REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

mercredi 15 janvier 2014

L' HYDRE DE LERNE DU  NÉO-LIBÉRALISME. 14.  La manipulation par la vente (suite)



Pour ressentir cette évolution globale qui semble se développer actuellement au niveau des pratiques commerciales, il suffit de se replonger dans un passé récent en considérer l'histoire de ces pratiques depuis la deuxième moitié du 20ème siècle.

1/ LE RÈGNE DU PETIT COMMERCE.
Il y a une cinquantaine d'années, le petit commerce régnait en maître. Un village digne de ce nom possédait, outre l'église desservie par un curé et l' école avec un ou plusieurs instituteurs, un café faisant office de dépôt de pain, d'épicerie, de bureau de tabac....  En outre, les commerçants des bourgs organisaient des tournées en camionnettes pour la viande par exemple ; à cela s'ajoutait le fait que beaucoup de villageois pratiquaient l'auto-suffisance, élevant poules et lapins et même cochons...

On ne se rendait au bourg ou à la ville que les jours de marché ou quand c'était nécessaire, en particulier en cas de problème de santé.

À cette époque, les petits commerçants étaient utiles puisqu'on y trouvait tout ce dont on avait besoin dans une aire géographique limitée. Ils gagnaient beaucoup d'argent car les prix étaient élevés et beaucoup s'enrichissaient rapidement, achetaient des maisons ou du terrain pour leurs vieux jours.

2/ L'EMERGENCE DES GRANDES SURFACES
C'est à cette époque que commencèrent à se développer les supermarchés. Ceux-ci n'avaient cependant pas à ce moment  un objectif uniquement financier et de profit.

Voici en particulier les idées que développa M Édouard Leclerc en 1947.

Après les souffrances, privations et rationnement de la guerre, M Leclerc pense qu'il fallait modifier en profondeur les circuits de distribution alimentaire pour faciliter la vie des français  : « Jusqu’ici, l’Eglise a créé des œuvres sociales. Les œuvres, c’est très bien. (…) L’œuvre sociale est accidentelle, momentanée, gratuite. (…) On a soulagé quelques cas isolés, on n’a pas résolu un problème social général. (…) Les moines du Moyen-Age, pour venir en aide aux pauvres gens, s’y prenaient d’une tout autre façon. Ils avaient jugé plus sage de distribuer des outils, des semences, à charge pour ceux qu’ils aidaient de cultiver les champs. (…) C’est sur des bases analogues  qu’au XXème siècle, on doit concevoir l’action sociale. Il faut créer des entreprises rentables, durables, en s’intégrant dans l’économie et dont le but soit l’amélioration du sort de tous. » .  (1)

Son idée est de faire baisser les prix de vente des biens de consommation en supprimant le maximum d'intermédiaires et de grossistes et donc en passant directement du producteur au consommateur dans une perspective d'amélioration du niveau de vie pour tous.

« Ce que j'ai fait est bête comme chou, je me suis mis grossiste pour vendre au détail. Il suffisait d'y penser....Je m'approvisionnais à la source. Je ne m'encombrais pas de luxe de présentation et je me rattrapais sur la quantité d'articles écoulés. »

La petite structure fondée par Édouard Leclerc va se développer grâce à deux méthodes :
   . Dans sa première boutique, il vend à prix bas en supprimant la chaine de grossistes qui prenaient leur commission à chaque étape du processus de vente,
   .  Il acceptera de prêter son enseigne à d'autres commerçants isolés pour peu qu'ils respectent sa déontologie.

Le développement des supermarchés puis des hypermarchés accompagnant la généralisation de l'équipement des foyers en automobile,  ruina presque complètement le petit commerce dit de proximité, les boutiques disparurent d'abord dans les villages puis dans les bourgs et les villes : on ne compte plus les magasins d'alimentation ou de petites fournitures qui fermèrent, les seuls commerces qui subsistent sur mon lieu d'habitation sont deux boulangeries, une boucherie, un bureau de tabac vendant des articles de presse, un supermarché franchisé ainsi que des services à la personne, coiffeurs, banques, assurances, agences immobilières. Une promenade dans le bourg m'a permis de compter 31 boutiques fermées soit 55% d'entre-elles  Parallèlement les banlieues des villes se couvrent de grandes surfaces de toutes sortes qui forment des sortes de villes-satellites desservant à la fois le centre-ville et la campagne.

Pendant la phase de lutte entre petit commerce et grandes surfaces, ces dernières respectèrent le mot d'ordre initié par Édouard Leclerc sur la baisse des prix par la disparition des intermédiaires ; une fois la victoire acquise, les grandes surfaces se retrouvèrent seules sur le marché et se mirent à pratiquer entre elles  une guerre sans merci, c'est la phase que nous vivons actuellement....

(1) source http://www.histoiredunmouvement.com/thematiques/portraits-et-temoignages/portrait-d-edouard-leclerc-biographie

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire