REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

vendredi 25 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (15)

LA CONSTITUTION DES VALEURS DE L'ÊTRE EN SOI

INNE ET ACQUIS CHEZ L'ÊTRE HUMAIN (suite)

L’affirmation par moi formulée dans le précèdent article est corroborée par une caractéristique anatomique et biologique : à la différence des animaux qui sortent du ventre de leur mère et sont capables de marcher et de téter, l'enfant, au moment de la naissance, n'est qu'un être végétatif, capable seulement de faire savoir quand il a faim, de dormir, de gesticuler et d'éliminer ses déchets. Son développement se poursuit en effet hors du ventre de sa mère en étroite corrélation avec l'augmentation de la taille de son cerveau. En conséquence, c'est dans les premiers mois qu'il va dépasser le comportement instinctif du boire et du dormir et éliminer pour commencer à acquérir les comportements qui feront de lui un être humain à part entière. Dans cette perspective, il est évident qu'au phénomène purement biologique de la croissance va s'ajouter  un ensemble de sensations dépendant totalement de l'environnement affectif et culturel auquel l’enfant est soumis. Cette première forme d'acquis est d'autant plus importante qu'elle pénètre un cerveau sans a-priori et surtout sans capacité d'analyse ; elle l’imprègne, créant des impressions plus que des valeurs. Ce système d'imprégnation durera pendant la prime enfance jusqu'à l'acquisition de l'esprit de raison qui conduira l'enfant ou plutôt l'adolescent à l'élaboration d'un premier système de concepts qui évoluera au fil du temps.

Ainsi, l'enfant, selon moi, passe par trois phases :
     . Une phase purement végétative et instinctive,
     . Une phase d'accumulation d'impressions emmagasinées en vrac,
     . Une phase de mise en ordre de ces impressions qui deviennent à l'adolescence, grâce à l'outil de la raison, les valeurs auxquelles on se réfère.

De ce qui précède, j'en conclus qu'il n'existe pas d'inné sinon au niveau des instincts primaires, se nourrir, dormir, éliminer ses déchets et se reproduire et que tout le reste ne procède de l'acquis.

prochain article : acquis et émergence de la raison

jeudi 24 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (14)

LA METHODE D'ELABORATION  DES VALEURS DE L'ÊTRE EN SOI

INNE ET ACQUIS CHEZ L'ÊTRE HUMAIN

La méthode par laquelle l'être humain acquiert la connaissance de soi pose d'abord le problème de ce qu'il est possible de trouver dans le casier de l'être : existe-t-il, lors de la naissance, certaines valeurs comme l'écrit Platon qui pense que l'on peut retrouver en soi l'idée pure de l'âme ou comme Freud qui indique qu'à la naissance, l'homme porte en lui le passé de l'humanité ? Au contraire, l'être à la naissance est-il totalement vierge de toute influence comme le pensent Aristote, saint Thomas d'Aquin ou Nietzsche ?

Cela revient à poser la question de la part d'inné et d'acquis dans l'être humain : S'il n'y a que de l'inné, le problème de la recherche de la liberté ne se pose pas puisque tout est conditionné par les gènes ;  par contre s'il n'y a que de l'acquis, il convient de se poser la question du choix de ses valeurs, ce choix étant, selon moi, le critère fondamental de la liberté.

J'ai déjà évoqué cette question dans plusieurs chapitres précédent de ce blog, à la fois en considérant les écrits philosophiques (Rousseau, Hume, Locke...), et en décrivant les sociétés dites primitives et en particulier celle des aborigènes d'Australie et des Wayanas de Guyane. J'ai montré aussi qu'il existe une multitude de braves gens (cf. mon article LES BRAVES GENS ) mais que les multiples manipulations  de la société capitaliste et individualiste peuvent pervertir à tel point les comportements que toute bonté disparaît en eux. 

J'en avais conclu que l'homme est à la fois capable de compassion, de dépassement de soi au service des autres ou d'une juste cause, de don de soi allant jusqu'au sacrifice de sa propre personne, mais aussi, en même temps, capable d'esprit de vengeance, d'appétit de puissance allant jusqu'à la destruction physique de ceux que l'on considère comme des adversaires ou des concurrents, d'instincts bestiaux, d'esprit de domination, de jouissance sadique à faire souffrir, de réceptivité à la violence.

Ce dualisme de type "Docteur Jeckyl- Mister Hyde" semble inhérent à chaque être humain avec des proportions différentes selon les individus et selon les circonstances. Cela m’empêche de penser que ces comportements sont innés et préexistent dans les gènes, ils ne résultent  que de l'acquis.

A suivre....


mercredi 23 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (13)

COMMENT PEUT-ON SE FOURVOYER DANS LE TIROIR DU PARAÎTRE ?

Pour quelles raisons se produisent les déviations précédemment citées, vers des voies qui ne mènent qu'aux tiroirs des faux-semblants et des alibis ? Plusieurs explications me viennent à l'esprit :

     . En premier lieu se trouve l'incapacité de beaucoup d'individus à se regarder en face, à se voir tels qu'ils sont, ils préfèrent s'imaginer tels qu'ils voudraient paraître et tels qu'ils aimeraient être vus des autres. Ce n'est pas pour rien, comme je l’ai écrit dans l’article précédent, que l'allégorie du "connais-toi toi-même" tient un miroir à la main pour se regarder telle qu'elle est : se voir ainsi est en général insoutenable vues les illusions que l'on porte sur soi ; être face à la réalité, même physique, fait peur et on préfère dissimuler son aspect derrière les illusions de son paraître.

     . Cette dissimulation de son être derrière son paraître devient vite du narcissisme : face à son miroir, on ne voit qu'un portrait déformé de soi où on ne retient que ce qui plaît : dans ce cas. la liberté ne peut exister, on subit le pire des esclavages, celui de soi-même et de sa suffisance.

     . Une autre explication qui est d'ailleurs la conséquence de la précédente est l'égocentrisme qui organise tout en fonction de lui-même, l’egocentrique a toujours raison, refuse d'avoir tort, utilise des raisonnements du type : " ce n'est pas moi, c'est la faute des autres" : ce comportement est plus grave que le précédent car il peut avoir des conséquences dans la vie sociale, il se mue vite en appétit de puissance et de mépris des autres avec, selon moi, une aliénation totale de sa liberté puisqu'il fait ressortir l'esclavage des instincts

     . Il existe aussi  chez certains individus une paresse d'esprit qui consiste à ne pas réfléchir, à ne pas appliquer les mécanismes de la pensée et des raisonnements logiques, soit parce qu'ils sont ontologiquement incapables de le faire, soit parce qu'obnubilés par le paraître des faux semblants, ils ont oublié les méthodes de la réflexion. Ils se ravalent aussi au niveau des comportements instinctifs et sont, par essence même, privés du champ de la liberté.

Pour ceux qui ont la volonté d'analyser leur  paraître, la méthodologie du tiroir  débouche sur une connaissance de soi encore partielle  car comportementale et sociale : elle est néanmoins utile et nécessaire car elle permet d’aller plus loin dans la recherche de soi-même en dépassant le "paraître" pour accéder à l'être.

lundi 21 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (12)

LE FOURVOIEMENT DE LA "LIBERTÉ EN SOI" DANS LE PARAÎTRE.
suite de l'article précédent

Le quatrième exemple est le plus visible dans la société. Aux diverses formes d'esclavage qui émanent de l'individu lui-même, s'ajoutent les multiples sollicitations émanant des "souterrains de la volonté"  au sens Shopenhauerien du terme, elles consistent, selon ce philosophe, à soumettre les êtres humains à une chaine sans fin d'envies, de désirs toujours insatisfaits et à la quête du plaisir pour lui-même. L'homme désire constamment posséder quelque chose, dès qu'il l'obtient, il est satisfait pendant un court instant mais, très vite, une autre envie le prend et le rend malheureux tant qu'il n'a pas assouvi son plaisir. Cette caractéristique peut se résumer en un seul adage  "On n'aime plus ce que l'on possède et on aime ce qu'on ne possède pas encore"  En conséquence, dominé par le "vouloir vivre", l'homme est esclave des « mondes souterrains » qui ne règnent en maître que dans son paraître.

Les exemples abondent et se manifestent dans la plupart des rapports que l'homme peut entretenir avec les autres. Ainsi, lorsqu'un individu acquiert un objet dont il n'a pas un besoin vital, il va se donner des alibis sans se poser la véritable question du pourquoi de cet achat ; lorsqu'un quidam achète une nouvelle voiture en remplacement d'un véhicule ancien encore en fonctionnement, on voit apparaître un florilège d'alibis :
     . J'ai changé de voiture parce que l'ancienne faisait trop de bruit, était trop poussive et trop exiguë. En outre, j'étais mal assis et conduire longtemps ne donnait mal au dos,...
     . Je veux être à la pointe du progrès pour ne pas être dépassé par la technique...
Suit alors l'inévitable péroraison mainte fois entendue : " et vous n'avez-vous pas l'intention de changer de voiture ? Si oui,  je vous conseille d'en acheter une semblable à la mienne ! "

De même, ai-je entendu maintes fois des allégations du type : «  vous avez encore votre ancienne télévision ! Vous n'êtes pas très moderne. Moi, cela fait longtemps que j'ai changé la mienne pour un écran plat, la qualité de l'image est bien meilleure que celle de votre ancienne ruine ! »

Si tous acceptaient de dépasser le stade du paraître, ils ne trouveraient que des constants effrayants :
    . Je suis totalement esclave de mon désir de posséder,
    . N'ayant ni personnalité ni vie intérieure, je n'ai pour me valoriser que ce que j'acquiers avant les autres.


dimanche 20 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (11)


LE FOURVOIEMENT DE LA "LIBERTÉ EN SOI" DANS LE PARAÎTRE. suite

Le tabagisme est encore plus révélateur que la boulimie de cet esclavage du paraître : quand on demande à un fumeur pourquoi il fume. Il donne en général les mêmes réponses :
     . J'ai commencé à fumer pour faire comme les copain(e)s, pour transgresser un interdit, pour me sentir adulte.
     . Je fume, mais je peux m'arrêter quand je veux...
     . Je connais quelqu'un qui n'avait jamais fumé et qui est mort à 20 ans..
     . Je fume pour me détendre et me sentir bien, cela me permet de me calmer quand je suis énervé,
     . Fumer avec ses amis renforce la convivialité,

De telles allégations sont utilisées pour le tabac mais aussi pour la drogue, l'alcool...  Ce ne sont en réalité que des idées  émergeant du tiroir des faux semblants et des alibis. En fait, si tous ces gens avaient le courage d'aller plus loin dans leur recherche d'eux-mêmes, ils ne trouveraient qu'une chose : l'imprégnation d'une drogue dont ils sont esclaves et dont ils ne peuvent se passer. De la même manière que pour la boulimie, ils ne disposent d'aucune liberté face à ce problème ; leurs vies oscillent entre de brefs moments de plaisir quand ils assouvissent leurs désirs de fumer ou de boire et de longues périodes de souffrances lorsque l’impérieux appel de la drogue devient une idée fixe.

Le troisième exemple est celui des codes vestimentaires : pour moi en effet, un être humain vivant constitue un tout," un roseau qui pense"  dirait Pascal, un corps qui comporte un esprit apte aux raisonnements les plus divers. S'il peut se produire un dualisme du corps et de l'âme après la mort physique, il n'existe pas de différenciation entre les deux pendant la vie Cela amène le corps à se fourvoyer dans les casiers des faux-semblants,

J'ai déjà évoqué une intéressante  allégorie de PRUDENTIA (voir mon article sur le mausolée d'Alexandre VII) qui matérialise le concept de la connaissance de soi par une femme se regardant dans un miroir. Que vont-on dans un miroir : ce qu'on est vraiment, on ressent ses imperfections corporelles et tout ce qui éloigne son corps des canons de l'être humain idéal que l'on voudrait posséder  face à soi-même et face aux autres : on se trouve alors devant un dilemme : s'accepter tel que l'on est ou tenter de masquer la réalité en travestissant son corps ; pour se rendre acceptable aux yeux des autres, on va suivre aveuglément les canons des modes vestimentaires même si ces modes sont inadaptées à son aspect corporel. Le même phénomène s'observe pour les gens qui refusent de se voir vieillir et qui vont masquer leur dégradation physique la travestissant.

On retrouve à nouveau dans cette perspective le tiroir des "faux-semblants", du refus de se connaître soi-même, de l'absence de liberté et surtout de l'esclavage qui en résulte.

A suivre...


samedi 19 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (10)

LE FOURVOIEMENT DE LA "LIBERTÉ EN SOI" DANS LE PARAÎTRE.

LES VOIES VERS LE TIROIR DU PARAÎTRE

 On pourrait penser que tous les êtres humains réagissent de la même manière et qu'ils appliquent une démarche de raison à leur recherche comportementale. Ce n'est malheureusement pas le cas. En effet, le chemin qui mène à la connaissance de soi est semé d'embûches, ce n'est pas une voie unique qui conduit directement au bon tiroir. Il y a de multiples bifurcations possibles et, souvent, il parait plus simple et plus gratifiant de choisir les voies secondaires qui mènent aux tiroirs des faux-semblants, des fausses raisons, des alibis et, comme le disait fort justement Shopenhauer, du vouloir vivre et de la volonté de désir. . C'est en suivant ces voies que l'on perd sa liberté et que l'on devient sans vouloir le reconnaître esclave de soi-même.

Pour me faire comprendre, je citerai quatre exemples : la boulimie, le tabagisme et les critères vestimentaires qui ressortent de l'individu lui-même et l'escalade des envies qui correspondent plutôt à l'individu dans la société. 

Le premier exemple est celui d'une personne qui est obèse et souffre, de ce fait, de nombreuses pathologies handicapantes. Cette obésité est due uniquement à l'excès de nourriture et en particulier de viande. Quand on lui demande pourquoi elle mange tant, elle donne diverses explications du type : " mon mari m'aime comme je suis", "quand étais enfant, j'étais souvent malade et ma mère me laissait manger tout ce que je voulais, sans entraves et à toute heure", " je suis bien comme je suis, d'ailleurs je ne me regarde jamais dans une glace" : tous ces arguments proviennent du tiroir des faux-semblants.

Si cette personne avait dépassé ces fausses raisons qui ne sont que des alibis et si elle avait été plus loin dans sa quête vers la connaissance de soi, elle aurait constaté que son envie de manger était devenu un esclavage et qu'à l'égard de ce problème, elle avait perdu toute sa liberté. Elle aurait aussi constaté que sa vie oscillait entre de brefs moments de plaisir lorsqu’elle se gavait et de longues périodes de souffrances lorsqu’elle ne pouvait manger. Rien n'est plus terrible d'être ainsi esclave de ses envies et de ses désirs et de sembler s'y complaire pour ne pas perdre la face vis-à-vis des autres.

A suivre...

vendredi 18 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (9)


PRINCIPES ET JUSTIFICATIONS THÉORIQUES DE LA LIBERTÉ EN SOI Suite de l’article précédent

SYNTHÈSE SUR LES APPORTS PHILOSOPHIQUES

En dépit de leurs profondes différences, les systèmes philosophiques dont j'ai exposé les thèses à propos de la connaissance de soi, ont néanmoins deux caractéristiques communes :

     - d'abord, l'idée que derrière le monde des apparences, il existe une réalité plus profonde et plus vraie : l'âme en tant qu'idée pure non abâtardie chez Platon, le monde des idées claires et distinctes selon Descartes, l'univers de la connaissance par la raison chez Kant, les souterrains du vouloir-vivre chez Shopenhauer, le ÇA chez Freud.

     - ensuite, même chez les philosophes les plus pessimisme, il existe des voies permettant d'accéder à ces mondes : par la maïeutique chez Platon, par le doute pour Descartes, par l'utilisation de l'outil-raison chez Kant, en transcendant la volonté grâce à la sagesse du renoncement de type bouddhiste selon Schopenhauer, par l'analyse psychanalytique chez Freud.

Ces deux caractéristiques corroborent mes choix à priori ;
     - à propos de la possible connaissance de soi, et de la présence d'un écran d'apparences (le paraître) qui peut s'interposer lors du cheminement vers la connaissance de l'"être en soi"
    - sur l'idée que l'être en soi se constitue dans la plus totale liberté et comporte un assemblage de valeurs si diverses qu'elles peuvent créer des anges tout autant que des démons.

Ces perspectives peuvent aussi s'accorder également sans difficulté avec les thèses des philosophes du pessimisme sut la conscience, mais je classerais la plupart de leurs constats dans le monde des apparences et non dans celui de l'être.

Enfin, entre la "marmite bouillonnante" de Freud et la primauté de la raison de Kant, j'ai toujours choisi la seconde alternative.

Ces préalables effectués, je peux maintenant poursuivre mon propos en décrivant les chemins du paraître puis les chemins de l'être.

mercredi 16 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (8)


PRINCIPES ET JUSTIFICATIONS THÉORIQUES DE LA LIBERTÉ EN SOI Suite de l’article précédent

LES RÉFÉRENCES PHILOSOPHIQUES,

LES THEORICIENS DE L’OMBRE,

FREUD

Freud qui ne se considère pas comme philosophe mais comme clinicien, se sert des mêmes bases que Shopenhauer avec une séparation entre le monde conscient et l "arrière-monde" de l'inconscient auquel il ajouta un monde intermédiaire, la préconscience. Ce trialisme fut précisé en 1920 par un nouveau système de pensée avec apparition de trois appellations nouvelles : le ÇA, le SUR-MOI et le MOI.

Le ÇA est le réservoir de toutes les pulsions qui nous anime, c'est la partie la plus inconsciente de l'esprit humain, le réceptacle des désirs inavoués et refoulés, le réservoir des instincts, la partie la plus obscure de notre personnalité, c’est " une marmite pleine d'émotions  bouillonnantes" qui vont tenter de passer les barrières pour remonter à la surface. Le ÇA ne possède ni l'organisation ni volonté, il tend uniquement à satisfaire les besoins pulsionnels en se conformant au principe de recherche immédiat du  plaisir. Il est seulement régi par la libido ou par l'agressivité. Le ÇA comporte non seulement les pulsions qui découlent de sa vie personnelle mais aussi toute la mémoire pulsionnelle de l'humanité (meurtre du père primitif, histoire d'Oedipe...).

Le SUR-MOI comporte l'intériorisation de tous les interdits sociaux et parentaux, il est à la limite de la conscience et de l'inconscience et se forme à l'adolescence. Il fonctionne en tant que barrière et de censure aux pulsions émanant du ÇA en les empêchant de remonter jusqu'à la sphère consciente.

Le MOI est la partie de la personnalité qui assure les fonctions conscientes, c'est un esclave qui doit assurer la médiation entre trois maîtres, le ÇA, le SUR-MOI et le monde conscient. Il assure aussi la stabilité du sujet en l'empêchant au quotidien de se libérer de ses pulsions ; néanmoins, il n'arrive pas à tout contrôler car les pulsions peuvent remonter à la surface par le rêve et par les névroses.

Pour Freud comme pour Shopenhauer, la connaissance de "l'être en soi" est impossible : l'homme est esclave de son ÇA, de ses pulsions et de ses instincts. Pourtant, il existe une possibilité d'échapper à ces bouffées pulsionnelles que le MOI ne peut contrôler grâce à la psychanalyse ; celle-ci comporte deux étapes :
     - créer une ambiance propice de calme et d'écoute permettant d'amener à la conscience du sujet ce que le psychisme refoule en lui,
     - libérer en lui les psychoses en les transférant du sujet au psychanalyste.

Ainsi, Freud, tout comme Schopenhauer témoigne d’une vision particulièrement pessimiste de l'être humain : pour lui, il n'y a aucune échappatoire au ÇA, l'homme n'est ni libre ni même responsable des actes qu'il commet au nom des pulsions accédant à la surface. Ces propos doivent cependant nuancés du fait que Freud n'est pas un philosophe mais un clinicien sans cesse en contact avec des névroses ; c'est à partir de leurs exemples qu'il constitue ses théories ; selon moi, elles sont valables pour ces malades mais elles ne s'appliquent pas à l'ensemble des êtres humains. (1)

(1) Les vulgarisations des théories freudiennes,  basées essentiellement sur le concept d'inconscient inhérent à l'homme, expliquent les actes humains par des pulsions incompressibles de cet inconscient auquel on se refuse soi-même l'accès.

Ces théories sont triplement dangereuses du fait qu'elles sont mal comprises :
         - elles cantonnent l'homme aux faux-semblants du paraître et officialise  sa paresse puisque selon ces théories, on  ne peut accéder à son être qui est largement constitutif de l'inconscient,
          - elles rendent impossible toute liberté de l'homme puisqu'elles décrètent que l'homme est incapable d'accéder à cet inconscient par la voie de la raison.
          - elles donnent des explications simplistes (peur de la castration, complexe d'Œdipe.. ) qui n'ont rien à voir avec la majorité des gens.
          - elles excusent tout puisque l'on trouve toujours une justification dans l'inconscient de tout comportement criminel.

 Il suffit par exemple de constater  la manière dont les procédures de justice fonctionnent : la victime est en général laissée de côté et on s'intéresse surtout à la psychologie de l'assassin en tentant de sonder son inconscient pour trouver une explication à ses actes et donc pour lui trouver des circonstances atténuantes. Dans la perspective du "connais-toi toi-même", cette démarche est inutile et dangereuse comme le montrent les récidives de nombreux criminels.