REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
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Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

lundi 3 avril 2017

… SOUVENIRS DES ANNEES 1950-60 : l’école publique (16), conclusion

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Au terme de cette évocation de l’école primaire de mon enfance, je voudrais, en conclusion,  rappeler les trois caractéristiques qui m’ont principalement marqué :
   . En premier lieu, je citerai le sérieux de l’enseignement dispensé par les instituteurs, ils croyaient à leur mission et faisaient tout pour la mener à bien, ils mettaient en avant la laïcité tolérante de l’école, croyaient aux valeurs de la République, et avaient le  sens aigu du service  public.
  . En second lieu, je soulignerai à nouveau l’efficacité des méthodes pédagogiques au niveau de l’acquisition des connaissances, comme à celui de l’éducation civique qui donnaient aux jeunes les moyens de s’agréger à la société de leur époque et à ses valeurs démocratiques  ainsi qu' au monde du travail.
   . Enfin, il m’est apparu la profonde inégalité qui existait entre les enfants du peuple et ceux des nantis dont l’éducation suivait des filières parallèles même si, comme je l’ai écrit plus haut, il existait des possibilités pour les enfants du peuple d’accéder à l’université. Cette inégalité a été heureusement supprimée à partir de la loi Haby de 1975 qui a créé le collège pour tous, c’est à partir de ce moment qu’enfin été véritablement démocratisée l’école de la République.

PROCHAINE SÉRIE D'ARTICLES : LES CANARIES, impressions de voyage

samedi 1 avril 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : l’école publique (15)

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LES POSSIBILITÉS DE POURSUIVRE DES ETUDES

Pour terminer cette série d’articles à propos de l’école publique des années 1955-60, je voudrais préciser les possibilités ayant existé à cette époque de pouvoir continuer des études générales après l’école primaire. C’est au niveau du CM2 qu’existait cette possibilité. À mon époque, l’examen d’entrée en 6ème  avait été supprimé et c’était soit l’instituteur qui proposait aux parents de permettre aux enfants de poursuivre leurs études, soit les parents qui demandaient à l’instituteur d’envoyer leurs enfants vers des études secondaires.

A la campagne, il existait des cours complémentaires qui menaient de la 6ème à la 3ème avec passage à l’issue de la 3ème du BEPC (brevet d’études du premier cycle) ; à la ville, deux structures étaient susceptibles d’accueillir les enfants sortant de l’école primaire, les collèges et les lycées. Les collèges, en théorie, comme les cours complémentaires, accueillaient les enfants de la 6ème à la 3ème mais il existait des collèges qui permettaient d’aller jusqu’en terminale. Les lycées menait les jeunes jusqu’au baccalauréat avec possibilité de poursuivre à l’université.

Les enfants provenant des classes populaires et fréquentant l’école primaire n’allaient généralement que très rarement au lycée : il ne fallait pas mélanger les classes sociales, en rassemblant dans une même structure les enfants de bourgeois et de nantis aux enfants du peuple ! D'ailleurs, un enfant du peuple n’avait pas à espérer poursuivre des études longues ; après la 3ème, il pouvait certes poursuivre des études mais c'était le plus souvent dans un collège technique s'il n’était pas directement versé  dans le monde du travail. En conséquence, on ne trouvait que très peu d’enfants des classes populaires à l’université.

A l’issue de la 3ème des collèges, il existait une ultime porte de sortie pour les jeunes désirant poursuivre leurs études hors des lycées en passant le concours d’entrée de l’école normale d’instituteurs. Les élèves-instituteurs passaient quatre ans à l’école normale, trois ans pour passer le baccalauréat puis un an de formation, Ils étaient internes, étaient totalement pris en charge par l’état et recevaient même un salaire ;  une partie était donnée chaque mois en argent de poche, le reste était gardé par l’école pour constituer un pécule qui permettait, à l’issue de l’année de formation de s’établir matériellement là où ils seraient nommés. A l’issue de la classe de terminale, les normaliens étaient orientés  vers une formation soit pour devenir instituteur, soit pour devenir PEGC (professeur d’enseignement général de collège). En échange de ces avantages, les normaliens n’avaient que deux contraintes : réussir le baccalauréat et s’engager à servir pendant cinq ans minimum dans l’éducation nationale.

Ainsi, pour les classes populaires, fonctionnait un circuit complet : école primaire, collège et cours complémentaires, école normale qui formait des enseignants pour les écoles primaires et les collèges.

vendredi 31 mars 2017

…SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-1960 : l'école publique (14)

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Un autre contraste entre l’école d’autrefois et l’école actuelle réside dans le respect par les élèves de la DISCIPLINE, cela tenait à deux causes :
   . L’instituteur et surtout le directeur d’école étaient considérés, en particulier dans les villages, comme une notabilité tout comme le maire et le curé ; en outre, le fait qu’il soit aussi souvent secrétaire de mairie ajoutait encore à la considération dans laquelle les gens le tenait.
   . Nul ne remettait en cause l’autorité de l’instituteur ; s’il donnait une punition, non seulement elle était considérée comme bien fondée mais en plus, elle était souvent doublée par les parents.

De là à proclamer qu’une discipline parfait existait serait un leurre ! Il existait dans toutes les classes des élèves chahuteurs ou bavards qui n’écoutaient pas le maître ou parlaient sans lever le doigt, interrompant les autres où le maître. De même, parmi les élèves de classe de fin d’études, il y en avait qui attendaient impatiemment leurs 14 ans pour s’en aller ; la plupart avait déjà trouvé un travail ou  un apprentissage,  ils savaient qu’ils n’auraient pas leur certificat d’études du fait de leur trop  faible niveau ; en conséquence, il ne se gênaient pas pour défier le maître !

mercredi 29 mars 2017

… SOUVENIRS DES ANNEES 1950-60 : l’école publique (13)

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LE CLASSEMENT DES ÉLÈVES
Dans les petites classes, quand on avait bien travaillé, le maître distribuait des bons points. Quand on en avait dix, on les échangeait contre une image que l’on était tout fier de montrer aux parents ; cette pratique ne se produisait évidemment pas en cours moyen 2 qui est l’objet de mon évocation.

Outre le cahier du jour, le cahier du soir et les cahiers utilisés pour les différentes disciplines, il existait un dernier cahier, le cahier mensuel. Tous les mois en effet, avaient lieu des compositions qui permettaient au maître d’évaluer les élèves. Je ne me souviens pas bien de la teneur de ces compositions  ; elles devaient comporter au moins une dictée, une rédaction, des questions de grammaire et des problèmes de calcul. Chaque exercice état annoté par le maître et noté de manière à donner lieu à une évaluation finale permettant de déterminer le classement des élèves. Le cahier mensuel était ensuite remis aux parents pour signature ; les parents regardaient les notes mais surtout le classement car il leur permettait à la fois de mesurer l’évolution des résultats et les progrès accomplis, de connaître les points forts et les points faibles de leur enfant et de le positionner par rapport aux autres élèves de la classe.

Les résultats mensuels étaient collationnés par le maître et se traduisaient par un classement annuel qui déterminait le redoublement où le passage dans la classe supérieure et servait à la cérémonie de la distribution des prix. Celle-ci était organisée pour l’ensemble de l’école dans une salle municipale en présence du maire de la commune. Tous les instituteurs étaient présents ; sur la table,  se trouvaient de grandes piles de livres. Les parents et les élèves étaient évidemment invités à participer à la cérémonie.  Chaque maître prenait la parole et proclamait les résultats. A l’annonce de son nom, le lauréat s’avançait, montait sur l’estrade et recevait son prix.  Il est évident que l’élève ainsi récompensé, tout comme ses parents, étaient très fiers. Les livres reçus en prix étaient des livres d’auteurs adaptés au niveau des enfants. Dans mon école, il existait une particularité à propos de ces livres, les enfants de prisonniers de guerre  ou d’anciens combattants recevaient de plus beaux livres que les autres avec une belle brochure de couverture rouge.

On a souvent proclamé que ces classements des élèves ainsi que la distribution des prix étaient traumatisants pour les enfants, en particulier pour les derniers de la classe. A mon avis, ce système était beaucoup moins traumatisant que celui qui consiste à dire aux élèves actuels : «tu as de trop de mauvaises notes, tu ne seras pas orienté comme tu le souhaites » et qui établit une sélection par l’échec. Les classements avaient pour mérite de stimuler l’élève et de le conduire à progresser ne serait-ce que pour échapper au mécontentement des parents, mais aussi de lui donner une connaissance claire de son niveau dans la perspective de son avenir professionnel. D’ailleurs, à notre époque, il existe un paradoxe surprenant : le seul endroit où il n’existe pas de classement est le système éducatif, tout le reste de la société s’acharne à le pratiquer : dans l’entreprise, dans les sports et même dans les télé-réalités !

à suivre

lundi 27 mars 2017

…SOUVENIRS DES ANNEES 1950-60 : l’école publique (12)

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Ces deux types de méthodes pédagogiques révélées par les deux cahiers retrouvés ne s’excluaient pas, mutuellement ; tantôt, on passait de l’une à l’autre, tantôt, elles étaient utilisées de concert, c’était en particulier le cas pour la dictée. Le maître faisait d’abord une leçon sur les notions de grammaire ou de vocabulaire à connaître afin de bien préparer la dictée, puis il demandait aux élèves de prendre leur cahier du jour, celui qui ne quittait jamais la classe, pour effectuer la dictée ainsi que des exercices de grammaire ou de compréhension du texte y afférant. A la fin de la journée, le cahier du jour était ramassé et le maître donnait quelques exercices d’application à faire à la maison. Lors du cours suivant de français, le maître demandait à un élève de venir au tableau pour corriger l’exercice. Quant à la dictée, elle avait été annotée par le maître dans la soirée pour une correction ultérieure par l’élève des fautes commises. Une méthode semblable était utilisée pour les problèmes de calcul.

Que penser de ces méthodes ? Cet enseignement était accompli de manière magistrale et comportait surtout l’apprentissage de connaissances selon la technique du « par cœur ». L’apport de l’élève se limitait seulement à participer s’il avait un exemple à donner sur le sujet à traiter, il se contentait d’ingurgiter des connaissances et de les comprendre pour pouvoir ensuite s’en souvenir. Dans de telles conditions, c’était à l’élève lui-même de les associer et de les raccorder pour tenter d’en faire des synthèses de toutes les notions apprises ; dans ces conditions, la « tête bien pleine » précédait la «tête bien faite. »

Depuis cette époque, les méthodes pédagogiques se sont inversées, on a voulu mettre en avant les acquis méthodologiques et les savoir-faire nécessaires afin de permettre à l'élève  de posséder les outils mentaux préludant à l’acquisition individuelle de connaissances ; dans ce cas, la « tête bien faite » devient l’objectif fondamental et précède la « tête bien pleine ».

Ces deux types de méthodes aux finalités opposées méritent d’être comparées  :
   . L'école primaire des années 55 se caractérisait par son sérieux et son ambition de former des adultes ayant un solide bagage de connaissances ; tous les écoliers de cette époque se souviennent actuellement encore des dates historiques importantes, ils connaissent de la localisation des départements, des fleuves et reliefs de la France  ainsi que des noms des pays du monde, ils manient un langage correct et écrivent avec assez peu de fautes d’orthographe.
  . A l’inverse, l’école d’aujourd’hui crée des élèves capables de raisonner mais n’ayant que des connaissances fragmentaires sauf dans leur domaine de leurs compétences professionnelles, ils sont dépourvus de culture générale, on  ne leur a d’ailleurs jamais demandé d’en avoir,

Cette dualité des objectifs pédagogiques pose bien évidemment la difficile  question de fond à propos du sens que l’on doit donner à l’éducation des élèves avec deux alternatives opposées : un raisonnement qui se produit sans base de connaissance ne peut que tourner en rond, à l’inverse posséder des connaissances sans avoir appris à les utiliser ne permet pas de progresser.

Il convient enfin de remarquer que le passage des premières méthodes à la seconde a correspondu aussi à une mutation de la société :
   . Les valeurs dominantes des  années 50-55 étaient le courage, le sens de l’effort, la persévérance nécessaire à la reconstruction du pays.
   . Actuellement, les valeurs dominantes sont plutôt le consumérisme et la recherche du loisir où on ressent comme une gêne tout ce qui nécessite un effort.

samedi 25 mars 2017

…SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : l’école publique (11)

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Le deuxième cahier que j’ai conservé est celui de rédaction. En le consultant, j’ai constaté qu’il existait trois types de rédactions :
     . Des comptes-rendus des lectures effectuées en classe : chaque élève, à tour de rôle, lisait à haute voix quelques phrases, ce qui permettait au maître de vérifier la capacité de l’écolier à lire, puis le texte était expliqué ; ensuite, il fallait en rédiger un résumé ou en imaginer une suite.
    . La rédaction de lettres que l’on devait articuler en trois paragraphes : l’expose des motifs de la lettre, l’explication concernant cet exposé, la formule de politesse adaptée selon l’interlocuteur
    . Des sujets de la vie quotidienne  qui devaient aussi suivre  un enchaînement très précis mentionné dans le cahier qui me sert de référence sous le titre «  plan d’une rédaction :
          . Un préambule : une entrée en matière pour annoncer le sujet,
          . Un développement : ce que je fais, je vois, j’entends, je sens.
          . Des réflexions : ce que je pense, (pour ou contre, avantages et inconvénients), ce que j’éprouve, (joie ou tristesse, regrets, espoirs, souhaits, désirs, préférence) »

La rédaction avait essentiellement pour objectif de permettre à l’enfant de s’exprimer correctement à l’écrit sans faire de fautes ni d’orthographe  ni de grammaire. D’ailleurs, le maître ne corrigeait que les fautes y afférentes et les hors sujets.

 Pourtant, il existait aussi trois autres objectifs méthodologiques qui se révèlent clairement à la lecture des sujets donnés :
     . Développer le sens de la description : «  décrire le passage d’une péniche devant vous »
     . Coordonner des idées dans une suite logique : «  choisissez une rue de votre quartier, décrivez là, racontez sa vie d’une journée depuis l’éveil jusqu’au sommeil de la nuit »
    . Faire appel à l’imagination : «  dans le foyer de votre fourneau rougeoie un bon feu, une bûche s'adresse à vous, racontez son histoire »

A ces objectifs proprement disciplinaires, s’ajoutaient, en filigrane, des objectifs plus spécifiquement sociétaux et moraux qui découlaient du fait que, dans la conclusion, on devait dire ce que l’on pensait.

Le sujet de rédaction suivant est révélateur de cette allégation : «  quelques camarades se promènent dans la campagne... l’un d’eux affirme qu’il pratique avec succès tous les exercices et surtout le saut, ils arrivent devant un ruisseau qu’il faut franchir, racontez et terminez à votre gré » il est évident que la plupart des écoliers vont faire tomber le vantard dans l’eau et que la réflexion finale  sera du type : il ne faut jamais se vanter. Par le fait de raconter une histoire, les écoliers sont amenés à réfléchir sur les débordements de la vie en société, ce qui doit les amener à trouver l’attitude qui convienne à celle-ci.   En ce sens, la plupart des sujets de rédaction sont orientés de manière à amener l’enfant à réagir et à exprimer ses propres valeurs morales.

Dans mon école, le cours de rédaction avait les mardis et les vendredis. Le mardi, une  fois le sujet donné, les écoliers rédigeaient au crayon sur leur cahier de brouillon une première version de leur rédaction, puis ils la recopiaient à la plume en la corrigeant  sur le cahier du jour où sur le cahier spécifique de rédaction qui, comme le cahier du jour, restait toujours dans la classe. Le cahier de rédaction était ensuite ramassé par l’instituteur qui corrigeait toutes les fautes à l’encre rouge. Il nous était rendu le vendredi qui suivait, il fallait recopier la rédaction en corrigeant toutes les fautes. Une dernière correction était enfin effectuée par le maître.

jeudi 23 mars 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : l’école publique (10)

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Les méthodes pédagogiques ressortaient de deux types ;  j’ai retrouvé quelques cahiers de classe dont un de rédaction et un d’histoire-géographie  et je peux, à partir de ces documents, porter un témoignage des deux manières dont se déroulait l’enseignement dans le cours moyen 2 dans lequel je me trouvais.

Le premier cahier que j’ai conservé est consacré à l’histoire-géographie, sa lecture m’a permis de retrouver et d’évoquer la méthode employée à l'époque primaire  pour l'apprentissage des matières d'éveil vers 1955. Cette méthode comportait quatre phases successives :

Dans un premier temps, le maître faisait réciter la leçon que l’on avait apprise chez soi la veille au soir ;  normalement, il fallait apprendre la leçon par cœur mais le maître acceptait que quelques mots ou quelques tournures puissent être changés pourvu que le sens de la leçon soit respecté, il appelait un élève au tableau qui devait, devant toute la classe,  réciter le résumé à apprendre. Si l’élève ne savait pas sa leçon, il était sanctionné par une mauvaise note. Certes, ses copains pouvaient l’aider en soufflant mais le maître avait l’œil à tout. Quand l’élève interrogé avait une lacune ou faisait une erreur, les autres levaient le doigt pour corriger. En géographie, on pouvait être aussi interrogé sur une carte murale muette dont il fallait donner les informations apprises la veille, mer, fleuves, pays..

Venait ensuite la leçon proprement dite, on lisait le texte sur le manuel qui lui correspondait ; chaque élève lisait à tour de rôle, chaque paragraphe était expliqué par le maître, on regardait la carte ou les panneaux muraux traitant du sujet ou encore quelques documents que le maître faisait passer. Celui-ci pouvait aussi solliciter les élèves pour savoir s’ils avaient compris.

Une fois que la leçon était lue et expliquée, le maître écrivait au tableau un résumé d’une dizaine de lignes ou dessinait une carte ou un croquis,  il fallait les recopier sur le cahier. Lors de la dernière heure, le maître distribuait le travail à faire à la maison et les leçons à apprendre.

La dernière phase avait lieu le soir au retour chez soi avec l’apprentissage du résumé écrit ou de la carte réalisée. C’était le travail le plus ardu, beaucoup d’élèves se contentaient de lire la leçon en se disant «  c’est bon, je la sais » ou encore «  il n’y a pas longtemps que j’ai été interrogé, ça ne tombera pas sur moi ! » ; ceux qui savaient leurs leçons sur le bout des doigts étaient généralement ceux qui les faisaient réciter à leurs parents.

mardi 21 mars 2017

…SOUVENIRS DES ANNEES 1950-60 : l’école publique (9)

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L’après-midi était plutôt réservée aux matières d’éveil : leçons de choses (sciences naturelles et physique), histoire et géographie,  puis à des activités artistiques ou sportives ; ces dernières étaient réduites à leur plus simple expression et étaient effectuées sous la conduite du maître, elles comportaient  des exercices de gymnastique et  des jeux comme la balle aux prisonniers. Je me souviens avec horreur des exercices de montée à la corde, celle-ci était suspendue à la branche de l’arbre qui se trouvait au centre de la cour. Il fallait devant tous les autres élèves,  arriver jusqu’à la branche, ce qui n’était guère commode !

Le canevas d’ensemble de la demi-journée de l'après-midi  n’était  pas fixé une fois pour toute, il dépendait du maître qui l’établissait au jour le jour selon la progression des élèves.

Les récréations étaient un des moments forts de la journée scolaire sauf pour ceux que le maître retenait en classe en guise de punition ou parce qu’ils n’avaient pas fini leurs exercices.  Pendant le temps de la récréation, les jeux allaient bon train ; les plus calmes jouaient aux osselets ou aux cartes, les autres à colin-maillard, au gendarme et au voleur, à chat perché ; la plupart des garçons préférait jouer aux billes. Chacun amenait à l’école son sac de billes ; ceux qui  gagnaient  gardaient les billes de ceux qui perdaient. Parmi les billes, il y en avait une, plus grosse, que l’on appelait le paf ; utiliser le paf en cours du jeu était risqué car on pouvait le perdre mais si on gagnait, on ramassait le pactole ! D’autres élèves  se réunissaient en petits groupes pour discuter, il y avait parfois des bagarres, surtout entre les plus grands,  mais elles étaient presque aussitôt interrompues par le maître de service dans la cour. Les plus grands faisaient aussi des farces aux petits (« va demander au maître la clé des champs »).  Les filles étaient beaucoup plus sages que les garçons, elles jouaient à la marelle, certaines même amenaient des poupées.

Je me souviens aussi que lors de la récréation, on nous distribuait du lait, certains disaient que c’était pour en  écouler les surplus, mais, il me semble que c’était surtout pour combler les carences dont beaucoup d’enfants semblaient souffrir.

A suivre..