REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

mercredi 9 septembre 2015

Chronique d'une décadence française (4)


Voici encore une image montrant les conséquences des six maux (1) que j'ai préalablement définis comme conduisant à la décadence, cette photo raconte une histoire en trois épisodes :

Dans un premier temps, une association décide d'égayer un peu un secteur du bourg largement dégradé par l'incurie ambiante et marqué par l'absence de tout entretien. Cette association décide de repeindre les murs d'un poste transformateur de l'EDF avec l'ambition de créer une belle oeuvre. Les résultats sont à la hauteur de ses espérances : de gracieuses volutes bleutées se développent sur les murs évoquant a la fois des vagues et des nuages.

On aurait pu penser que ce travail artistique serait respecté à la fois parce qu'il était parfaitement réussi et surtout par le fait qu'il avait été réalisé par des bénévoles. Ce ne fut hélas pas le cas !

Presque aussitôt après sa création, l'œuvre fut véritablement saccagée par les tags qui vinrent par endroit la recouvrir en la dénaturant complètement.

Ces tags sont, pour moi, une des illustrations de notre décadence avec mise en œuvre des "i" : à l'INDIVIDUALISME égocentrique ( j'ai le droit de m'épanouir en faisant ce que je veux) s'ajoute l'INCIVISME ( je barbouille les murs de mes messages fumeux, peu importe qui les nettoiera) et l'IRRESPECT (je me moque totalement du travail que font les autres)

Les tags sont une véritable calamité, ils prolifèrent partout : sur les murs bordant les voies de chemin de fer, sur les wagons, les transformateurs électriques, les murs des maisons particulières et même sur les panneaux indicateurs de route. Je me souviens de l'air effaré d'un touriste étranger en voyant partout ces endroits maculés qui me dit : " je n'imaginais pas que la France soit si sale ! "

Ces tags sur le mur fraîchement repeint eurent bien évidemment une autre conséquence : les jeunes qui avaient consacré de leur temps à réaliser la peinture durent éprouver découragement, déception et colère mais surtout ils durent prendre  la ferme résolution de ne plus jamais participer à une action au bénéfice du corps social.  Ainsi, les bonnes volontés disparaissent peu à peu et la décadence gangrène lentement mais sûrement toute la société.

Dans la troisième phase de mon histoire, se produit une lente mais constante dégradation de l'œuvre primitive, la couche de peinture s'écaille et le transformateur prend peu à peu l'aspect d'une ruine. Cette phase est celle de l'IRRESPONSABILITE laxiste. Que s'est-il passé une fois les dégradations accomplies ? RIEN !
     . Aucune enquête ne sera effectuée,
     . La collectivité ne manifesta même pas son indignation devant le délit ,
     . On laissa le mur se dégrader sans effectuer une quelconque réparation.
Les murs se dégraderont toujours plus dans la plus parfaite indifférence de chacun.

Certains objecteront que ces actes délictueux sont le fait de jeunes à qui leurs parents n'ont jamais donné une éducation morale ; rien n'est plus faux !
     . Ce ne sont pas les jeunes qui promènent les chiens dont les excréments tapissent les trottoirs et les caniveaux.
     . Ce ne sont pas les jeunes qui se garent sur les trottoirs pour être au plus près de leur porte d'entrée ou qui stationnent sur les passages pour piétons pour éviter de marcher une centaine de mètres quand ils se rendent dans un commerce.

Pour moi, les jeunes suivent l'exemple qu'on leur donne : leurs comportements ne sont que le reflet des travers des adultes, nous sommes tous concerné par l'exemple qu'on leur donne : ayons l'humilité de le reconnaître !


1- rappel des 6 i cités dans l'article précédant :
     - Irresponsabilité,
     - Irrespect et Incivilité,
     - Individualisme.
     - Immobilisme,
     - indifférence.

mardi 8 septembre 2015

Chronique d'une décadence française (3)

Suite de l'article précédent

Jusqu'où peut aller cet état de déliquescence ? Très loin comme le montrent les deux photos ci-dessous :

Sur la photo de gauche, on aperçoit le développement des dégradations du trottoir avec non seulement des herbes et des ronces s'insinuant partout mais aussi des arbres qui se mettent à pousser et dont les racines vont évidemment soulever le bitume en le faisant craqueler.

La photo de droite montre l'évolution ultime d'un trottoir du bourg :
     . Herbes poussant désormais sur le trottoir lui-même : après avoir conquis les craquelures de celui-ci, elles rejoingnent l'herbe debordant de la propriété privée.
    . Arbres du trottoir non taillés dont les branches sont si basses qu'un piéton ne peut plus passer sans se courber.
    . Arbres de la propriété privée débordant sur le trottoir et dont les branches rejoignent celles des arbres du trottoir.
    . Entourage circulaire des troncs envahi d'herbes folles.

Cette situation perdure depuis de nombreuses années sans que personne ne réagisse. Le trottoir disparaîtra dans l'indifférence et l'incurie générale.

En regardant ces deux photos, j'ai vraiment l'impression de me retrouver dans un pays sous-développé ! Cependant, ces paysages dégradés ne sont pas ici le fait de la pauvreté mais seulement du laxisme et du mépris des biens communs.

lundi 7 septembre 2015

Chronique d'une décadence française (2)

Quelles sont les conséquences dans notre environnement quotidien de la mise en pratique des "6 i" (1) ? Un laxisme généralisé qui conduit lentement à la décadence mais surtout une impression de revenir vers un état de sous-développement.

Voici une photo qui le montre bien.

Cette photo représente un trottoir du bourg où j'habite ; on aperçoit un trottoir complètement défoncé encadré de trois rangées d'herbes folles ; l'une est située au contact du trottoir et d'une propriété privée, une deuxième est au niveau de la bordure de trottoir et la troisième se trouve dans le caniveau émergeant de détritus divers. L'ensemble parait si dégradé que l'on se demande dans quel pays on se trouve !

On retrouve ici les six maux qui grèvent la vie quotidienne du bourg :

IRRESPONSABILITÉ
     . " je ne peux rien faire dira le maire, le trottoir tout comme les dégradations du mur sont du ressort du propriétaire." 
     . "Je ne vais quand même pas nettoyer mon trottoir dira le propriétaire riverain, c'est à la commune de le faire, je paie assez d'impôts pour cela." 
     . " Nous refusons de faire de tels travaux, diront les agents communaux, d'ailleurs on n'a pas le temps de le faire : vous nous demandez de ramasser les ordures que les gens jettent n'importe où sans se préoccuper de savoir qui les ramassera, de réparer les dégradations qui surviennent partout suite à des actes malveillants, comment voulez vous que nous puissions en plus faire le nettoiement des trottoirs qui ne nous incombe pas." 

INDIVIDUALISME :" j'ai autre chose à faire de plus utile pour ma petite personne que de m'occuper d'un trottoir où je ne passe jamais ; de même, je ne vais pas dépenser de l'énergie ou de l'argent pour faire refaire mon mur ! Les passants peuvent penser ce qu'ils veulent, je m'en moque totalement."

INCIVISME : " je n'en ai rien à faire que le trottoir se dégrade du fait de mon impéritie, les herbes et les arbres soulèvent le bitume et obligeront bientôt à tout refaire : et alors ! Le trottoir est du ressort de la collectivité, ce qui s'y passe ne me concerne pas".

IRRESPECT et INCIVILITÉ : "je me moque totalement que les gens risquent de se tordre le pied sur le trottoir dont le nettoyage m'incombe en théorie , ils n'ont qu'à passer ailleurs."

Pour lutter contre ces maux, il serait facile d'agir en obligeant les gens à respecter la loi et les biens communs  et en leur infligeant de lourdes amendes ; personne ne prendra un tel risque car ici comme ailleurs, l'IRRESPONSABILITE  va jouer à fond :
     . La gendarmerie a subi tant de ponctions successives d'effectifs qu'elle n'a plus les moyens de régler ces problèmes de la vie quotidienne, d'autant qu'à la baisse drastique de ses effectifs s'ajoute une augmentation constante de la petite criminalité : vols, cambriolages, dégradations commises sur les édifices publics....
     . La municipalité se contente de beaux discours moralisateurs dans ses bulletins municipaux, faisant appel au civisme des habitants et à leur responsabilité collective... comme si ces notions existaient encore !

Dans de telles conditions, rien ne se produit, personne n'est jamais verbalisé, le laxisme se généralise sans aucune entrave et tous les habitants du bourg se contentent aisément de cette société sans contrainte et vivent par INDIFFÉRENCE dans la crasse et les dégradations occasionnées par l'incurie généralisée.

1- rappel des 6 i cités dans l'article précédant :
     - Irresponsabilité,
     - Irrespect et Incivilité,
     - Individualisme.
     - Immobilisme,

dimanche 6 septembre 2015

Chronique d'une décadence française (1)

Selon moi, la France bascule lentement mais sûrement vers la décadence de sa civilisation, cela saute aux yeux de n'importe quel observateur pour peu qu'il prête attention à ce qui se passe autour de lui. C'est mon cas et je voudrais d'abord commenter quelques photos que j'ai prises en observant mon environnement immédiat.

La premiere scène représente un trottoir du bourg où j'habite. A gauche se trouve la limite arrière d'une grande propriété privée comportant une belle maison de maître. La végétation de la haie qui ferme cette propriété déborde largement sur le trottoir, domaine public, avec en particulier les branches d'un églantier et de grandes ronces de mûriers, toutes deux assorties d'épines acérées et situées à hauteur du passant. Celui qui passe sur le trottoir sans faire attention reçoit les ronces en plein visage avec le risque de se blesser. Ce fut mon cas.

C'est en me rendant à la mairie du bourg pour signaler les risques occasionnés par ces ronces et l'absence de sécurité de la voie publique, que je me mis à ressentir avec acuité les causes de notre décadence en leur donnant un nom générique, celui des "6 i"
     - Irresponsabilité,
     - Irrespect et Incivilité,
     - Individualisme.
     - Immobilisme,
     - indifférence.

L'IRRESPONSABILITE m'est apparue dès que j'exprimai mes doléances à la mairie : il m'a été répondu que le Maire ne pouvait rien faire puisque les ronces, même dépassant sur le domaine public,  étaient du domaine privé ; simplement, il pouvait écrire des lettres aux propriétaires afin de leur signaler les risques encourus du fait de leur négligence..

Si j'avais eu l'occasion de rencontrer le propriétaire de la propriété, je l'ai fait pour d'autre incidents de ce genre, j'aurais eu droit à une réponse du type : ce n'est pas à moi de le faire, car ces ronces débordant sur le domaine public, il est du ressort de la mairie et des agents communaux de les enlever.

A quoi est due cette irresponsabilité ?
     . Au maire qui ne veut pas avoir d'histoires ni avec les agents communaux qui rechigneraient à faire ce nettoyage, ni avec ses électeurs ? il préfère nier le problème plutôt que de le régler. Il ne lui vient même pas à l'esprit qu'au nom du sacro-saint principe :" pas de vagues !", il pourrait user de ses droits de police pour infliger une amende au délinquant
     . Au propriétaire qui ne supporte pas qu'on lui impose une tâche dégradante à ses yeux et qui reporte sur les autres ses propres négligences sans aucunement les assumer et qui proclame haut et clair que personne n'a à lui imposer quoique ce soit.

De  cette irresponsabilité découle l'IRRESPECT et L'INCIVISME : en ne coupant pas ces branches dangereuses, le propriétaire peut blesser quelqu'un : cette idée ne lui vient même pas à l'esprit. Je me suis souvent entendu répondre  pour des problèmes similaires : si vous n'êtes pas content, vous n'avez qu'à prendre le trottoir d'en face ! Celai revient à dire :  je n'en ai rien à faire de vous ni des autres,  peu m'importe que vous vous blessiez ou non.

Pourquoi de telles allégations ? En fait la cause de tout est l'INDIVIDUALISME égocentrique et forcené : je suis libre de faire de que je veux, seule compte ma petite personne, je n'en ai rien à faire des autres ; la loi ? Je la respecte quand elle m'arrange et dans le cas précis de mes ronces, j'ai décidé que je ne les couperais pas et personne ne m'y obligera.

Que se passa-il ensuite ?  Rien ! Quinze jours se sont écoulés sans que les ronces aient été coupées, elle prolifèrent dans l' INDIFFERENCE  générale ! C'est une illustration parfaite de cet IMMOBILISME qui est une des causes de notre décadence.

Les "6 i" sont le lot quotidien de notre environnement social, ils tendent à gangrener toute notre société en pervertissant peu à peu tous les braves gens soucieux de respecter les autres : à quoi bon entretenir mon trottoir puisque mon voisin, plus jeune ou plus riche que moi, ne le fait pas ! Plus grave encore, aucune personne n'envisage d'imaginer qu'il puisse avoir une quelconque responsabilité dans ces maux, il est tellement plus facile d' accuser le gouvernement, les immigrés, l'Europe, l'Euro ! Personne ne voudra admettre que chacun est co-responsable de cette situation et qu'une remise en cause de ses comportements sociaux s'impose à chacun.

Cessons de nous croire parfait et irréprochable en imputant tous les maux sociaux aux autres ! Comme le disait l'Évangile de Luc, 6, 41 : « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'œil de ton frère et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil à toi ! " Nos compatriotes,  donneurs de leçon à la terre entière,  feraient bien de méditer ces paroles évangéliques, de constater l'état réel de leur environnement et d'avoir l'humilité de se remettre en cause !

vendredi 14 août 2015

Mentalités et comportements au temps de la croisade (135) : EN GUISE DE CONCLUSION..

L'ÉMERGENCE DE CARACTÉRISTIQUES NOUVELLES

Ainsi, en 1192, s'est reconstitué un royaume qui n'est plus qu'un pâle reflet que ce qui existait auparavant : réduit à une mince frange littorale, il y ne survivra  jusque 1291 qu'à cause de la division des membres de la dynastie Ayyoubide après la mort de Saladin survenue en 1193. Sans arrière-pays, il ne peut compter que sur les villes italiennes et de leurs commerce pour lui permettre de vivre, celles-ci contrôlent désormais les ports qu'on leur a concédés ; les querelles intestines des princes cèdent peu à peu la place aux querelles des villes italiennes, Venise et Gènes en tête.

Ce royaume en est réduit à la défensive, les seules expéditions militaires qui réussirent furent effectuées au niveau du littoral nord avec la reconquête de Sidon et de Beyrouth, ce qui rétablit une continuité entre le royaume et le comté de Tripoli. Jérusalem ne sera jamais reconquis militairement (c'est seulement par la négociation que l'empereur Frédéric II se vit remettre la cité en 1229 lors de la sixième croisade) . A cela s'ajoute le fait que l'esprit des croisades s'émoussa au fil du temps, il se produisit certes des arrivées de chevaliers, mais on ne vite plus débarquer en Terre Sainte proprement dite de grandes expéditions militaires comme ce fut le cas lors du siècle précèdent.

En ce qui concerne les templiers et les hospitaliers, ils durent s'adapter aux nouvelles conditions de la Terre Sainte :
     . Les templiers firent d'Acre le centre de leur combat
     . Quant aux Hospitaliers, ils choisirent la forteresse de Margat comme siège de leur ordre et c'est là vers 1206 que furent promulgués les statuts de Margat qui consacrèrent l'adjonction à la fonction hospitalière des pratiques guerrières : on vit en effet pour la première fois apparaitre une différenciation entre les chevaliers et les sergents combattants d'une part et les chevaliers et sergents hospitaliers. C'est en particulier ce que relève Jacques de Vitry qui écrivit : "A l'imitation des frères du Temple, les frères de l'hôpital de Saint-Jean, employant aussi des armes matérielles, reçurent dans leur corps des chevaliers et des servants, afin que l'on vît s'accomplir ce qui a été dit par le prophète Isaïe sur l'avancement de la future Église. «Je vous établirai dans une gloire a qui ne finira jamais.  Le loup et l'agneau iront paître ensemble ; le lion et le bœuf mangeront la même paille ;  le loup habitera avec l'agneau; le léopard couchera à côté du bouc; le veau, le lion et la brebis demeureront ensemble " 

Désormais, les mentalités et comportements de cette nouvelle période ont beaucoup moins d'intérêt...


jeudi 13 août 2015

Mentalités et comportements au temps de la croisade (135) : EN GUISE DE CONCLUSION..

LA TROISIEME CROISADE
Saladin avait libéré Guy de Lusignan contre sa promesse de ne plus jamais combattre contre les turcs. Le roi sitôt libéré gagna Tyr mais Conrad de Montferrat lui refusa l'accès de la cité. Ainsi, alors même que le royaume n'existait plus qu'en théorie, se continuaient les querelles intestines entre francs !   Guy de Lusignan se rendit alors à Acre  avec quelques chevaliers afin de tenter de reprendre la ville. La querelle entre Guy et Conrad s'envenima quand Conrad épousa Isabelle, sœur cadette de Sybille et que Sybille, de qui Gui de Lusignan tenait son trône, mourut. Il y eut désormais deux prétendants au titre royal  !

 Philippe-Auguste arrive le premier le 20 avril 1191 devant Acre, il sera suivi deux mois plus tard de Richard Coeur de Lion qui s'était attardé à conquérir Chypre. Assiégée par la terre et par la mer,  la garnison d'Acre capitula le 12 juillet. Une fois la cité prise, il fallut régler la querelle dynastique : le 28 juillet, les rois s'accordèrent sur un compromis : Guy resterait roi, et Conrad et Isabelle lui succéderaient.

Richard Coeur de Lion, resté seul en Terre Sainte après le départ du roi de France, tenta d'élargir la reconquête. Il s'empare du littoral jusque Ascalon. Mais il ne pût reprendre Jerusalem. Parallèlement, le roi d'Angleterre régla la querelle dynastique : il céda Chypre à Gui de Lusignan, Conrad et Isabelle devinrent alors conjointement roi et reine. Quand en avril 1192, Conrad fut assassiné, les barons firent épouser à Isabelle Henri de Champagne qui fut proclamé roi.

Pressé de rentrer vues les collusions  de son frère Jean et du roi de France qui complotaient contre lui, Richard, après deux essais infructueux pour reprendre Jerusalem, se résolut à négocier avec le frère de Saladin, A-Afdal.

Le traité fut signé à Jaffa le 2 septembre 1192 ;
     - la trêve est signée pour trois ans,
     - les francs pourront conserver le littoral de Tyr à Jaffa mais ils rendront Ascalon au sultan,
     - les pèlerins  auront le libre accès aux lieux saints sans payer de taxes et la libre circulation sera garantie aux marchands.

À suivre...

mercredi 12 août 2015

Mentalités et comportements au temps de la croisade (134) : EN GUISE DE CONCLUSION..

Hattin la fin d'une époque ? En fait pas tout à fait et cela à deux points de vue :
     . Même si le royaume de Jérusalem a quasiment disparu, il en subsiste néanmoins  Tyr ; de même, les autres Etats francs n'ont pas été conquis.
     . En Occident, la prise de Jerusalem fut un choc qui va conduire à l'organisation d'une nouvelle croisade, la troisième qui regroupa les trois princes les plus puissants de l'époque : l'empereur Frédéric Barberousse, le roi de France, Philippe Auguste et le roi d'Angleterre Richard Coeur de Lion.

Ce sera à la fin de cette croisade que l'on pourra constater véritablement qu'une nouvelle époque est apparue.

LA CAMPAGNE DE SALADIN EN 1088
En 1188, abandonnant le siège de Tyr qui résiste toujours sous la conduite d'un nouvel arrivant, Guillaume de Montferrat, Saladin lance son offensive vers les Etats septentrionaux, comté de Tripoli et principauté d'Antioche.

L'armée turque ne fit que passer dans le comté de Tripoli : Saladin ne réussit pas à s'emparer ni du Krack des Chevaliers tenu par les Hospitaliers, ni de la citadelle de Tortose gardée par les templiers. De même, à la limite du comté et de la principauté, il ne pût prendre  Margat aux mains des Hospitaliers.

Par contre, est conquis tout l'arrière-pays de la principauté d'Antioche, celle-ci se réduit désormais à Antioche et à ses abords, les habitants promirent de se rendre à Saladin si aucun secours ne leur venait en aide.

Ainsi, à la fin des campagnes de 1188, le royaume de Jérusalem réduit à Tyr et la principauté d'Antioche à la seule région d'Antioche. Le seul état  à peu près préservé est le comté deTripoli, bien à l'abri derrière les montagnes frontalières et les forteresses qui ferment la plaine d'Akkar.

À suivre...

lundi 10 août 2015

Mentalités et comportements au temps de la croisade (132) : LA BATAILLE D'HATTIN OU LA FIN D'UN MONDE

SALADIN A JERUSALEM

L'entrée de Saladin et les premiers actes du sultan sont décrits par continuateur de Guillaume de Tyr qui une nouvelle fois va manifester son admiration envers sa magnanimité.

Alors "on envoya les clefs des portes à Saladin; quand il les eut, il en fut joyeux et rendit grâces à Dieu. Il envoya des gardes à la tour de David, et fit mettre sa bannière dessus et fermer toutes les portes de la cité, hors une: ce fut la porte de David. Il y mit des chevaliers et hommes d'armes, afin qu'aucun Chrétien n'en sortît, " il ne fallait pas en effet que des chrétiens puissent sortir sans payer la rançon ! "Quand Saladin eut bien fait garnir la tour de David et les portes de la cité, il fit crier qu'ils portassent leur rançon à la tour de David, et la livrassent à ses baillis qu'il y avait mis pour recevoir la rançon, "

Saladin fit "garder la cité de Jérusalem, pour que les Sarrasins ne fissent ni tort ni outrage aux Chrétiens qui étaient dans la cité. Il mit dans chacune des rues deux chevaliers et dix hommes d'armes pour garder la cité, et ils la gardèrent si bien qu'on n'ouït parler d'aucune injure faite aux Chrétiens." : il n'y eut donc ni pillage, ni massacre, ni exaction !

Le patriarche et Balian allèrent à l'Hôpital ; ils firent prendre et porter à la tour de David trente mille besants pour la rançon de sept mille hommes pauvres. Quand les trente mille besants furent payés ... On fit ainsi le nombre de sept mille hommes. On les mit tous hors de la cité de Jérusalem,

Cependant, il restait beaucoup de pauvres dans la ville :" le patriarche et Balian mandèrent les Templiers, les Hospitaliers et les bourgeois, et les prièrent, pour Dieu, qu'ils [pourraient aider] à racheter les pauvres gens qui étaient restés en Jérusalem" ils le firent chichement, pas autant qu'on aurait pu espérer puisqu'ils étaient assurés de sortir de la ville avec tous leurs biens.

Quand tous ceux qui furent rachetés furent hors de la cité de Jérusalem, il y resta encore beaucoup de pauvres gens.

C'est alors que se produisit un événement qui dût paraître incompréhensible aux francs de l'époque : un musulman qui rachète des chrétiens !
" Alors Salphedin vint à Saladin, son frère, et lui dit: «Sire, j'ai aidé à conquérir la terre et la cité, je vous prie donc que vous me donniez mille esclaves de ceux qui sont en la cité.» ..Saladin les lui donna, et manda à ses baillis qu'ils lui délivrassent mille esclaves; et ainsi firent. Quand Salphedin eut les mille pauvres, il les délivra pour Dieu."

Il est probable que cet exemple montra enfin aux chrétiens ce qu'il fallait faire : " Après le patriarche pria Saladin que, pour Dieu, il lui délivrât des pauvres qui ne se pouvaient racheter; il lui en donna sept cents. Le patriarche les délivra. Après Balian demanda à Saladin des pauvres; il lui en donna cinq cents; et Balian les délivra." Il est à remarquer que ni les templiers ni les Hospitaliers qui disposaient pourtant de grandes richesses ne proposèrent de racheter des pauvres.

C'est alors que Saladin accomplit un nouvel acte inouï : il permit à tous les pauvres qui restaient de sortir sans rien payer.
" Alors Saladin dit à ses gens: «Salphedin, mon frère, a fait son aumône, et le patriarche et Balian ont fait la leur, maintenant je veux faire la mienne.» Lors il commanda à ses baillis qu'ils tissent ouvrir la poterne devers Saint-Ladre, et fit crier par la cité que tous les pauvres gens sortissent dehors" ; seuls ceux qui essayèrent de tricher en se faisant passer pour pauvres furent emprisonnés.

Une fois tous les chrétiens qui voulaient quitter la ville soient partis ( il restait cependant onze mille personnes), Saladin fit purifier les lieux saints musulmans (dôme du Rocher et mosquée Al-Aqsa) que les chrétiens avaient transformé en église et palais ; par contre, il ne toucha pas au Saint-Sépulcre et permit que le culte chrétien s'y déroule. Il autorisa même que les malades séjournant à l’Hôpital y restent temporairement  avec un Hospitalier pour les soigner.

A titre de comparaison entre le comportement de Saladin et celui des croisés, je voudrais, une nouvelle fois,  citer des extraits du texte de Guillaume de Tyr concernant ce qui se passa en 1099 quand la première croisade prit Jérusalem :

" On ne pouvait voir cependant sans horreur cette multitude de morts, ces membres épars jonchant la terre de tous côtés, et ces flots de sang inondant la surface du sol. Et ce n'était pas seulement ce spectacle de corps privés de vie et dispersés çà et là en mille pièces qui inspirait un sentiment d'effroi; la vue même des vainqueurs couverts de sang de la tête aux pieds était également un objet d'épouvante...

Les croisés qui n'étaient pas occupés à massacrer au Temple " parcouraient la ville pendant ce temps, cherchant dans toutes les rues détournées, dans tous les passages écartés, les malheureux qui se cachaient pour échapper à la mort, les traînant ensuite en public comme de vils bestiaux, et les immolant à leur fureur. D'autres se formant par petits détachements, entraient dans les maisons, enlevaient le père de famille les femmes, les enfants, et tous les serviteurs, les perçaient de leur glaive, ou les précipitaient de quelque point élevé, en sorte que les malheureux en tombant sur la terre se brisaient en mille morceaux"

Ces derniers extraits quant à la différence de mentalité et de comportement entre les chefs croisés de 1099 et celui de Saladin en 1187 se passe de commentaires !