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vendredi 30 octobre 2015

Le déclin de la culture française ? (6) la pseudo élite intellectuelle

Suite de l'article précédent...

Le THÉÂTRE DE L'ABSURDE possède des caractéristiques semblables à celles du nouveau roman, elles sont simplement transposées et adaptées aux contraintes techniques des représentations théâtrales. Les personnages ne possèdent plus aucune individualité particulière ; ils  portent certes un nom et ont même une situation dans la société, mais ils évoluent de manière indépendante les uns des autres, uniquement centrés sur les bouffées de conscience qui les conduit à s'exprimer.

Ce qui est frappant chez eux, c'est la quasi-impossibilité de communiquer avec les autres même sur des conversations de la vie courante, les dialogues se bornent à des répliques souvent sans aucun sens les unes avec les autres qui peuvent se terminer, comme dans la "Cantatrice Chauve", par la succession d'onomatopées ; pour le spectateur, ils ressemblent à ces poupées qu'il suffit de remonter pour les faire prononcer quelques phrases simples .

Les dialogues du théâtre de l'absurde, révélateurs de l'incommunicabilité entre les êtres humains, ôtent toute logique aux propos tenus ; comme dans le nouveau roman, il s'ébauche entre les personnages une conversation décousue  qui est abandonnée dès qu'elle semble se construire . Ils ôtent aussi toute consistance á l'intrigue même si la pièce possède un fil conducteur qui en fait son unité ( dans "Le Roi se Meurt" la marche vers la mort correspond au rétrécissement du royaume) et deviennent burlesques  á force d'être absurdes.

LES CONSEQUENCES
Toutes ces caractéristiques rendent difficilement abordables ces formes nouvelles de littérature hors des cercles où elles se sont élaborées ; le lecteur, comme le spectateur, est déconcerté par l'absence de fil conducteur et d'intrigue, il ne comprend pas où l'auteur veut en venir et même pourquoi ces œuvres ont été écrites. La forme même de ce qui est devenu " aventure de l'écriture" pour M Ricardou se caractérise par un langage souvent limpide derrière lequel se cache la complexité des flux de conscience non clairement exprimés.

Avec le temps, les formes les plus marquantes de cette littérature se sont édulcorées, un certain fil conducteur s'est reconstitué, cependant, les principes élaborés dans la deuxième moitié du 20ème siècle sont encore présents quoique sclérosés. Ainsi, dans la littérature actuelle, on suggère plus qu'on ne construit, on esquisse plus qu'on ne décrit et on reste fidèle à cette conception que j'ai mentionnée des effluves émanant des marges de l'inconscient et submergeant la conscience du réel.

Á cela s'ajoute toujours  un déconcertant hermétisme de langage ainsi qu'une tendance vers l'intellectualisme abstrait qui rebutent toujours autant le lecteur.

Ce renouvellement à peine marqué s'explique par le fait que cette forme de littérature reste l'attribut de ces cercles intellectuels (ou se prétendant tels) qui restent fidèles aux concepts hérités de la deuxième moitié du 20ème siècle. Cette soi-disant élite, convaincue de sa supériorité intellectuelle, s'est enfermée dans un cercle de valeurs et de modes d'expressions qui se sclérosent  en refusant de s'ouvrir aux mutations de notre époque et à  la société réelle.

On peut discerner au moins trois conséquences de cet état de fait :
     . La littérature émanant de ces cercles n'a plus guère d'impact avec la France réelle qui en est réduite à une lecture d'épanchement sentimentaux, de confession des personnalités, de témoignages, de romans policiers ou d'espionnage..
     . Cette littérature trop intellectualiste, trop étrange et trop abstraite est devenue intraduisible dès que l'on dépasse une  traduction littérale pour tenter de rendre compte de la quintessence de l'œuvre.
     . Enfin et surtout, elle a complètement nié l'extraordinaire mutation du numérique émanant des Etats-Unis qui imprègne de plus en plus la vie culturelle en France tant par ses techniques que par le renouveau culturel qu'elle induit.

" Lorsque la concurrence culturelle est trop rude, que l’on se sent inapte à la compétition, grandit la tentation de se réfugier dans l’affirmation d’une différence ombrageuse, d’une supériorité purement spirituelle, d’une profondeur et d’une authenticité imaginaires. Et de tenter d’édifier des barrages, que bien sur, le courant est destiné à emporter : une culture qui tente de protéger son glorieux patrimoine plutôt que de se développer dans l’échange avec les autres, avoue qu’elle est déjà en voie de disparition." ( émission collective de France culture co-animée par Renaud Donnedieu de Vabre, Olivier Poivre d'Arvor, Alain Seban)

PS : ce constat est clairement démontré par le choix que vient d'effectuer l'Académie Française  pour l'attribution de son  grand prix

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