suite de l'article précédent....
Les deux exemples utilisés, la musique dispensée par les médias et les choix de programmation effectués par les chaînes généralistes et publicitaires de la télévision, sont révélateurs des comportements d'une grande partie de la société française dans son attirance outrancière vers ce que j'ai appelé l'AMERICANISME DÉNATURÉ .
Il convient cependant de relativiser l'impact de cette forme dégradée de culture sur la société ; ce n'est pas l'américanisation qui conduit au déclin de notre civilisation ; c'est l'inverse qui se produit : l'émergence de l'individualisme forcené, de la liberté à tout prix, de la volonté de puissance et de possession dans les mentalités et comportements actuels amènent les individus à se tourner vers les films et les séries américaines où ils retrouvent exactement ce qu'ils sont devenus. Le monde d'agressivité, de violence et de compétitivité à tout crin va de pair avec l'égocentrisme égoïste qui domine notre société. Dans cette perspective, les individus ne retiennent de la civilisation anglo-saxonne que ce qui leur correspond, sans véritablement s'apercevoir que cette civilisation maintient aussi les grands principes et les grandes valeurs morales du passé.
L'attrait pour cette forme basique de culture, possède des conséquences graves tant au niveau de la vie quotidienne qu'à celui de la culture héritée de notre civilisation passée. Aimer les séries et films américains n'est en soi pas condamnable, aimer un film d'action et lire Victor Hugo ne sont pas non plus incompatibles, il est de même si on apprécie à la même valeur le Rapp et l'opéra. Par contre, ne regarder que les séries et films américains est beaucoup plus préoccupant pour la survie de notre culture !
Si encore la déculturation de la majorité de la population ayant choisi l'américanisme dénaturé se cantonnait à ces secteurs des médias, ce ne serait que demi mal, ce n'est hélas pas le cas ; en effet, les choix télévisuels ou musicaux s'accompagnent d'autres maux en particulier au niveau de la littérature.
Les lectures de la majorité des français sont orientées vers les biographies indiscrètes et souvent indécentes d'éphémères célébrités, vers aussi une presse à scandales avide, pour vendre, de sensationnel et de ragots ainsi que vers des romans à l'eau de rose, d'espionnage ou policiers... De même, la disparition de l'art d'écrire est patente : l'orthographe, l'expression écrite, la pauvreté du vocabulaire en sont les manifestations les plus tangibles. Tout cela fait que le niveau culturel de la population est en chute libre.
Certes, l'école tend à remédier à cet état de fait en faisant découvrir aux élèves les fondements de notre civilisation tant dans les domaines de la littérature, de la musique classique et de l'art. C'est souvent peine perdue : comment un élève peut-il apprécier les grands noms de notre littérature ? Non seulement, il ne comprend ni une grande partie du vocabulaire ni la richesse des nuances de l'expression écrite ni même le sens du scénario et des modes de pensées de l'auteur, ni bien entendu leur démarche introspective mais en plus, il n'aime pas lire, préférant aux œuvres du passé, la violence sans cesse renouvelée des jeux vidéo où tout est simple.
Ainsi, dans de telles conditions, on peut penser, comme le dit M Morrison, que la culture française est en grand péril, aucun des deux courants que j'ai décrits précédemment ne semble capable de stopper le déclin :
. Les intellectuels vivent en vase-clos hors de la société réelle et s'en désintéressent,
. La majorité de la population se complaît dans un américanisme simpliste et rejette, faute de les comprendre, les fondements de la civilisation et de la culture française.
Pourtant il existe un espoir de régénération : en effet, entre ces deux courants, il en existe un troisième que j'ai appelé la "frange de la population éprise de culture".
REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet
Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com
jeudi 5 novembre 2015
mercredi 4 novembre 2015
Le déclin de la culture française ? (11) l'américanisme dénaturé
Suite de l'article précédent
La télévision, telle qu'est est conçue actuellement sur les chaînes vivant de la publicité. présente, par ses programmes, une grande dangerosité à la fois pour la culture française mais pour les mentalités quotidiennes.
Je me suis livré à une enquête concernant, pendant une semaine, les deux tranches d'émission du soir qui sont généralement celles de plus grande écoute sur les chaînes de la TNT :
. Films et séries américaines: 43,4%
. Films et séries françaises : 10,0%
. Reportages : 35,3%
. Variétés : 3,9%
. Télé-réalités : 3,5% ( il y a avait peu par rapport à l'habitude)
. Sports : 3,5% ( il n'y avait pas de grands championnats á ce moment)
. Spectacle culturel : 0,3%
Ainsi, on peut considérer à la simple lecture de ces chiffres que, cette semaine-là, presque la moitié de la programmation des chaînes généralistes de la TNT provenait des pays anglo-saxons.
En fait, cette proportion est en réalité plus importante si on considère que les émissions de variétés comprennent une large part de chansons en anglais et que la quasi-totalité des télé-réalités ne sont que des transpositions d'émissions importées de l'étranger et principalement des Etats-Unis. En outre, si on accomplit une enquête sur les programmes de la fin d'après-midi, on peut constater qu'une grande majorité des jeux présentés sont aussi des transpositions importées de l'étranger.
Les chiffres cités ci-dessous ne rendent cependant imparfaitement compte de la situation ; en effet l'américanisme primaire de la télévision possède des conséquences particulièrement pernicieuses pour la société tout entière.
D'abord, en ce qui concerne les séries provenant des pays anglo-saxons, on constate qu'elles ont toutes en commun des scènes d'une grande violence : meurtres, agressions, fusillades, vols, course-poursuite sont présentes dans chacune même si le " bon" l'emporte toujours à la fin. On habitue les spectateurs à cette violence en la banalisant, ce qui ne peut que donner des idées aux gens déséquilibrés souffrant d'un mal-être, d'un manque de reconnaissance de leur valeur par la société, d'une envie de faire du mal ou de s'enrichir rapidement aux dépens d'autrui. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que la délinquance soit devenue un fléau social.
Les télé-réalités sont encore plus dangereuses car elles confinent à la manipulation des êtres humains :
. D'abord, par le fait qu'elles sont toutes présentées comme des compétitions : on met en pleine lumière des individus qui ne sont absolument préparés à cela et qui, à l'inverse des sportifs, n'envisagent pas qu'ils pourraient perdre ; quand ils sont éliminés, on peut imaginer les dégâts que cette élimination occasionne ! Ils doivent ressentir cela comme une humiliation surtout qu'elle est accomplie devant des milliers de spectateurs ; comment dans ces conditions pourraient-ils garder un peu de confiance en eux ? Comment supporter le regard des autres? Certes, ces candidats sont tous volontaires mais il est probable qu'ils ne pensent pas à ce qui leur arrivera, d'autant que la télévision ne s'en occupera plus ensuite.
. Ensuite par le choix des séquences qui sont diffusées : le but des responsables de ces émissions n'est pas de faire un portrait le plus exact possible des candidats ; au contraire, au moyen de séquences judicieusement choisies, on fait ressortir tout ce qu'il y a de mauvais en eux, on les classifie en un certain nombre d'archétypes sociaux qu'on livre en pâture au public. Les candidats à ces émissions disent souvent qu'ils ne se reconnaissent pas dans les portraits que l'on fait d'eux. Cette simplification à l'extrême des personnalités est caractéristique du cinéma américain tel qu'on nous le montre généralement..
. Enfin, parce que ce sont les spectateurs qui choisissent les candidats à éliminer. Ce choix est complètement faussé par le fait que les candidats ne sont pas représentés tels qu'ils sont mais tels que la production de l'émission a choisi d'en faire : en conséquence, le choix des téléspectateurs est téléguidé par cette même production : un candidat gentil et bon mais insipide n'a aucune chance de se maintenir, il faut plutôt faire en sorte que l'on conserve dans l'émission des gens manifestant des comportements déviants, voire amoraux et égocentriques qui permettront au suspense de se perpétuer. Cette manipulation atteint en conséquence tous les téléspectateurs qui vont s'habituer peu á peu à un mode de pensée perverti dans lequel on se lasse de la vertu et on se repaît du vice.
Ces télé-réalités m'évoquent les combats de gladiateurs de la Rome antique á la fin desquels il suffisait d'un geste du pouce pour décider de la vie ou de la mort de quelqu'un ; actuellement, il suffit de dire un numéro au téléphone pour décider du sort d'un candidat.
La troisième série d'observations découlant de cette enquête sur les programmations télévisuelles concerne les reportages et magazines d'information.
Á l'exception des reportages d'Arte et de France 5, la plupart des émissions de ce type manifestent une pauvreté culturelle affligeante qui comporte trois volets :
- l'évocation de catastrophes ou de scandales dans tous les domaines, politique, financier, agro-alimentaires...
- des enquêtes policières sur des crimes et autres déviances élucidées ou non,
- des investigations dans les quartiers sensibles, dans les urgences, les postes de police, les pompiers ..
Dans ces trois cas, on retrouve ce point commun avec les séries américaines de la présentation outrancière de la violence.
Dans l'enquête effectuée ci-dessus, sont mentionnés 10,3% de séries et de films français, ils occupent une part faible dans les choix des téléspectateurs du fait que les films présentés sont généralement anciens et déjà diffusés à maintes reprises ; quant aux séries, outre le fait qu'elles ont été également déjà largement diffusées, elles manquent de rapidité dans l'action ce qui leur ôte beaucoup d'intérêt pour les téléspectateurs actuels.
Enfin, la retransmission des matchs sportifs tout comme les jeux généralement programmés en fin d'après-midi, évoquent pour moi plus les jeux du cirque qu'autre chose.
La télévision, telle qu'est est conçue actuellement sur les chaînes vivant de la publicité. présente, par ses programmes, une grande dangerosité à la fois pour la culture française mais pour les mentalités quotidiennes.
Je me suis livré à une enquête concernant, pendant une semaine, les deux tranches d'émission du soir qui sont généralement celles de plus grande écoute sur les chaînes de la TNT :
. Films et séries américaines: 43,4%
. Films et séries françaises : 10,0%
. Reportages : 35,3%
. Variétés : 3,9%
. Télé-réalités : 3,5% ( il y a avait peu par rapport à l'habitude)
. Sports : 3,5% ( il n'y avait pas de grands championnats á ce moment)
. Spectacle culturel : 0,3%
Ainsi, on peut considérer à la simple lecture de ces chiffres que, cette semaine-là, presque la moitié de la programmation des chaînes généralistes de la TNT provenait des pays anglo-saxons.
En fait, cette proportion est en réalité plus importante si on considère que les émissions de variétés comprennent une large part de chansons en anglais et que la quasi-totalité des télé-réalités ne sont que des transpositions d'émissions importées de l'étranger et principalement des Etats-Unis. En outre, si on accomplit une enquête sur les programmes de la fin d'après-midi, on peut constater qu'une grande majorité des jeux présentés sont aussi des transpositions importées de l'étranger.
Les chiffres cités ci-dessous ne rendent cependant imparfaitement compte de la situation ; en effet l'américanisme primaire de la télévision possède des conséquences particulièrement pernicieuses pour la société tout entière.
D'abord, en ce qui concerne les séries provenant des pays anglo-saxons, on constate qu'elles ont toutes en commun des scènes d'une grande violence : meurtres, agressions, fusillades, vols, course-poursuite sont présentes dans chacune même si le " bon" l'emporte toujours à la fin. On habitue les spectateurs à cette violence en la banalisant, ce qui ne peut que donner des idées aux gens déséquilibrés souffrant d'un mal-être, d'un manque de reconnaissance de leur valeur par la société, d'une envie de faire du mal ou de s'enrichir rapidement aux dépens d'autrui. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que la délinquance soit devenue un fléau social.
Les télé-réalités sont encore plus dangereuses car elles confinent à la manipulation des êtres humains :
. D'abord, par le fait qu'elles sont toutes présentées comme des compétitions : on met en pleine lumière des individus qui ne sont absolument préparés à cela et qui, à l'inverse des sportifs, n'envisagent pas qu'ils pourraient perdre ; quand ils sont éliminés, on peut imaginer les dégâts que cette élimination occasionne ! Ils doivent ressentir cela comme une humiliation surtout qu'elle est accomplie devant des milliers de spectateurs ; comment dans ces conditions pourraient-ils garder un peu de confiance en eux ? Comment supporter le regard des autres? Certes, ces candidats sont tous volontaires mais il est probable qu'ils ne pensent pas à ce qui leur arrivera, d'autant que la télévision ne s'en occupera plus ensuite.
. Ensuite par le choix des séquences qui sont diffusées : le but des responsables de ces émissions n'est pas de faire un portrait le plus exact possible des candidats ; au contraire, au moyen de séquences judicieusement choisies, on fait ressortir tout ce qu'il y a de mauvais en eux, on les classifie en un certain nombre d'archétypes sociaux qu'on livre en pâture au public. Les candidats à ces émissions disent souvent qu'ils ne se reconnaissent pas dans les portraits que l'on fait d'eux. Cette simplification à l'extrême des personnalités est caractéristique du cinéma américain tel qu'on nous le montre généralement..
. Enfin, parce que ce sont les spectateurs qui choisissent les candidats à éliminer. Ce choix est complètement faussé par le fait que les candidats ne sont pas représentés tels qu'ils sont mais tels que la production de l'émission a choisi d'en faire : en conséquence, le choix des téléspectateurs est téléguidé par cette même production : un candidat gentil et bon mais insipide n'a aucune chance de se maintenir, il faut plutôt faire en sorte que l'on conserve dans l'émission des gens manifestant des comportements déviants, voire amoraux et égocentriques qui permettront au suspense de se perpétuer. Cette manipulation atteint en conséquence tous les téléspectateurs qui vont s'habituer peu á peu à un mode de pensée perverti dans lequel on se lasse de la vertu et on se repaît du vice.
Ces télé-réalités m'évoquent les combats de gladiateurs de la Rome antique á la fin desquels il suffisait d'un geste du pouce pour décider de la vie ou de la mort de quelqu'un ; actuellement, il suffit de dire un numéro au téléphone pour décider du sort d'un candidat.
La troisième série d'observations découlant de cette enquête sur les programmations télévisuelles concerne les reportages et magazines d'information.
Á l'exception des reportages d'Arte et de France 5, la plupart des émissions de ce type manifestent une pauvreté culturelle affligeante qui comporte trois volets :
- l'évocation de catastrophes ou de scandales dans tous les domaines, politique, financier, agro-alimentaires...
- des enquêtes policières sur des crimes et autres déviances élucidées ou non,
- des investigations dans les quartiers sensibles, dans les urgences, les postes de police, les pompiers ..
Dans ces trois cas, on retrouve ce point commun avec les séries américaines de la présentation outrancière de la violence.
Dans l'enquête effectuée ci-dessus, sont mentionnés 10,3% de séries et de films français, ils occupent une part faible dans les choix des téléspectateurs du fait que les films présentés sont généralement anciens et déjà diffusés à maintes reprises ; quant aux séries, outre le fait qu'elles ont été également déjà largement diffusées, elles manquent de rapidité dans l'action ce qui leur ôte beaucoup d'intérêt pour les téléspectateurs actuels.
Enfin, la retransmission des matchs sportifs tout comme les jeux généralement programmés en fin d'après-midi, évoquent pour moi plus les jeux du cirque qu'autre chose.
mardi 3 novembre 2015
Le déclin de la culture française ? (10) l'américanisme dénaturé
Suite de l'article précédent
La deuxième invasion de la culture française par l'américanisme concerne non seulement la forme linguistique mais aussi le contenu, elle se produit en particulier au niveau des choix des programmes diffusés par les médias. Pour le montrer, je me cantonnerai à ceux présentés par les radios et par la télévision.
Pour s'en rendre compte immédiatement, il suffit d'allumer son poste de radio et d'écouter les stations de radio á vocation généraliste et vivant de la publicité ; entre deux péroraisons aussi indigestes, qu'inutiles et interminables, on est quasiment sûr d'entendre soit des chansons en anglais provenant de Grande Bretagne ou des Etats-Unis, soit des chansons en français traduites de l'anglais. Certes, il existe encore des chanteurs français qui s'expriment dans notre langue mais ils bénéficient d'une audience si confidentielle qu'ils ne sont guère diffusés à la radio.
Cette orientation délibérée des stations de radio procède d'une vaste évolution d'une grande partie de la société vers la musique anglo-saxonne qui envahit notre quotidien : la sonorisation des hypermarchés, des cafétérias ou des fêtes locales est en grande partie effectuée à partir de musique en langue anglaise ; de même, la plupart des jeunes n'achètent ou ne téléchargent que des titres en anglais. Á cet égard, je suis toujours surpris quand je vois un collégien sortant de l'école, les écouteurs rivés aux oreilles chantant dans la rue la chanson qu'il écoute : cela donne un charabia informe dans lequel on a peine à reconnaître un quelconque sens. Cet état de fait est dû à deux causes, d'abord, il ne comprend pas ce qu'il chante, ensuite parce qu'il n'a qu'une idée vague de la prononciation de l'anglais.
Cette attirance pour la musique anglaise est paradoxale chez ces jeunes quand on connaît le niveau souvent lamentable de la plupart des collégiens en anglais, cela n'est pas dû au fait que les professeurs ou les méthodes d'enseignement soient mauvais, mais c'est beaucoup dû à la nécessité, pour pratiquer une langue, d'effectuer un apprentissage par cœur et donc de fournir des efforts que peu d'élèves ont envie de faire.
Á suivre...
La deuxième invasion de la culture française par l'américanisme concerne non seulement la forme linguistique mais aussi le contenu, elle se produit en particulier au niveau des choix des programmes diffusés par les médias. Pour le montrer, je me cantonnerai à ceux présentés par les radios et par la télévision.
Pour s'en rendre compte immédiatement, il suffit d'allumer son poste de radio et d'écouter les stations de radio á vocation généraliste et vivant de la publicité ; entre deux péroraisons aussi indigestes, qu'inutiles et interminables, on est quasiment sûr d'entendre soit des chansons en anglais provenant de Grande Bretagne ou des Etats-Unis, soit des chansons en français traduites de l'anglais. Certes, il existe encore des chanteurs français qui s'expriment dans notre langue mais ils bénéficient d'une audience si confidentielle qu'ils ne sont guère diffusés à la radio.
Cette orientation délibérée des stations de radio procède d'une vaste évolution d'une grande partie de la société vers la musique anglo-saxonne qui envahit notre quotidien : la sonorisation des hypermarchés, des cafétérias ou des fêtes locales est en grande partie effectuée à partir de musique en langue anglaise ; de même, la plupart des jeunes n'achètent ou ne téléchargent que des titres en anglais. Á cet égard, je suis toujours surpris quand je vois un collégien sortant de l'école, les écouteurs rivés aux oreilles chantant dans la rue la chanson qu'il écoute : cela donne un charabia informe dans lequel on a peine à reconnaître un quelconque sens. Cet état de fait est dû à deux causes, d'abord, il ne comprend pas ce qu'il chante, ensuite parce qu'il n'a qu'une idée vague de la prononciation de l'anglais.
Cette attirance pour la musique anglaise est paradoxale chez ces jeunes quand on connaît le niveau souvent lamentable de la plupart des collégiens en anglais, cela n'est pas dû au fait que les professeurs ou les méthodes d'enseignement soient mauvais, mais c'est beaucoup dû à la nécessité, pour pratiquer une langue, d'effectuer un apprentissage par cœur et donc de fournir des efforts que peu d'élèves ont envie de faire.
Á suivre...
lundi 2 novembre 2015
Le déclin de la culture française ? (9) l'américanisme dénaturé
Suite de l'article précédent...
Quelles explications peut-on donner de cette déperdition progressive du français ? Elles sont différentes selon que l'on considère les médias et les individus.
En ce qui concerne les médias de tous acabits, l'explication est claire : il s'agit d'appâter le spectateur ou le lecteur par des libellés-choc qui devrait compenser la médiocrité du contenu, cela augmente l'audience et donc les recettes publicitaires. Les concepteurs de ces émissions doivent trouver des mots anglais court, percutants et facilement reconnaissables : le titre du jeu MONEY DROP est un exemple significatif de cette idée, la consonance des mots assez hachée recèle un certain mystère voire une menace, cela donne envie de regarder l'émission alors que personne ne regarderait une émission qui s'appellerait " PERTE D'ARGENT" !
Pour les individus qui emploient ce langage anglo-français, les motivations sont beaucoup plus diffuses. J'en ai trouvé au moins deux :
En premier lieu, il y a la difficulté de la langue française toute en nuances et en subtilités avec, pour chaque idée, un grand nombre de mots, apparemment tous synonymes sans cependant posséder exactement le même sens ; avec aussi des règles grammaticales compliquées comme celle de la conjonction des temps qui permet pourtant de définir chaque situation par rapport à son contexte. Ce sont toutes ces difficultés qui posent problème à la majorité des gens du fait de la pauvreté de leur vocabulaire ; sur les 60.000 mots que comporte la langue française selon le Petit Robert , la majorité des gens n'en utilise au mieux qu'un millier ; en conséquence, quand on ne dispose pas d'un mot pour exprimer une idée et par paresse intellectuelle, plutôt que de rechercher dans un dictionnaire, il est bien plus simple d'utiliser les pseudo-anglicismes colportés par les médias et qui ne correspond que vaguement à l'anglais véritable. De la même manière, il s'est produit une déperdition au niveau de la concordance des temps avec utilisation seulement de trois temps : présent, futur et passé composé, l'imparfait tend à disparaître de même que le passé simple, le subjonctif et même le conditionnel.
En deuxième lieu, il apparait un phénomène de mode et de snobisme, cela fait bien d'employer les mots anglais que diffusent les médias même si on ne sait pas ce que ces mots veulent dire ; on passe pratiquement pour un demeuré ou pour un intellectuel ringard quand on s'exprime dans un français pur de toute influence !
Jusqu'où cette évolution peut-elle aller ? Selon moi, la généralisation du sabir anglo-français ravalera le français á une place marginale.
. Pour les uns, cela sera grave puisque le langage étant le support et le véhicule de toute une pensée et d'une culture, la marginalité atteindra aussi tout ce qui fit la fierté de notre civilisation pendant des siècles.
. Pour d'autres, la création d'un jargon universel à partir de l'anglais abâtardi permettra une meilleure compréhension entre les hommes faisant disparaître le mythe de la tour de Babel.
A suivre...
Quelles explications peut-on donner de cette déperdition progressive du français ? Elles sont différentes selon que l'on considère les médias et les individus.
En ce qui concerne les médias de tous acabits, l'explication est claire : il s'agit d'appâter le spectateur ou le lecteur par des libellés-choc qui devrait compenser la médiocrité du contenu, cela augmente l'audience et donc les recettes publicitaires. Les concepteurs de ces émissions doivent trouver des mots anglais court, percutants et facilement reconnaissables : le titre du jeu MONEY DROP est un exemple significatif de cette idée, la consonance des mots assez hachée recèle un certain mystère voire une menace, cela donne envie de regarder l'émission alors que personne ne regarderait une émission qui s'appellerait " PERTE D'ARGENT" !
Pour les individus qui emploient ce langage anglo-français, les motivations sont beaucoup plus diffuses. J'en ai trouvé au moins deux :
En premier lieu, il y a la difficulté de la langue française toute en nuances et en subtilités avec, pour chaque idée, un grand nombre de mots, apparemment tous synonymes sans cependant posséder exactement le même sens ; avec aussi des règles grammaticales compliquées comme celle de la conjonction des temps qui permet pourtant de définir chaque situation par rapport à son contexte. Ce sont toutes ces difficultés qui posent problème à la majorité des gens du fait de la pauvreté de leur vocabulaire ; sur les 60.000 mots que comporte la langue française selon le Petit Robert , la majorité des gens n'en utilise au mieux qu'un millier ; en conséquence, quand on ne dispose pas d'un mot pour exprimer une idée et par paresse intellectuelle, plutôt que de rechercher dans un dictionnaire, il est bien plus simple d'utiliser les pseudo-anglicismes colportés par les médias et qui ne correspond que vaguement à l'anglais véritable. De la même manière, il s'est produit une déperdition au niveau de la concordance des temps avec utilisation seulement de trois temps : présent, futur et passé composé, l'imparfait tend à disparaître de même que le passé simple, le subjonctif et même le conditionnel.
En deuxième lieu, il apparait un phénomène de mode et de snobisme, cela fait bien d'employer les mots anglais que diffusent les médias même si on ne sait pas ce que ces mots veulent dire ; on passe pratiquement pour un demeuré ou pour un intellectuel ringard quand on s'exprime dans un français pur de toute influence !
Jusqu'où cette évolution peut-elle aller ? Selon moi, la généralisation du sabir anglo-français ravalera le français á une place marginale.
. Pour les uns, cela sera grave puisque le langage étant le support et le véhicule de toute une pensée et d'une culture, la marginalité atteindra aussi tout ce qui fit la fierté de notre civilisation pendant des siècles.
. Pour d'autres, la création d'un jargon universel à partir de l'anglais abâtardi permettra une meilleure compréhension entre les hommes faisant disparaître le mythe de la tour de Babel.
A suivre...
dimanche 1 novembre 2015
Le déclin de la culture française ? (8) l'américanisme dénaturé
Suite de l'article précédent
L'invasion de locutions anglaises dans le contexte linguistique de la France se produit selon un rythme qu'il est aisé de décrire. Elle ne provient généralement pas des français eux-mêmes et commence habituellement par l'utilisation de locutions anglaises dans les médias. Á ce niveau, la palme d'or revient aux chaînes de télévision et en particulier à celles vivant de la publicité ; en voici quelques exemples :
- emploi de mots anglais pour donner un titre ronflant à des émissions souvent sans valeur : " STAR ACADEMY", " SECRET STORY", " THE VOICE KID", " TOP CHEF", " THE ISLAND seul au monde"," MONEY DROP " "la reine du SHOPPING" .... Traduits en français, ces titres seraient moins accrocheurs : académie des étoiles (un site pour astronomes ?), histoire de secret (de l'espionnage ?), la voix des enfants, le chef au sommet, perte d'argent, la reine des courses ...
- emploi, dans le cadre de ces émissions, de locution empruntées à l'anglais comme
" PRIME TIME" " (premier temps en traduction littérale et heure de grande écoute en traduction approximative Heureusement, on sauve la situation avec l'emploi de prime, un mot latin.... ), LE BEST OF de.. ( le meilleur de..., ce qui signifie que le reste est médiocre).
Les annonceurs publicitaires ne sont pas en reste ; voici quelques locutions trouvées en feuilletant les pages d'un catalogue émanant d'une grande surface, elles proviennent tant des producteurs qui ne peuvent s'empêcher de mettre des mots anglais dans leurs produits que des diffuseurs :
. Mascara existant en WATERPROOF,
. Ombre à paupières SMOKY STORIES,
. Mascara SCANDALEYES,
. Gel ... ROSE VISIBLY CLEAN,
. distributeur de savon KIT CLASSIC NO TOUCH,
. CLIC'N GO VANILLA FUN,
. WONDER CORE SMAR ABDOS,
Que penser du titre d'une page publicitaire libellée ainsi :
Que penser d'une phrase apposée en bas d'une page sur internet : "cette NEWSLETTER contient des COOKIES" ? le mot cookies est admissible puisqu'il n'existe pas, à ma connaissance, de correspondance en français mais pourquoi le mot newsletter ?
Ces pratiques éminemment dommageables vont très vite se propager dans toute la population créant un sabir anglo-français que l'on utilise á tout propos afin d'être au goût du jour en parlant comme à la télévision. Si encore les individus qui s'expriment ainsi savaient le sens des mots qu'ils emploient, ce ne serait que demi-mal mais ce n'est pas le cas ; cela aboutit à des absurdités dont n'ont conscience que ceux qui connaissent un peu l'anglais ; en voici trois exemples :
. "Soit COOL" , or cool signifie frais : que veut dire " soit frais !" ?
. la "presse PEOPLE" : le mot PEOPLE signifiant peuple on pourrait s'attendre que cette presse soit revendicatrice des droits du peuple, ce n'est évidemment pas le cas !
. Un grand jeu organisé par certaines boulangeries franchisées s'appelle "SHOWLESPAINS" soit "montrer les pains" (comment ? du doigt ?)
De tout ce qui précède, on peut en tirer la conclusion que le français, perdant toute substance, se sclérose et décline peu à peu. Quelles explications peut-on donner de cette déperdition progressive du français ?
A suivre...
L'invasion de locutions anglaises dans le contexte linguistique de la France se produit selon un rythme qu'il est aisé de décrire. Elle ne provient généralement pas des français eux-mêmes et commence habituellement par l'utilisation de locutions anglaises dans les médias. Á ce niveau, la palme d'or revient aux chaînes de télévision et en particulier à celles vivant de la publicité ; en voici quelques exemples :
- emploi de mots anglais pour donner un titre ronflant à des émissions souvent sans valeur : " STAR ACADEMY", " SECRET STORY", " THE VOICE KID", " TOP CHEF", " THE ISLAND seul au monde"," MONEY DROP " "la reine du SHOPPING" .... Traduits en français, ces titres seraient moins accrocheurs : académie des étoiles (un site pour astronomes ?), histoire de secret (de l'espionnage ?), la voix des enfants, le chef au sommet, perte d'argent, la reine des courses ...
- emploi, dans le cadre de ces émissions, de locution empruntées à l'anglais comme
" PRIME TIME" " (premier temps en traduction littérale et heure de grande écoute en traduction approximative Heureusement, on sauve la situation avec l'emploi de prime, un mot latin.... ), LE BEST OF de.. ( le meilleur de..., ce qui signifie que le reste est médiocre).
Les annonceurs publicitaires ne sont pas en reste ; voici quelques locutions trouvées en feuilletant les pages d'un catalogue émanant d'une grande surface, elles proviennent tant des producteurs qui ne peuvent s'empêcher de mettre des mots anglais dans leurs produits que des diffuseurs :
. Mascara existant en WATERPROOF,
. Ombre à paupières SMOKY STORIES,
. Mascara SCANDALEYES,
. Gel ... ROSE VISIBLY CLEAN,
. distributeur de savon KIT CLASSIC NO TOUCH,
. CLIC'N GO VANILLA FUN,
. WONDER CORE SMAR ABDOS,
Que penser du titre d'une page publicitaire libellée ainsi :
Que penser d'une phrase apposée en bas d'une page sur internet : "cette NEWSLETTER contient des COOKIES" ? le mot cookies est admissible puisqu'il n'existe pas, à ma connaissance, de correspondance en français mais pourquoi le mot newsletter ?
. "Soit COOL" , or cool signifie frais : que veut dire " soit frais !" ?
. la "presse PEOPLE" : le mot PEOPLE signifiant peuple on pourrait s'attendre que cette presse soit revendicatrice des droits du peuple, ce n'est évidemment pas le cas !
. Un grand jeu organisé par certaines boulangeries franchisées s'appelle "SHOWLESPAINS" soit "montrer les pains" (comment ? du doigt ?)
De tout ce qui précède, on peut en tirer la conclusion que le français, perdant toute substance, se sclérose et décline peu à peu. Quelles explications peut-on donner de cette déperdition progressive du français ?
A suivre...
samedi 31 octobre 2015
Le déclin de la culture française ? (7) l'américanisme dénaturé
Suite de l'article précédent
LA MAJORITÉ DE POPULATION ASSERVIE A L'AMÉRICANISME DENATURE
Il n'est pas question pour moi de critiquer la civilisation américaine qui conserve encore un grand nombre de valeurs morales traditionnelles, applique des règles de vie que nous avons largement oubliées comme la discipline, le respect de la liberté d'autrui, le sens de l'intérêt commun, croit en son avenir. et dispose d'une admirable faculté de renouvellement et de novation.
Ce ne sont pas ces qualités qu'empruntent les français aux Etats-Unis mais beaucoup plus tous les aspects négatifs qui résultent de ces qualités, la mutation des habitudes alimentaires conduisant, entre autre l'obésité, en est une preuve frappante ; l'envahissement se marque dans tous les domaines de la vie quotidienne et en particulier dans celui de la culture, je voudrais dans ce qui suit le montrer par deux exemples significatifs, celui de l'évolution du langage et celui des pratiques de diffusion des médias. Les deux domaines étant d'ailleurs intimement liés dans cette marche vers l'asservissement des esprits à l'américanisme mal compris que j'ai qualifié d'AMERICANISME DENATURE
L'INVASION LINGUISTIQUE
En ce qui concerne l'invasion des mots et locutions anglo-saxonne dans le domaine du langage, l'évolution est patente ; on a l'impression que la langue française, trop complexe, trop subtile et toute en nuances, ne suffit plus aux gens frustes pour rendre compte de la réalité actuelle.
Il convient néanmoins de nuancer ce qui précède, il est normal que l'on intègre dans la langue française des mots étrangers quand il n'existe pas de mots correspondants en français, la supériorité des Etats-Unis dans les domaines techniques et scientifiques a conduit les américains à inventer les mots nécessaires pour exprimer ces découvertes. Certains de ces mots ont été traduits en français mais la plupart du temps, on se borne à utiliser ces mots tels quels, c'est le cas en particulier dans le domaine informatique et numérique.
Cette utilisation de locutions étrangères est constante car les langues ne sont pas des outils figés de communication, il existe entre elles de nombreuses interconnexions qui les font évoluer sans cesse ; de la même manière que l'anglais emprunta de nombreuses tournures au français après la conquête de l' Angleterre de 1066, le français s'est beaucoup enrichi de mots provenant de divers horizons : grec ancien ( mots en "... logue"), arabe ( divan, alcôve, arsenal, hasard, épinard, abricot....), italien (banque, bambin, opéra, soprano, macaron, incognito...) allemand ( boulevard, calèche, cavalerie, trinquer... ) espagnol... et, bien entendu anglais (parking...). D'une manière générale, les langues évoluent au rythme des civilisations dominantes ; certes, en ce qui concerne le français, il est apparu au fil des temps des codifications qui fixèrent la langue comme celles de la Renaissance, puis de l'époque des lumières avec l'Encyclopédie et au 19e siècle avec la parution des grands dictionnaires, cependant cette fixation des règles grammaticales et linguistiques n'empêcha par la langue d'évoluer et de s'adapter à son époque.
Dans ces conditions, ce qui me parait un grave péril pour la survie de la langue française est l'utilisation de mots anglais quand il existe un équivalent en français ( DRESS CODE pour code vestimentaire par exemple).
Á suivre...
LA MAJORITÉ DE POPULATION ASSERVIE A L'AMÉRICANISME DENATURE
Il n'est pas question pour moi de critiquer la civilisation américaine qui conserve encore un grand nombre de valeurs morales traditionnelles, applique des règles de vie que nous avons largement oubliées comme la discipline, le respect de la liberté d'autrui, le sens de l'intérêt commun, croit en son avenir. et dispose d'une admirable faculté de renouvellement et de novation.
Ce ne sont pas ces qualités qu'empruntent les français aux Etats-Unis mais beaucoup plus tous les aspects négatifs qui résultent de ces qualités, la mutation des habitudes alimentaires conduisant, entre autre l'obésité, en est une preuve frappante ; l'envahissement se marque dans tous les domaines de la vie quotidienne et en particulier dans celui de la culture, je voudrais dans ce qui suit le montrer par deux exemples significatifs, celui de l'évolution du langage et celui des pratiques de diffusion des médias. Les deux domaines étant d'ailleurs intimement liés dans cette marche vers l'asservissement des esprits à l'américanisme mal compris que j'ai qualifié d'AMERICANISME DENATURE
L'INVASION LINGUISTIQUE
En ce qui concerne l'invasion des mots et locutions anglo-saxonne dans le domaine du langage, l'évolution est patente ; on a l'impression que la langue française, trop complexe, trop subtile et toute en nuances, ne suffit plus aux gens frustes pour rendre compte de la réalité actuelle.
Il convient néanmoins de nuancer ce qui précède, il est normal que l'on intègre dans la langue française des mots étrangers quand il n'existe pas de mots correspondants en français, la supériorité des Etats-Unis dans les domaines techniques et scientifiques a conduit les américains à inventer les mots nécessaires pour exprimer ces découvertes. Certains de ces mots ont été traduits en français mais la plupart du temps, on se borne à utiliser ces mots tels quels, c'est le cas en particulier dans le domaine informatique et numérique.
Cette utilisation de locutions étrangères est constante car les langues ne sont pas des outils figés de communication, il existe entre elles de nombreuses interconnexions qui les font évoluer sans cesse ; de la même manière que l'anglais emprunta de nombreuses tournures au français après la conquête de l' Angleterre de 1066, le français s'est beaucoup enrichi de mots provenant de divers horizons : grec ancien ( mots en "... logue"), arabe ( divan, alcôve, arsenal, hasard, épinard, abricot....), italien (banque, bambin, opéra, soprano, macaron, incognito...) allemand ( boulevard, calèche, cavalerie, trinquer... ) espagnol... et, bien entendu anglais (parking...). D'une manière générale, les langues évoluent au rythme des civilisations dominantes ; certes, en ce qui concerne le français, il est apparu au fil des temps des codifications qui fixèrent la langue comme celles de la Renaissance, puis de l'époque des lumières avec l'Encyclopédie et au 19e siècle avec la parution des grands dictionnaires, cependant cette fixation des règles grammaticales et linguistiques n'empêcha par la langue d'évoluer et de s'adapter à son époque.
Dans ces conditions, ce qui me parait un grave péril pour la survie de la langue française est l'utilisation de mots anglais quand il existe un équivalent en français ( DRESS CODE pour code vestimentaire par exemple).
Á suivre...
vendredi 30 octobre 2015
Le déclin de la culture française ? (6) la pseudo élite intellectuelle
Suite de l'article précédent...
Le THÉÂTRE DE L'ABSURDE possède des caractéristiques semblables à celles du nouveau roman, elles sont simplement transposées et adaptées aux contraintes techniques des représentations théâtrales. Les personnages ne possèdent plus aucune individualité particulière ; ils portent certes un nom et ont même une situation dans la société, mais ils évoluent de manière indépendante les uns des autres, uniquement centrés sur les bouffées de conscience qui les conduit à s'exprimer.
Ce qui est frappant chez eux, c'est la quasi-impossibilité de communiquer avec les autres même sur des conversations de la vie courante, les dialogues se bornent à des répliques souvent sans aucun sens les unes avec les autres qui peuvent se terminer, comme dans la "Cantatrice Chauve", par la succession d'onomatopées ; pour le spectateur, ils ressemblent à ces poupées qu'il suffit de remonter pour les faire prononcer quelques phrases simples .
Les dialogues du théâtre de l'absurde, révélateurs de l'incommunicabilité entre les êtres humains, ôtent toute logique aux propos tenus ; comme dans le nouveau roman, il s'ébauche entre les personnages une conversation décousue qui est abandonnée dès qu'elle semble se construire . Ils ôtent aussi toute consistance á l'intrigue même si la pièce possède un fil conducteur qui en fait son unité ( dans "Le Roi se Meurt" la marche vers la mort correspond au rétrécissement du royaume) et deviennent burlesques á force d'être absurdes.
LES CONSEQUENCES
Toutes ces caractéristiques rendent difficilement abordables ces formes nouvelles de littérature hors des cercles où elles se sont élaborées ; le lecteur, comme le spectateur, est déconcerté par l'absence de fil conducteur et d'intrigue, il ne comprend pas où l'auteur veut en venir et même pourquoi ces œuvres ont été écrites. La forme même de ce qui est devenu " aventure de l'écriture" pour M Ricardou se caractérise par un langage souvent limpide derrière lequel se cache la complexité des flux de conscience non clairement exprimés.
Avec le temps, les formes les plus marquantes de cette littérature se sont édulcorées, un certain fil conducteur s'est reconstitué, cependant, les principes élaborés dans la deuxième moitié du 20ème siècle sont encore présents quoique sclérosés. Ainsi, dans la littérature actuelle, on suggère plus qu'on ne construit, on esquisse plus qu'on ne décrit et on reste fidèle à cette conception que j'ai mentionnée des effluves émanant des marges de l'inconscient et submergeant la conscience du réel.
Á cela s'ajoute toujours un déconcertant hermétisme de langage ainsi qu'une tendance vers l'intellectualisme abstrait qui rebutent toujours autant le lecteur.
Ce renouvellement à peine marqué s'explique par le fait que cette forme de littérature reste l'attribut de ces cercles intellectuels (ou se prétendant tels) qui restent fidèles aux concepts hérités de la deuxième moitié du 20ème siècle. Cette soi-disant élite, convaincue de sa supériorité intellectuelle, s'est enfermée dans un cercle de valeurs et de modes d'expressions qui se sclérosent en refusant de s'ouvrir aux mutations de notre époque et à la société réelle.
On peut discerner au moins trois conséquences de cet état de fait :
. La littérature émanant de ces cercles n'a plus guère d'impact avec la France réelle qui en est réduite à une lecture d'épanchement sentimentaux, de confession des personnalités, de témoignages, de romans policiers ou d'espionnage..
. Cette littérature trop intellectualiste, trop étrange et trop abstraite est devenue intraduisible dès que l'on dépasse une traduction littérale pour tenter de rendre compte de la quintessence de l'œuvre.
. Enfin et surtout, elle a complètement nié l'extraordinaire mutation du numérique émanant des Etats-Unis qui imprègne de plus en plus la vie culturelle en France tant par ses techniques que par le renouveau culturel qu'elle induit.
" Lorsque la concurrence culturelle est trop rude, que l’on se sent inapte à la compétition, grandit la tentation de se réfugier dans l’affirmation d’une différence ombrageuse, d’une supériorité purement spirituelle, d’une profondeur et d’une authenticité imaginaires. Et de tenter d’édifier des barrages, que bien sur, le courant est destiné à emporter : une culture qui tente de protéger son glorieux patrimoine plutôt que de se développer dans l’échange avec les autres, avoue qu’elle est déjà en voie de disparition." ( émission collective de France culture co-animée par Renaud Donnedieu de Vabre, Olivier Poivre d'Arvor, Alain Seban)
PS : ce constat est clairement démontré par le choix que vient d'effectuer l'Académie Française pour l'attribution de son grand prix
Le THÉÂTRE DE L'ABSURDE possède des caractéristiques semblables à celles du nouveau roman, elles sont simplement transposées et adaptées aux contraintes techniques des représentations théâtrales. Les personnages ne possèdent plus aucune individualité particulière ; ils portent certes un nom et ont même une situation dans la société, mais ils évoluent de manière indépendante les uns des autres, uniquement centrés sur les bouffées de conscience qui les conduit à s'exprimer.
Ce qui est frappant chez eux, c'est la quasi-impossibilité de communiquer avec les autres même sur des conversations de la vie courante, les dialogues se bornent à des répliques souvent sans aucun sens les unes avec les autres qui peuvent se terminer, comme dans la "Cantatrice Chauve", par la succession d'onomatopées ; pour le spectateur, ils ressemblent à ces poupées qu'il suffit de remonter pour les faire prononcer quelques phrases simples .
Les dialogues du théâtre de l'absurde, révélateurs de l'incommunicabilité entre les êtres humains, ôtent toute logique aux propos tenus ; comme dans le nouveau roman, il s'ébauche entre les personnages une conversation décousue qui est abandonnée dès qu'elle semble se construire . Ils ôtent aussi toute consistance á l'intrigue même si la pièce possède un fil conducteur qui en fait son unité ( dans "Le Roi se Meurt" la marche vers la mort correspond au rétrécissement du royaume) et deviennent burlesques á force d'être absurdes.
LES CONSEQUENCES
Toutes ces caractéristiques rendent difficilement abordables ces formes nouvelles de littérature hors des cercles où elles se sont élaborées ; le lecteur, comme le spectateur, est déconcerté par l'absence de fil conducteur et d'intrigue, il ne comprend pas où l'auteur veut en venir et même pourquoi ces œuvres ont été écrites. La forme même de ce qui est devenu " aventure de l'écriture" pour M Ricardou se caractérise par un langage souvent limpide derrière lequel se cache la complexité des flux de conscience non clairement exprimés.
Avec le temps, les formes les plus marquantes de cette littérature se sont édulcorées, un certain fil conducteur s'est reconstitué, cependant, les principes élaborés dans la deuxième moitié du 20ème siècle sont encore présents quoique sclérosés. Ainsi, dans la littérature actuelle, on suggère plus qu'on ne construit, on esquisse plus qu'on ne décrit et on reste fidèle à cette conception que j'ai mentionnée des effluves émanant des marges de l'inconscient et submergeant la conscience du réel.
Á cela s'ajoute toujours un déconcertant hermétisme de langage ainsi qu'une tendance vers l'intellectualisme abstrait qui rebutent toujours autant le lecteur.
Ce renouvellement à peine marqué s'explique par le fait que cette forme de littérature reste l'attribut de ces cercles intellectuels (ou se prétendant tels) qui restent fidèles aux concepts hérités de la deuxième moitié du 20ème siècle. Cette soi-disant élite, convaincue de sa supériorité intellectuelle, s'est enfermée dans un cercle de valeurs et de modes d'expressions qui se sclérosent en refusant de s'ouvrir aux mutations de notre époque et à la société réelle.
On peut discerner au moins trois conséquences de cet état de fait :
. La littérature émanant de ces cercles n'a plus guère d'impact avec la France réelle qui en est réduite à une lecture d'épanchement sentimentaux, de confession des personnalités, de témoignages, de romans policiers ou d'espionnage..
. Cette littérature trop intellectualiste, trop étrange et trop abstraite est devenue intraduisible dès que l'on dépasse une traduction littérale pour tenter de rendre compte de la quintessence de l'œuvre.
. Enfin et surtout, elle a complètement nié l'extraordinaire mutation du numérique émanant des Etats-Unis qui imprègne de plus en plus la vie culturelle en France tant par ses techniques que par le renouveau culturel qu'elle induit.
" Lorsque la concurrence culturelle est trop rude, que l’on se sent inapte à la compétition, grandit la tentation de se réfugier dans l’affirmation d’une différence ombrageuse, d’une supériorité purement spirituelle, d’une profondeur et d’une authenticité imaginaires. Et de tenter d’édifier des barrages, que bien sur, le courant est destiné à emporter : une culture qui tente de protéger son glorieux patrimoine plutôt que de se développer dans l’échange avec les autres, avoue qu’elle est déjà en voie de disparition." ( émission collective de France culture co-animée par Renaud Donnedieu de Vabre, Olivier Poivre d'Arvor, Alain Seban)
PS : ce constat est clairement démontré par le choix que vient d'effectuer l'Académie Française pour l'attribution de son grand prix
jeudi 29 octobre 2015
Le déclin de la culture française ? (5) la pseudo élite intellectuelle
Suite de l'article précédent...
Des concepts mentionnés dans le précédent article à propos du NOUVEAU ROMAN découle une conséquence qui en est la deuxième caractéristique, le refus de la construction d'une intrigue. Dans le nouveau roman, on ne trouve aucun récit narratif, il n'y a ni enchaînement de cause à effet, ni chronologie. Il n'y a pas non plus de sens humaniste, rien n'évoque l'engagement politique ou social, le nouveau roman n'a pas non plus de démarche pédagogique, L'homme lucide et conscient n'est plus au centre du roman.
Avec de telles ambitions, comment peut-on écrire un roman ? Plusieurs méthodes sont employées selon la sensibilité des auteurs : d'une manière générale, l'exploration tourbillonnante de la conscience conduit à une technique d'expression : une succession désordonnée de descriptions ou de situations qui s'enlisent peu à peu vers l'abstraction et qu'on abandonne dès que semble apparaître un récit pouvant prendre une quelconque consistance ou cohérence. Il se produit alors un chevauchement progressif dépourvu de logique qui passe d'une ébauche de récit à une autre et que l'on abandonnera de la même manière. C'est au moyen de ce labyrinthe de successions informelles que l'on peut rendre compte des mouvements désordonnés des flux de consciences.
Autre caractéristique, la notion d'espace-temps est abolie puisqu'il n'existe ni chronologie, ni repères spatio-temporels. On pourrait en guise de métaphore comparer cette succession désordonnée de situations á l'action d'une personne qui découvre une boîte emplie de photos non classées et qui regarde une á une ces photos, chacune réveillant en elle un souvenir, une émotion, mais aussi un état de conscience. La comparaison n'est cependant qu'approximative puisque la succession désordonnée s'effectue non au vue de photos mais plutôt d'actes ou de situations qui débouchent vite sur une exploration abstraite.
Le roman conserve cependant une certaine unité puisque les états de conscience émergent généralement d'une même source primitive se dispersant vers ces variations qui constituent les différents épisodes du roman.
Á suivre...
Des concepts mentionnés dans le précédent article à propos du NOUVEAU ROMAN découle une conséquence qui en est la deuxième caractéristique, le refus de la construction d'une intrigue. Dans le nouveau roman, on ne trouve aucun récit narratif, il n'y a ni enchaînement de cause à effet, ni chronologie. Il n'y a pas non plus de sens humaniste, rien n'évoque l'engagement politique ou social, le nouveau roman n'a pas non plus de démarche pédagogique, L'homme lucide et conscient n'est plus au centre du roman.
Avec de telles ambitions, comment peut-on écrire un roman ? Plusieurs méthodes sont employées selon la sensibilité des auteurs : d'une manière générale, l'exploration tourbillonnante de la conscience conduit à une technique d'expression : une succession désordonnée de descriptions ou de situations qui s'enlisent peu à peu vers l'abstraction et qu'on abandonne dès que semble apparaître un récit pouvant prendre une quelconque consistance ou cohérence. Il se produit alors un chevauchement progressif dépourvu de logique qui passe d'une ébauche de récit à une autre et que l'on abandonnera de la même manière. C'est au moyen de ce labyrinthe de successions informelles que l'on peut rendre compte des mouvements désordonnés des flux de consciences.
Autre caractéristique, la notion d'espace-temps est abolie puisqu'il n'existe ni chronologie, ni repères spatio-temporels. On pourrait en guise de métaphore comparer cette succession désordonnée de situations á l'action d'une personne qui découvre une boîte emplie de photos non classées et qui regarde une á une ces photos, chacune réveillant en elle un souvenir, une émotion, mais aussi un état de conscience. La comparaison n'est cependant qu'approximative puisque la succession désordonnée s'effectue non au vue de photos mais plutôt d'actes ou de situations qui débouchent vite sur une exploration abstraite.
Le roman conserve cependant une certaine unité puisque les états de conscience émergent généralement d'une même source primitive se dispersant vers ces variations qui constituent les différents épisodes du roman.
Á suivre...
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