REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

mercredi 23 avril 2014

LA GABEGIE DU SYSTÈME DE SANTÉ FRANÇAIS (9)

8/ QUELLES SOLUTIONS ? 
Si l'on considère les deux types de problèmes qui se posent : le déficit financier et le creusement des inégalités de soin selon son lieux d'habitation (ville/campagne et banlieue) et selon sa fortune (dépassements d'honoraires), le plus important pour moi est le second car toute forme d' inégalité des droits est moralement insoutenable au niveau éthique et contraire aux principes de la déclaration des droits de l'homme.

Pour moi, un principe fondamental doit être mis en application dans tout système démocratique : la liberté individuelle ne peut pas aller à l'encontre de la liberté collective,  notre liberté n'est totale que tant qu'elle ne porte pas atteinte aux libertés des autres : c'est à la Nation, par elle-même ou par ses représentants, qui doit par la loi règlementer les libertés pour qu'elle ne soient ni luxure ni exploitation de l'homme par l'homme dans la perspective de la loi du plus fort.

Si  j'avais un avis à donner sur les déviations du système de santé, voila ce que je proposerais :

La plus importante  réforme du secteur de santé doit être effectuée à l'entrée à l'université.
   - en premier lieu, il convient de repenser le système du numerus clausus en établissant la liste des besoins  estimés dans les dix ans, en tenant compte à la fois du renouvellement des médecins partant en retraite et des déficits prévisibles,
   - ensuite, lors de l'entrée en deuxième année, le futur médecin se verra présenter deux alternatives :
          . Ou il s'engage à ouvrir un cabinet là où on lui dira d'aller selon les besoins, à ne pas pratiquer de dépassements d'honoraires et à s'en remettre aux tarifs prônés par la sécurité sociale : en ce cas, l'Etat paiera ses études dans leur intégralité. Cet engagement sera contractuel, signé pour dix ans.
          . Ou il ne s'engage pas, dans ce second cas, ce sera à lui de payer l'intégralité de ses études, il sortira du cadre réglementaire de la sécurité sociale, pourra pratiquer les honoraires qu'il voudra mais aucun de ses patients ne pourra prétendre à recevoir un quelconque remboursement au delà des tarifs réglementaires.

On pourrait objecter que ce système est impossible à mettre en place : c'est faux ! Il y a en effet des précédents en particulier au niveau des Ecoles Normales d'Instituteurs d'autrefois : l'état prenait en charge non seulement la totalité des dépenses afférents aux frais de scolarité depuis la classes de troisième mais aussi celles de l'Internat : en échange, il fallait signer un engagement de dix ans dans l'Education Nationale. Ce qui était possible pour les instituteurs l'est évidemment aussi pour les médecins, encore faudrait-il casser les divers groupes de pression qui ont tout intérêt à la pérennisation du système actuel.

On peut aussi rétorquer que ce système risque de décourager un grand nombre de vocations. En fait c'est le contraire qui se produira : au lieu d'avoir des médecins soucieux avant tout de leur intérêt personnel, on aura des médecins qui respecteront le serment d'Hippocrate et seront vraiment au service des patients.

Bien entendu, il sera nécessaire qu'une commission de contrôle surveille le bon fonctionnement du système et, si besoin est, d'infliger des pénalités aux médecins qui ne respecterait pas l'engagement pris avec en particulier l'obligation pour les contrevenants de rembourser la totalité des frais payés par la Nation au titre de leur scolarité.

Il conviendra enfin de modifier les études de médecine en les orientant vers une meilleure connaissance des médicaments et en ouvrant l'horizon des étudiants vers les autres médecines ; cependant, je ne me sens pas qualifié à ce niveau pour en juger.

Le problème financier est plus complexe à résoudre non seulement parce qu'il concerne les abus des médecins mais surtout à cause des abus des individus qui estiment n'avoir que des droits et aucun devoir

Je n'ai pas non plus d'avis à ce propos main, conformément à ce que j'ai écrit plus haut, la liberté individuelle ne pouvant aller à l'encontre de la Nation et de sa liberté collective, il est nécessaire que celle-ci agisse contre les abus : les contrôles sont facilités par l'outil informatique et ils devraient permettre de les corriger dans ce qu'ils ont de plus criants.

mardi 22 avril 2014

LA GABEGIE DU SYSTÈME DE SANTÉ FRANÇAIS (8)

7/ À QUI LA FAUTE ?
le NUMERUS CLAUSUS
Pour moi, c'est là l'origine de toutes les déviations constatées. Depuis 1971,  L'état fixe en effet par ce système le nombre de places ouvertes chaque année en deuxième année de médecine. Jusque 1983, il est assez élevé, environ 8000 places par an. Puis il baisse pour atteindre son niveau le plus bas en 1993 ( 3500 places)

C'est seulement depuis 2002 que les gouvernements se sont rendus compte de leur erreur et ont augmenté progressivement le numerus clausus comme le montre le premier tableau ci dessous.
Cependant, il faut compter avec le temps nécessaire nécessaire aux études des étudiants qui sont rentrés en deuxième année. En conséquence, selon la courbe présentée, le nombre de médecins n'augmentera qu'à partir de 2020

Ainsi, c'est une décision de l'Etat qui explique la pénurie de médecins actuellement,

Le but de l'Etat était évidemment de faire des économies au niveau des coûts de l'université, c'était une politique à courte vue et on en voit actuellement les effets désastreux :
     . le renouvellement des médecins partant en retraite n'est plus assuré, les médecins sortant de l'université et qui n'effectuent pas des études complémentaires au titre des spécialités, ont largement le choix du lieu de leur installation, ils privilégient les zones attractives et délaissent complètement les régions qu'ils considèrent comme défavorisées.
     . Le nombre de spécialistes baisse évidemment de la même manière avec, en conséquence, des délais de plus en plus longs entre la prise de rendez-vous et la consultation.
     . Enfin, devenus indispensables du fait de leur rareté, les médecins se sont crus autorisés à toutes les libertés au niveau de leur tarif ( dépassement d'honoraires, dessous de table)

LES PALLIATIFS
comme toujours, sans politique à long terme, l'Etat n'a fait que pallier au plus pressé. Une des méthodes employée fut de faciliter l'arrivée des médecins étrangers.

En voici quelques exemples qui me concernent directement :
   . Le médecin acupuncteur qui me soigne est vietnamien, il pratique les tarifs de la sécurité sociale alors que presque tous les autres acupuncteurs demandent des dépassements d'honoraires, certains même sont hors convention avec donc aucun remboursement.
   . Les deux derniers cardiologues que j'ai consultés sont syrien pour l'un et roumaine pour l'autre.
   . Le centre thermal dans lequel je me rends tous les ans n'emploie que des kinésithérapeutes venus du Portugal ou d'Espagne qui ne parlent qu'à peine le français, ce qui n'est guère commode pour les curistes. L'explication m'a été fournie par une des responsables des thermes : " quel kiné français accepterait de travailler toute la journée dans l'eau thermale lors de ses massages pour les honoraires (réglementaires) que nous leur versons ? "

Je suis tout à fait satisfait de consulter ces médecins étrangers, ils bien formés, compétents et s'occupent bien de leurs patients. Pourtant la solution qui consiste à employer des étrangers est honteuse à au moins deux points de vue :
   . Ces médecins font leurs études dans leur propre pays, ce qui fait qu'ils arrivent diplômés en poche, sans que cela coûte à la France ; heureusement pour eux, la plupart ne restent que quelques années en France, le temps de gagner assez d'argent pour retourner dans leur pays et d'y ouvrir un cabinet, c'est par exemple ce que fit la cardiologue roumaine dont j'ai parlé ci-dessus.
   . À une époque, où le racisme est devenu mode de pensée quasi-dominant, de telles pratiques ne semblent choquer personne, certains appellent cela " immigration positive" : on attire les diplômés des pays étrangers alors que ceux-ci seraient plus utiles dans leur propre pays qu'ici ; par contre, cela ne gène personne que l'on renvoie chez eux tous les autres étrangers  !

lundi 21 avril 2014

LA GABEGIE DU SYSTÈME DE SANTÉ FRANÇAIS (7)

6/ DÉPASSEMENT D'HONORAIRES ET DESSOUS DE TABLE
Mon argumentation se fondera ici sur deux cas authentiques :

Monsieur I... voyant de moins en moins clair avec ses lunettes, se décide à prendre un rendez-vous auprès d'un ophtalmologue. Il s'adresse au centre de santé de sa mutuelle et obtient ce rendez-vous dans six mois.

Monsieur I.. s'étonne d'un délai aussi important. Il lui est répondu qu'il est très difficile de trouver un ophtalmologue qui accepte de venir au centre mutuel et qu'il est probable que d'ici peu, le service sera fermé faute de renouvellement de ces spécialistes. Dans ce centre de santé, le patient ne paie pas sa consultation, c'est la mutuelle qui règle directement le médecin.

Monsieur I.. décide alors de téléphoner à un ophtalmologue privé : la secrétaire lui propose un rendez-vous dans les dix jours qui suivent mais elle précise que le médecin pratique un important dépassement d'honoraires. Au vu de cette situation, Monsieur I.. téléphone à d'autres ophtalmologues qui tous, à des degrés divers, annoncent des dépassements d'honoraires.

Monsieur I..., finalement, confirme son rendez-vous auprès de sa mutuelle, il attendra donc six mois pour avoir ses nouvelles lunettes...

Cette situation est moralement insoutenable et humainement intolérable à trois points de vue au moins :

D'abord, elle établit un régime de santé à deux vitesses : d'un côté, il y a ceux qui ont les moyens de payer les dépassements d'honoraires et qui seront soignés presque immédiatement et de l'autre ceux qui n'auront pas les moyens de payer et qui devront, soit attendre des délais de plus en plus longs au fur et à mesure que les spécialistes changeront de statut et opteront pour les honoraires libres, soit de n'avoir d'autres choix que d'aller se faire soigner à l'hôpital.

Cette situation est totalement contraire à ma conception de l'égalité des droits : on laisse bafouer les droits de l'homme de manière éhontée, mieux même, on reconnaît aux médecins le droit de pratiquer les dépassements d'honoraires. La conséquence est très grave : beaucoup de gens ne se font plus soigner, ils ne changent plus leurs lunettes, ne vont plus effectuer des visites de contrôle chez le dentiste : lentement mais sûrement, la qualité des services de santé décline surtout au niveau des soins aux plus pauvres. Tout le monde en subit les conséquences sans que personne n'ose se révolter !

En deuxième lieu, ces dépassements d'honoraires sont totalement contraire au serment d'Hippocrate juré par tous les médecins après leur réception en tant que médecin : voici à cet égard un extrait révélateur

" Au moment d’être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité.... Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. .. Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire... "

Où est le soin à l'indigent dans de telles conditions ? À cet égard la conclusion du serment d'Hippocrate est révélatrice : " Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j’y manque." : mépriser, c'est ce que je fais ! : tous ces médecins ont oublié le service du malade pour se mettre au service de leur profit personnel !

Enfin, la généralisation des dépassements d'honoraires conduisent à faire disparaître les centres de santé gérés par les mutuelles, non à cause de difficultés financières mais par le fait qu'on ne trouve plus de médecins pour y effectuer des soins : dans le centre de santé que je fréquentais ont disparu de ce fait la radiographie, l'échographie, la cardiologie, l'ortho-rhino-laryngologie, l'acupuncture, l'homéopathie...il y a encore quelques spécialiste mais ils n'effectuent qu'un examen sommaire au centre de santé ( "je n'ai pas le matériel ici" disent-ils) et s'empressent de vous inviter à des examens complémentaires dans leurs cabinets mais avec des ... dépassements d'honoraires !

Le deuxième cas est celui de M J... Il doit se faire opérer d'une hernie apparue à l'aine du côté gauche. Le chirurgien demande un " dessous de table" conséquent, condition sine qua non avant toute intervention ; après celle-ci, M J.. se réveille et constate qu'il a un pansement important à l'aine gauche mais aussi à l'aine droite. Affolé et imaginant que le chirurgien lui a trouvé une maladie grave, il fait appeler le chirurgien. Celui-ci lui indique qu'il s'est trompé de côté ! : " j'étais fatigué et je n'ai pas fait attention" ajoute t'il en guise d'excuse !

On croit rêver ! une telle irresponsabilité est criminelle. Quand on pense que l'on confie nos vies à de tels individus!

Lors de la visite de contrôle, M J.. a demandé au chirurgien qui se confondait en excuses, si le "dessous de table" se justifiait ; le chirurgien répondit que non et rendit son chèque à M J..

La pratique des " dessous de table" est encore plus scandaleuse que les dépassements d'honoraires puisqu'ils ne sont évidemment pas déclarés au fisc : encore une fois, le serment d'Hippocrate est bafoué de la manière la plus vile qui soit,

Si on considère tout ce que je viens de décrire, on peut que constater que le système de santé est tombé bien bas et surtout qu'il crée un système doublement inégalitaire, indigne de la patrie des droits de l'homme et du citoyen.
     . Inégalité géographique avec surabondance d'offre de santé dans les zones favorisées et désert médicaux en campagne et dans les banlieues défavorisées.
     . Inégalité face au droit à la santé avec une médecine pour les riches qui paient les dépassements d'honoraires et une médecine de plus en plus problématique pour les autres.

Il reste à se poser deux questions :
   . À qui la faute ?
   . Comment peut-on s'en sortir ?

dimanche 20 avril 2014

LA GABEGIE DU SYSTÈME DE SANTÉ FRANÇAIS (6)

4/ LA DÉSERTIFICATION MÉDICALE
Notre bourg comporte 1500 habitants et dessert une zone rurale étendue comportant un peu plus de 4600 habitants, ce qui représente 6100 habitants. Il y avait autrefois 6 médecins dans le bourg dont un dans le village voisin, deux d'entre eux ont pris leur retraite, un autre est mort, il n'en reste donc que trois auquel s'ajoute un médecin remplaçant et un médecin nouvellement installé dans un village.  Cela représente un médecin pour 1220 habitants alors que la moyenne française est de 1 médecin pour 306 habitants. Cela nous place notre région rurale au niveau de la Malaisie et du Pakistan.

En conséquence, ces médecins ont une clientèle telle que, si l'on n'a pas de rendez-vous, il n'est pas rare d'attendre pendant deux heures pour une consultation ! Bien entendu, dans le secteur, il n'y a aucun spécialiste, aucun cabinet de radiologie, aucun cabinet d'analyses médicales, les médecins se chargent d'effectuer eux-mêmes les prises de sang. Pour tout examen ou consultation de spécialistes, il faut se rendre dans la ville la plus proche distante de 30 km, ce qui oblige, dans le cas de graves maladies, d'user systématiquement d'ambulances,

À ces médecins s'ajoutent trois dentistes, plusieurs cabinets de Kinésithérapie et d'infirmières

Alors qu'à la campagne ainsi que dans les banlieues défavorisées des villes se développe un désert médical, les  cabinets médicaux  prolifèrent dans les zones de climat agréable et touristique (Alpes, côte d'Azur) et en ville et en particulier dans les quartiers chics où l'on peut se retrouver en bonne compagnie au milieu de ses semblables dans une société bourgeoise où le clinquant et le tape à l'oeil servent de culture. Sans doute que les gens de la campagne sont ressentis comme infréquentables et inintéressants !

5/ Les MAISONS MÉDICALES 
Pour pallier à cette situation, la collectivité locale a pris la décision de construire une maison médicale. En voici ci-dessous le projet :

Chaque médecin qui le souhaitera pourra disposer d'un cabinet personnel. Il devra certes payer un loyer sans doute minime, mais il n'aura aucun effort à accomplir pour s'installer, ni rechercher la clientèle : la collectivité locale suppléera à toutes ces tâches ennuyeuses et se chargera même d'équiper. de nettoyer et d'entretenir les locaux.

On ne peut que louer cette initiative sauf que, comme toujours, c'est le contribuable qui va payer, par ses impôts locaux, la construction et l'entretien de cette maison médicale.

Ainsi, le citoyen, non seulement cotise pour assurer des recettes à la sécurité sociale, paie des impôts pour financer son déficit, paie de plus en plus cher sa mutuelle au fur et à mesure que la sécurité sociale diminue ses remboursements, mais en plus il devra payer pour la construction et l'entretien de la maison médicale... " une véritable vache à lait" dirait Madame Jourdain !

Pourtant la " vache à lait"  devra encore payer puisque se développe la hideuse pratique des dépassements d'honoraires.

LA GABEGIE DU SYSTEME DE SANTÉ FRANÇAIS (5)

3/ Le MÉDECIN TRAITANT (suite)
Monsieur G... ayant plus de 50 ans, reçoit une lettre lui expliquant l'intérêt d'effectuer un dépistage dit colorectal avec analyse des selles afin de détecter un éventuel cancer du colon : la procédure est clairement expliquée : il doit se rendre chez son médecin traitant qui lui indiquera comment faire ce dépistage et lui donnera le matériel nécessaire. 

Monsieur G... n'ayant pas l'intention de se rendre chez son médecin traitant vu qu'il est en bonne santé, téléphone au service de dépistage et demande qu'on lui envoie le matériel annoncé. Il lui est répondu que ce ne serait possible qu'à la troisième relance. Monsieur G... expliqua que ce système était absurde puisqu'il amenait à une visite médicale inutile, mais rien n'y fit.

Monsieur G ... décida de jouer le jeu, il prit rendez-vous auprès d'un médecin de son centre médical  qui lui donna le matériel après y avoir apposé son tampon, expliqua la marche à suivre, la manière de recueillir les excréments, d'y faire les prélèvements avec la spatule, de bien les étaler,  de laisser sécher le tout ....

 De retour chez lui, M G.. effectua une recherche sur Internet et comprit alors pourquoi on insistait tant pour que les clients passent par le médecin : ce dernier est en effet payé au prorata du nombre de matériel distribué, c'est pour cela qu'il y apposa avec soin  son tampon ! 

De tels procédés sont lamentables à deux points de vue : 
   . Le citoyen est pris pour un débile puisqu'il faut lui expliquer comment étaler des excréments sur un carton
   . La sécurité sociale débourse inutilement une visite et une prestation versée au médecin traitant ! 
Comme gâchis on ne fait pas mieux ! 

Madame H... se rend chez son médecin traitant pour un renouvellement de médicament, voici le dialogue qui m'a été rapporté entre Madame H et son médecin :
   - Qu'est-ce qui vous amène ? 
   - Je n'ai plus de médicaments. 
   - je vais vous ausculter. 
Suit alors les examens habituels, prise de tension, nombre de pulsations cardiaques,  écoute de la respiration ...
   - Vous avez un peu de tension, Quel médicament prenez-vous habituellement
Madame H.. donne la liste des médicaments que le médecin lui a prescrit sur la précédente ordonnance.
  - avez-vous eu des effets indésirables ? 
  - pas spécialement.  
  - je vous renouvelle vos médicaments pour trois mois. Est ce que vous avez besoin d'autre chose ? 
  - non. 
La consultation se termine ainsi, 

On croit rêver ! 
   . Le médecin traitant qui devrait effectuer un suivi médical ne sait même pas quel médicament elle a prescrit à Madame H.. Elle n'a pas de dossier sur son cas car elle ne prend jamais de notes sur ses patients, 
   . Une fois un médicament prescrit, il le sera à chaque consultation de renouvellement, même s'il n'a pas les effets désirés, même s'il existe des nouvelles molécules qui pourraient sembler plus performantes pour la patiente. 
   . La dernière phrase :  " Est-ce que vous avez besoin d'autre chose" me laisse pantois : le boulanger ou l'épicier dit exactement la même chose. Ce type de question s'applique à un boutiquier, pas à un médecin ! 

Il faut dire à la décharge de ce médecin qu'il a une trop importante clientèle et qu'il n'a matériellement pas le temps de s'occuper vraiment des gens sauf en cas de très grave maladie, c'est à ce moment seulement  qu'il est capable de décisions immédiates et efficaces. 

vendredi 18 avril 2014

LA GABEGIE DU SYSTEME DE SANTÉ FRANÇAIS (4)

3/ Le MÉDECIN TRAITANT
L'IDEE DE BASE était pourtant excellente : chaque individu devait se trouver un médecin traitant, qui deviendrait un référent en matière de santé et par qui il faudrait passer pour toute décision à vocation médicale.

Le but était triple :
   . Lutter contre l' abus des consultations multiples effectuées par une même personne à la recherche d'un médecin qui la comprendrait,
   . Empêcher les consultations directes de spécialistes,
   . Permettre à chacun de disposer d'un interlocuteur unique, connaissant bien le malade, capable de faire la différence entre maladie réelle et ressenti et d'effectuer un suivi objectif et constructif.

Dans cette perspective, le médecin traitant reçoit les malades en consultation : si les maux sont bénins, il formule directement le diagnostic, sinon, il peut envoyer le malade faire des examens complémentaires, consulter un spécialiste, effectuer un séjour à l'hôpital... Il recevra systématiquement les compte-rendus des divers intervenants et pourra, au moyen de ces informations, de ses propres observations et de sa connaissance personnelle du malade formuler un diagnostic construit, éclairé et cohérent.

LES MULTIPLES VOIES DE DÉTOURNEMENT DES BEAUX PRINCIPES
pour mieux mesurer les abus nouveaux consécutifs à la mise en place du système du médecin traitant, je partirai de quelques cas véritables qui feront suite à ceux précédemment décrits.

Monsieur F.. se rend chez son médecin traitant, car il ressent des "palpitations" cardiaques. Les battements de son cœur sont par moment irréguliers, ce qui l'angoisse fortement. Le médecin traitant effectue son auscultation, prend le pouls, écoute la respiration et mesure le rythme cardiaque. Il conclut ainsi : " il faut que vous alliez voir un cardiologue, je vous rédige une lettre à son intention"

Le patient prend rendez-vous, donne le précieux sésame qui lui permet de le faire, rencontre une première fois le cardiologue qui, après un électrocardiogramme , lui indique qu'il a besoin d'examens complémentaires : " revenez le ...  à... heures, on vous posera un appareil appelé "holter" destiné à mesurer votre rythme cardiaque sur 24h"

Le patient se rend une deuxième fois au cabinet de cardiologie, se fait poser l'appareil ;  le lendemain, pour la troisième fois, il se rend à nouveau auprès du cardiologue qui lui fait le bilan des examens effectués et conclut : " ce n'est pas très grave ! Je vais vous donner une lettre à l'attention de votre médecin traitant, c'est lui qui effectuera la prescription"

Avec la lettre soigneusement cachetée que lui a donné le cardiologue, M E.. se rend chez le médecin traitant, qui prescrira le médicament recommandé par le cardiologue.

En tout, cela fait cinq visites à prendre en charge par la sécurité sociale avec un laps de temps d'au moins cinq semaines !

Quel enseignement tirer de ce premier exemple ?

Le système paraît à première vue absurde, puisqu'il augmente le nombre de visites : autrefois,
     .  soit le médecin de famille aurait donné au malade ce qu'il fallait pour réguler son rythme cardiaque, quitte à lui préconiser, en cas de persistance du mal, une visite complémentaire dans un cabinet de cardiologie
     . Soit le malade aurait pris directement rendez-vous avec le cardiologue,
Dans les deux cas, la Sécurité Sociale aurait fait l'économie d'une ou plusieurs visites à rembourser.
À cet égard, l'absurdité et l'inutilité de la dernière visite paraît, à première vue, évidente.

Pourtant, si on se place du côté des médecins, l'absurdité n'apparaît plus :
     . Le médecin traitant se refuse désormais à endosser une quelconque responsabilité dans la formulation du diagnostic, en cas du plus léger doute, il envoie le patient chez le spécialiste.
     . Le spécialiste ne prend pas de responsabilité, il effectue des examens et transmet au médecin traitant le résultats de ces examens ainsi que ses recommandations.
     . C'est au vu de cela que le médecin traitant rédige l'ordonnance finale.

Cette dilution de la responsabilité trouve son explication quand se pose un problème d'erreur de diagnostic.
     . Le médecin traitant aura beau jeu de dire : "je ne suis pas responsable, je me suis contenté de prescrire ce que le spécialiste a demandé"
     . Le spécialiste rétorquera : " je n'ai fais que donner un avis sur le malade, c'est le médecin qui a rédigé la feuille d'ordonnance et qui l'a signée ; il en est donc responsable ! "

Ainsi, personne n'assumant sa responsabilité, le malheureux malade en sera pour ses frais !

jeudi 17 avril 2014

LA GABEGIE DU SYSTÈME DE SANTÉ FRANÇAIS (3)

2/ L'IRRESPONSABILITE DES PATIENTS
 Les  patients  se rendent également responsables de multiples abus. Si un individu se rend chez un médecin, c'est qu'il s'estime malade. Tout dépend alors de la conception que l'on a de la maladie :
   . Certains se déclarent malades à la moindre anicroche ou douleur, ils s'épient sans cesse, s'angoissant au moindre problème et s'abandonnent facilement au pessimisme, pensant être gravement atteint,
   . D'autres résistent facilement à la souffrance, prétendent que le mental leur permet de tenir le coup et que "demain ça ira mieux"

Dans ces conditions, le médecin doit empiriquement déterminer, dans le temps très court que dure la consultation, la part des choses entre le réel et le ressenti :
     . Il s'efforce de comprendre les symptômes souvent formulés de façon très vague : " je me sens fatigué, j'ai mal partout, je ne me sens pas bien, j'ai mal au dos, au ventre, à la tête... "
     . Il effectue une auscultation sommaire pour essayer de formuler un diagnostic,
     . Ensuite, il concrétisera son diagnostic en demandant d'autres examens ou en établissant une ordonnance qui tentera de remédier aux maux exprimés en tenant compte le moins possible du ressenti et le plus possible du réel.

Voici un exemple authentique de comportement déviant d'une patiente : Mme D... s'épie constamment, se trouve de multiples maux ou bizarreries corporelles, amplifie son anomalie par son imagination quasi-morbide, traduit son mal-être par le mot cancer et se voit à l'article de la mort. Le récit date d'une époque antérieure à l'instauration du " médecin traitant"

Dans un premier temps elle se rend chez un médecin et lui fait part de ses constats de santé. Le médecin tente de la rassurer en lui disant que ce n'est rien, il lui prescrit un " médicament de confort" pour calmer ses angoisses.

La personne ressort de chez le médecin aucunement soulagée et  très mécontente : " il a l'air de dire que je n'ai rien ! Il ne me croit pas, Je ne suis pas folle, je me connais et quand je dis que le suis malade, c'est que je le suis réellement, c'est quand même moi qui ressent les douleurs, pas lui, " la conclusion est simple : le médecin est un mauvais médecin !

Fort de ce constat, la personne se rend chez un autre médecin. Il va faire ce qu'il faut pour que la personne soit prise en main :
   . Il lui donne une liste impressionnante de médicaments, les uns pour guérir les maux constatés ou supposés, les autres pour calmer les effets indésirables des premiers, les troisième à la demande de sa patiente (" tant que j'y suis pourriez vous le donner des médicaments pour calmer ..." )
   . Il va envoyer sa patiente effectuer des examens complémentaires et prend pour elle rendez-vous chez un spécialiste.
 Tout cela, bien sûr payé par la sécurité sociale !

La personne ressort contente de cette consultation, sa maladie a été reconnue et elle est en bonne main !
Les spécialistes consultés ne diagnostiqueront aucune maladie, elle a actuellement plus de 80 ans est est en pleine forme !

Lorsque je me rends dans une pharmacie, je suis effaré par la quantité de médicaments que les gens achètent à la pharmacie, ils en remplissent presque des paniers : il y a ceux que le médecin a prescrit, ceux que le patient lui a fait rajouter sur l'ordonnance, et ceux que l'on va acheter directement à la pharmacie, c'est à tel point que parfois le pharmacien dissuade les personnes de prendre en même temps tel médicament prescrit et tel autre acheté en libre service !

Voici un autre cas lamentablement scandaleux : Mme E..,lorsqu'elle se rend chez le médecin, lui fait rajouter régulièrement des médicaments. Elle m'avoua que certains de ces médicaments n'étaient pas pour elle mais pour son chien : " lorsque je vais faire soigner mon chien chez le vétérinaire, il faut que je paie les médicaments, si je les demande à mon médecin, je suis remboursée ! " ce cas authentique se passe de commentaires...

Comme pour les accidents de travail, l'exemple de cette personne n'est sans doute pas à généraliser. La défiance envers les médicaments s'est développée, beaucoup ressentent le besoin de limiter leur consommation, d'autres utilisent de plus en plus les médecines alternatives et ne s'en portent pas plus mal. Cependant, selon ce que j'ai pu observer, il reste encore beaucoup de personnes qui, s'ils n'obtiennent pas une longue liste de médicaments s'estiment mal soignés.

Pour limiter ces abus, le gouvernement a instauré le système du " médecin traitant" en ce qui me concerne, je considère que ce système a été largement détourné de son but, les abus sont tout aussi conséquents mais ils ont changé de bénéficiaires.

mercredi 16 avril 2014

LA GABEGIE DU SYSTÈME DE SANTÉ FRANÇAIS (2)

1. LES ARRÊTS DE TRAVAIL INDUS
je citerai ici trois exemples réels mais datant d'une quinzaine d'années, de ces arrêts indus de travail.

Monsieur A est un agent de service d'une administration. Son chef de service lui fit un reproche sur  la manière désinvolte et bâclée dont il accomplissait son travail. Bien entendu, cet agent n'accepta pas ce reproche, (1), il n'imaginait même pas qu'il pouvait être en tort, qu'il devait remettre en cause sa manière de travailler et répondit alors : " puisque c'est comme cela, je vais prendre une feuille ! " , dans son langage, cela voulait dire "je me mettrai en arrêt-maladie". Il obtint cet arrêt par son médecin et fut absent pendant huit jours, le chef de service fut alors amené à partager le travail de cet agent entre tous les autres !

Monsieur B est également un agent de service d'une administration, il était fréquemment malade et prenait régulièrement des arrêts de travail, ce qui conduisait à chaque fois le chef de service à partager le travail entre ses collègues ; ceux-ci étaient certes mécontents mais, par une solidarité mal placée, ils ne divulguèrent  jamais la raison de ces arrêts de travail à répétition. Ce n'est que bien plus tard que l'on apprit la vérité : cet agent construisait sa maison et, lors de ses arrêts de travail, travaillait à cette construction ! Quelques uns de ses collègues passaient devant sa maison au retour de leur travail, il les hélait joyeusement tout content de s'être payé la tête de son administration.

Monsieur C.. est cuisinier dans un collège ; sitôt le premier jour des vacances scolaires, il s'était inscrit pour faire la cuisine dans une colonie de vacances au bord de la mer. Or, tout agent de service doit effectuer une période de permanence afin de remettre en ordre les locaux. Le cuisinier se fit établit un arrêt de travail pour le temps de cette permanence puis partit au bord de la mer comme si de rien n'était. Ses collègues excédés le dénoncèrent à la gestionnaire du collège. Pour une fois, tout se passa très vite, l'agent délictueux fut contrôlé et écopa d'un blâme.

Comment de tels errements frauduleux sont-ils possibles ? C'est très simple et s'organise en deux ou trois étapes selon les cas :
   . D'abord, il faut trouver une maladie que le médecin généraliste ait du mal à vérifier : stress, dépression, grande fatigue, mal de dos, de tête...vue brouillée, impression de tourner...
   . Ensuite, il faut trouver un médecin pas trop regardant sur les arrêts de travail qui acceptera de donner un congé,
   . Si le premier médecin consulté n'entre pas dans ce jeu, on va en voir un autre...
Il paraît que de jeunes médecins nouvellement installés n'étaient que très peu regardant sur ces arrêts maladies afin de se constituer une clientèle !

Ces excès existent toujours malgré la création du système du médecin traitant et la mise en place de contrôles statistiques sur les arrêts de travail délivrés par les médecins ; cependant, le seul remède efficace serait de faire effectuer une contre-visite systématique de chacun, cela n'est pas possible, faute de moyens.

Pour moi, les arrêts de travail que j'ai cités en exemple sont un véritable scandale d'abord parce qu'ils sont malhonnêtes, ensuite parce que c'est la collectivité qui paie, enfin du fait que de tels arrêts conduisent, faute de remplacement possible du pseudo-malade, à augmenter les tâches de ses collègues.

Loin de moi l'idée de dénoncer ici les arrêts de travail : comme toujours la vérité est nuancée ; selon ma propre expérience, il existe trois catégories d'individus :
   . Les uns ne s'arrêtent jamais, même s'il sont malades, ont de la fièvre ou ressentent des douleurs importantes, ils prennent des antalgiques et partent travailler. J'ai souvent entendu des gens dire : " le médecin voulait m'arrêter mais je n'ai pas voulu car, actuellement j'ai beaucoup trop à faire. "
   . Les autres, s'ils sont malades, vont voir le médecin et s'en remettent à lui pour décider si leurs maux doivent être assortis d'un arrêt de travail,
   . Enfin, une troisième catégorie comprend ceux qui pervertissent le système en s'arrêtant indûment sans motif médical valable.

Faute de statistiques sur la répartition entre ces trois catégories, il est impossible de savoir l'importance de ces abus ni comment ils évoluent ; une chose est sûre en ce qui me concerne, il ne faut pas longtemps pour savoir au sein d'un personnel ceux qui ressortent de chaque catégorie, 1/3 de chaque selon l'expérience que j'ai pu en avoir.

(1) comme la quasi-totalité des français qui estiment avoir toujours raison, pensent que s'il y a problème c'est la faute des autres et n'acceptent jamais de se remettre en question à l'image de cet homme qui est accusé d'avoir violé une jeune femme et qui rétorque, "je n'y suis pour rien, c'est elle qui m'a poussé à le faire par son attitude provocante !"