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jeudi 1 décembre 2016

Un regard sur ANGKOR (CAMBODGE) (79) YASHODARAPURA 4, ANGKOR THOM


LA DESCRIPTION DE LA VILLE SELON LE RÉCIT DU DIPLOMATE CHINOIS CHOU-JA-KAN ( Zhou Daguan)

Ce qui subsiste de la cité d’Angkor Thom témoigne,  malgré les dégradations du site, de la magnificence d’une somptueuse capitale ; pourtant on regrette de ne pas disposer de plus de renseignements  sur la vie quotidienne que ceux que nous fournissent les reliefs ; heureusement, il existe le témoignage de Chou-Ja-Kan,  officier chinois, qui eut, vers la fin du treizième siècle, une mission diplomatique à remplir dans le royaume de Tchin-la (et que les gens du pays nomment eux-mêmes  Kan-phou-tchi.)

Pour terminer cette description de la cité d’Angkor-Thom, je me bornerai à citer quelques extraits des descriptions de la capitale faite par le diplomate chinois.

LE PALAIS
J’ai déjà cité dans l’article n°72 quelques extraits de la vie du palais, en voici quelques compléments :

" Le roi a cinq épouses ; l’une qui est la principale, et les quatre autres d’un rang inférieur. Quant aux concubines, j’ai entendu dire qu’il y en avait de trois à cinq mille, qui sont encore distribuées en plusieurs classes ; elles ne sortent jamais.

Quand un particulier a de belles filles, on les fait entrer dans le palais ; celles d’entre elles qui vont et viennent sont employées au service ; elles sont appelées Tchin-kia-lan, et leur nombre n’est pas moindre d’un à deux mille, il y en a parmi elles qui ont leurs maris, et qui habitent confondues avec les autres personnes de la ville ; elles ne se distinguent que parce qu’elles se rasent les cheveux aux deux côtés des joues, et se peignent avec du cinabre les joues ainsi que les tempes ; c’est là le signe distinctif des Tchin-kia-lan. Il n’y a que ces femmes qui aient le droit d’entrer dans le palais ; les autres n’y sont pas admises "

Cette description évoque la cité interdite des empereurs de Chine, elle doit correspondre à la situation du palais du roi khmer de l’époque, cependant,  il se peut aussi que Chou-Ja-Kan ait transposé dans ce texte  ce qu'il connaissait en Chine.

LES MAISONS
" Après le palais, les maisons des princes de la famille royale et des grands officiers ont les dimensions et une hauteur plus considérables que celles des particuliers ; du reste, toutes sont couvertes en chaume ; il n’y a que les temples dont la façade et les constructions de derrière peuvent êtres recouvertes en tuiles. Les maisons des magistrats ont aussi des dimensions particulières, réglées d’après le rang des possesseurs ; celles des moins considérables sont, comme celles des simples particuliers, recouvertes en chaume ; car ceux-ci n’oseraient faire usage de tuiles. Les maisons des bourgeois varient de grandeur suivant la richesse ou la pauvreté des propriétaires ; mais les plus riches ne se hasarderaient pas à construire une maison semblable à celle des officiers de l’état."

LA HIÉRARCHIE DES DIGNITAIRES
" Il y a dans ce pays des ministres, des généraux, des présidents chargés d’observer le ciel, et d’autres grands officiers qui ont sous eux des adjoints, des juges et d’autres employés ; seulement leurs titres ne sont pas les mêmes qu’en Chine : la plupart sont pris parmi les membres de la famille royale ; et, quand on n’en trouve pas, on choisit jusqu’à des femmes qui exercent des emplois ; leurs revenus et leurs honneurs sont réglés d’après leur rang ; au premier rang sont ceux qui ont le droit de se servir de chaises-à-porteurs ou de palanquins d’or, et de quatre parasols à manche d’or ; puis ceux qui ont la chaise d’or et deux parasols ; les troisièmes ont la chaise d’or avec un seul parasol ; ceux du quatrième ordre n’ont que le parasol à manche d’or ; ceux du cinquième ordre ont un parasol à manche d’argent"

Cette description est corroborée par les reliefs des temples décrivant des batailles : ils montrent en effet de nombreux parasols sculptés au-dessus des combattants. Chou-Ja-Kan indique que cette  hiérarchie est très différente de celle de la Chine où les dignités s’obtiennent non par la faveur du roi mais par les résultats des candidats aux concours impériaux.

L’HABILLEMENT
"Depuis le roi jusqu’au dernier des habitants, les hommes comme les femmes nouent leurs cheveux au haut de leur tête ; ils vont les bras nus, et les reins ceints seulement d’une ceinture de toile ; quand ils sortent, ils ajoutent un grand morceau de toile par-dessus le petit ; ces morceaux de toile varient suivant les conditions ; celui que porte le roi a des ornements d’or fin, pesant trois ou quatre onces, et qui sont d’une beauté admirable.

Hommes et femmes vont nus, la poitrine découverte, les cheveux noués sur la tête, les pieds nus ; la reine elle-même ne va pas autrement"

LES TROIS SORTES DE PRÊTRES
" Ceux qui sont de la secte des lettrés s’appellent Pan-ki ; les prêtres de Bouddha se nomment Tchou-kou, les Tao-sse, Pa-sse.

     . Il n’y a que les Pan-ki dont le fondateur n’est pas connu ; ils n’ont rien de ce qu’on appelle collège ou salle d’études, et il serait fort difficile de dire quels sont les livres qu’ils étudient. Ils sont vêtus de toile comme les gens du commun, excepté qu’ils portent sur le front un ruban blanc , qui est la seule marque distinctive à laquelle on reconnaisse qu’ils sont lettrés. Ceux des Pan-ki, qui entrent dans les charges, deviennent de grands personnages, et le ruban blanc qu’ils portent au cou ne les quitte jamais pendant toute leur vie.

     . Les Tchou-kou se rasent les cheveux ; ils portent des habits jaunes et ont le bras droit nu. La plupart de leurs temples sont couverts en tuiles, et il n’y a dans l’intérieur qu’une seule statue, qui représente Chakia Bouddha ;  elle est vêtue de rouge et faite d’argile peinte avec du vermillon et de la couleur bleue. ... Ils n’ont ni cloches, ni tambours, ni cymbales, ni drapeaux, ni dais précieux. Tous les prêtres mangent du poisson et de la viande ; seulement ils s’abstiennent de boire du vin, mais ils se servent de viande et de poisson dans leurs cérémonies à l’honneur de Bouddha. Ils n’ont dans leurs temples ni cuisine ni foyers. Les livres sacrés qu’ils récitent sont en grand nombre, et tous écrits sur des feuilles de palmier qu’on place l’une sur l’autre bien régulièrement ; on écrit dessus avec des lettres noires, sans se servir ni de pinceau ni d’encre, mais avec je ne sais quelle matière qui m’est inconnue.

     . Les Pa-sse sont vêtus comme les gens du peuple, excepté qu’ils portent sur leur tête une toile rouge Ou blanche, comme la coiffure des femmes tartares, mais plus basse. Ils ont aussi des édifices et des tours, ainsi que des couvents et des temples, mais qui ne peuvent se comparer, pour la magnificence, aux monastères des Bouddhistes dont la religion est aussi bien plus florissante. Dans leurs temples il n’y a point de représentations particulières, mais seulement un amas de pierres, comme celui qui sert à la Chine pour les sacrifices au ciel et à la terre"

Grâce à ces extraits, on peut se faire une idée assez précise de la vie quotidienne à Angkor-Thom  avec une foule  bigarrée de gens circulant au milieu des chaises à porteurs des dignitaires surmontées des parasols qui témoignent de leur place dans la hiérarchie.

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