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jeudi 17 octobre 2019

LA TAPISSERIE DE BAYEUX, témoignage de la vie et des mentalités au 11e siècle (20)

HISTOIRE CHRONOLOGIQUE DES ÉVÉNEMENTS DÉCRITS DANS LA TAPISSERIE DE BAYEUX

LA MORT ET L’ENTERREMENT D’EDOUARD

Les scènes qui suivent le retour d'Harold montrent une nouvelle inversion chronologique de la tapisserie de Bayeux  puisque, sur la tapisserie,  l’enterrement du roi (C) précède son agonie (A) et sa mort (B). Dans ce qui suit, je me propose de rétablir la succession réelle des événements.

 (HIC EADWARDUS REX IN LECTO ALLOQUIT FIDELES, ici, le roi Édouard s’entretient avec les siens)

L’agonie du roi se produisit dans son château dont on retrouve les deux  éléments habituels : le logis central  servant d’habitation (D) et deux tours  (E et F) dont la présence font supposer la présence d’une courtine continue,

Le logis central comporte deux étages, comme  dans les autres châteaux précédemment décrits.

L’avantage de ce dessin est de montrer la manière dont étaient repartis ces niveaux : au rez-de-chaussée, la grande salle servait de salle de séjour et du trône (G), l'étage comportait des pièces plus familiales dont la chambre (H).


Édouard (1) est à demi-assis à la manière dont on avait coutume de dormir à cette époque ; derrière lui, un serviteur le soutient  pour l’empêcher de tomber. De part et d’autre, se tient Stigand (5) (voir, à propos de Stigand, la note complémentaire ci-dessous), archevêque de Canterbury. Au pied du lit,  se trouvent deux femmes en pleurs.  Un autre personnage est agenouillé devant le roi, il doit  s’agir d’Harold (2), le roi tend la main vers lui et Harold s’apprête à la lui prendre, ce geste était-il un simple adieu ou démontrait-il que, sur son lit de mort, Édouard avait désigné Harold comme son successeur ? On ne peut le savoir.

ET HIC DEFUNCTUS EST, ici le roi Édouard est mort

Le roi est mort (1). Il  est allongé sur un drap ou une sorte de matelas et enveloppé d’un suaire, seule émerge sa tête,  tandis que l’archevêque (5) récite les dernières prières, deux serviteurs soulèvent le corps, sans doute pour le déposer dans une châsse. La mort d’Edouard se produit le 5 janvier 1066.

Ensuite, le cercueil est porté vers l’église saint Pierre (HIC PORTATUR CORPUS EADWARDI REGIS AD ECCLESIAM SANCTI PÉTRI APLI, ici le corps du roi Édouard est porté à l’église de saint Pierre Apôtre).



On aperçoit le corps dans une châsse (1) portée par huit hommes (J) ; la châsse est bordée d’une riche tenture, deux enfants (K) agitent les cloches ; derrière la châsse, se déploie le cortège funèbre (L).

Le corps est conduit jusqu’à la nouvelle église qu’Edouard a fait construite près de l’ancienne abbaye de Westminster et qui venait tout juste d’être consacrée (le 28 décembre 1065, soit huit jours avant la mort du roi).

Cette église est de plan cruciforme et comporte une nef à arcades et fenêtres hautes (M), un chœur (N)  ainsi qu’une grande arcade (O) qui correspond au transept. La croisée du transept est surmontée du clocher (P) entouré de quatre clochetons. On retrouve, dans ce dessin, les caractéristiques architecturales de l’art roman.

Au-dessus de l’église, apparaît la main de Dieu (R) émergeant des nuées et esquissant un geste de bénédiction pour accueillir la dépouille royale.

En (S) est représentée une curieuse figure : on y voit un homme sur une passerelle tenant un oiseau posé sur une sorte de perche,

Que signifie cette scène ? Je lui ai trouvé deux explications possibles en privilégiant toutefois la première :
     . Il peut s’agir d’un pont-levis permettant de sortir du palais royal : en ce cas, la tour (T) serait la porte d’entrée du château dont la tour d'enceinte est dessinée à sa gauche (voir dessin précédent).
     . Il aussi s’agir d’une passerelle permettant à un artisan de fixer un coq sur la crête de la nef, en ce cas la tour (T) serait un beffroi, tel qu’on en trouvait comme machine de guerre utilisée lors du siège des villes.

NOTE COMPLÉMENTAIRE

STIGAND

Ce personnage-clé de l’histoire d’Harold, entré au service de Knut puis de ses fils, fut nommé par Edouard évêque d’Elmham en 1043 puis de Winchester en 1047. 

En 1050, à la morte d’Eadsige, archevêque de Canterbury, le chapitre élit Aetelric, un moine apparenté à la famille de Godwin, père d’Harold. Au mépris des règnes  canoniques, Édouard nomma alors un normand, Robert de Jumièges archevêque de Canterbury en 1050. Celui-ci se rendit à Rome et reçut du pape Léon 9 le pallium qui symbolisait l’acceptation par le pape de sa charge archiépiscopale.

Robert de Jumièges entra alors en conflit avec Godwin qu’il fit exiler,  mais quand ce dernier revint et imposa à nouveau son autorité, Robert décida de fuir en 1052. C’est alors que Stigand fut nommé archevêque de Canterbury en 1052 par Edouard. Le pape refusa de le reconnaître et de lui donner le pallium puisque Robert était encore en vie, on dit même qu’il l’aurait excommunié. Stigand restera archevêque de Canterbury jusque 1070, date où il sera déposé par Guillaume.

Prochain article : L’ELECTION ET LE COURONNEMENT D’HAROLD

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