La troisième partie du texte de Jacques de Voragine évoque la translation du corps de Saint Nicolas à Bari.
« Longtemps après les Turcs détruisirent la ville de Myre ; or, quarante-sept soldats de Bari (62 selon la tradition) y étant venus, et quatre moines leur ayant montré le tombeau de saint Nicolas, ils l’ouvrirent, et trouvèrent ses os qui nageaient dans l’huile ; ils les emportèrent avec respect dans la ville de Bari, l’an du Seigneur 1087. »
Rappelons le contexte historique : la bataille de Manzikiert (1071) qui a vu la défaite de l’armée byzantine contre le sultan seldjoukide Alp Arslan, avait été suivie de l’invasion de l’Anatolie par les turcs. La ville de Myre étant menacée, deux cités italiennes, Venise et Bari, décidèrent de récupérer les reliques de Saint Nicolas avant qu’il ne soit trop tard. Prenant de court les vénitiens, Bari organisa une expédition qui arriva la première.
À ce moment, selon le livre de Adrien Baillet « les vies des saints... disposés selon l’ordre des calendriers » paru en 1704, « ils ne trouvèrent presque personne dans le monastère de l’église de Sion, il n’y avait que trois religieux qui gardaient le Saint dépôt, tout était en désolation par les hostilités des turcs. Ils firent croire à ces religieux qu’ils étaient envoyés du Pape... pour pourvoir à la sûreté.. des saintes reliques et les garantir des insultes des ennemis de Jésus Christ », les moines, soudoyés, acceptèrent la translation. «Après diverses prières, ils rompirent le tombeau de marbre à grand coups de marteau et ils y trouvèrent une urne et crûrent que c’était un grand vase de parfum ; ils remarquèrent qu’elle était pleine d’une liqueur admirable qui ressemblait à une huile très pure qui sortait du corps du Saint. On en tira les os du Saint et on remarqua qu’ils suaient de la même liqueur.. » .Ils arrivèrent à Bari le dimanche 9 mai. «On ajoute que le miracle que Dieu avait opéré à Myre (celui de la manne) se continuait à Bari... les magistrats... jetèrent les fondements d’une grande et magnifique église, le Pape Urbain 2 en fit la dédicace »
Ce texte corrobore, en l’expliquant plus précisément, le récit de Jacques de Voragine,
À propos du suintement émanant des os de Saint Nicolas, je voudrais citer un extrait de la « vie de sainte Brigitte de Suède (+1373) d’après des documents authentiques écrite par une religieuse de l'adoration perpétuelle » en 1879 où, selon ce texte, c’est Saint Nicolas lui-même qui le justifie :
« En pénétrant dans le temple qui renferme le tombeau du grand saint Nicolas, Brigitte ressentit une joie inexprimable; elle se prosterna avec une humble dévotion devant les saintes reliques, et sa pensée médita le symbolisme de l'huile qui en découlait... A ce moment apparut à ses yeux une forme vénérable, toute brillante et comme ointe d'un baume odorant. La céleste vision lui dit : « Je suis l'Évêque Nicolas; je vous apparais sous cette forme pour vous révéler l'état dans lequel se trouvait mon âme aux jours de ma vie terrestre; mes membres étaient adroits et souples au service de Dieu, comme l'est un instrument frotté d'huile sous la main de celui qui le manie. Écoutez donc : de même que la rose exhale un agréable parfum, de même que le raisin donne un jus plein de douceur, ainsi mes ossements ont reçu de Dieu le rare privilège de distiller une huile salutaire. En effet, le Tout-Puissant n'honore et n'exalte pas seulement ses élus dans le ciel; il les glorifie également sur la terre, pour l'édification d'un grand nombre »
Les reliques de Saint Nicolas se trouvent toujours à Bari à quelques exceptions près, un humérus se trouve à la cathédrale de Fribourg en Allemagne, on trouve aussi quelques fragments à l’abbaye de Hauterive et en Belgique. En outre, en 1098, un chevalier lorrain Aubert de Varangéville s’empara d’une phalange du doigt de Saint Nicolas et la ramena en Lorraine ce qui fit de Saint Nicolas le patron de cette province.
À Bari, deux grandes fêtes sont célébrées en l’honneur de Saint Nicolas :
. Le 6 décembre, date anniversaire de la mort présumée du Saint,
. Le 9 mai, date anniversaire de la translation. Une grande procession conduit la statue du Saint vers la mer où elle est chargée sur un bateau de pêche qui se rend à l’endroit où, en 1087, le bateau transportant les reliques a accosté. A l’issue de cette procession, on prélève la manne suintant du tombeau dans un flacon de verre, la manne sera alors mélangée à de l’eau bénite pour distribution aux fidèles.
le tombeau de saint Nicolas à Bari
Dans les deux articles suivants, j'évoquerai deux miracles post mortem de saint Nicolas.
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