Angkor Thom représente la dernière grande réalisation de la civilisation angkorienne avant son inéluctable déclin. Postérieurement au règne de Jayavarman VII commence en effet la sclérose progressive et irréversible du système que l’on nomme la « cité hydraulique ». Les causes en sont variées.
Il y a d’abord la limitation due aux rivières elles-mêmes qui ne peuvent pas fournir plus d’eau que celle de leur cours ; trois rivières ont été successivement utilisées pour alimenter les Baray, le Strung Roulos pour le baray de la ville de Hariharalaya, le Strung Siem Rep pour le Baray occidental puis pour le Jayatataka, le Strung Puok pour le Baray oriental. Ensuite, il n’y eut plus de rivières disponibles, les autres Baray furent alimentés par les eaux de la mousson ou par les nappes phréatiques.
Parallèlement, le besoin en eau augmentait sans cesse tant pour permettre l’irrigation des zones irriguées qui s’étendaient de plus en plus que pour alimenter les villes dont la population croissait.
A cela s’ajoutait la détérioration des installations ; les Baray s’envasent peu à peu ce qui nécessitait soit de les curer, soit de les surhausser au moyen de digues ce qui rompait les pentes naturelles des canaux et créerait des problèmes de différences de pression. La détérioration des installations s’accentuait lors des invasions étrangères, celles des Chams et surtout celle des Siamois aux 14e et 15e siècles du fait que, pendant ces périodes, il était impossible d’effectuer les travaux d’entretien nécessaires.
Enfin, la surexploitation agricole par l’irrigation conduisit au lessivage des sols et les rendit peu à peu inexploitable ; de large zones durent être abandonnées.
Ainsi se conjuguèrent les deux facteurs du déclin : la quantité moindre d’eau d’irrigation et l’infertilité croissante des sols : la production de riz diminue, l’appauvrissement de la population se produit, les moyens affectés aux réparations du système deviennent de plus en plus réduits, ce qui diminue encore les possibilités d’irrigation. Néanmoins, le roi continue à habiter Angkor-Thom dans une ville peu à peu désertée qui demeure capitale du royaume. En 1434, les siamois s’emparent d’Angkor et mettent à sac la cité.
Peu à peu, les Khmers quittent la zone du Tonle-Sap et font de la région des quatre bras (confluent du Mékong et du Tonle Sap et début du delta du Mekong), région jusqu'alors marginale du royaume, le centre de leur domination, c’est à ce confluent que se trouve Phnom Penh, la capitale actuelle du Cambodge.
NOTE : LES TECHNIQUES DE CULTURES SELON LE DIPLOMATE CHOU-JA-KAN
Dans ce pays, il y a de la pluie pendant la moitié l’année ; et, pendant l’autre moitié , il n’y en a pas du tout.... Après le solstice d’été, (de mai jusqu’en octobre), il tombe tant de pluie, que tous les fleuves débordent, et que les eaux s’élèvent jusqu’à sept ou huit tchang (24,4m) et recouvrent la cime des plus grands arbres ; tous les habitants des bords des rivières se retirent dans les montagnes ; ensuite...(de novembre jusqu’en avril) la pluie cesse absolument, les fleuves permettent à peine le passage aux plus petites barques, et les endroits les plus profonds n’ont pas plus de trois à cinq tchhi (1,5m) ; alors les habitants reviennent pour les travaux de la terre, dont l’époque se trouve ainsi fixée : quand les grains sont mûrs, c’est l’époque de l’inondation ; l’espace où elle s’étend est celui que l’on cultive et où on fait les semailles. Dans les opérations d’agriculture, on n’emploie pas de bœufs, ni de charrue, ni de herse, ni de faucille, ni de houe, ni d’autres instruments semblables. Quoique les grains qu’on sème ressemblent à ceux de la Chine, il y a des différences dans la manière de les cultiver. Les Cambodgiens en ont une espèce qui vient dans les terrains bas sans qu’on la sème. Quand l’eau s’élève à dix pieds, l’épi la suit et se tient toujours à la même hauteur qu’elle. Ils ne font pas usage de fumier pour leurs grains ni pour leurs herbes potagères ; cela leur paraît malpropre et impur.
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