REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

jeudi 16 janvier 2014

L' HYDRE DE LERNE DU  NÉO-LIBÉRALISME. 14.  La manipulation par la vente (fin)

3/ LA GUERRE SANS MERCI ENTRE LES GRANDES SURFACES. 
     .  La pseudo guerre des prix est un des moteurs de cette guerre, c'est à qui se proclamera le moins cher ! On distribue dans les boîtes aux lettres  des monceaux de catalogues avec des prix bas (mais par rapport à quoi ?) , des réductions du type : " le troisième gratuit" " produit à prix coûtant", "promotion jusqu'au..." tout cela devrait amener à la réduction des sommes payées au magasin, n'importe qui peut constater que c'est plutôt le contraire qui se produit car si on effectue une réduction sur un seul produit, on augmente tous les autres. Les statistiques témoignent d'ailleurs de cette impression : de 1998 à 2013, les indices des prix dans la grande distribution passèrent de 100 à 128.

     . Les grandes surfaces organisent aussi des semaines spécifiques assorties d'occasions annoncées de bonnes affaires , spécial Noël, spécial Réveillon, les soldes, le Blanc, la semaine du goût, la rentrée des classes, les jouets, la semaine du plein-air, l'électroménager, les arts ménagers, le multimédia... Les prix pratiqués lors de ces semaines spéciales ne sont pas plus bas que d'habitude, les objets sont simplement rassemblés sur le passage obligé des clients avec une décoration adaptée qui donne envie d'acheter. Même la Toussaint, fête pourtant familiale et intime,  n'échappe pas à cette furie nauséabonde. Ces campagnes réussissent-elles ? C'est difficile de le dire, pourtant lors de ma dernière venue dans un hypermarché, j'ai constaté que les rayons vendant "le blanc " étaient quasiment déserts, d'autant que la même semaine débutèrent les " soldes" ; en outre, selon ce que j'ai pu observer, parmi les soldes se trouvaient des rayons entiers d'invendus durant les fêtes de Noël et Nouvel-an. Il convient aussi de se souvenir de l'échec complet d'une campagne de vente pour la fête d'Halloween 

   . C'est sans doute pour pallier aux échecs de ces semaines spécifiques que les hypermarchés pratiquent  l'anticipation des dates afin d'être le premier à appâter le client et à l'amener à l'achat. C'est à qui commencera au plus tôt sa pseudo-campagne promotionnelle, cela devient même ridicule : la campagne "rentrée des classes" commence dès juin et "c'est Noël" débute juste après la Toussaint !

     . Les grandes surfaces tentent aussi de fidéliser le client au moyen de cartes de magasins, celles-ci permettent de menus avantages :  réductions occasionnelles, points qui s'accumulent et donnent droit à des rabais ou des cadeaux. Ce type de carte possède un double but : donner l'impression au client qu'il est privilégié, qu'on le reconnaît comme tel et qu'avoir la carte du magasin établit des liens quasi-intimes entre lui et le magasin : "c'est avec de tels hochets qu'on fait tourner le monde"  disait Napoléon.
Cette politique ne fidélise cependant guère, (sauf quand la carte de fidélité devient carte de crédit,) chaque grande surface proposant sa carte, les clients se contentent d'amasser ces cartes sans les utiliser vraiment.

    . C'est dans le cadre de cette concurrence exacerbée qu'il convient de placer les tentatives d'ouverture des magasins les dimanches et aussi les rabais accordés quand on se rend dans les grandes surfaces aux jours et heures de faible affluence à la condition, bien sûr, que l'on possède le sésame représenté par la carte du magasin ! Tous ces efforts sont probablement vains : ce n'est pas parce qu'on ouvre le magasin plus longtemps que les clients auront plus d'argent à dépenser !

4/ QUE SERA L'AVENIR ?
À qui va profiter cette concurrence acharnée à laquelle se livrent les grandes surfaces ? Nul ne peut prédire l'avenir, pourtant on aperçoit de nouvelles tendances dans l'évolution des pratiques commerciales qui sembleraient, selon moi, aller dans le bon sens.

Parmi celles-ci, on peut citer le cas des entreprises livrant à domicile. L'exemple des vendeurs itinérants de produits surgelés est révélateur. Ces entreprises vendent sur catalogue, ce qui laisse le temps aux clients de choisir en toute connaissance de cause, le prix du catalogue est le prix payé, il n'y a pas de surprise. En outre, ces entreprises sont suffisamment nombreuses pour qu'il se crée entre elles une concurrence propice à la liberté de choix du client.

Signe des temps, les grandes surfaces ont constaté que ces nouvelles méthodes risquaient de leur faire une concurrence dont elles pourraient souffrir et même périr. Elle ont tenté de s'adapter en créant le système du "drive" (1)  : on effectue sa commande sur Internet grâce à un catalogue en ligne, puis on passe chercher ses achats sans entrer dans le magasin ni subir les habituels désagréments des hypermarchés (queues aux caisses et aux boutiques, caddies avec lequel il faut zigzaguer entre les clients, impacts désagréables des méthodes de vente...  )

Ces évolutions vont toutes dans le bon sens puisque la manipulation des esprits y est considérablement limitée, le client choisit calmement et librement ses achats sur catalogue, peut comparer les produits, rechercher des informations complémentaires sur ceux-ci, effectuer des choix en toute connaissance de cause : le consommateur retrouve une grande partie de sa liberté même s'il reste encore victime de l'imprégnation publicitaire et de l'obsolescence programmée.


(1) drive en anglais signifie conduire, en français, cela veut dire achat à distance.. Ah ce sabir qui travestit les mots anglais pour faire bien ! 

mercredi 15 janvier 2014

L' HYDRE DE LERNE DU  NÉO-LIBÉRALISME. 14.  La manipulation par la vente (suite)



Pour ressentir cette évolution globale qui semble se développer actuellement au niveau des pratiques commerciales, il suffit de se replonger dans un passé récent en considérer l'histoire de ces pratiques depuis la deuxième moitié du 20ème siècle.

1/ LE RÈGNE DU PETIT COMMERCE.
Il y a une cinquantaine d'années, le petit commerce régnait en maître. Un village digne de ce nom possédait, outre l'église desservie par un curé et l' école avec un ou plusieurs instituteurs, un café faisant office de dépôt de pain, d'épicerie, de bureau de tabac....  En outre, les commerçants des bourgs organisaient des tournées en camionnettes pour la viande par exemple ; à cela s'ajoutait le fait que beaucoup de villageois pratiquaient l'auto-suffisance, élevant poules et lapins et même cochons...

On ne se rendait au bourg ou à la ville que les jours de marché ou quand c'était nécessaire, en particulier en cas de problème de santé.

À cette époque, les petits commerçants étaient utiles puisqu'on y trouvait tout ce dont on avait besoin dans une aire géographique limitée. Ils gagnaient beaucoup d'argent car les prix étaient élevés et beaucoup s'enrichissaient rapidement, achetaient des maisons ou du terrain pour leurs vieux jours.

2/ L'EMERGENCE DES GRANDES SURFACES
C'est à cette époque que commencèrent à se développer les supermarchés. Ceux-ci n'avaient cependant pas à ce moment  un objectif uniquement financier et de profit.

Voici en particulier les idées que développa M Édouard Leclerc en 1947.

Après les souffrances, privations et rationnement de la guerre, M Leclerc pense qu'il fallait modifier en profondeur les circuits de distribution alimentaire pour faciliter la vie des français  : « Jusqu’ici, l’Eglise a créé des œuvres sociales. Les œuvres, c’est très bien. (…) L’œuvre sociale est accidentelle, momentanée, gratuite. (…) On a soulagé quelques cas isolés, on n’a pas résolu un problème social général. (…) Les moines du Moyen-Age, pour venir en aide aux pauvres gens, s’y prenaient d’une tout autre façon. Ils avaient jugé plus sage de distribuer des outils, des semences, à charge pour ceux qu’ils aidaient de cultiver les champs. (…) C’est sur des bases analogues  qu’au XXème siècle, on doit concevoir l’action sociale. Il faut créer des entreprises rentables, durables, en s’intégrant dans l’économie et dont le but soit l’amélioration du sort de tous. » .  (1)

Son idée est de faire baisser les prix de vente des biens de consommation en supprimant le maximum d'intermédiaires et de grossistes et donc en passant directement du producteur au consommateur dans une perspective d'amélioration du niveau de vie pour tous.

« Ce que j'ai fait est bête comme chou, je me suis mis grossiste pour vendre au détail. Il suffisait d'y penser....Je m'approvisionnais à la source. Je ne m'encombrais pas de luxe de présentation et je me rattrapais sur la quantité d'articles écoulés. »

La petite structure fondée par Édouard Leclerc va se développer grâce à deux méthodes :
   . Dans sa première boutique, il vend à prix bas en supprimant la chaine de grossistes qui prenaient leur commission à chaque étape du processus de vente,
   .  Il acceptera de prêter son enseigne à d'autres commerçants isolés pour peu qu'ils respectent sa déontologie.

Le développement des supermarchés puis des hypermarchés accompagnant la généralisation de l'équipement des foyers en automobile,  ruina presque complètement le petit commerce dit de proximité, les boutiques disparurent d'abord dans les villages puis dans les bourgs et les villes : on ne compte plus les magasins d'alimentation ou de petites fournitures qui fermèrent, les seuls commerces qui subsistent sur mon lieu d'habitation sont deux boulangeries, une boucherie, un bureau de tabac vendant des articles de presse, un supermarché franchisé ainsi que des services à la personne, coiffeurs, banques, assurances, agences immobilières. Une promenade dans le bourg m'a permis de compter 31 boutiques fermées soit 55% d'entre-elles  Parallèlement les banlieues des villes se couvrent de grandes surfaces de toutes sortes qui forment des sortes de villes-satellites desservant à la fois le centre-ville et la campagne.

Pendant la phase de lutte entre petit commerce et grandes surfaces, ces dernières respectèrent le mot d'ordre initié par Édouard Leclerc sur la baisse des prix par la disparition des intermédiaires ; une fois la victoire acquise, les grandes surfaces se retrouvèrent seules sur le marché et se mirent à pratiquer entre elles  une guerre sans merci, c'est la phase que nous vivons actuellement....

(1) source http://www.histoiredunmouvement.com/thematiques/portraits-et-temoignages/portrait-d-edouard-leclerc-biographie

mardi 14 janvier 2014

L' HYDRE DE LERNE DU  NÉO-LIBÉRALISME. 13. La manipulation par la vente (suite)

Voici la suite de mes observations lors de ma promenade dans une grande surface...

LA MUSIQUE QUE L'ON ÉCOUTE PAS
Dans presque toutes les grandes surfaces existe un environnement musical qui participe à la manipulation mentale. Partout les caractéristiques sont les mêmes :
   . Les chansons diffusées sont en quasiment toutes en  langues étrangères (anglais essentiellement) : il ne faut surtout pas distraire le client qui pourrait être tenté d'écouter les paroles au lieu de se cantonner à son rôle de consommateur. Pour la même raison, ces chansons sont généralement  assez peu connues afin qu'elles n'attirent pas trop l'attention, le but est de créer un environnement et non de permettre aux gens d'écouter la musique.
   . Les rythmes sont enjoués de manière à établir une atmosphère de gaité, de bonne humeur et d'optimisme qui donnera envie d'acheter. Les rythmes sont cependant différents selon les heures de la journée : plus rapides avant le repas, plus lent pour la digestion.
   . Le volume sonore est calculé avec soin, il faut qu'on entende la musique sans l'écouter, sans y prêter attention : quand je fais part aux gens que cette musique m'énerve et me donne envie de partir au plus vite, j'obtiens souvent cette  réponse : " la musique ? , je ne l'entends même pas ! ", cela est, bien entendu, le but recherché.

Je pensais que le programme musical était du ressort des employés du magasin qui organisaient l'environnement sonore comme ils l'entendaient ; ce n'est pas le cas, j'ai appris qu'il existe des officines spécialisées qui établissent  le programme à diffuser, non pour faire plaisir au client mais pour créer une ambiance propice à l'achat : comme manipulation on ne fait pas mieux !

Les PRODUITS QUI SENTENT "BONS"
Les grandes surfaces commencent à doter leurs rayons de diffuseurs d'odeurs évidemment chimiquement constituées. Pour les fruits et légumes c'est très facile : au dessus des rayons, il existe des diffuseurs de vapeur d'eau destinés à conserver un aspect frais aux produits présentés, il suffit alors d'ajouter quelque parfum synthétique dans ce diffuseur pour obtenir l'effet souhaité :  le client se dit que ces fruits et légumes exhalent une odeur qui éveille les papilles et conduit à l'achat : j'ai vu un tel procédé dans un étalage de fruits dit " bio" !

Il paraît que de telles méthodes sont utilisées pour d'autres produits, les lessives, les produits ménagers. Si de tels procédés se développent, je serai curieux de savoir quel parfum sera diffusé pour le papier des toilettes !

Les PARCOURS OBLIGÉS.
certains magasins organisent entre l'entrée et le passage aux caisses des parcours obligés afin que le client soit tenu de traverser tout le magasin : qui sait si son périple à travers les rayons ne le conduira pas à regarder des  étalages qui attireront son regard, à s'intéresser à quelque chose dont il n'avait pas envie, dont il n'avait pas  pas besoin et dont même il ignorait l'existence ? Qui sait si, par une impulsion subite, il n'achètera pas quelqu'objet  ? Qui sait, s'il se raisonne pour résister immédiatement à l'envie, ne reviendra-t'il pas plus tard l'acquérir  ?

Ces parcours obligés sont de deux sortes :
   - parfois, on fait circuler le chaland en boucle, afin de lui montrer toutes les opportunités offertes par le magasin : s'il a besoin d'un anneau de rideau, il devra, pour accéder à la caisse, passer par le rayon vaisselle, puis par les rayons petit-mobilier, objets exotiques, appareils ménagers...
  - parfois aussi le parcours devient initiatique : ainsi dans un magasin de botanique, si l'on vient pour acheter des plantes à repiquer, on va devoir passer par les étalages de fleurs exotiques, de pots fantaisies, de coupe de fleurs à offrir, de salon de jardin, de barbecue,  de vases et statuettes .. Ce périple a bien évidemment un sens puisque généralement on va de l'utile à l'accessoire, de l'économique au très cher,

Les hypermarchés classiques ont plus de mal à concevoir de tels parcours mais ils le font quand même de manière détournée :
   . Sous couvert de journées spécifiques (le Blanc par exemple), on recompose l'organisation du magasin : le client qui savait qu'à tel endroit était la farine, s'aperçoit qu'il se trouve maintenant dans le rayon des  alcools, il va donc rechercher le nouvel emplacement de la farine et passe dans de nombreux autres rayons : qui sait s'il n'achètera pas quelque chose lors de son périple !
  . Les allées destinées à la circulation obligée des clients sont de plus en plus encombrées d'étalages divers et de présentoirs établis latéralement aux gondoles afin d'appâter encore le client..
  . Les queues lors du passage en caisse, alors que le client a acheté tout ce dont il a besoin, offrent  à la grande surface l'occasion de dernières occasions de ventes, bonbons, revues, piles, briquets, rien n'est laissé au hasard .

Ces quelques exemples ne sont qu'une face cachée de l'iceberg, il y a bien d'autres méthodes de manipulation mentale des clients, celles que j'ai citées ici sont le fruit d'observations effectuées lors de mes passages dans quelques grandes surfaces.

Peut-on lutter contre ce type de manipulation ? Évidemment !  Pour une fois ce ne sera pas seulement à notre échelle individuelle. En effet, une évolution globale semble se profiler qui ira dans le sens d'un meilleur respect de la liberté de choix du consommateur,

lundi 13 janvier 2014

L' HYDRE DE LERNE DU  NÉO-LIBÉRALISME. 12. La manipulation par la vente (suite)

Une promenade dans une grande surface est d'un grand intérêt ethnologique, elle permet de se rendre compte que partout, on manipule insidieusement les clients de toutes les manières. 

en voici de nombreux exemples :

L'ÉTIQUETAGE DES PRODUITS
Il est apparemment effectué selon les règles de la consommation : chaque article est assorti d'une étiquette comportant toutes les informations nécessaires et légales : le prix de l'objet, son poids, le prix à l'unité ou au kilo selon les cas...

Pourtant, ces mentions ne sont pas traitées selon la même présentation : le prix est indiqué au moyen de caractères de grande taille, par contre l'information essentielle, le prix à l'unité ou au kilo, est en caractères si minuscules qu'il faudrait presque avoir une loupe pour l'identifier : en conséquence, cette indication, pourtant fondamentale,  n'est généralement  pas prise en compte par le client !

Des RABAIS QUI N'EN SONT PAS
La pratique d'effectuer des gros conditionnement pour vendre un produit est courante : naïvement, le client imagine que, s'il achète en gros conditionnement, il bénéficiera de prix avantageux. Cette idée est, pour la grande surface, une occasion rêvée de l'abuser.

Voici un exemple récent et qui concerne une marque de café :
   . Le produit seul vaut 1,50€,
   . Si on achète en plus gros conditionnement, on bénéficie,selon l'emballage, de trois paquets gratuits, cela veut dire que l'on en paie que neuf. Effectuons un rapide calcul : 9 x 1,50€ = 13,50€,  or le gros conditionnement coûte 15,75€ soit 2,25€ plus cher que le prix du paquet au détail. À ce tarif, chacun des 9 paquets de cafés payants vaut réellement 1,75€
   . La mention 3 paquets gratuits n'est donc que du vent !

Les CONSEILS ORIENTÉS
Ce double exemple relate des faits qui me sont arrivés il y a quelques années :
     . Voulant acheter un appareil photo, je me rendis dans une grande surface, le rayon des appareils-photo est, dans ce magasin,  une structure de vente séparée auquel est affectée un vendeur censé donner des conseils. Je constate qu'à prix égal,  tous les appareils se ressemblent et possèdent les mêmes caractéristiques techniques. C'est alors que le vendeur s'approche de moi et me demande si j'ai besoin d'un conseil. Je lui expose ma demande et immédiatement, il me sort un premier appareil de la marque C... Il me vante ce produit et me présente d'autres appareils de la même marque.  Pour lui,  ce sont les meilleurs appareils mis sur le marché. Je lui demande alors ce qu'ils ont de plus que les autres, il me répond : "quand on veut faire des photos ou de la vidéo en grand angle, les déformations sont moindres que pour les autres appareils". J'accepte ses arguments et achète cet appareil-photo bien que je ne fasse jamais de photos en grand angle.

Quelques jours plus tard, ARTE diffuse une émission qui explique l'acharnement du vendeur à me faire acheter la marque C.. En réalité, l'appareil photo n'était pas spécialement meilleur, simplement, la firme C.. lui  versait une commission plus élevée que les autres marques !

C'est fort de ces renseignements que je me rendis dans un magasin de bricolage afin d'acheter un radiateur électrique : pour cela, je consultais Internet pour trouver le radiateur qui me convenait  : je trouvai un modèle en solde possédant toutes les caractéristiques souhaitées et vérifiai les avis des consommateurs sur les forums adéquats.  Je me rendis ensuite dans la grande surface et demandai au responsable du rayon d'aller me chercher ce radiateur : sa réponse fut la suivante : " vous n'allez pas pas acheter ce radiateur ! Je vous le déconseille, il n'est pas fiable, ni solide, il n'aura qu'une durée de vie limitée, en plus il est fait en Chine et vous ne trouverez pas de pièces détachées  ! vous devriez acheter plutôt ce modèle, il est plus performant et surtout il est français" ; bien entendu, le modèle français était deux fois plus cher. Fort de mon expérience, j'achetai le modèle chinois, il fonctionne depuis plusieurs années sans problèmes. C'est à propos de ce radiateur que je pus constater la fiabilité des avis des consommateurs :  tout ce qu'ils écrivaient (robuste mais difficile à installer et difficile à programmer) était la réalité.

LES AFFAIRES QUI N'EN SONT PAS
Las d'entendre mon entourage me vanter l'efficacité des nettoyeurs projetant de l'eau à haute pression, je me décidai à déroger à mes principes et à en acquérir un, je vis dans les présentoirs situés au bout des rayons d'une grande surface consacrée au bricolage, de part et d'autre des allées de circulation, là où tout le monde passe, un appareil en "réclame" ; je l'acquis, et m'en servis à quelques reprises, ce nettoyeur tomba très vite en panne, comme il était sous garantie, je le reportai au service après-vente de la dite grande surface.

Lorsque je vins rechercher ce nettoyeur, je fus étonné qu'au lieu de le réparer, le fabricant avait effectué un échange standard : l'employé du service après-vente me dit alors : " ça ne sert à rien de les réparer, votre appareil ne vaut rien, d'ailleurs au prix où vous avez payé, c'est normal ! pour avoir du matériel fiable, il faut mettre au moins cinq fois cher.. " 

Merci à cet employé qui eut le courage de me dire tout haut ce que tout le monde sait et ne dit pas !

D'autres manipulations mentales demain ...

dimanche 12 janvier 2014

L' HYDRE DE LERNE DU  NÉO-LIBÉRALISME. 11. La manipulation par la vente

Dans son objectif de contrôler la vie des gens et de manipuler les esprits, la SOC-COM a mis en place trois volets d'actions : la publicité, l'obsolescence programmée et la manipulation par les techniques de vente : les deux premiers ont été évoqués dans les articles précédents, il me faut maintenant démonter les arcanes de ce troisième volet. 

L'autre jour, en me rendant dans une grande surface, je me mis à observer le comportement des clients, ce fut, pour moi, particulièrement instructif...

L'ETALAGE D'UN HYPERMARCHÉ : LE MIROIR AUX ALOUETTES


Ce qui frappe immédiatement à la vue des deux photos ci-dessus, c'est l'extraordinaire profusion des produits présentés aux clients dans ces deux rayons.

 En voyant cela, je songe à une remarque que j'avais entendue à Saint Peterbourg par une russe qui avait vu fondre sa retraite du fait de la dévaluation du rouble : " autrefois, on avait de l'argent mais il n'y avait rien dans les magasins, maintenant, il y a profusion d'articles mais on ne peut pas les acheter car on n'a pas d'argent : c'est le miroir des alouettes !".   On pourrait transposer cette idée aux photos de l'hypermarché : " il y en a tant qu'on ne sait que choisir"  ! 

Apparemment dans ces rayons, la liberté de choix du consommateur semble totale face à la multitude des produits présentés ;  en réalité, cette liberté est étroitement  canalisée  par la société de consommation. Le maître-mot de nos concitoyens , " je suis libre, j'achète ce que je veux !" n'est, à cet égard, qu'une illusion.

En regardant les chalands, j'ai pu observer chez eux une double forme de manipulation mentale.

LA MANIPULATION DES CONSOMMATEURS PAR EUX MÊMES
La liberté de choix est  limitée d'abord par l'imprégnation de la publicité ; quand on reconnaît certains produits décrits par les séquences publicitaires, on semble se trouver en pays de connaissance, le produit nous est familier, on retrouve le scénario du petit film du spot publicitaire qui le présente,  on se souvient de l'enfant qui avale goulûment son yaourt, et, par association, on achète le produit. Parfois même apparaît le signe "vu à la télé", comme pour rappeler à ceux qui l'auraient oublié, que si la "télé" daigne s'intéresser à un produit, c'est qu'il ne peut être que bon !

Le choix du client est également influencé par la présentation du produit et son emballage :
   . Un produit de couleur verte évoque la nature, le "bio" que l'on veut faire ainsi passer pour bon pour la santé et non pollué par les pesticides et autres produits chimiques : le produit est acheté de confiance sans qu'on se soucie de sa composition réelle.
   . La dominante rouge est associée au dynamisme, à la mise en forme,
   . Des fruits exotiques sur fond coloré en bleu évoquent l'exotisme, les horizons lointains, les vahinés dansant sous les cocotiers,...
   . Par contre, le client n'est guère porté à acheter des produits qui sont peu colorés car ils ne sont associés à aucun désir particulier.

La manière dont les emballages sont conçus compte beaucoup pour la société de consommation : certains reportages diffusés sur Arte sont à cet égard édifiants : il existe des officines spécialisées qui reconstituent  des présentoirs et font circuler des cobayes en leur demandant de choisir un produit  ; ensuite, ce pseudo-client doit expliquer pourquoi il a choisi un produit plutôt qu'un autre afin d'en tirer des conclusions sur les améliorations à apporter à l'emballage. On constate même, dans ces officines, la présence d'appareils capables de mesurer les impulsions électriques émanant du cerveau à la vue d'un article. La qualité du produit, dans ce type d'expérience, n'a aucune importance !

Une autre méthode de choix est effectuée par les mots-clés qui vantent le produit sur les emballages, outre le mot BIO, les mots-clés à la mode sont SANS SUCRE, SANS SEL, NATUREL, DU TERROIR, DIMINUE LE CHOLESTEROL, FACILE LE TRANSIT, SANS GRAISSE : ces qualificatifs vont permettre de vendre. Dans une époque où la surabondance conduit à la "mal-bouffe", au surpoids et à l'obésité..., tout le monde voudrait maigrir pour ressembler aux mannequins filiformes qui présentent la mode, il est bon faire attention à sa ligne et donc d'acheter ce type de produit. Bien entendu, on achète de confiance, sans aucun esprit critique. Je suis toujours effaré à la vue des pseudo informations des étiquettes colportées par certaines marques : en voici un exemple concernant une eau minérale " 9 consommatrices sur 10 déclarent que l'eau de .... les aide à éliminer !" ; moi aussi, quand je bois l'eau du robinet, je vais uriner, pas besoin de l'eau de... !

Le prix vient ensuite, on choisit en général un produit de prix moyen,  ni trop bas ( "à ce prix là, ce ne peut être que de la mauvaise qualité" ) ni trop haut ( " ils se moquent de nous! " ou " on paie la marque" ou " ils s'en mettent plein les poches ! " )

Par contre, seule une infime minorité de personnes prend la peine de regarder la composition du produit, trois raisons au moins l'expliquent :
   . Les gens sont pressés, ils n'ont pas le temps !
   . La composition des produits est indiquée en caractères si minuscules qu'il  faudrait presque une loupe pour la regarder.
   . La composition indiquée est si précise par sa technicité qu'il faut avoir fait de longues études de chimie pour en comprendre le sens.

Voici par exemple la composition d'un produit lacté à base de fruits :

Lait écrémé pasteurisé (79,8 %) - Fruits (9,5 %) - Protéine laitière - Fructose - Stabilisants : amidon modifié, pectine gomme guar, gomme xanthane, E1442, E1422, gélatine alimentaire (porc) - Ferments lactiques sélectionnés - Bifidobacterium - Lactobacillus - acidophilus - Arômes - Conservateur du fruit : E202 - Colorants : E120- Extrait de paprika - E141 - Jus de raisin concentré - Extrait de tagète - Correcteurs d'acidité du fruit : Acide citrique, E331 - Sel sequestrant : phosphate de calcium - Edulcorant : Aspartame.

Comment un client peut-il comprendre un tel charabia ! Des méthodes de simplification ont été proposées, elles ont, bien entendu, été refusées par l'industrie agroalimentaire.

LA MANIPULATION ORGANISÉE PAR LA GRANDE SURFACE AU NIVEAU DES GONDOLES DE VENTE

La présentation des produits dans les rayons des magasins n'est pas le fait du hasard, tout est parfaitement organisé : il suffit de regarder comment se comporte un individu face aux multiples sollicitations de la société de consommation rassemblées dans les gondoles de vente :
   . le client regarde d'abord ce qui est à hauteur des yeux, c'est à ce niveau que s'effectue la plus grande partie des choix.
   . Il regarde ensuite au dessus, cela ne lui nécessite que peu d'efforts, il suffit de lever le bras !
     . Par contre, pour regarder les produits des niveaux inférieurs, il faut se baisser, ce qui n'est guère commode.
     . Enfin, les produits qui sont au niveau du sol ne sont accessibles qu'en s'accroupissent, ce qui est quasiment impossible pour beaucoup. Pourtant, c'est en bas, que se trouve le plus souvent le produit présentant le meilleur rapport qualité-prix !

J'en ai fait l'expérience l'autre jour : je cherchais une plaque de beurre normal dans le supermarché local ; dans le rayon affecté à ce produit, il y avait une variété étonnante de beurre, certains étaient appauvris en graisse, d'autres étaient pourvus d'ingrédients permettant d'en diversifier le goût, les uns à tartiner, les autres à cuire... Après quelques vaines recherches, je me résignai à demander à une employée si le magasin vendait encore du beurre normal ; elle fut assez estomaquée par ma question, me répondit que oui, puis elle s'accroupit, plongea le bras au plus profond de l'étagère la plus basse et me ressortit la plaque de beurre que je désirais !

J'en tirai la conclusion que pour acheter un produit simple, sans fioritures ni ingrédients inutiles, il convient d'être physiquement en forme tant au niveau des genoux qu'à celui des étirements des bras !

On pourrait penser que cette disposition est la conséquence des arrivages, on met le produit là où il y a de la place dans le rayon, d'autres pourraient imaginer que l'on met à hauteur des yeux ce qui est le meilleur pour la santé dans la perspective d'une attitude responsable ; ce serait grande naïveté que de le croire ! En réalité, les produits mis en évidence sont ceux pour laquelle la marque paie une commission au magasin plus forte que les autres.

Finalement, si on tient compte de toutes les observations qui précédent, on en conclut que le choix du client s'effectue dans une zone restreinte du présentoir à portée du regard pour des produits à l'emballage plaisamment coloré rappelant les films publicitaires. J'ai observé les clients de cette grande surface et ait constaté que la majorité réagissait comme je viens de l'écrire.

Le MIROIR DES ALOUETTES est devenu un PETIT MIROIR DE POCHE.

samedi 11 janvier 2014

..L' HYDRE DE LERNE DU  NÉO-LIBÉRALISME. 10. L'obsolescence (fin)

TENTER DE S'EN SORTIR À SON NIVEAU

Faute de sortir de l'obsolescence programmée collectivement par le moyen de la loi, je n'ai trouvé d'autres solutions que de me donner à moi-même une discipline de vie permettant de le faire.

N'étant pas un YAKA, je n'ai aucunement la prétention ni de donner des conseils, ni même de détenir une quelconque vérité. Je veux simplement ici porter témoignage de ce que je tente de faire pour échapper à ces méthodes ressenties comme scandaleuses :

   - je ne cède jamais aux mirages de la publicité qui propose de changer une machine ancienne pour une autre plus "moderne" : les machines anciennes étaient robustes et conçues pour durer longtemps, si je change cette machine, je suis presque sûr que la durée de vie de la nouvelle sera au maximum de cinq ans.

   - à chaque fois que c'est possible, je préfère utiliser des outils utilisant "l'huile de coude" : pour scier du bois, je n'utilise qu'une robuste scie mécanique, je me suis d'ailleurs aperçu que j'allais aussi vite à travailler avec ce type d'outil qui ne nécessite ni électricité, ni essence qu'avec une machine à la mode. Cela étonne beaucoup les gens : l'autre jour, alors que je sciais du bois devant la maison , une dame m'interpella ainsi : " vous vous donnez beaucoup de peine ! Vous n'avez pas d'amis ou de voisins qui pourraient vous prêter une scie électrique ? " elle fut très étonnée quand je lui répondis que j'avais une telle scie mais que je préférais de beaucoup ma simple scie égoïne.

   - quand j'achète un objet, je choisis systématiquement le plus simple, celui qui remplit la fonction pour laquelle je l'achète : plus un matériel dispose de fonctions, plus il est fragile et susceptible de tomber en panne : je choisis un téléphone mobile pour téléphoner, je n'ai pas besoin qu'il me permette de prendre des photos ni qu'il me serve de calendrier, j'ai un appareil photo et un agenda pour cela.. D'ailleurs, quand on achète un appareil à multiples fonctions, on n'utilise jamais toutes ses potentialités. Bien sûr, je ne suis pas contre les évolutions techniques, ne serait-ce que par curiosité intellectuelle, mais je me refuse à en être dépendant.
 
  - je prends toujours le temps de réfléchir avant un quelconque achat :
          . En me demandant si j'ai vraiment besoin du produit et pour cela en appliquant la méthode d'Epicure citée plus haut.
          . En me renseignant sur les produits par consultation des sites de consommateurs,
          . En recherchant des informations sur les sites des entreprises car certaines, heureusement, visent la durabilité de leurs produits ; à cet égard, pratiquer l'obsolescence programmée est une grossière erreur : lorsque on se fait flouer par une marque, on en conclut que cette marque ne produit que de la mauvaise qualité et qu'il est temps d'en rechercher d'autres,

    - j'essaie de n'être esclave de rien, ni de la mode, ni des marques, je tente toujours de faire jouer mon libre-arbitre, tant pis si on me prend pour quelqu'un de ringard et je me moque totalement du qu'en-dira-t'on.

Je suis d'autant plus conforté dans mes idées et mes choix quand je me rends dans la déchèterie de mon lieu d'habitation et que je constate l'amoncellement de déchets provenant de la pratique de l'obsolescence programmée comme en témoignent ces deux photos :

vendredi 10 janvier 2014

..L' HYDRE DE LERNE DU  NÉO-LIBÉRALISME. 9. L'obsolescence (suite)

LES SECTATEURS DU VEAU D'OR

J'imagine que mes pratiques concernant les cartouches d'imprimante pourraient scandaliser certains laudateurs de l'obsolescence programmée, ceux que, par association d'idées avec le récit biblique de l'Exode, j'appellerai les "sectateurs du veau d'or" . Le tableau ci-dessous peint par Nicolas Poussin montre bien cet épisode : alors que Moïse reçoit les dix commandements, le peuple hébreu au pied du Sinaï se fabrique un faux Dieu prenant la forme d'un veau d'or. (1)


Le " veau s'or" de l'obsolescence programmé est constitué par les immenses profits que celle-ci génèrent. Ses adorateurs pourraient me reprocher de manière véhémente mes agissements : " par vos pratiques, vous empêchez le progrès car à chaque fois qu'un objet est en panne, celui qui le remplace est plus performant et efficace, Vous êtes cause de l'augmentation du chômage car la consommation des ménages est, pour l'instant, le seul moteur possible de la croissance..., Vous lésez les entreprises qui ne peuvent plus effectuer les recherches permettant le progrès technique... " 

Aux tenants de ces arguties fallacieuses, il est facile de répondre par au moins quatre arguments :

   . La critique de l'obsolescence est effectuée avant tout au niveau moral : la libre propriété est inscrite dans la déclaration des droits de l'homme, ("La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé") : quand on crée volontairement des pannes  sur ce que l'on considère de sa propriété, c'est un délit. En outre, ces procédés sont d'une consternante malhonnêteté puisque le consommateur n'est jamais prévenu de ce qui arrivera inéluctablement.

   . De même, est-il moral de surexploiter partout dans le monde les ressources limitées du sous-sol et pour cela de réactiver le colonialisme économique qui pille les pays pauvres de leurs richesses naturelles  ? De pousser sciemment les gens des pays dits riches au gâchis ? d'augmenter les pollutions émanant d'une production exacerbée par l'appétit de profit  ? d'envahir le reste de la planète de nos déchets ? d'empoisonner les enfants par nos fumées nauséabondes ?...

   . Faire financer la recherche par les consommateurs est, selon moi, une déviation des principes du capitalisme traditionnel : on m'a toujours expliqué que les bénéfices des entreprises étaient partagés en deux : une partie servait aux investissements et à la recherche, le reste était versé à titre de dividendes aux actionnaires. Si on fait payer maintenant par les consommateurs le coût de la recherche, il est clair que cela n'a qu'un but : permettre que l'essentiel des bénéfices aille  aux actionnaires. Ainsi, en ce qui concerne la firme produisant imprimante et cartouches d'encre, les rendements (dividendes versés / valeur de l'action) passent de 1,49 en 2011 à 2,04 en 2013 avec une espérance de 2,69 en 2016 !  Ces chiffres se passent de commentaires !

   . L'obsolescence programmée empêche la relance par le consommation puisque une partie de l'argent du consommateur est détournée pour le renouvellement des objets devenus désuets.

Ma comparaison avec le veau d'or est-elle déraisonnable ? sans doute pas si j'en crois cette caricature.

LA MONTAGNE ACCOUCHE D'UNE SOURIS

La première limitation au "veau d'or" a été effectuée au niveau européen à propos des cartouches d'imprimante : les fabricants avaient en effet, dans leur appétit lucratif, décidé de doter ces cartouches de puces qui indiquaient qu'elles devaient être changées alors qu'en réalité, elle étaient encore à moitié pleines. Cependant, cette interdiction n'eut pas pour objectif la défense du consommateur, elle voulait simplement limiter les déchets occasionnés par ces méthodes délictuelles.

On espérait beaucoup de la loi sur la consommation qui devait moraliser les pratiques commerciales en France et prévoyait, entre autre, de réglementer l'obsolescence programmée,

Cette loi vient d'être votée : la montagne n'a accouché que d'une souris puisqu'elle ne concerne que la disposition suivante :
" les vendeurs seront tenus d’informer les consommateurs sur l’existence et la disponibilité de pièces détachées nécessaires à la réparation d’un produit.
Les vendeurs seront également tenus de fournir aux consommateurs les pièces indispensables à l’utilisation d’un produit pendant la période indiquée par le fabricant ou l’importateur, durant laquelle ces pièces sont disponibles
"

RIEN sur le gâchis ni l'amoncellement des déchets !
RIEN sur l'utilisation des "puces" électroniques !
RIEN sur la fragilisation des composantes d'un objet !
RIEN sur les prix des pièces détachées !

C'est une profonde déception pour tous ceux qui espéraient une moralisation des pratiques de production.

Voici par exemple ce qu'écrit sur son site l'association des AMIS DE LA TERRE :
" En refusant de définir et de sanctionner l’obsolescence programmée, le gouvernement l’autorise de fait. Nous ne parviendrons pas à changer de modèle économique, laissant les entreprises pour s’autoréguler par des engagements volontaires. En 40 ans, notre consommation de ressources a augmenté de plus de 30% et la production des déchets des ménages a doublé. »

L’obsolescence programmée de nos biens est le symbole de cette société du gaspillage. Il faut en sortir, notamment en définissant des objectifs chiffrés de réduction de notre consommation de ressources et de notre production de déchets, en prenant des mesures réglementaires pour allonger la durée de vie des biens via l’éco-conception et le soutien au secteur du réemploi et de la réparation"


S'en sortir ? Mais comment ? ...

(1) Les "sectateurs bibliques du veau d'or " furent punis par Dieu qui ordonna à Moïse de les tuer, et Moïse transmit cet ordre à ceux qui lui étaient restés fidèles :
« 32.26 Moïse se plaça à la porte du camp, et dit : À moi ceux qui sont pour l’Éternel ! Et tous les enfants de Lévi s’assemblèrent auprès de lui. »
« 32.27 Il leur dit : Ainsi parle l’Éternel, le Dieu d’Israël : Que chacun de vous mette son épée au côté ; traversez et parcourez le camp d’une porte à l’autre, et que chacun tue son frère, son parent. »
« 32.28 Les enfants de Lévi firent ce qu’ordonnait Moïse ; et environ trois mille hommes parmi le peuple périrent en cette journée. »

jeudi 9 janvier 2014

..L' HYDRE DE LERNE DU NÉO-LIBÉRALISME. 8. L'obsolescence (suite)

La SAGA DES CARTOUCHES D'IMPRIMANTES

Il existe deux formes d'obsolescence programmée au niveau des imprimantes devenues la véritable " vache à lait", comme le disait Madame Jourdain à son mari, des consommateurs d'informatique :
     - les puces électroniques mises dans l'imprimante elle-même qui bloquent son fonctionnement au bout d'un certain nombre de pages imprimées
     - et les puces mises au niveau des cartouches d'imprimantes.

J'ai subi les deux blocages avec beaucoup d'agacement.

J'ai dû porter à la déchèterie une première imprimante en panne ; j'avais essayé de la réparer et de demander conseil à un technicien plus compétent que moi mais il m'avait expliqué que le blocage était programmé dès l'origine et que réparer l'appareil en cherchant à retirer ce blocage reviendrait plus cher que d'acheter une nouvelle imprimante.

Cette imprimante utilisait des cartouches que l'on pouvait remplir en utilisant des "Kit de remplissage" en vente dans les grandes surfaces et comportant des seringues et des bouteilles d'encre. Cette méthode me permit de diminuer très sensiblement les coûts de revient.

J'achetais alors une nouvelle imprimante et appliquai le même procédé, ces cartouches toléraient bien l'encre avec lequel je les remplissais mais elles finissaient pas se bloquer car elles devaient être pourvues de puces limitant leur utilisation.

D'ailleurs, la concurrence aidant, il y eut bientôt sur le marché des cartouches recyclées utilisant un procédé remarquablement intelligent :  voici une de ces cartouches :
   . dans un premier temps, on achète une cartouche pourvue d'une puce séparée non programmée pour bloquer l'imprimante et que l'on peut retirer, elle coûte assez cher mais la puce peut être réutilisée à de nombreuses reprises,
   . on achète ensuite une cartouche non pourvue de puce comme celle présentée sur la photo,
   . Il suffit alors de retirer la puce de la cartouche vide pour la remettre à l'emplacement noté (1) de dégager le réceptacle d'encre (2) et le tour était joué.

Certes, l'imprimante ne donnait plus le niveau d'encre, mais ce n'était guère important puisque ces cartouches fonctionnaient efficacement.

Hélas, cette deuxième imprimante tomba en panne... Toujours l'obsolescence programmée !  je la portai à la déchèterie et acquis une troisième imprimante

Dans un premier temps, j'appliquai aux cartouches de cette imprimante les procédés que j'utilisais précédemment : remplir la cartouche d'encre et rechercher des cartouches reconditionnées  :

Je me livrai d'abord à une recherche sur les différences de prix entre les cartouches du fabricant et celles reconditionnées : 27,62€ pour la cartouche d'encre noir XL du fabricant, autour de 10€ pour les cartouches reconditionnées avec le risque, exprimé dans tous les forums de consommateurs, que ces cartouches puissent ne pas bien fonctionner.

J'ai également, essayé de remplir ces cartouches avec de l'encre au moyen de seringue ; apparemment, c'est très facile : on introduit l'aiguille de la seringue dans les trous de la face supérieure (1)  ce qui permet d'imbiber l'éponge qui constitue l'essentiel de la cartouche, puis on rebouche avec soin ces trous pour éviter que l'encre s'écoule par l'orifice de sortie (3), on remet ensuite la cartouche dans l'imprimante,

c'est alors que votre ordinateur se met à proférer des menaces quasiment insultantes : vous avez mis une cartouche endommagée ou ne provenant pas du fabricant, vous risquez d'endommager gravement votre appareil.. C'est tout juste si on ne vous menace pas de prison ! Il va de soi que cet avertissement sans appel est suivi d'effet :  la cartouche ne fonctionne pas..

La cause de cela réside dans la "puce" (4) qui est capable de discerner le niveau d'encre et de vous le donner; cependant, la puce ne fonctionne que dans le sens de la baisse de ce niveau, si on rajoute de l'encre, elle n'en tient pas compte, c'est alors que l'imprimante vous affichera le message menaçant que je viens de citer.

Cela vous condamne à acheter des cartouches dites authentiques : si vous le faites, un autre message s'affiche sur l'ordinateur vous remerciant d'avoir utilisé une cartouche d'origine, vous rentrez en grâce et on vous offre même un bonus : le bonus qui récompense la "vache à lait !

La puce est collée contre la cartouche si bien que l'on ne peut rien faire pour empêcher son fonctionnement, la remettre à zéro semble possible mais c'est hors de ma portée techniquement parlant.

Ce procédé qui entre totalement dans le mode opératoire de l'obsolescence programmée est lamentable à tous les points de vue :
   . Ce serait respecter le consommateur que de vendre l'imprimante à son juste prix et de modérer le prix des cartouches : à chaque fois que je change une cartouche, j'ai l'impression de me faire flouer,
   . C'est une atteinte à ma liberté de m'empêcher de disposer à ma guise de ce qui m'appartient.
   . Comme tous les fabricants agissent de même, je n'ai aucune marge de manœuvre et deviens esclave des fabricants

Je me prends à rêver comme un cauchemar d'un mode de vie ou tous nos actes seraient contrôlés par les puces électroniques de l'obsolescence programmée : " le monde de Big-Brother" serait un paradis à côté de celui du règne de la puce dite intelligente ; je ressens de l'effroi et assimile ces puces à ces virus qui colportent la peste ou le choléra ! La manière dont on a contrôlé ma voiture au moyen d'un logiciel et d'un ordinateur me conduit à penser que c'est vers un tel monde qu'on s'achemine.

Comment y échapper ?