
française des opéras. Les metteurs en scène et les concepteurs de ces
spectacles s'ingénient à vouloir toujours du nouveau ; en effet ils émanent de
ces cercles intellectualistes qui renient, tant qu'ils le peuvent, les valeurs
historiques des œuvres pour utiliser des mentalités et comportements de notre
époque : cela conduit à des aberrations qui laissent pantois le spectateur : en
voici quelques exemples parmi les opéras que j’ai pu voir :
. Dans le "Jules César " de Haendel, Jules César
arrive dans une grosse voiture décapotable, presque incognito, sans aucun
attribut qui permet de le reconnaître.
. Dans "Don Giovanni" de Mozart, au premier acte,
alors que son père vient d'être tué, donna Anna exprime sa douleur à son fiancé
don Ottavio. Dans un grand festival français, donna Anna arrive en mini-jupe
moulante, telle une catin, elle se couche sur la scène tandis que don Ottavio,
s'allonge sur elle en un pseudo-accouplement. Cela étant effectué tout en
chantant !
. Dans "l'or du Rhin" de Wagner donné à Paris, le
Walhalla est présenté sous la forme d'un immense escalier, cet escalier enlève
toute poésie á l'opéra alors qu'il aurait été tellement plus intelligent de
s'inspirer des légendes germaniques ou du château de Neuschwanstein pour représenter
l'esprit wagnérien.
. Enfin, l'exemple, pour moi, le plus révélateur de ces travestissements
des œuvres lyriques est la représentation de " Nabucco" de Verdi dans un opéra français : les soldats du roi
de Babylone ont été joués par des enfants s'amusant avec des arcs ! Où se
trouve l'esprit même de cet opéra qui décrivait un peuple soumis à l'oppression
d'un envahisseur ? Cette mise en scène peut être comparée au "Nabucco " de la Scala de Milan
retransmis à la télévision en direct à la même époque où l'on retrouvait
parfaitement illustré le sens que Verdi donna à cet l'opéra.
Cette
volonté d'innover pour innover en travestissant les opéras tient en une cause
simple : lorsqu'on demande à un metteur en scène ce qu'il voulût représenter,
il répond invariablement : " j'ai mis en scène mon interprétation
personnelle de l'opéra". La plupart des amateurs lyriques auraient pu
lui répondre " on se moque totalement de la manière dont vous concevez
cet opéra ! Ce qui importe seulement c'est que vous mettiez en scène ce que le
compositeur a voulu représenter et signifier" avec ce corollaire :
" comment vous, metteur en scène obscur, pouvez-vous prétendre
rivaliser avec ces grands génies que sont Mozart, Wagner ou Verdi ! ".
Il convient cependant de ne pas généraliser, certains metteurs en scène
français sont parfaitement compétents et montre, s'il en est besoin, que l'on
pourrait très bien faire si l'on n'était pas engoncé dans cet esprit
intellectualiste imposé qui saborde le meilleur de notre civilisation ; dommage
que, pour la plupart, ils soient obligés de s'expatrier pour réaliser ce à quoi
ils croient ( l'exemple de la mise en scène du comte Ory de Rossini par Jérôme
Savary au festival de Glyndebourne est à cet égard significatif.)
Dans de telles conditions, l'amateur
d'opéra, sortant souvent déçu des représentations que donnent les opéras en
France, n'a d'autre recours que de se rendre à l'étranger et en particulier en
Italie et en Allemagne, d'acheter des DVD provenant de ces pays où de regarder
les opéras retransmis de l'étranger par la télévision.
A suivre...
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